Alexis de Tocqueville philosophe politique, homme politique, historien et écriv

Alexis de Tocqueville philosophe politique, homme politique, historien et écrivain français. [1805-1859] (1837) Première lettre sur l’Algérie (23 juin 1837) Lettre quasi-introuvable transmise par Jean-Louis Benoît. Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jean-marie_tremblay@uqac.ca Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ Dans le cadre de: "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Alexis de Tocqueville, Première lettre sur l’Algérie. (23 juin 1837) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle: - être hébergés (en fichier ou page web, en totalité ou en partie) sur un serveur autre que celui des Classiques. - servir de base de travail à un autre fichier modifié ensuite par tout autre moyen (couleur, police, mise en page, extraits, support, etc...), Les fichiers (.html, .doc, .pdf, .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Classi- ques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif com- posé exclusivement de bénévoles. Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnel- le et, en aucun cas, commerciale. 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Jean-Louis BENOÎT, professeur agrégé, docteur ès Lettres, enseignant en Classe Préparatoire aux grandes Ecoles (e.r.) a consacré l’essentiel de ses recher- ches à l’œuvre d’Alexis de Tocqueville, il a publié livres et articles et organisé des colloques consacrés à l’auteur de La Démocratie en Amérique. Il nous a ac- cordé le 4 janvier 2008 son autorisation de diffuser électroniquement ce texte de cette conférence dans Les Classiques des sciences sociales. Courriel : BENOITJLM@aol.com Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’, Édition numérique réalisée le 28 août 2013 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. Alexis de Tocqueville, Première lettre sur l’Algérie. (23 juin 1837) 4 Alexis de Tocqueville (1837) Première lettre sur l’Algérie (23 juin 1837) Lettre quasi-introuvable transmise par Jean-Louis Benoît en juin 2013. Alexis de Tocqueville, Première lettre sur l’Algérie. (23 juin 1837) 5 Alexis de Tocqueville philosophe politique, homme politique, historien et écrivain français [1805-1859] Première lettre sur l’Algérie (23 juin 1837) Lettre quasi-introuvable transmise par Jean-Louis Benoît en juin 2013. En 1837, Tocqueville entreprend de se lancer dans la carrière po- litique, il lui faut choisir une circonscription pour les élections. Le scrutin laissant la possibilité de candidatures multiples, Tocqueville envisage de se présenter soit à Cherbourg, pour les raisons énoncées précédemment, soit à Versailles, parce que son père y a été préfet et qu’il pourrait peut-être compter sur les voix des légitimistes, soit dans le Xe arrondissement de Paris de l’époque. Il tient à prouver à ses électeurs potentiels sa capacité à traiter des problèmes nouveaux qui se poseront à terme à la société française et à proposer des solutions pertinentes. Dès 1835, il a présenté à la So- ciété royale académique de Cherbourg son premier Mémoire sur le paupérisme. Quelques mois plus tard, le 23 juin et le 22 août 1837, il publie de deux Lettres sur l’Algérie dans La Presse de Seine-et-Oise parce qu’il entend montrer aux électeurs de cette circonscription po- tentielle qu’il est capable d’analyser sérieusement la question de l’Algérie et de proposer les grandes lignes d’une politique. La démar- che est comparable dans les deux cas : aux deux mémoires corres- pondent deux lettres. Voici le texte de la première. Alexis de Tocqueville, Première lettre sur l’Algérie. (23 juin 1837) 6 PREMIÈRE LETTRE SUR L'ALGÉRIE (23 JUIN 1837) De grands événements viennent de se passer en Algérie ; on peut croire que d'autres s'y préparent encore, ce n'est donc pas mal choisir mon temps, Monsieur, pour me rendre à votre désir et vous dire ce que je sais d'Alger. Je le fais d'autant plus volontiers que, quoiqu'on ait beaucoup discuté sur ce pays, il me semble qu'on ne le connaît guè- re. M. Desjobert, dans un livre d'ailleurs fort estimable publié récem- ment sur notre nouvelle colonie, assure que, pour parler convenable- ment d'une contrée étrangère, il est bon de n'y avoir point été. C'est là un avantage que je partage avec lui, mais je ne m'en glorifie point. Je pense au contraire avec le vulgaire que pour bien faire connaître une chose aux autres (a), il est utile de la connaître soi-même et que, pour la bien connaître, il n'est pas sans utilité de l'avoir vue. Je ne me glori- fierai donc point de n'avoir pas été en Afrique, mais je tâcherai de mettre à profit les récits de plusieurs de mes amis qui y ont longtemps séjourné, et de faire qu'on s'aperçoive le moins possible que je n'ai point été témoin par moi-même de ce que je cherche à peindre. Je crois qu'avant de parler des habitants, il est bon de vous dire un mot du pays lui-même. Ces deux choses se tiennent et s'expliquent l'une par l'autre. Vous n'ignorez pas, Monsieur, que l'Algérie s'étend presque en droite ligne de l'ouest à l'est, durant un espace de... lieues. Parallèle- ment à la mer s'élève une chaîne de hautes montagnes qu'on nomme l'Atlas. Tantôt l'Atlas se recule brusquement vers le midi et ouvre de longues et larges plaines ; dans d'autres moments, il se rapproche tout à coup du rivage et vient baigner ses derniers chaînons dans les flots. Alexis de Tocqueville, Première lettre sur l’Algérie. (23 juin 1837) 7 De temps en temps il se replie sur lui-même et enveloppe de profon- des vallées dans ses contours. Mille petits ruisseaux coulent de tous côtés sur ses flancs. Mais nulle part l'Atlas ne consent à s'abaisser même pour un moment jus- qu'au niveau des plaines et à laisser passage à un grand fleuve qui por- terait aisément les armes et les arts de l'Europe jusqu'au fond des dé- serts. Dans l'Atlas habitent les Cabyles, dans les vallées les Arabes. Tou- tes les fois que vous apercevez une montagne, vous pouvez tenir pour certain qu'elle cache dans ses sinuosités une tribu cabyle et dès que vous apercevez une plaine, il faut vous attendre que le camp de l'Ara- be va bientôt paraître à l'horizon. Les deux races sont donc sans cesse entremêlées, mais jamais elles ne se confondent. Vous me demanderez sans doute, Monsieur, quelle est l'origine de ces Cabyles si singulièrement mêlés aux Arabes et toujours distincts d'eux. L'Institut doute encore. Je vous laisse à juger si je puis me per- mettre une conjecture. Les uns prétendent que ce sont des Ibères et croient reconnaître des analogies entre leur langue et le gascon. D'au- tres pensent que ce sont des Arabes venus très anciennement des fron- tières de la Judée. Il en est qui s'imaginent retrouver en eux les des- cendants des Vandales. Tenez-vous pour assuré, Monsieur, que jus- qu'à présent personne n'en sait absolument rien. Mais à vrai dire, ceci n'importe guère. Ce sont les Cabyles de nos jours qu'il faut connaître et non leurs aïeux. Les Cabyles ont une langue entièrement différente de celle des Arabes, et leurs mœurs ne se ressemblent pas. Le seul point de contact entre les deux races c'est la religion. Les Cabyles sont toujours sédentaires, ils cultivent le sol, bâtissent des maisons et ont conservé ou acquis quelques-uns des arts les plus nécessaires. On exploite chez eux des mines de fer ; on y fabrique de la poudre ; on y forge des armes de toute espèce et l'on y tisse de gros- sières étoffes. N'allez pas vous figurer, Monsieur, que tous ces Caby- les forment un grand peuple soumis à un même gouvernement. Ils sont encore divisés en petites tribus, comme au premier âge du mon- de. Ces tribus n'ont aucun pouvoir les unes sur les autres ni même au- cun lien entre elles, elles vivent séparées et souvent en guerre, chacu- ne d'elles uploads/Litterature/ lettre-no-1-sur-algerie.pdf

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