Lilith première compagne d’Adam Lilith Lady Lilith, de Dante Gabriel Rossetti (

Lilith première compagne d’Adam Lilith Lady Lilith, de Dante Gabriel Rossetti (1866–1873), Delaware Art Museum Créature Nom hébreuלילית Groupe créature du judaïsme Sous-groupe démon féminin Caractéristiques première femme d'Adam Proches succube Œuvres principales Alphabet de Ben Sira Lilith (en hébreu : לילית) est un démon féminin de la tradition juive. Elle est à l'origine une divinité mésopotamienne. Dans les légendes juives qui se répandent au Moyen Âge, Lilith est présentée comme la première femme d'Adam, avant Ève. Elle constitue une figure récurrente dans les rituels magico-religieux car elle représente un danger pour les femmes enceintes et pour les enfants que l'on protège grâce à des amulettes. Étymologie et origine Une étymologie populaire relie le nom de Lilith à la racine hébraïque laylâ « nuit ». Cette mauvaise étymologie en fait un démon de la nuit. Lilith est en fait la forme hébraïque de l'akkadien lilītu, féminin de lilû. Il dérive du sumérien líl qui signifie vent. C'est à l'origine un démon mésopotamien lié au vent et à la tempête[2]. Selon Samuel Noah Kramer, Lilith apparaîtrait au IIIe millénaire av. J.‑C. sous la forme lillake dans le poème sumérien Gilgamesh aux Enfers[3]. La seconde partie de ce poème, traduite en assyrien, a été ajoutée en appendice à l'Épopée de Gilgamesh (tablette XII). Au début du récit sumérien, un démon ki-sikil líl-lá-ke4 s'installe dans le tronc de l'arbre huluppu planté sur le bord de l'Euphrate puis transplanté à Uruk dans le jardin sacré de la déesse Inanna. Le héros Gilgamesh parvient à l'effrayer et le démon s'enfuit dans le désert, lieu du séjour habituel des démons. Il est possible que ce soit la première mention de Lilith même si cette identification est contestée[4],[1]. Dans les sources akkadiennes, les démons Lilū, Lilītu et (w)ardat-lilī dominent les vents. Les démons femelles Lilītu et (w)ardat-lilī cherchent à séduire les hommes. Lilītu n'a pas de mari et ne peut avoir d'enfant. Elle cherche à entrer dans la maison d'un homme par la fenêtre. Elle peut s'enfuir à travers les fenêtres ou s'envoler comme un oiseau. À partir de l'époque médio-babylonienne, Lilith est assimilée à Lamashtu. Elle représente un danger pour les femmes qui accouchent et pour les nouveau-nés. Pour se protéger de Lilith, on doit recourir à l'invocation d'autres démons, notamment le roi des lilû, Pazuzu[1]. Dans la Bible Le mot « Lilith » est un hapax dans la Bible hébraïque. La seule référence à Lilith figure dans le livre d'Isaïe (34.14). Dans cette prophétie sur la fin du royaume d'Édom, le territoire d'Édom est décrit comme une terre désolée. Il est habité par des bêtes sauvages et par Lilith. La signification de Lilith dans ce passage n'est pas claire. Les premières traductions grecques de la Bible l'ont rendu de différentes manières. La Septante le rend par onocentaure (créature mi-homme mi-âne). Cette lecture peut renvoyer à la figure de Lamashtu qui peut être représentée assise sur un âne. Aquila transcrit simplement Lilith et Symmaque utilise le nom Lamia qui est un démon de la mythologie grecque[2]. Les traductions françaises modernes optent généralement pour le nom propre Lilith (ou encore Lilit avec ou sans article défini, au singulier ou au pluriel). Dans des traductions plus anciennes, le mot hébreu (ou grec) est rendu par des termes se référant à des créatures mythologiques, démoniaques ou monstrueuses, effrayantes ou encore à des animaux nocturnes à cause de la mauvaise étymologie qui fait dériver Lilith de la racine hébraïque signifiant « nuit » (lamia, sirène, monstre de la nuit, créature de la nuit, spectre de la nuit, chat-huant, hibou, chouette[5], etc.). On peut ainsi trouver : Lemaître de Sacy (1614) : « Les démons et les onocentaures s’y rencontreront, et les satyres y jetteront des cris les uns aux autres. C’est là que la sirène se retire, c’est où elle trouve son repos. » La Plaque Burney (période paléo-babylonienne), parfois considérée comme une représentation de Lilith (British Museum, Londres)[1]. La figure de Lilith John Nelson Darby : « Les bêtes du désert s’y rencontreront avec les chacals, et le bouc sauvage y criera à son compagnon. Là aussi la Lilith se reposera et trouvera sa tranquille habitation. » Louis Segond (1877) : « Les animaux du désert y rencontreront les chiens sauvages, et les boucs s'y appelleront les uns les autres. Là, le spectre de la nuit aura sa demeure, et trouvera son lieu de repos » André Chouraqui : « Les lynx rencontrent les chacals, le satyre y crie contre son compagnon. Là, se délasse Lilit ; elle s'est trouvé un reposoir ! » La Bible : Traduction du monde nouveau (2018) : « Les animaux du désert rencontreront les animaux hurleurs, et les boucs sauvages s’appelleront l’un l’autre. C’est là que l’engoulevent s’installera et trouvera un lieu de repos. » Dans le Psaume 91, alors que l'original hébraïque ne mentionne pas Lilith, certaines traductions substituent le terme « Lilith » à la « terreur de la nuit » : « Tu ne craindras ni Lilith, ni la flèche qui vole de jour »[5]. Dans le Talmud Lilith apparaît quatre fois dans le Talmud. Elle est décrite comme un démon féminin aux cheveux longs et pourvu d'ailes (Talmud de Babylone Eruvin 100a, Nidda 24b). Sa figure de succube est mise en avant. Le tanna du ݀er siècle rabbi Hanina ben Dossa met en garde les hommes dormant seuls dans une maison de crainte que Lilith ne s'approche d'eux (Shabbat 151b). Elle est la fille d'Ahriman, l'adversaire d'Ormuzd dans la religion zoroastrienne (Baba Batra 73a). Dans le Talmud, Lilith est une créature qui s'attaque à tous les humains, pas spécifiquement aux enfants[6]. Les bols d'incantations Lors des fouilles réalisées par l'université de Pennsylvanie dans la ville de Nippur en Babylonie, des dizaines de bols d'incantations ont été découverts. Ces bols sont inscrits de textes magiques en araméen visant à assurer la protection des maisons contre des démons. Ils sont datés du ܳ݀e siècle environ, c'est-à-dire postérieurs d'une centaine d'années au Talmud de Babylone. Certains de ces textes sont dirigés contre Lilith et les Liliths. La région comptait alors une importante communauté juive mais aussi mandéenne. Ils confirment la crainte, déjà exprimée dans le Talmud, qu'inspire Lilith et sa nature démoniaque. Si elle s'attache à un humain, un guet (acte de divorce) peut être nécessaire pour la faire partir. Le sage du ݀er siècle av. J.-C. Yehoshoua ben Perahya est également invoqué pour repousser Lilith[7],[8]. L 'alphabet de Ben Sira Coupe d'incantation de Nippur avec inscription en araméen (Metropolitan Museum of Art, New York) Le récit qui a forgé la vision la plus répandue de Lilith se trouve dans un ouvrage appelé l'Alphabet de Ben Sira. Ce texte est un pseudépigraphe attribué au sage Ben Sira, l'auteur du Siracide ou Ecclésiastique (݀݀e siècle av. J.-C.). L'Alphabet de Ben Sira est quant à lui une composition médiévale, rédigée en Perse vers le ܱe siècle. Lilith y est présentée comme la première femme d'Adam. Comme elle ne s'entend pas avec Adam, elle s'enfuit dans la mer Rouge, dans les eaux qui engloutiront les Égyptiens pendant l'Exode. Dieu envoie après elle trois anges pour la ramener, Sanoï, Sansenoï et Samangelof. Elle refuse de revenir et les anges menacent de la tuer. Elle fait alors le serment de ne pas s'en prendre aux enfants nouveau-nés dès lors qu'elle voit les anges ou leur nom. Le statut de Lilith comme première femme d'Adam vient en explication du double récit de la création dans le livre de la Genèse (Gn 1.27 et Gn 2.22). La création de Lilith correspondrait ainsi au premier récit alors que le second concernerait Ève[9]. Dans la Kabbale À partir du ܱ݀݀݀e siècle, de nouveaux détails tirés de la littérature kabbalistique enrichissent le mythe de Lilith. Reprenant le récit biblique de la création, Lilith aurait été façonnée avec de la terre en même temps qu'Adam, mais avec de la terre impure, ce qui explique son caractère démoniaque (Yalqut Reuveni sur Genèse 2.21). Dans d'autres récits, sa naissance est associée à celle de Samaël. Selon le Zohar, elle émerge spontanément en même temps que Samaël. Les deux sont liés au caractère sévère de la justice divine (la sephira Gevura selon la terminologie kabbalistique). La manifestation de cet attribut de la rigueur présente en effet une analogie avec le mal (Zohar I 148a, Sitre Torah). Dans une autre tradition, Lilith et Samaël sont en fait un seul être androgyne, à l'image de Dieu. Ils sont apparus de dessous le Trône Divin[10]. Pour la punir, Dieu la condamne à voir tous ses enfants mourir à la naissance. Désespérée, elle décide de se suicider. Les anges lui donnent le pouvoir de tuer les enfants des Hommes (jusqu’à la circoncision, au huitième jour pour les garçons, et jusqu’au vingtième jour pour les filles). Elle rencontre ensuite le démon Samaël, l’épouse et s’installe avec lui dans la vallée de Jehanum, où il prend le nom d’Adam-Bélial. Pour se venger, Lilith devient le serpent qui provoque la Chute d’Ève, et incite Caïn à tuer Abel. Comme ses enfants s’entretuent, Adam uploads/Litterature/ lilith.pdf

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