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Pourquoi étudier le Moyen Âge ? Mehu_02.indd 1 03/02/12 09:21 Mehu_02.indd 2 03/02/12 09:21 Histoire ancienne et médiévale – 114 Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Pourquoi étudier le Moyen Âge ? Les médiévistes face aux usages sociaux du passé Actes du colloque tenu à l’université de São Paulo du 7 au 9 mai 2008 Sous la direction de Didier Méhu, Néri de Barros Almeida et Marcelo Cândido da Silva Ouvrage publié avec le concours du Conseil scientifique de l’université Paris 1 publications de la sorbonne 2012 Mehu_02.indd 3 03/02/12 09:21 Couverture : Composition typographique : Laurent Tournier © Publications de la Sorbonne, 2012 212, rue Saint-Jacques, 75005 Paris www.univ-paris1.fr – publisor@univ-paris1.fr ISBN : 978-2-85944-694-9 ISSN : 0290-4500 Les opinions exprimées dans cet ouvrage n’engagent que leurs auteurs. « Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la pro- priété intellectuelle. Il est rappelé également que l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger l’équilibre économique des circuits du livre. » Mehu_02.indd 4 03/02/12 09:21 Avant-propos Didier Méhu, Néri de Barros Almeida et Marcelo Cândido da Silva L e présent ouvrage est le résultat d’un colloque organisé par le Laboratório de Estudos Medievais (LEME) à l’université de São Paulo du 7 au 9 mai 20081. À l’heure où un peu partout dans le monde les médiévistes s’interro- gent sur le devenir de leur métier, cette rencontre pourra apparaître comme un fait de mode. Bien conscients que nous participons d’un mouvement général, nous avons souhaité donner à notre manifestation une orientation originale, à savoir une réflexion transcontinentale dont le noyau provient de chercheurs qui ne se trouvent pas dans des pays où les études médiévales constituent un domaine essentiel et classique de la science historique. Les organisateurs de la rencontre enseignent et mènent leurs recherches soit au Brésil, pour deux d’entre eux, soit au Canada pour le troisième ; pays dans lesquels la médiévis- tique est jeune – quarante ans tout au plus pour le Brésil2 – et somme toute peu représentée parmi les disciplines enseignées au sein de l’Université malgré l’existence, au Canada, de pôles reconnus internationalement, mais isolés3. Le projet a été élaboré par les trois organisateurs à partir de la fin de l’année 2005 et il a véritablement été mis en forme à la fin de l’année 2006, date à laquelle une lettre d’intention a été envoyée à une quinzaine de chercheurs 1. Le colloque a été financé conjointement par la Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo (Fondation de soutien à la recherche de l’État de São Paulo), la Coordenação de Aper- feiçoamento de Pessoal de Nível Superior (Coordination pour le perfectionnement personnel de niveau supérieur), le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture et le consulat de France au Brésil. 2. Marcelo Cândido da Silva, « Les études en Histoire médiévale au Brésil : bilan et pers- pectives », http://ciham.ish-lyon.cnrs.fr/Brazil.html, http://ciham.ish-lyon.cnrs.fr/Brazil. html, dernière mise à jour juin 2006 ; Wanessa Colares Asfora, Eduardo Henrik Aubert et Gabriel de Carvalho Godoy Castanho, « L’histoire médiévale au Brésil. Structure d’un champ disciplinaire », dans Le Moyen Âge vu d’ailleurs : voix croisées d’Amérique latine et d’Europe, dir. E. Magnani, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2010, p. 53-113, et l’article de Néri de Barros Almeida dans le présent volume. 3. Marc Potter et Yves Gingras, « Des “études” médiévales à “l’histoire” médiévale : l’essor d’une spécialité dans les universités québécoises francophones », Historical Studies in Education / Revue d’histoire de l’éducation, 18, 1 (2006), p. 27-49. Mehu_02.indd 5 03/02/12 09:21 6 Didier Méhu, Néri de Barros Almeida et Marcelo Cândido da Silva en Argentine, au Brésil, au Canada, aux États-Unis, en France et en Israël. La teneur principale de la lettre était la suivante : Pourquoi étudier le Moyen Âge au xxie siècle ? La question est délicate. Bien sûr, il ne s’agit pas de l’entendre sur le mode de l’autoréflexion psychologique ou psychanalytique qui consisterait à examiner les états d’âme des médiévistes (et ils seraient sans doute nombreux). Il s’agit de poser la question en termes intel- lectuels, institutionnels et sociaux, sachant que nous sommes des professeurs et des fonctionnaires de l’État. Il importe alors de s’interroger sur les fonctions des études médiévales dans l’éducation scolaire et universitaire, sur leur place dans la dynamique des sciences sociales, et sur leur rôle dans la société occi- dentale contemporaine. La pertinence d’un tel questionnement nous semble justifiée par la situation ac- tuelle. D’une part, en effet, le Moyen Âge est l’objet de très nombreuses célébra- tions collectives dont les initiatives sont tout autant privées que publiques, et ce à l’échelle du monde occidental : films, spectacles, romans, fêtes médiévales, boutiques et restaurants, sites Internet et jeux de rôle… D’autre part, la pré- sence des études médiévales au sein de la formation des enseignants, comme l’existence d’un corps de médiévistes soigneusement formé font l’objet de re- mises en cause qui sont fondées, de manière latente ou officielle, sur l’idée de l’inutilité des études médiévales dans la société contemporaine. D’autre part encore, et de manière apparemment contradictoire, l’étude de la civilisation médiévale est considérée sous un angle utilitariste, pour préciser les racines de la civilisation occidentale contemporaine. À l’heure où ces attitudes sont admises au sein même du monde universitaire, il est important d’y réfléchir, ne serait-ce que pour être conscient de leurs présup- posés et de leurs conséquences intellectuelles, institutionnelles et sociales. Il est clair, par exemple, que les célébrations médiévales ne sont jamais anodines. Elles naviguent entre la relégation de la civilisation médiévale dans un au-delà mythique et irrationnel, le positionnement de celle-ci dans la protohistoire de la société capitaliste contemporaine ou dans un âge d’or du communautarisme aux relents nostalgiques. Il est tout aussi frappant de constater que les idées de l’inutilité des études médiévales ou de leur justification utilitariste vont de pair avec les accélérations de l’uniformisation culturelle et sociale dans le monde occidental depuis les années 1990. N’y aurait-il pas là des connexions qu’il se- rait utile de mettre au jour ? La collaboration entre les médiévistes français, brésiliens et argentins, qui a été encouragée récemment par les initiatives d’Eliana Magnani4, était 4. Sous le titre Le Moyen Âge vu d’ailleurs, Eliana Magnani a organisé quatre rencontres entre des médiévistes européens et latino-américains entre 2002 et 2006. Eliana Magnani, « Le Moyen Âge vu d’ailleurs », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre [en ligne], 13, 2009, mis en ligne le 15 septembre 2009, consulté le 20 avril 2010, http://cem.revues.org/index11247.html ; Le Mehu_02.indd 6 03/02/12 09:21 Avant-propos 7 en filigrane de nos travaux, même s’il ne s’agissait plus de faire connaître des historiographies étrangères l’une à l’autre, mais d’entamer une réflexion conjointe sur les enjeux du métier de médiéviste. En juin 2007, le 38e congrès annuel de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public de France (SHMESP) a été intitulé Être historien du Moyen Âge au xxie siècle5. Nos deux initiatives n’ont pas été concertées et si plusieurs d’entre nous ont participé aux deux rencontres, les objectifs en étaient différents puisque notre intention était moins de dresser un état des modalités du faire de l’histoire médiévale aujourd’hui que de réfléchir à sa place dans la société actuelle. Le choix que nous avons fait des Publications de la Sorbonne, qui accueillent les Actes des congrès annuels de la SHMESP, souligne la complémentarité des deux démarches. Tous les chercheurs que nous avons sollicités n’ont pas répondu à l’appel ou n’ont pas toujours pu se joindre à nous ; nous déplorons ainsi l’absence de représentant de l’Argentine et des États-Unis. En outre, deux contributions présentées à l’oral n’ont pas été retenues pour la publication car elles s’inté- graient mal dans le questionnement soumis aux participants. Le choix des collaborateurs a dépendu largement de leurs positionne- ments respectifs dans le champ scientifique, en particulier des relations qu’ils entretenaient ou avaient entretenu avec l’institution universitaire d’Amérique latine6. Nous avons également souhaité rassembler des auteurs qui n’hési- tent pas à placer leur réflexion, voire leur action, sur un plan résolument poli- tique et non consensuel7. Cette condition indispensable à l’avancée du débat Moyen Âge vu d’ailleurs : voix croisées d’Amérique latine et d’Europe, op. cit. On retiendra également l’enquête collective initiée par E. Magnani, « Être historien du Moyen Âge en Amérique latine au début du xxie siècle : enquête », dans Être historien du Moyen Âge au xxie siècle. XXXVIIIe congrès de la SHMESP (Cergy-Pontoise, Évry, Marne-la-Vallée, Saint-Quentin-en-Yvelines, 31 mai-3 juin 2007), Paris, Publications de la Sorbonne, 2008, p. 71-92. 5. Être historien du Moyen Âge au xxie siècle, op. cit. 6. C’est le cas d’Eliana Magnani qui, après une licence à l’université de São Paulo, a poursuivi ses études de maîtrise, DEA uploads/Litterature/ livro-leme-pdf 1 .pdf

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