Le Bulletin de l’Académie royale de langue et de littérature françaises DE BELG
Le Bulletin de l’Académie royale de langue et de littérature françaises DE BELGIQUE Séance publique Profils de Julien Green Jacques De Decker D’une trilogie théâtrale – Monique Gosselin- Noat Julien Green et le classicisme – Michel Bouvier De l’âme et de ses ténèbres – Carole Auroy L ’altitude du pardon – Georges Thinès La quête du sens dans Léviathan – Sophie Lannes Julien Green, mon voisin – Valérie Catelain Julien Green et la voie initiatique – Jacques Franck Le Journal, un miroir pour les autres – Rodica Lascu-Pop Julien Green et l’éclairage fantastique – Eugen Simion T rois personnages : l’Ascète, le Bon vivant et le Moraliste. Et « un paresseux qui travaille » : Julien Green – Guy Vaes Un voyageur entre Ciel et T erre Communications Jacques De Decker François T ruffaut, homme de lettres français du vingtième siècle – Georges Thinès L ’esprit faustien selon Oswald Spengler – André Goosse Les auteurs du Bon usage – Jacques Crickillon Pierre della Faille : le poète ermite de T romba – Jean- Baptiste Baronian Affreux, sale et mauvais : Verlaine, conférencier en Belgique – Raymond Trousson Présence de la mort dans la poésie hugolienne – Guy Vaes La fête sous les bombes – Roland Mortier Brantôme et l’amour au seizième siècle – Daniel Droixhe Quand Dulaurens publiait à Liège ses « obscénités » – Jacques De Decker Suzanne Lilar et Julien Gracq : une amitié littéraire Prix de l’Académie en 2007 Ceux qui nous quittent Roger Foulon par Jean-Luc Wauthier – Paul Delsemme par Jacques Charles Lemaire – Claire Lejeune par Jacques De Decker T ome LXXXVI – N° 1-2-3-4 – Année 2008 © Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles www.arllfb.be Séance publique du 16 février 2008 Profils de Julien Green D’une trilogie théâtrale par M. Jacques De Decker . ...................................................................... 9 Julien Green et le classicisme par Mme Monique Gosselin-Noat . ........................................................... 21 De l’âme et de ses ténèbres par M. Michel Bouvier ............................................................................. 35 L ’altitude du pardon par Mme Carole Auroy . ........................................................................... 49 La quête du sens dans Léviathan par M. Georges Thinès ............................................................................ 63 Julien Green, mon voisin par Mme Sophie Lannes .......................................................................... 69 Julien Green et la voie initiatique par Mme Valérie Catelain . ........................................................................ 79 Le Journal, un miroir pour les autres par M. Jacques Franck .............................................................................. 89 Julien Green et l’éclairage fantastique par Mme Rodica Lascu-Pop . ..................................................................... 117 Trois personnages : l’Ascète, le Bon vivant et le Moraliste. Et un « paresseux qui travaille » : Julien Green par M. Eugen Simion ............................................................................... 129 Un voyageur entre Ciel et Terre par M. Guy Vaes . ..................................................................................... 143 Communications François Truffaut, homme de lettres français du vingtième siècle Communication de M. Jacques De Decker à la séance mensuelle du 12 janvier 2008................................................. 151 L ’esprit faustien selon Oswald Spengler Communication de M. Georges Thinès à la séance mensuelle du 9 février 2008 . .................................................. 167 Les auteurs du Bon usage Communication de M. André Goosse à la séance mensuelle du 8 mars 2008 . .................................................... 183 Pierre della Faille : le poète ermite de Tromba Communication de M. Jacques Crickillon à la séance mensuelle du 12 avril 2008 .................................................... 197 Affreux, sale et mauvais : Verlaine, conférencier en Belgique Communication de M. Jean-Baptiste Baronian à la séance mensuelle du 10 mai 2008 . .................................................... 207 Présence de la mort dans la poésie hugolienne Communication de M. Raymond T rousson à la séance mensuelle du 14 juin 2008 ..................................................... 213 La fête sous les bombes Communication de M. Guy Vaes à la séance mensuelle du 10 septembre 2008 . ......................................... 227 Brantôme et l’amour au seizième siècle Communication de M. Roland Mortier à la séance mensuelle du 11 octobre 2008 .............................................. 235 Quand Dulaurens publiait à Liège ses « obscénités » Communication de M. Daniel Droixhe à la séance mensuelle du 8 novembre 2008 ............................................ 249 Suzanne Lilar et Julien Gracq : une amitié littéraire Communication de M. Jacques De Decker à la séance mensuelle du 13 décembre 2008 . .......................................... 261 Prix de l’Académie en 2007 Palmarès ............................................................................................... 275 Ceux qui nous quittent Roger Foulon par M. Jean-Luc Wauthier ............................................... 287 Paul Delsemme par M. Jacques Charles Lemaire .................................. 291 Claire Lejeune par M. Jacques De Decker. ............................................ 295 Profils de Julien Green Séance publique du 16 février 2008 Cette journée, placée sous la présidence de Jean-Baptiste Baronian, directeur de l'année, a été organisée à l'occasion du dixième anniver- saire de la mort de Julien Green (6 septembre 1900 - 13 août 1998). 9 D’une trilogie théâtrale Par M. Jacques De Decker Entre les deux ensembles textuels qui dominent l’œuvre de Green, celui du diariste et celui du romancier, son théâtre adopte plutôt le profil bas. Guère plus de cinq pièces, dont trois seulement furent créées à Paris dans des conditions normales et avec des succès mitigés, pièces qui ne sont au demeurant pratiquement plus jouées en français — même si elles bénéficient de plus d’attention en traduction, comme on le verra —, et qui ne sont que fort peu étudiées, cela semble plutôt négligeable en regard du vaste corpus du Journal, et surtout du gigantesque édifice fictionnel que consti- tuent les romans et les nouvelles. Cette disproportion explique que l’on évoque souvent, à propos de cet aspect de la création greenienne, l’idée que l’on aurait affaire à un « théâtre de romancier », à une espèce de digression, de distrac- tion, voire de dévoiement de la part de l’auteur qui se serait permis une incartade par rapport à son talent naturel. Il aurait cédé, par inadvertance, à la tentation du théâtre, aurait constaté assez vite qu’il avait fait fausse route, et en serait revenu à ses voies royales, dont il aurait peut-être mieux fait, laissent entendre certains, de ne pas s’éloigner. Fallacieuse hypothèse, dont nous allons tenter de contester les attendus, en nous attachant surtout aux trois pièces jouées dans la première moitié des années cinquante, Sud, L’Ennemi, et L’Ombre, dont on peut dire, comme Julien Green le laisse d’ailleurs entendre lui-même, qu’elles forment une trilogie. 10 D’une trilogie théâtrale Jacques De Decker 10 À la lecture du Journal, on constate que l’écrivain, à la veille d’être sollicité par le théâtre, s’est en quelque sorte préparé psychologi- quement. Il note, le 6 mai 1948, qu’en écoutant une retransmission radiophonique d’une pièce de théâtre il est « frappé », dit-il, « par le peu de vérité du ton » des acteurs. On a l’impression, précise-t-il, qu’ils « oublient tout à fait comment on parle d’ordinaire et recons- tituent à leur idée la façon de dire des hommes et des femmes, un peu comme s’ils essayaient de ramener à la vie une langue morte1 ». Cette remarque, qui indique une attention particulière portée au dialogue, témoigne d’un intérêt qui, chez un écrivain, prélude souvent à un désir de relever un défi. Quelque temps plus tard, le 4 juin précisément, il s’extasie, à propos des Riders to the Sea de Synge, devant « cette langue magnifique et folle qu’est l’anglais parlé par les Irlandais2 ». C’est la seule fois, vers cette époque, qu’il cite un auteur dramatique de langue anglaise qui n’est pas Shakespeare : il se trouve que c’est le poète de la scène à qui l’on doit Le Baladin du monde occidental. Cela pourrait-il indiquer qu’il est lui-même à la recherche d’une langue magnifique et folle ? Le dialogue, il ne le pratique à ce moment qu’en prose, et s’impose, dans cet exercice, une rigueur sourcilleuse. Dans le roman, écrit-il le 18 juillet 1949, « il faut éviter que l’action ne s’enlise dans les conversations comme elle aurait pu le faire dans les développe- ments psychologiques ». Et il s’impose un précepte : « Dès qu’un personnage s’écoute parler, lui fermer la bouche3. » Toujours dans le registre du dialogue, il a cette réflexion, en novembre de la même année, sur la deuxième personne telle qu’elle est traitée en anglais et en français : « La distance que met l’Anglais entre lui et son prochain (je suis toujours tenté de dire son “lointain”, c’est si souvent le cas) (…) est d’autant plus grande qu’il lui dit “you” comme à sa femme, son père ou son chien. Il se protège comme il peut, il n’a pas cette admirable ligne de défense du “vous”, passé laquelle toute familiarité et trop souvent toute vulgarité semblent permises. Combien, en France, m’est difficile le passage de “vous” à “tu” ! Il me semble qu’on m’arrache mes vêtements en pleine rue4. » C’est cet écrivain éminemment sensible aux nuances de la langue parlée qui reçoit le 10 octobre 1950 une lettre de Louis Jouvet qui veut qu’il lui écrive une pièce. « Sa lettre est chaleu- reuse, pressante5 », écrit-il. Et il se souvient de deux rencontres 1/Julien Green, Journal, dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. de la « Pléiade », tome IV, 1975, p. 1010. 2/Ibid., p. 1015. 3/Ibid., p. 1089. 4/Ibid., p. 1123. uploads/Litterature/ bulletin-2008-lxxxvi-01-04.pdf
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- Publié le Nov 07, 2021
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