HISTOIRE DE LA CONQUÊTE D’ALGER ÉCRITE SUR DES DOCUMENTS INÉDITS ET AUTHENTIQUE
HISTOIRE DE LA CONQUÊTE D’ALGER ÉCRITE SUR DES DOCUMENTS INÉDITS ET AUTHENTIQUES PAR M. ALFRED NETTEMENT NOUVELLE ÉDITION REVUE ET CORRIGÉE LIBRAIRIE JACQUES LECOFFRE LECOFFRE FILS ET SUCCESSEURS. 1867 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens (du 14e au 20e siècle) à télécharger gratuite- ment ou à lire sur place. PRÉFACE La conquête d’Alger mérite à tous les points de vue de rencontrer un historien. Son importance propre, ses diffi cultés réelles, ses périls, les souvenirs néfastes et les appréhen- sions de tous genres dont elle était entourée ; la manière dont elle fut préparée et conduite, la part qu’eurent les deux grandes forces militaires de la France, l’armée et la marine, à cette expédition qui nécessita une navigation et un débarquement diffi ciles dans le temps ou la vapeur naissait à peine, une grande bataille et un siège ; le rôle important qu’y remplit l’administration, pour laquelle celte expédition fut le signal d’une nouvelle ère, suffi raient à fournir la matière d’un utile et intéressant récit. Mais d’autres circonstances VI PRÉFACE. encore viennent lui prêter un plus puissant intérêt. Outre sa partie militaire, maritime, administrative, l’expédition d’Alger offre une partie parlementaire, à cause des débats qu’elle provoqua dans les Cham- bres ; une partie diplomatique, à cause des négo- ciations qu’elle motiva entre le gouvernement de Charles X et les principales puissances européen- nes, surtout l’Angleterre. Elle occupa l’attention de toutes les contrées maritimes, remua les intérêts les plus chers de nos provinces méridionales et, en même temps, ceux de toutes les nations chrétien- nes assises autour du bassin de la Méditerranée, car toutes les populations riveraines de cette mer avaient eu et avaient encore à souffrir de la pirate- rie, et les peuples même riverains de mers plus loin- taines avaient été atteints par les déprédations des corsaires. Les idées religieuses, qui s’alanguissent quelquefois, mais ne meurent jamais, se réveillèrent à l’aspect de la lutte que la civilisation chrétienne engageait contre la barbarie musulmane sur cette terre d’Afrique, où le catholicisme avait fl euri pen- dant la domination romaine, où saint Augustin, ce fl ambeau de l’Église d’Hippone et de l’Église uni- verselle, avait brillé; où, bien des siècles plus tard, saint Louis, souvenir cher et douloureux au cœur de la France, était venu mourir. Les graves conséquences du succès de cette PRÉFACE. VII expédition achèvent d’en faire un événement con- sidérable. La Méditerranée affranchie du tribut que levaient les corsaires, l’esclavage chrétien aboli sur cette longue ligne de côtes inhospitalières occupées par les puissances barbaresques, un nouvel ébranle- ment apporté à la puissance mahométane, une porte ouverte à la domination française et à la civilisation européenne, introduites par la même victoire en Afrique; les efforts énergiques et persévérants de la France sous le gouvernement de Juillet, pour faire fructifi er cette victoire et compléter la conquête de la ville par celle de tout le territoire de la Régence, les longues luttes militaires et les brillants combats qui en furent la suite, l’admirable école qu’y trouva notre armée, les talents des généraux qui s’y for- mèrent, la forte discipline, l’activité infatigable et intrépide des soldats initiés au métier des armes par ces rudes campagnes où la vigilance, la rapidité des mouvements, l’habitude de la fatigue, les mépris des intempéries des saisons, sont non pas seulement des conditions de victoire, mais des conditions de vie ; les grandes traditions militaires ainsi continuées et même perfectionnées dans notre armée, malgré la prolongation de la paix européenne; les résultats agricoles et industriels déjà remarquables de cette nouvelle possession : il y a dans cet ensemble de faits quelque choie qui rehausse encore l’importance de la VIII PRÉFACE. première expédition, source principale d’où sont sorties toutes les conséquences ultérieures. L’époque où nous sommes semble bien choisie pour écrire l’histoire de la conquête d’Alger. On n’est ni trop près des événements pour pouvoir dire toute la vérité sur les hommes et les choses, ni trop loin pour la savoir tout entière. Ceux qui ont eu la principale part dans ces événements ont disparu de la scène du monde. Le roi Charles X a terminé dans l’exil, en 1836, sa longue et laborieuse vie. Son adversaire vaincu, Hussein-Pacha, dernier dey d’Al- ger, ne lui a survécu que deux ans. Vingt-six jours seulement après la chute du deylik, la monarchie française disparaissait en trois jours, comme ces tentes qu’on dresse dans le désert et qu’un ouragan emporte. M. de Bourmont, qui prépara l’expédition militaire comme ministre de la guerre et commanda l’armée comme général ; l’amiral Duperré, qui con- duisit la fl otte, ont cessé de vivre. M. d’Haussez, le dernier ministre de la marine de la Restauration, qui fi t les préparatifs de l’expédition maritime avec une activité sans égale et qui, par la décision de son esprit et la vigueur de son caractère, eut une grande part à la résolution prise par le roi Charles X de conquérir Alger, est allé depuis peu les rejoindre. M. Den- niée, l’intendant général qui eut la direction supé- rieure du mouvement de l’administration pendant PRÉFACE. IX la campagne, est mort comme eux. Tant les années marchent vite, en emportant les générations que nous avons vues se mouvoir sous nos yeux, les hommes que nous avons connus, écoutés, suivis on combattus ! L’historien se trouve donc, par rapport à la conquête d’Alger, dans les conditions de la véracité et de l’impartialité la plus complète. C’est dans ces circonstances que la petite-fi lle du baron d’Haussez, madame la duchesse d’Alma- zan, prenant une honorable et pieuse initiative, a bien voulu nous faire proposer la communication des papiers politiques laissés par son grand père, afi n de nous aider à connaître et à faire connaître la vérité historique sur la conquête d’Alger. Nous avons été heureux de répondre au sentiment à la fois si fi lial et si français qui avait dicté la démarche bienveillante de madame d’Almazan, et nous avons cru que le meilleur moyen de justifi er la confi ance était de faire un livre rigoureusement impartial, complet, soigneusement étudié, puisé aux source les plus authentiques. Nous n’avons rien omis pour ajouter aux lumière, que nous trouvions dans les papier: politique du baron d’Haussez, celles. que pouvaient nous, donner tous les coopérateurs de cette grande entreprise. M. l’amiral Dupetit Thouars(1), capitaine de _______________ 1- Depuis la publication de la première édition de cet ouvrage, X PRÉFACE. frégate sous la Restauration, et qui, consulté par tous les ministères qui songèrent à l’expédition d’Alger, eut, si jeune encore, le rare mérite d’en apercevoir, d’en exposer, d’en démontrer la possi- bilité contre l’avis des offi ciers généraux de mer, a bien Voulu mettre à notre disposition des copies certifi ées des rapports qu’il présenta en 1827, sur la fi n du ministère Villèle, au comte de Chabrol ; en 1830, au baron d’Haussez. Il nous a donné en outre de vive voix les détails les plus précieux sur les discussions qu’il eut à soutenir dans le conseil de l’amirauté et dans les commissions où il fut appelé avec son collègue, M. Gay de Taradel, par le comte de Chabrol et le baron d’Haussez. M. le due de Clermont-Tonnerre, successive- ment ministre de la marine et ministre de la guerre pendant l’administration de M. de Villèle, a bien voulu mettre dans nos mains une copie du remar- quable rapport qu’il présenta au roi en son conseil au mois d’octobre 1827, pour lui proposer, dès cette époque, d’attaquer Alger par terre avec une armée de débarquement. M. le baron Hyde de Neuville(1), ministre de la _______________ M. l’amiral Dupetit-Thouars a été enlevé à la marine française. parmi les autres chefs militaires qui ont pris hart à l’expédition, et lui ont cessé de vivre, nommons encore le duc de Clermont-Ton- nerre, le maréchal Magnan et M. le général Rulhière. 1 M. le baron Hyde de :Neuville est également mort depuis la PRÉFACE. XI marime pendant l’administration de M. de Marti- gnac, nous a fourni toutes les lumières désirables sur la conduite suivie dans la question d’Alger par le ministère dont il faisait partie et sur les incidents du blocus. Il nous a mis à même de résoudre un problème historique jusque-là impénétrable, et qui occupa les Chambres et la presse, celui de la mission du commandant la Bretonnière à Alger en 1829. M. Thierry-Dufongerav, élève consul à Alger auprès de M. Deval, ou consul général et envoyé par ce dernier à la Calle pour y surveiller la pêche du corail, nous a fourni pour cette nouvelle édition des notes qui nous ont permis de préciser plusieurs points. Nous avons consulté en outre, sur les épisodes du blocus, les offi ciers qui y prirent part. Les papiers politiques du baron d’Haussez nous ont permis de suivre, sous le dernier minis- tère de la Restauration, les dernières phases poli- tiques et uploads/Litterature/ m-alfred-nettement-histoire-de-la-conquete-d-x27-alger.pdf
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- Publié le Oct 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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