Carlo M. Lucarini, La genesi dei poemi omerici, Berlin/Boston, de Gruyter, Beit

Carlo M. Lucarini, La genesi dei poemi omerici, Berlin/Boston, de Gruyter, Beiträge zur Altertumskunde 376, 2019: xi + 434 pages, incluant préface, sommaire, bibliographie et index. ISBN 978-3-11-065004-4 Compte rendu par Françoise Létoublon Bien des auteurs se sont penchés sur la « genèse des poèmes homériques », en particulier depuis la parution des Prolegomena ad Homerum de Wolf (1795, suite à la découverte du Venetus A par d’Ansse de Villoison). Mais il n’existait à ma connaissance aucune synthèse d’ensemble sur l’apport des savants dans le courant analyste pour cette histoire très complexe. C’est ce qu’entreprend ici, dans sa langue maternelle, ce spécialiste italien nourri de Lachmann et Wilamowitz. Il le fait en 16 chapitres clairement organisés : le premier est consacré au questions préliminaires, à savoir celle des poèmes homériques comme œuvre écrite et aux « termes et sigles utilisés ». Le deuxième chapitre porte sur l’histoire de l’analyse de l’Iliade, de Wolf à Kayser. Six chapitres portent ensuite sur l’analyse de détail de l’Iliade chant par chant ou plutôt en regroupant des groupes de chants en fonction des résultats de l’analyse (ch.3 de Α à Ζ, ch.4 de Η à Κ, ch.5 de Λ à Ο, ch.6 de Π à Τ, ch.7 de Υ à Ω), et le chapitre 8 jette un regard rétrospectif et conclusif sur la genèse de l’Iliade. Le chapitre 9, symétriquement au chapitre 2, fait l’histoire de l’analyse de l’Odyssée, puis 10 porte sur α à δ, 11 sur α 1-102 et ε à μ, 12 sur ν à υ 121-302, 13 sur υ 122 à ω, 14 jetant un regard rétrospectif et conclusif sur la genèse de l’Odyssée en symétrie avec 8. Les chapitres 15 et 16 sont généraux, nous y reviendrons plus loin. Tout repose donc sur la théorie analyste, bien exposée dans ses étapes successives dans le chapitre 2 pour l’Iliade, ensuite dans le chapitre 9 pour l’Odyssée, avec une attention particulière pour Lachmann et sa Liedertheorie à laquelle vinrent s’opposer les tenants, analystes eux aussi, de l’Urilias (une Iliade originelle)1 : Grote et son Achilleis, puis Naber, Leaf, Bethe, Von der Mühll supposèrent qu’à un noyau primitif s’ajoutèrent successivement des épisodes divers. Pour Naber, le premier noyau serait constitué par le premier jour de bataille raconté dans Λ 1-596. Lucarini voit un nouveau tournant avec Bethe (1914), selon lequel l’Urilias serait le poème de la Colère (Menisgedicht), comprenant la querelle entre Achille et Agamemnon (Α), une partie de Λ, l’aristie et la mort de Patrocle, l’aristie d’Achille, la mort d’Hector et les lamentations sur son cadavre. Wilamowitz (1916) marque une sorte de retour à Lachmann. Pour lui, le stade primitif de l’Iliade aurait comporté quelques épisodes qui auraient été inclus dans une Iliade précédent la nôtre qu’il appelle Ilias Homeri, correspondant à peu près à Α-Η 321 + Λ-Ψ 256 (p.21-22). Au XXe siècle, Lucarini reconnaît que l’unitarisme de Schadewaldt (1938) ébranle sérieusement le courant analyste, en ajoutant dans une très brièvement p.23 que le courant oraliste et celui de la Néo-analyse y contribuèrent. La dernière grande analyse iliadique est due pour lui à Von der Mühll 1 À mon avis, l’auteur passe un peu trop rapidement sur l’importance de Wolf comme fondateur de la théorie dans la page 12 qu’il lui consacre, peut-être dans l’idée que les travaux qu’il cite dans sa note 17 suffisent. Il me semble qu’il vaudrait pourtant la peine de résumer l’apport des Prolegomena ad Homerum et le rôle du Venetus A et de Villoison. La légèreté de Lucarini sur ce point se confirme par le fait que dans sa bibliographie, l’œuvre de Wolf est citée dans son édition originale en latin, mais l’édition de Grafton, Most et Zetzel (Princeton, 1985) est ignorée. Il faudrait y revenir, et peut-être même remonter à Villoison, par exemple avec les articles de Luciano Canfora et de Luigi Enrico Rossi que nous avons publiés en 1999 dans Homère en France après la Querelle. Selon sa bibliographie Lucarini ne connaît de Rossi qu’un autre article, et ignore Canfora. (1952) pour qui la Menisgedicht originelle serait constituée de Α-Β1+ Λ1+ Μ + Ο + Π + Ρ2+ Σ1 + Τ2+ Υ2+ Φ + Χ et aurait été amplifiée ensuite avec ajout d’épopées préexistantes. L’analyse est ensuite tombée dans une crise profonde, dont elle n’est pas encore sortie, malgré les essais de van Thiel et de West, reconnaît l’auteur p.24. uploads/Litterature/ lucarini-genesi-poemi-omerici.pdf

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