ACTES SUD Quand tu prépares ton petit-déjeuner, pense aux autres. (N’oublie pas

ACTES SUD Quand tu prépares ton petit-déjeuner, pense aux autres. (N’oublie pas le grain aux colombes.) Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres. (N’oublie pas ceux qui réclament la paix.) Quand tu règles la facture d’eau, pense aux autres. (Qui tètent les nuages.) Quand tu rentres à la maison, ta maison, pense aux autres. (N’oublie pas le peuple des tentes.) Quand tu comptes les étoiles pour dormir, pense aux autres. (Certains n’ont pas le loisir de rêver.) Comme des fleurs d’amandier ou plus loin Mahmoud Darwich poèmes traduits de l’arabe (Palestine) par Elias Sanbar Extrait de la publication Extrait de la publication “MONDES ARABES” série dirigée par Farouk Mardam-Bey LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS Ni patrie ni exil que les mots, mais passion du blanc pour la description des fleurs d’amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu’un parvenait à une brève description des fleurs d’amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l’unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national ! Mahmoud Darwich poursuit dans ce recueil une recherche commencée il y a au moins dix ans, aux frontières de la poésie et de la prose. Mais au-delà de toute préoccupation technique, demeurent ses choix premiers : en poésie, toute idée, toute pensée doit passer par les sens ; toute poésie est d’abord orale, et par là musique ; et elle s’arme de fragilité humaine pour résister à la violence du monde. Extrait de la publication MAHMOUD DARWICH Mahmoud Darwich, né en 1942 à Birwa, près de Saint-Jean- d’Acre, est unanimement considéré comme l’un des plus grands poètes arabes contemporains. Auteur de plusieurs ouvrages maintes fois réédités et traduits partout dans le monde, il a publié chez Actes Sud : Au dernier soir sur cette terre (poèmes, 1994) ; Une mé moire pour l’oubli (récit, 1994) ; Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ? (poèmes, 1996) ; La Palestine comme métaphore (entretiens, 1997) ; Le Lit de l’étrangère (poèmes, 2000) ; Murale (poème, 2003) ; Etat de siège (poème, 2004) ; Ne t’excuse pas (poèmes, 2006) ; Entre tiens sur la poésie (2006). DU MÊME AUTEUR RIEN QU’UNE AUTRE ANNÉE. ANTHOLOGIE POÉTIQUE, 1966-1982, Minuit, 1983. PALESTINE MON PAYS : L’AFFAIRE DU POÈME, Minuit, 1988. PLUS RARES SONT LES ROSES, Minuit, 1989. CHRONIQUE DE LA TRISTESSE ORDINAIRE, suivi de POÈMES PALESTINIENS, Cerf, 1989. AU DERNIER SOIR SUR CETTE TERRE, Actes Sud, 1994. UNE MÉMOIRE POUR L’OUBLI, Actes Sud, 1994 ; Babel, 2007. POURQUOI AS-TU LAISSÉ LE CHEVAL A SA SOLITUDE ?, Actes Sud, 1996. LA PALESTINE COMME MÉTAPHORE. ENTRETIENS, Sindbad-Actes Sud, 1997 ; Babel, 2002. LA TERRE NOUS EST ÉTROITE ET AUTRES POÈMES, Poésie/Gallimard, 2000. LE LIT DE L’ÉTRANGÈRE, Actes Sud, 2000. MURALE, Actes Sud, 2003. ÉTAT DE SIÈGE, Actes Sud, 2004. NE T’EXCUSE PAS, Actes Sud, 2006. ENTRETIENS SUR LA POÉSIE avec Abdo Wazen et Abbas Beydoun, Actes Sud, 2006. Titre original : Ka-zahr al-lawz aw ab‘ad Editeur original : Riad El-Rayyes, Beyrouth © Mahmoud Darwich, 2005 © ACTES SUD, 2007 pour la traduction française ISBN 978-2-7427-7017-5 978-2-330-00315-9 Extrait de la publication MAHMOUD DARWICH Comme des fleurs d’amandier ou plus loin poèmes traduits de l’arabe (Palestine) par Elias Sanbar ACTES SUD Extrait de la publication Extrait de la publication La plus belle parole est celle qui se situe entre une poésie qui ressemble à la prose et une prose qui ressemble à la poésie. ABÛ HAYYÂN AL-TAWHÎDÎ Extrait de la publication Extrait de la publication I TOI Extrait de la publication Extrait de la publication PENSE AUX AUTRES Quand tu prépares ton petit-déjeuner, pense aux autres. (N’oublie pas le grain aux colombes.) Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres. (N’oublie pas ceux qui réclament la paix.) Quand tu règles la facture d’eau, pense aux autres. (Qui tètent les nuages.) Quand tu rentres à la maison, ta maison, pense aux autres. (N’oublie pas le peuple des tentes.) Quand tu comptes les étoiles pour dormir, pense aux autres. (Certains n’ont pas le loisir de rêver.) Quand tu te libères par la métonymie, pense aux autres. (Qui ont perdu le droit à la parole.) 13 Extrait de la publication Quand tu penses aux autres lointains, pense à toi. (Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir ?) Extrait de la publication MAINTENANT… EN EXIL Maintenant, en exil… oui, à la maison, dans la soixantaine d’une vie brève, on allume pour toi les bougies. Sois joyeux, aussi calme que tu peux, une mort stupide s’est égarée sur les chemins encombrés et t’a laissé un répit. Sur les décombres, une lune indiscrète rit comme une idiote, ne crois pas qu’elle s’approche pour t’accueillir. Pareille au mois de mars nouveau, elle a, dans son éternelle besogne, restitué aux arbres les noms de la nostalgie et t’a négligé. Célèbre donc avec tes amis la brisure de la coupe. Dans la soixantaine, tu ne trouveras pas de reste de lendemain pour le porter sur l’épaule du chant… et qu’il te porte. 15 Extrait de la publication Dis à la vie, comme il sied à un poète chevronné : Va doucement telles les femelles conscientes de leur magie et de leur ruse. A chacune, son appel secret : Me voici tienne ! Que tu es beau ! O vie, va doucement que je te voie imparfaite. Je t’ai tant oubliée dans la tourmente de ma quête de moi et de toi. Et chaque fois que j’ai percé l’un de tes secrets, tu m’as dit, sévère : Oh l’ignorant ! Dis à l’absence : Tu m’as laissé diminué et je suis venu… te parfaire ! Extrait de la publication QUAND TU CONTEMPLES Quand tu contemples une rose qui a blessé un mur et que tu te dis : J’ai bon espoir de guérir du sable, ton cœur verdit… Quand, par une journée belle comme une icône, tu accompagnes une femme au cirque et que tu es convié à la danse des chevaux, ton cœur rougit… Quand tu comptes les étoiles, que tu te trompes après la treizième et que tu t’assoupis comme l’enfant dans la bleuité de la nuit, ton cœur blanchit… Quand tu marches et que tu ne trouves pas le songe allant devant toi comme l’ombre, ton cœur jaunit… Extrait de la publication SI TU MARCHES DANS UNE RUE Si tu marches dans une rue qui ne mène pas à un précipice, dis aux éboueurs : Merci ! Si tu reviens vivant à la maison, comme revient la rime, sans défaut, dis-toi : Merci ! Si tu as un pressentiment et que ton intuition te trahit, pars demain voir où tu étais et dis au papillon : Merci ! Si tu cries de toutes tes forces et que l’écho te répond : “Qui est là ?”, dis à ton identité : Merci ! Si tu regardes une rose sans qu’elle te fasse mal, si elle te rend joyeux, dis à ton cœur : Merci ! Si tu te réveilles sans trouver les autres près de toi qui te frottent les paupières, dis à la clairvoyance : Merci ! 18 Extrait de la publication Si tu te souviens d’une lettre de ton nom, du nom de ton pays, sois un bon fils, que le Seigneur te dise : Merci ! Extrait de la publication uploads/Litterature/ mahmoud-darwich-comme-des-fleurs-d-x27-amandier-ou-plus-loin 1 .pdf

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