Les genres de la poésie troubadouresque - résumé Paul Zumthor dans l’Essai de p

Les genres de la poésie troubadouresque - résumé Paul Zumthor dans l’Essai de poétique médiévale distingue plusieurs formes de chansons lyriques, appelées « les échos de la chanson ». Ces genres ont subi l’influence importante de la canso occitane, sans être, pour autant, toujours et exclusivement liés à la thématique amoureuse. Le sirventès L’étymologie vient du mot sirvens, qui désigne un servant; à l’origine, c’est l’œuvre d’un jongleur de basse condition. C’est une chanson satirique et polémique qui traite des thèmes moralistes ou politiques, comme la décadence des mœurs, les croisades, l’Inquisition, les conflits des seigneurs féodaux etc. Il existe les sirventès qui traitent de la littérature, en explorant l’art poétique ou en critiquant les confréries littéraires. L’un des représentants de ce genre est le troubadour Marcabru. Le planh Ce sont les complaintes (<lat. planctus) où le sujet lyrique se plaint de la mort d’une personne qui lui est importante (une dame, un protecteur, un ami…). Il/elle évoque les vertus de la personne décédée, ses origines, prie Dieu de sauver son âme et pleure sa douleur. Gaucelm Faidit, un troubadour, a ainsi chanté la mort de Richard Cœur de Lion. Les genres en dialogue traitent des thèmes différents. Dans une certaine mesure, ils expriment le besoin de discuter théoriquement de la problématique amoureuse. Ce sont la tenso/la tençon et le partimen/le jeu-parti. La tenso est une discussion libre en vers entre deux ou plusieurs voix poétiques. Parfois il s’agit d’une discussion fictive entre le sujet lyrique et les personnages allégoriques comme Dieu d’Amour ou son Cœur. Il est important de souligner que la discussion n’aboutit jamais à une conclusion, l’important est seulement de donner les points de vue différents sur un sujet. Exemple : Marie de Ventadour (et Guy d’Ussel). Le jeu-parti est la chanson où celui qui entame la discussion propose plusieurs hypothèses à son interlocuteur ou à ses interlocuteurs, en choisissant de défendre celle qui n’a pas été choisie. Le mot vient du verbe partir qui en français moderne signifie « partager » : il s’agit des rôles partagés. Exemple : Jacques d’Amiens et Colin Muset. La chanson à la Vierge Dans ce genre troubadouresque, le culte de la Dame est remplacé par celui de la Vierge Marie. Ces chansons sont écrites par Rutebeuf et Gautier de Coincy. La chanson de la croisade Même si ce genre traite des croisades, il est très tôt influencé par la poésie amoureuse ou le sirventès. Ainsi, dans certaines chansons de la croisade, le départ en guerre n’est qu’un prétexte pour que le sujet lyrique exprime ses sentiments amoureux, comme, par exemple, chez Châtelain de Coucy. La satire politique et l’inspiration moraliste se trouvent dans les chansons de la croisade de Marcabru. Les genres où dominent les voix féminines, la chanson de toile/d’histoire, l’aube/la chanson de l’aube et la pastourelle, sont caractérisés par une aspiration à la narrativisation, à la différence de la canso occitane. Ils sont souvent écrits par les femmes, mais pas obligatoirement. La chanson de toile et le seul genre troubadouresque dont la présence est attestée seulement au Nord de la France. Sa forme ressemble à celle des chansons de geste, avec les courtes strophes assonancées, les décasyllabes et un rythme similaire. Elles contiennent aussi les refrains. Ce genre met en scène un petit drame amoureux : le plus souvent une femme coud, brode ou tricote en attendant le retour de son bien-aimé, qui est mort ou absent. Le sous-genre est la chanson de la mal- mariée, où les femmes sont battues par leurs maris. Exemple : la « Belle Doette », une chanson anonyme. Dans l’aube les poètes décrivent la séparation des amoureux à l’aube, surpris par le lever du jour et le chant des oiseaux. Parfois, ils sont avertis par un gardien qui leur dit qu’il est temps de se séparer pour ne pas provoquer la colère du mari jaloux ou les calomnies des mauvaises langues. Dans le refrain figure le mot « alba », qui donne le nom au genre. Exemple : Bertrand d’Alamanon. La pastourelle - contrairement à l’idéal de la fin’ amo(u)r, ce genre traite de l’amour entre un berger et une bergère, courtisée par un chevalier. Elles sont presque toujours écrites en dialogues. Le motif principal est le contraste comique entre le monde rustique et celui des nobles. Ces chansons sont le plus souvent anonymes. uploads/Litterature/ les-genres-de-la-poesie-troubadouresque.pdf

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