DHAMMAPADA Les dits du Bouddha Spiritualités vivantes Albin Michel Le Dhammapad

DHAMMAPADA Les dits du Bouddha Spiritualités vivantes Albin Michel Le Dhammapada {sanskrit : Dharmapada), qui peut se traduire par stances du Dharma est, dans le canon bouddhique pâli, un livre exceptionnel, le recueil des discours et instructions que le Bouddha a donnés en différentes occasions. Ces aphorismes, dépouillés de toute formu- lation accessoire, incisifs, denses et profonds, sont très précieux pour qui veut accéder à la compréhension de l'enseignement direct du Bouddha. Le Dhammapada est en quelque sorte un condensé, un compendium , la quintessence du Dharma du Bouddha. 1 Il 1 9 782 226 06 2741 Peinture l 8e siècle. Photo Lavaud / Artephot ISBN 2-226-06274-2 VOLUME 0 DHAMMAPADA Les dits du Bouddha Original Pa{i traduit et commenté par le Centre d'études dharmiques de Gretz Albin Michel HOMMAGE Dans le Canon Paji, la corbeille des Suttas ou Sut- tapitaka comprend cinq recueils de Suttas. Le Dhammapada est la seconde partie du cinquième recueil ou recueil des « morceaux courts» : le Khuddaka Nikiiya. Le Dhammapada mérite une extrême attention car il est le plus beau et le plus riche des recueils en stances poétiques du Canon Pali. « Celui par qui on connaît le Dhamma enseigné par le Pleinement Eveillé, on doit assidûment le révérer comme un Brahmane révère le feu du sacrifice. » Hommage à PRAJNÀNANDA car il nous l'a enseigné. INTRODUCTION Le Dhammapada (Sanskrit : Dharmapada), qui peut se traduire par « stances du Dhamma >>, est, dans le Canon bouddhique Pa!i, un livre exceptionnel. En effet, il consiste en un recueil de stances extraites des Suttas, les discours et instructions que le Bouddha est censé avoir donnés en différentes occasions. Les Sut- tas ont pour analogues les Sûtras du Canon Sanskrit. On comprendra aisément que ces aphorismes, dépouillés de toute formulation accessoire, soient inci- sifs, denses, profonds et, par conséquent, très précieux pour qui n'a pas la possibilité d'accéder à l'étude complète des Suttas, de lecture et de compréhension difficiles. Le Dhammapada est en quelque sorte un condensé, un compendium, une quintessence du Dhamma du Bouddha. On sait que le mot Dhamma, Dharma en Sanskrit, de la racine dhr, porter, supporter, a de multiples signi- fications. Dans le cas présent, pour obtenir un équi- valent approché en français, il faut traduire par 10 DHAMMAPADA doctrine, loi, ou mieux, norme. Le Dhamma est le « corps de doctrine » attribué au Bouddha et énoncé dans les Suttas et les Sütras. Notre travail s'appuie sur un original Paji, édité avec sa traduction anglaise par le Vénérable Maha Thera Narada dont nous avons été le servant pendant son séjour en Europe en 1951. La traduction française serre d'aussi près que possible le sens des mots Pajis; nous avons été aidés en cela par Mme Renée Joly, profes- seur de lettres, qui a éclairé certains termes par leurs parallèles grec et latin. Toutefois, il serait préférable d'avoir une compré- hension directe du te:Xte Paji. Ceux qui voudraient le connaître devraient d'abord le mémoriser, le réciter correctement pour, ensuite, comprendre. La récitation, la mémorisation sont relativement aisées, car le Paji est très rythmé et facile à psalmodier, comme toute lan- gue «sacrée». A défaut, une traduction ne transmet- tra jamais de façon satisfaisante le sens des mots : il faudrait presque toujours une périphrase ou une expli- cation étymologique pour bien saisir le sens, et les textes en seraient considérablement alourdis. C'est pourquoi nous avons tenté ici une traduction quasi littérale, en essayant, dans les commentaires, d'éclairer le mieux possible les mots clés. Il est saisissant de constater que les langues dites vivantes ne peuvent transmettre la subtilité des ancien- nes notions, fondamentales dans ces langues appelées « mortes » mais qui demeurent des canaux transmet- tant de façon exacte et inchangée le « corps de doc- trine » du Bouddha. INTRODUCTION 11 Nous aurions aimé donner également les commen- taires canoniques, mais le travail aurait été énorme et impubliable. Pourtant, connaître les circonstances dans lesquelles furent prononcées ces stances est très inté- ressant, quelques-unes des ces histoires sont très savou- reuses! Dans les commentaires de notre cru, nous essayons d'expliquer le sens de certaines stances (car la traduc- tion seule pourrait conduire à l'erreur) et aussi de rap- peler quelques notions canoniques, parfois esquissées dans le texte par un simple mot, voire une allusion. Autrement dit et suivant notre ligne de conduite, nous avons voulu rattacher les notions essentielles données dans le Dhammapada à la structure générale du Dharma, sans laquelle tout espoir de compréhension est vain. Pour nous, il y a le Dharma et ses diverses formulations, il y a les pratiques adaptées à chaque peu- ple, à chaque race, à chaque temps et à chaqu~ lieu, et même à chaque individu. Il y a, pourrait-on dire, un bouddhisme par bouddhiste, ce qui traduit la par- faite adaptabilité idiosyncrasique du Dharma, son pre- mier et son plus grand titre de gloire. Avant l' « accès » au Nirvai;ta, à la totale exsufflation des agrégats indi- viduels ou personnels, il n'y a que formulation en essentialité relative (sainvrtti sarya). Mais, par !'Éveil et le développement de la Connaissance transcendante, cette Connaissance non discursive, non formulable, « donc non sujette à discussion, interprétation ou que- relles d'écoles, il peut y avoir accès »à !'Essentiel absolu (Paramartha sarya). 12 DHAMMAPADA Selon ce qui nous a été transmis et selon notre pro- pre expérience, le Dharma est le« support» de l'ascèse qui a conduit le Bouddha à son Éveil. Respecter l'éthique comme base de l'entraînement, pratiquer les techniques de concentration avec ardeur, et enfin essayer de voir profondément, de connaître en ultime gnose, par Prajfia, la Connaissance trans- cendante, mère de la Bodhi et des Bouddhas, de l'Éveil et des Éveillés, voilà la Voie du Bouddha. Pour confirmer ces propos, disons que le Dhamma- pada est très estimé de toutes les écoles; c'est vraiment un document de base. Voici l'introduction à l'édition ceylanaise par le doc- teur Cassius Pereira, qui devint le Bhikkhou Kassapa : « Si j'avais à nommer un livre parmi le Tipitaka (Canon Pali) entier comme ayant été du plus grand service pour moi, je choisirais sans hésiter le Dham- mapada. Et il va sans dire qu'à mon idée, c'est le meil- leur livre de toute la littérature du monde. Pendant quarante ans, il a été mon compagnon constant et jamais il n'a failli à me donner réconfort dans quel- que ennui ou chagrin que ce soit. » Précisons que nous tenons en haute estime le doc- teur Cassius Pereira qui a remis en honneur l'extraor- dinaire technique d' Anapanasati, la Vigilance remémoratrice appliquée à l'inspiration et à l'expi- ration. On pourra peut-être s'étonner du style rude de la traduction, et de l'emploi de néologismes et d'expres- INTRODUCTION 13 sions peu courantes. C'est que nous avons voulu, encore une fois, rendre au plus près le sens de l'origi- nal Pâ.Ji. De même, on trouvera dans les commentai- res beaucoup de répétitions; mais ne sont-elles pas la base de la pédagogie ? CENTRE D'ÉTUDES DHARMIQUES GRETZ AVERTISSEMENT Le Bouddha n'a rien écrit. Il enseignait par oral, il « prêchait » (c'est-à-dire montrait). Après sa mort, comme il l'avait lui-même prévu, le Dharma s'est déformé au cours des temps. La langue qu'il utilisait pour enseigner devait certainement être le magadhï, langue vernaculaire de la région qu'il parcourait : le Magadha. Cette langue est un prakrit (imparfait, vul- gaire) dérivé du Sanskrit (parfait). On suppose qu'avec les érudits de son temps, le Bouddha, lui-même très instruit, employait le Sanskrit, langue n'ayant jamais varié et d'une subtilité si profonde que ses dérivés n'ont pu, semble+il, accéder à une telle profondeur. Les tex- tes rapportent qu'après sa mort, un concile fut réuni, où des Bhikkhous (ascètes sans foyer vivant d'aumô- nes) récitèrent« par cœur »ses instructions. Ananda, son cousin et serviteur, aurait ainsi récité tous les Sut- tas, ce qui suppose une mémoire extraordinaire, invrai- semblable! Pendant trois cents ans environ, les Suttas furent donc mémorisés et transmis en magadhï. Après une 16 DHAMMAPADA famine où les Bhikkhous avaient craint de disparaître, le Dharma fut fixé par écrit dans une langue proche du magadhï : le Pa~i. Ce n'est qu'en 360 (environ!) après la mort du Bouddha qu'apparaît le Canon Sans- krit, caché jusque-là, dit-on, par crainte d'incompré- hension. Il est permis de penser que, malgré des ajouts et des interprétations, les termes principaux du Canon P~i étaient compris profondément, d'autant qu'à Cey- lan, par exemple, ce Canon avait été précédé du Canon Sanskrit. Lorsque les Européens arrivèrent à Ceylan à la fin du xrxe siècle, le Dharma n'y était plus guère prati- qué ni compris, et c'est le colonel Olcott (de la Société théosophique) qui rédigea un « catéchisme bouddhi- que»(!). Ces Européens, écoutant sans doute des Bhik- khous qui ne surent ou ne purent donner une traduction correcte des mots P~is, ont colporté en Europe, puis dans tout le monde occidental, un Dharma affadi conte- nant tant d'altérations qu'il en est demeuré perverti. Comme personne aujourd'hui ne remet en question ces versions « uploads/Litterature/ les-stances-de-la-loi-pali-5-22-introduction.pdf

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