3 La cité, c’était chez les Grecs à la fois la ville, rassemblée autour de ses
3 La cité, c’était chez les Grecs à la fois la ville, rassemblée autour de ses lieux sacrés ou civiques, et la contrée, un territoire plus ou moins vaste qui lui était associé. C’était aussi une communauté politique, et à Athènes une communauté de citoyens, une démocratie des hommes libres, excluant les femmes, les esclaves et les étrangers, les « métèques » – le mot vient de là, avant de prendre une dimension péjorative. Depuis, la démocratie est devenue un régime élargi de la manière d’être ensemble. Nous n’excluons plus les femmes et nous avons aboli l’esclavage, mais qu’en est-il aujourd’hui de l’exclusion ? Qu’en est-il de l’étranger ? Et qu’en est-il de ceux qu’une économie aveugle réduit à ne plus être que de simples forces de travail, sans forces politiques, de moins en moins citoyens, de plus en plus proches des esclaves ? L’Europe, où se joua le destin démocratique et s’inventèrent les Droits de l’Homme, subit aujourd’hui des bouleversements à échelle tellurique. Les structures étatiques s’affaiblissent, les représentations parlementaires semblent ne plus être capables de représenter, les forces économiques échappent de plus en plus à tout contrôle, et nous entrons peut-être dans une nouvelle ère de grandes migrations. Faire société, faire une société n’est plus une évidence, un héritage, mais un chantier inédit tant les conditions qui sont maintenant faites à nos existences nous obligent à réinventer la vie ensemble et imaginer des formes contemporaines pour l’assemblement des « animaux politiques » que nous sommes. Ces conditions, politiques, économiques et sociales, coïncident avec une mutation colossale du territoire de la cité, la ville et sa contrée, l’une et l’autre étendues à des dimensions sans commune mesure avec ce que l’on connaissait encore il y a moins d’un siècle. L’échelle urbaine est maintenant insaisissable, la traversée des mégalopoles est celle de véritables régions bâties qui exigent de nouveaux livres de géographie et appellent de nouveaux récits de voyage. Quant aux contrées que dominent ces « villes tentaculaires », la désolation y croît, que ce soit sous la forme des accumulations chaotiques des proches alentours ou sous celle de l’abandon des champs et des villages à l’état de friches agricoles et sociétales. Qu’est-ce qu’un urbain aujourd’hui en Europe ? Tout le monde, mais qu’y a-t-il de commun entre ceux qui profitent des qualités de la ville ancienne et ceux qu’on a relégués dans le débridé des banlieues, ou plus loin encore, dans une périphérie lassante et délaissée ? Le débat est constant sur toutes ces questions, les médias en témoignent en composant des bouquets de savoirs censés y répondre, des élus, des experts et des “gens” extraits on ne sait comment de la “société civile”. Rarement des philosophes, encore moins des écrivains ! Pourtant, sur ce sujet comme sur d’autres, la littérature explore, regarde et parle. Elle prend sa part du chantier de la conscience du monde où nous avançons à tâtons. Et ce faisant, elle s’essaye à de nouvelles écritures, sa manière d’appréhender ce qui étonne et déconcerte reste une aventure des mots, de la phrase et du chant, ainsi que le XXe siècle n’a pas cessé de le montrer, d’avant-garde en avant-garde, en abordant la ville sous tous ses aspects, écrivant Dublin, Vienne, New York ou Paris avec une langue chaque fois singulière. Comment aborde-t-elle maintenant ce qu’on appelle, chez les architectes, la « ville générique », nommant ainsi un innommé qui n’est peut-être qu’un innommable, mais qui attend de nouvelles convergences du voir et du décrire ? Comment écrire cette ville en essayant d’écrire la « cité » ? La possibilité même de la cité, au croisement des flux qui la traversent – les gens, les idées, l’argent et les choses – et dans une matérialité inédite ? Comment penser, repenser, imaginer la forme contemporaine des Droits de cité ? C’est à ces questions que la Maison des écrivains et de la littérature a décidé de consacrer ses onzièmes Enjeux contemporains, en invitant poètes et romanciers, philosophes et historiens, architectes et géographes, écrivains de l’essai ou de la fiction, de l’ici ou de l’ailleurs, à débattre et confronter leurs recherches et leurs œuvres. Claude Eveno – Président de la Mél Sylvie Gouttebaron – Directrice Dominique Viart – Professeur à l’université Paris-Nanterre, co-fondateur des Enjeux Littérature, Enjeux contemporains Littérature, enjeux contemporains Droits de Cité Droits de Cité Mercredi ¦ 24 ¦ janvier 19h00 – 21 h00 Centre Pompidou — Petite salle Place Georges Pompidou 75004 Paris Jeudi ¦ 25 ¦ janvier 10h00 – 17h45 Université Paris Nanterre 200, avenue de la République 92000 Nanterre Vendredi ¦ 26 ¦ janvier 9h30 – 16 h45 Théâtre du Vieux-Colombier Comédie-Française 21, rue du Vieux-Colombier 75006 Paris Samedi ¦ 27 ¦ janvier 9h30 – 16 h45 Théâtre du Vieux-Colombier Comédie-Française 21, rue du Vieux-Colombier 75006 Paris 5 Mercredi ¦ 24 ¦ janvier OUVERTURE DES ENJEUX 11 19 h00 Claude Eveno, Sylvie Gouttebaron Dominique Viart, 19h30 – 20h15 Jacques Rancière avec Ismaël Jude 20 h15 – 21 h00 Mathias Enard avec Dominique Viart Jeudi ¦ 25 ¦ janvier LA CITÉ DÉMOCRATIQUE 10h00 – 10 h30 Dominique Viart — 10 h30 – 11 h00 Pierre Judet de La Combe — 11 h00 – 11 h45 Claude Eveno et Jean-Pierre Le Dantec — 12 h00 – 12 h45 Michel Deguy, Jean-Claude Pinson avec Francesca Isidori LES MUTATIONS URBAINES 14 h30 – 15 h15 Nicole Caligaris, Muriel Pic avec Laurent Demanze 15 h15 – 16 h00 Anne Savelli, Delphine Bretesché avec Alain Nicolas 16 h15 – 17 h00 Frédéric Valabrègue, Gilbert Vaudey avec Jean Kaempfer 17 h00 – 17 h45 Didier Daeninckx avec Dominique Viart SOIRÉE 20 h00 – 22 h00 Vendredi ¦ 26 ¦ janvier LES PÉRIPHÉRIES 9 h30 – 10 h15 Nicolas Bouyssi, Fanny Taillandier avec Agathe Novak-Lechevalier 10 h15 – 11 h00 Simon Johannin, Dominique Fabre avec Johan Faerber 11 h15 – 12 h00 Xavier Boissel, Jérôme Meizoz avec Élodie Karaki EXILS, EXODES, DÉPLACEMENTS 13 h30 – 14 h15 Linda Lê, Régine Robin avec Wolfgang Asholt 14 h15 – 15 h00 Emmanuel Ruben, Jakuta Alikavazovic avec Alain Nicolas 15 h15 – 16 h00 Patrick Deville avec Pierre Schœntjes 16 h00 – 16 h45 Patrick Chamoiseau avec Jean-Marc Moura Samedi ¦ 27 ¦ janvier DANS LES MOTS DES AUTRES 9 h30 – 10 h15 Paulina Spiechowicz, Yolande Zauberman et Anna Moï avec Jean-Marc Moura 10 h15 – 11 h00 Heinz Wismann avec Antoine Perraud 11 h15 – 12 h00 Camille de Toledo, Juan Carlos Mondragón avec Dominique Rabaté EXCLUSION / RELÉGATION 13 h30 – 14 h15 Arno Bertina, Juliette Kahane avec Alexandre Gefen 14 h15 – 15 h00 Koffi Kwahulé, Julien d’Abrigeon avec Isabelle Rüf 15 h15 – 16 h00 Marielle Macé et Catherine Coquio — 16 h00 – 16 h45 Projection du film Vienne avant la nuit, en présence de l’auteur Robert Bober Le programme 13 h00 – 14 h30 Pause déjeuner 12 h00 – 13 h30 Pause déjeuner 12 h00 – 13 h30 Pause déjeuner 7 Les invités Mathias Enard est né en 1972 et vit à Barcelone. Il a étudié le persan et l’arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il est membre du collectif Inculte. Son œuvre romanesque, imprégnée d’Orient, est essentiellement publiée chez Actes Sud. La Perfection du tir paraît en 2003, Remonter l’Orénoque en 2005 et Zone en 2008, récit homérique des guerres balkaniques et méditerranéennes contemporaines. Leur succèdent un conte, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (2010), évoquant Constantinople et Rue des voleurs (2012), roman sur l’engagement et la révolte. Avec Boussole, pont jeté entre l’Orient et l’Occident, il reçoit le Prix Goncourt 2015. Dernière communication à la société proustienne de Barcelone est un recueil de poésies paru en 2016 aux éditions Inculte. Mathias Enard mercredi 24 à 20h 15 © DR Claude Eveno jeudi 25 à 11h 00 © Mathieu Bourgois Claude Eveno, né en 1945, est urbaniste, cinéaste documentariste et écrivain. Il a été rédacteur en chef des Cahiers du CCI au Centre Georges Pompidou et de Monumental au Centre des monuments nationaux, a enseigné à l’université Paris VIII, à l’École nationale supérieure de Création Industrielle et à l’École nationale supérieure de la Nature et du Paysage. Il a été conseiller de programme à France Culture. On lui doit : Sur la lande (Gallimard, 2005), Regarder le paysage (Gallimard Jeunesse, 2006), Histoires d’espaces (Sens & Tonka, 2011) et, aux éditions Bourgois, L’Humeur paysagère (2015) et Revoir Paris (2017). Aux éditions Dominique Carré, paraît fin 2017, Robert Doisneau, La banlieue en couleur, photos de R. Doisneau, texte de C. Eveno. A paraître : Quelques-uns (Bourgois, avril 2018). Jacques Rancière mercredi 24 à 19h 30 © E. Marchadour Jacques Rancière, né en 1940, est philosophe, professeur émérite à l’Université de Paris VIII. En 1965, il participe à l’écriture de l’ouvrage Lire Le Capital (Ed. Maspero) avec Louis Althusser puis se démarque de son professeur en publiant La Leçon d’Althusser (1974). Il travaille ensuite sur les archives ouvrières et les utopistes du XIXe siècle. Sa thèse La Nuit des prolétaires paraît en 1981 (Fayard). Une réflexion uploads/Litterature/ mel-20171220-programme-14mo.pdf
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- Publié le Jan 03, 2023
- Catégorie Literature / Litté...
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