VOLUME 1 FASCICULE 4 LES ARCHIVES BERBÈRES P U B L I C A T I O N DU COMITÉ D'ÉT
VOLUME 1 FASCICULE 4 LES ARCHIVES BERBÈRES P U B L I C A T I O N DU COMITÉ D'ÉTUDES BERBÈRES DE RABAT A N N É E 1 9 1 5 ~ i 9 1 6 S O M M A I R E 1. BIARN.W. — Un cas Je régression vers la coutume berbère chez une tribu arabisée 2 1 9 II. CASTELLS. — Note sur la fëte de Achoura à Rabat 230 III. D R J. HLGUKT. — Latins et Berbères 245 IV. Anfcs. ---- Les Izayan d'Oulmès ^ 265 V. - (Capitaine MAITROT. — Les raines dites portugaises des Doukkala. 279 VI. TRKNGA. •— Les Branès (suite et fin). . . 293 P A R I S E R N E S T L E R O U X , É D I T E U R 28, R U E B O N A P A R T E , 28 1916 LES ARCHIVES BERBÈRES P U B L I C A T I O N D U C O M I T É D ' É T U D E S B E R B È R E S D E R A B A T Fondées par le Comité d'études berbères de Rabat qui en assure la publication, les Archives Berbères sont consacrées à l'étude des mœurs, des arts, des institutions et des dialectes des populations berbères de l'Afrique du Nord. Ces populations sont étudiées aussi bien dans ceux de leurs groupes qui ont conservé la quasi-intégrité de leurs mœurs primitives et l'usage exclusif et prédominant de la langue berbère que dans ceux chez qui la langue, les mœurs, la mentalité et les caractères de race ont été influencés plus ou moins profondément par le contact avec des civilisations étrangères. Ixs Berbères seront suivis également hors du pays dont ils son: les autochtones (par exemple en Espagne où ils furent conquérants et importateurs de la civilisation musulmane). Les populations berbères pures, à demi arabisées ou complètement arabisées, étudiées au point de vue de l'anthropologie, de l'ethnogra- phie, du folklore, de la linguistique des institutions juridiques, de l'histoire, sont l'objet propre des investigations des Archives de même que l'archéologie, l'épigraphie punique, romano-païenne, romano- chrétienne, byzantine et arabe dans la mesure où elles peuvent éclairer l'histoire des rapports de ces différentes civilisations avec la société berbère et de leur influence sur cette dernière. La variété des sujets traités est de nature à intéresser, non seulement les spécialistes, mais tous ceux que leurs fonctions, leurs affaires ou leurs voyages mettent en contact avec les populations de l'Afrique du Nord. Le prix de l'abonnement aux Archives Berbères est ainsi fixé : France, Maroc, Algérie, Tunisie 15 fr. par an. Les demandes d'abonnement ou d'achat de numéro, accompagnées de leur montant, les rectifications d'adresses doivent être adressées à M. Ernest Leroux, éditeur, 28, rue Bonaparte, Paris. Les manuscrits destinés à être insérés dans les Archives, les com- munications, les ouvrages pour comptes rendus et, en général, ce qui concerne la rédaction des Archives Berbères doivent être envoyés au Comité d'études berbères à l'Ecole supérieure de langue arabe et de dialectes berbères à Rabat. Etranger 1 8 fr. V E N T E A U N U M É R O France, Maroc, Algérie, Tunisie Étranger 4 f r . 5 0 5 f r . UN CAS DE RÉGRESSION V E R S L A C O U T U M E B E R B È R E CHEZ UNE TRIBU ARABISÉE Comme l'a très justement fait remarquer M. Augustin Ber- nard, il y a toute une série de degrés dans l'arabisation et l'isla- misation des tribus berbères de l'Afrique du Nord '. Chaque tribu, entamée d'abord par l'Islam, met un temps plus ou moins long pour franchir les différentes étapes qui doivent la conduire à une arabisation presque complète. Nous disons presque complète, car tout groupe ethnique qui évolue sous l'impulsion d'un facteur quelconque, religieux ou autre, ne saurait s'affranchir entièrement des empreintes laissées par le passé dans sa manière d'être, de se comporter, de réagir. Des survivances persistent longtemps, pour ne pas dire indéfiniment, dans son langage, ses habitudes, ses mœurs, son état social. Ces témoins, d'ordre linguistique, mythique ou ethnographique, vont, il est vrai, en s'effritant peu à peu, plus ou moins rapide- ment, suivant les conditions du milieu. Cette marche ininterrompue des tribus berbères vers l'islami- sation, d'abord, vers l'arabisation, ensuite, ne s'est pas faite sans heurts ni sans brusques réactions. L'histoire nous apprend les luttes ardentes qu'a eu à soutenir l'Islam dans le Nord de l'Afrique avant d'y régner en maître. Pour s'y implanter définitivement il a d'ailleurs dû se faire tolérant, s'édulcorer en s'incorporant force croyances qui n'ont rien d'orthodoxe. L'arabisation a progressé beaucoup plus lentement que l'islamisation : question de méthode, la première s'insinue, la seconde s'impose plutôt. L'arabisation procède avec plus de régularité que l'islamisation, elle connaît moins les régressions vers l'ancien état de choses ou du moins ces phénomènes, conséquences de brusques réactions, sont-ils assez peu sensibles. Nous avons pu noter un exemple assez caractéristique de ces régressions dans le domaine de l'arabisation chez la tribu de l. Cf. le rapport documenté de M. A. Bernard, La politique berbère dans h Maroc cent val (novembre 1 9 1 4 ) . 15 — 220 — Ouedras' du groupe des Djebala 2. Le retour net à l'ancienne coutume berbère chez une tribu tout à fait arabisée est un fait assez rare pour qu'il mérite d'être rapporté ici. Adossée au versant nord-est du massif montagneux des Dje- bala, la tribu de Ouedras est d'un accès facile, une partie de son territoire se trouve en plaine, à une faible distance de Tanger et de Tétouan. Sur une longueur de plus de 30 kilomètres, elle est limitée au nord-est par la piste makhzen très fréquentée de Tan- ger à Tétouan, le chemin muletier qui conduit de cette dernière ville à Lantche traverse son territoire dans sa partie sud. Pour ces diverses raisons Ouedras est depuis plusieurs siècles dans une dépendance relative du Makhzen. Comme la plupart des tribus arabisées du Djebel, elle possède un cadi, mais ce dernier ne dresse que peu d'actes en conformité du Cherâ : le prestige qu'il tient de sa fonction, son autorité de lettré lui permettent de jouer surtout un rôle d'arbitre à carac- tère semi-religieux. Avec les tolbas des Mosquées et des Zaouias, avec les nombreux Chorfas, le cadi de Ouedras est un des facteurs les plus actifs de l'arabisation : il contribue à implanter peu à peu dans le pays la loi musulmane qui se substitue aux cou- tumes locales d'origine berbère. Il y a un peu plus de cinquante ans, la tribu de Ouedras était gouvernée par le cb'tekh > Si Ahmed Amggarou 4 Elouedrassi qui résidait au nidchar' Elhadiia. Ce personnage, appuyé par le Pacha de Larache, Si Abdesselam Assedoud Elâraichi, jouissait d'une autorité absolue. Depuis fort longtemps la tribu avait d'ailleurs perdu ses anciennes libertés et ses franchises. 1. La tribu de Ouedras prétend se rattacher à la grande branche berbère des Senhadja. Ses habitants, d'ailleurs fort ignorants des choses du passé, tout eD revendiquant une origine senhadja ne peuvent admettre qu'ils sont de souche berbère ; ils soutiennent, contrairement à toutes les données historiques et ethnographiques, qu'ils descendent des envahisseurs arabes. Cette tendance chez des tribus berbères très arabisées à renier leur origine a d'ailleurs été maintes fols signalée en Algérie et au Maroc. 2. Cf. Mouliéras, Le Maroc inconnu, t. II, Exploration des Djebala, Paris, 1 8 9 9 ; Michaux-Bellaire, Quelques tribus de montagnes de la région du Habt, in Arch. Mar., vol. XVII. 3. Chez tous les Djebala, les gouverneurs des tribus sont appelés chioukh(m sing. chielih). 4. Surnom d'origine berbère. Amggarou, signifie dernier. 5. Le terme mdebar JLSJ> employé chez les Djebala a le même sens que le terme algérien dchar, .Lio et signifie village. Vers 1280 de l'hégire, le chiekh Si Ahmed Amggarou osa faire assassiner en plein marché de Souq Essebt 1 un taleb nommé Sidi Mohammed, contre lequel il avait quelque grief. La tribu de Ouedras, qui avait supporté patiemment le joug imposé par son gouverneur, se révolta. Cette agression avait en effet fait vibrer la corde sensible dans un groupement berbère : le marché de la tribu qui, selon l'antique pacte berbère, était un lieu dont la col- lectivité garantissait l'inviolabilité, avait été « cassé ». Il apparte- nait à la tribu de venger l'affront qui lui était infligé et de prendre toutes dispositions pour que pareil fait ne se reproduisît plus. Les révoltés eurent le dessus, le chiekh fut tué. Le marché qui avait été le théâtre du drame fut fermé pendant un an, con- formément à la coutume. Les notables prirent en main la direction des affaires de la tribu. Ils profitèrent d'une des prochaines réunions des membres de la tribu à l'occasion d'un mousem 1 tenu à la Zaouia des Chor- fas d'Ouezzan, dite de la Mesalla', au mdchar uploads/Litterature/ les-izayans-d-x27-oulmes-par-abe-s-265.pdf
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- Publié le Jul 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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