Ibn Warraq POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN PRÉFACES DE TASLIMA NASRIN ET DU GÉ

Ibn Warraq POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN PRÉFACES DE TASLIMA NASRIN ET DU GÉNÉRAL J. G. SALVAN L'Age d'Homme MOBILES G E O P O L I T I Q U E S Collection Mobiles géopolitiques DANS LA MÊME COLLECTION B A T A K O V I C Dusan T. C H A R G U É R A U D M . A . C H R I S T I T C H Kosta C O U R T O I S Stéphane (éd.) D A L M A S Louis D E L A R I V I È R E Frank D E L V A L L E Alexandre G A L L O I S Pierre-Marie L A M B E L E T Jean-Christian M O N T C O R B I E R Flora N A H A V A N D I Houchang S A V A R Y Michèle . T A C H E A U Jean-François W I C H T Bernard Collectif Kosovo, la spirale de la haine La Suisse présumée coupable Honneur et tromperie La résistance serbe Quand tombe la nuit. Origine et émergence des régimes totalitaires en Europe La pensée asphyxiée L'Europe de Gibraltar à Vladivostok Islamisme et Etats-Unis, une alliance contre Europe Ecrits de guerre Géopolitique La France sort-elle de l'Histoire? Le sang du pétrole I : Bosnie; II : Irak Mémoire des ondes Réquisitoire Le mobbing d'un petit pays Le communisme de marché La révolution iranienne La Serbie aux outrages Stratégies d'expansion du nouvel « Empire global » L'Art de la guerre au XXL siècle Les Balkans et la guerre du Kosovo Catalogue et informations : écrire à L'Age d'Homme, CP 32, 1000 Lausanne 9 (Suisse) ou 5, rue Férou, 75006 Paris (France) © 1999 by Editions L A g e d'Homme, Lausanne, Suisse www.agedhomme.com IBN WARRAQ POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN ESSAI Traduction de l'anglais Dédiée à la mémoire du Professeur Hitoshi Igarashi, traducteur des Versets Sataniques, poignardé le 11 juillet 1991 à l'Université de Tsukuba L'AGE D'HOMME A ma mire, ma femme, ma sœur et mes filles qui ont survécu malgré le fascisme religieux. Les musulmans sont les premières victimes île l'is- lam. Combien de fois n'ai-je pas observé au cours de mes voyages en Orient, que le fanatisme est le fait d'une minorité d'hommes dangereux qui, par la ter- reur, maintiennent les autres dans la pratique d'une religion. Affranchir le musulman de sa religion est le plus grand service qu'on puisse lui rendre. E. Renan INTRODUCTION Le lecteur fera la distinction entre théorie et pratique : la distinction entre ce que les musulmans devraient faire et ce qu'ils font en réalité; ce qu'ils devraient croire et faire par opposition à ce qu'ils croient et font réel- lement. Nous pourrions distinguer trois islams, que je numéroterais 1, 2, et 3. L'islam 1 est ce que le Prophète enseigna, c'est-à-dire les préceptes qui sont contenus dans le Coran. L'islam 2 est la religion telle qu'elle est exposée, interprétée et développée par les théologiens à travers les tradi- tions (hadiths). Elle comprend la charia et la loi coranique. L'islam 3 est ce que les musulmans réalisent, c'est-à-dire la civilisation islamique. Si jamais une idée générale ressort de ce livre, c'est que la civilisation islamique, l'islam 3, est souvent parvenue au sommet de sa splendeur mal- gré l'islam 1 et l'islam 2, et non pas grâce à eux. La philosophie islamique, les sciences islamiques, la littérature islamique et l'art islamique n'auraient pas atteint leurs sommets s'ils avaient uniquement reposé sur l'islam 1 et 2. Prenez la poésie par exemple. Muhammad méprisait les poètes : « quant aux poètes : ils sont suivis par ceux qui s'égarent » (sourate 26.224), et dans un recueil de traditions appelé le Mishkat, Muhammad aurait dit « une panse remplie de matière purulente vaut mieux qu'un ven- tre plein de poésie. » Les poètes eussent-ils adhéré à l'islam 1 et 2, nous n'aurions jamais connu les textes d'Abu Nuwas qui chante les louanges du vin et les merveilleuses fesses d'éphèbes, ou n'importe quel autre poème bachique pour lesquels la littérature arabe est si justement renommée. Pour ce qui est de l'art islamique, le Dictionnaire de l'Islam nous apprend que Muhammad maudissait ceux qui peignaient ou dessinaient des êtres humains ou des animaux (Mishkat, 7.1.1). Par conséquent, cela est illicite. Ettinghausen signale dans son introduction à la Peinture Arabe que les hadiths contiennent de nombreuses condamnations contre les « faiseurs d'images », dès lors qualifiés de « pires des hommes. » On leur reproche de concurrencer Dieu, qui est le seul créateur. La position dog- matique ne laisse aucune place à la peinture figurative. Heureusement, influencés par les traditions artistiques des civilisations voisines, des musulmans nouvellement convertis n'hésitèrent pas à défier l'orthodoxie 8 POURQUOI JE NE SUIS PAS MUSULMAN et à produire des chefs-d'œuvre d'art figuratif tels que les miniatures per- ses ou mongoles. Ainsi, l'impulsion créative sous-jacente à l'art islamique, à la philoso- phie, aux sciences, à la littérature arabes tire sa source à l'extérieur de l'islam 1 et 2, du contact avec des civilisations plus anciennes pourvues d'un héritage plus riche. L'Arabie était totalement dépourvue de tradition artis- tique, philosophique et scientifique. Seule la poésie émerge du passé arabe et encore sa créativité continue doit peu à l'inspiration spécifiquement isla- mique. Sans l'art byzantin ou sassanide, il n'y aurait pas eu d'art islamique puisque l'islam 1 et 2 sont hostiles à son développement. Pareillement, sans l'influence grecque il n'y aurait pas eu de philosophie ou de sciences arabes car l'islam 1 et 2 étaient assurément mal disposés envers ces « sciences étrangères ». Pour les orthodoxes, la philosophie islamique est une aberra- tion et toute science positive n'est que futilité. Dans ces domaines, les figures les plus marquantes, ou ceux qui ont joué un rôle crucial dans leur développement, furent soit non musulmanes, soit réellement hostiles à certaines, sinon toutes, croyances islamiques. Par exemple, Hunain ibn Ishaq (809-873), le plus important traducteur de la philosophie grecque en arabe, était un chrétien. Ibn al Muqaffa (mort en 757) était un manichéen qui écrivit une attaque contre le Coran. Les cinq poètes les plus typiques de la période abbasside qui figurent dans l'étude de Nicholson, Muti ibn Iyas, Abu Nuwas, Abu 'l-Atahiya, al-Mutanabbi et al-Ma'arri furent tous accusés ou suspectés d'hérésie ou de blasphème. Ar- Razi, le grand physicien du Moyen Age, alla même jusqu'à nier les prophé- ties de Muhammad. Le sort des femmes, des non-musulmans, des incroyants, des hérétiques et des esclaves (quel que soit leur sexe) fut effroyable. Les traitements bar- bares qu'ils subirent sont la conséquence directe des principes spécifiés par le Coran et développés par les juristes musulmans. La loi coranique est une construction de l'esprit abstraite et totalitaire, destinée à régenter tous les aspects de la vie privée, depuis la naissance jusqu'à la mort. Heureusement, la loi n'a pas toujours été appliquée à la lettre; autrement la civilisation isla- mique n'aurait guère pu se développer. En théorie, l'islam 1 et 2, le Coran et la loi coranique prohibent la consommation d'alcool et l'homosexualité. En pratique, la civilisation islamique tolère les deux. Cependant, la charria continue à régir les coutumes dans certains domaines de la vie courante, par exemple la famille (mariage, divorce, etc.). A l'inverse, la pratique islamique est parfois plus stricte que ce qui est requis par la charria. Le Coran ne parle pas de la circoncision et la plupart des juristes, tout au plus, ne font que la recommander. Mais, sans exception, tous les garçons sont circoncis. Il en va de même pour l'excision qui est toujours scandaleusement pratiquée dans nombre de pays musulmans. Le Coran exige l'égalité de tous les musulmans adultes de sexe masculin. La réalité est malheureusement fort différente, ainsi INTRODUCTION 9 que les musulmans non arabes de sang l'ont expérimentée tout au long de l'islam. Ici l'islam 1 et 2 enseignent des principes moraux qui ne sont pas respectés par l'islam 3. AVANT-PROPOS Je suis né dans une famille musulmane et j'ai grandi dans un pays qui est aujourd'hui fier d'être une république islamique. Mes proches parents se veulent musulmans : certains adhèrent à l'orthodoxie, d'autres moins. Mes plus lointains souvenirs remontent à ma circoncision et à mes débuts à l'école coranique — les psychanalystes en feront ce qu'ils voudront. Avant même de pouvoir lire ou écrire ma langue maternelle, j'avais appris le Coran par cœur, en arabe, sans en comprendre un traître mot; ainsi en est-il pour des centaines de millions d'enfants musulmans. Dès que j'ai été capable de raisonner par moi-même, j'ai rejeté tous les dogmes religieux que l'on m'avait fait ingurgiter. Je me considère aujourd'hui comme un humaniste laïc, qui croit que toutes les religions sont des rêves d'hommes débiles, de toute évidence fausses et pernicieuses. Tels sont mes antécédents et mon point de vue, et les choses en seraient restées là s'il n'y avait eu l'affaire Rushdie et la montée uploads/Litterature/ ibn-warraq-pourquoi-je-ne-suis-pas-musulman.pdf

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