L’Apocalypse, signifiant en grec « dévoilement, révélation », est le dernier li
L’Apocalypse, signifiant en grec « dévoilement, révélation », est le dernier livre du Nouveau Testament, deuxième partie de la Bible pour les chrétiens, écrit vers 95 après J.-C. et attribué à saint Jean l’Évangéliste, considéré comme le disciple préféré du Christ. L’Apocalypse livre les visions prophétiques du disciple Jean annonçant l’avènement d’« un nouvel âge d’or », le retour à la perfection originelle avec la « Jérusalem céleste », riche d’espoir pour les chrétiens. Ce texte très populaire au Moyen Âge inspire de nombreux cycles iconographiques. Ce manuscrit de l’Apocalypse de saint Jean est considéré comme un chef- d’œuvre de l’art de la miniature flamande ; il s’agit de l’un des quatre exemplaires de l’Apocalypse écrits en moyen néerlandais encore conservés aujourd’hui. On suppose que ce manuscrit, qui ne comporte ni nom ni date, ni indication de propriétaire, fut écrit et enluminé en Flandre vers 1400. La Bibliothèque nationale de France l’acquit en 1827. La miniature de la page frontispice raconte la vie de l’apôtre Jean, que l’on reconnaît à son auréole, et dont on peut suivre de gauche à droite, et sur trois niveaux, les cinq étapes essentielles (prêche, conversion des païens, arrestation, martyre, exil). L’épisode central représente le martyre qu’il subit à Rome, un bain d’huile bouillante auquel il survécut, comme l’indique la dernière scène où une barque l’emmène en exil à Patmos, où il rédigea l’Apocalypse. Apocalypse Apocalypse BnF, Manuscrits, Néerlandais 3, f. 1 343 µ 253 mm En moyen néerlandais 1 Saint Jean prêche Les couleurs ternes des vêtements indiquent qu’il s’agit d’une assemblée d’hommes et de femmes de condition modeste ; l’éclat du vêtement de saint Jean tranche avec ceux de l’assemblée. L’église gothique, le muret qui la ceint et la présence des fidèles évoquent la « Jérusalem céleste », la cité rêvée de saint Jean que décrit le livre de l’Apocalypse, lieu spirituel où les hommes seront en communion avec Dieu à la fin des temps. Saint Jean prêchant, comme l’indiquent son corps penché vers ses fidèles et son doigt pointé, domine l’image et sa tête touche le ciel. Sa parole semble mise en avant. De plus, la scène n’est pas centrée mais décalée vers la droite comme une entame au récit. Par ailleurs, remarquons ici un cas caractéristique de la peinture médiévale où la hiérarchie des valeurs est en contradiction avec les règles de la perspective. La taille des personnages est avant tout déterminée par leur importance dans le récit. 2 Saint Jean baptise Drusiana. La Légende dorée, écrite au xiiie siècle par le dominicain italien Jacques de Voragine – ouvrage de référence incontournable sur la vie des saints pour toute l’histoire de l’art occidentale jusqu’à la période moderne – raconte qu’à peine arrivé à Éphèse, de retour d’exil, saint Jean accomplit un miracle : il ressuscita sa plus fidèle amie Drusiana d’entre les morts. À travers le portail du transept, on la voit dans les fonts baptismaux, prête à être baptisée. Trois personnages observent la scène de l’extérieur. 3 Saint Jean est arrêté par le proconsul sur ordre de l’Empereur Ayant évangélisé les populations de l’Empire romain païen, saint Jean est considéré comme une menace. Il est ici encadré par deux gens d’armes face au proconsul avant d’être envoyé à Rome. L’opposition entre le saint et le proconsul est renforcée par l’inversion des couleurs de leurs vêtements. L’échelle fort réduite du palais tranche aussi avec la monumentalité symbolique de l’église. 4 Saint Jean est amené à l’empereur Domitien, à Rome, où il subit le martyre. Devant la porte de la ville, il est plongé dans un bain d’huile bouillante dont il réchappe grâce à la force de ses prières. L’Empereur le condamne alors à l’exil. 5 Saint Jean part en exil sur l’île de Patmos où il écrit l’Apocalypse. La présence des deux barques évoque le mouvement. Sur la berge, le peintre a représenté dans la proximité de saint Jean un aigle, son symbole. À l’aplomb de l’Empereur, il a figuré, avec quelque ironie, un lapin. Profusion de personnages Pas moins de vingt personnages aux côtés de saint Jean cinq fois représenté sous des traits traditionnellement juvéniles. Les 5 épisodes Art gothique flamboyant L’enlumineur s’inspire des églises gothiques de son temps : architecture verticale, décor sculpté abondant, dentelle de pierre. La bannière triomphale du Christ flotte sur la flèche qui s’élève à la croisée du transept. Les finitions sont exécutées avec grand soin (les voûtes d’ogives, les pinacles et les arcs-boutants sont rehaussés d’un trait de pinceau blanc). Les termes de miniature ou d’enluminure désignent la décoration peinte dans les livres. Celui de miniature provient du verbe latin miniare, « enduire de minium », le minium étant un oxyde de plomb de couleur rouge, utilisé au départ pour tracer les initiales (lettrines) et les titres (rubriques) ; au xviie siècle, le rapprochement (sans fondement étymologique) avec les mots « minimum », « minuscule » s’est opéré, et la miniature a désigné les images peintes de petite taille. Le verbe latin illuminare, « éclairer, illuminer », a donné le mot français enluminer. Ce terme regroupe aujourd’hui l’ensemble des éléments décoratifs et des représentations imagées exécutés dans un manuscrit. Bordure ou vignette : bordure ou encadrement réalisé par un dessin de végétaux dorés ou colorés, composé de feuilles de vigne, d’acanthes, de fleurs, d’oiseaux ou d’insectes. Frontispice : image placée au début de l’ouvrage. Il fait toujours l’objet du plus grand soin. Il représente le plus souvent le destinataire du livre ou son auteur. Lettrine : lettre ornée ouvrant un paragraphe ou un chapitre, susceptible de comporter à la fin du Moyen Âge une marque de propriété (armoiries ou devise). Page tapis : page aniconique. Ensemble de motifs décoratifs couvrant toute une page, ou une très vaste surface tel un tapis. Elle vient des manuscrits du Proche-Orient des iiie et ive siècles et prend une grande ampleur au viie siècle. Pleine page : illustration étendue à une page entière. Table de canons : tableau de concordance de l’ensemble des passages des quatre Évangiles. Ces canons constituent l’un des motifs favoris des enlumineurs du haut Moyen Âge qui les représentent sous des arcatures d’influence byzantine, richement décorées. Fréquent à l’époque carolingienne ou romane. La Bible Au Moyen Âge, la seule traduction accessible de la Bible était celle faite par saint Jérôme en latin au ive siècle, appelée la Vulgate, qui demeure jusqu’au xxe siècle le texte canonique de la Bible de l’Église romaine. Si les bibles illustrées étaient destinées à des aristocrates bibliophiles, le texte lui-même, et ses commentaires, circulaient aussi et surtout dans le milieu des clercs, chez les religieux. Dès le xe siècle, on prit l’habitude de raconter l’histoire sainte en langue vernaculaire sous forme de longs poèmes illustrés racontant les hauts faits des héros bibliques, de façon pédagogique et souvent elliptique, l’objectif étant de catéchiser et d’édifier le lecteur. À partir du xiie siècle, ces « histoires saintes » furent peu à peu rédigées en prose et parfois associées à d’autres textes (apocryphes, vies de saints…), tout en restant abondamment illustrées, comme les bibles historiées et les bibles moralisées, véritables bibles en images où l’illustration prime sur le texte. Il fallait avoir une très bonne connaissance de la Bible pour comprendre ces images. Le xiiie siècle voit l’apparition des bibles historiales, dont celle de Guyart des Moulins, première adaptation de la Vulgate en langue vernaculaire – en l’occurrence le picard –, assortie de textes d’exégèses (explications ou commentaires). Ces bibles, qui proposaient une initiation à l’Écriture sainte agrémentée de toutes sortes de commentaires puisés dans les littératures chrétiennes et profanes (de Platon à Flavius Josèphe), eurent beaucoup de succès à la cour. Plutôt destinées aux érudits, les bibles glosées proposaient elles aussi une traduction du texte biblique dans son intégralité mais assortie d’un commentaire, la « glose », composé de citations des Pères de l’Église. Les bibliothèques princières possédaient aussi des copies de l’Apocalypse – dernier livre du corpus biblique chrétien –, rendu populaire dès le viiie siècle par le moine espagnol Beatus qui en fit un célèbre commentaire. Seul livre prophétique du Nouveau Testament, l’Apocalypse, par la puissance de ses visions d’espérance en le retour du Christ (réunion des croyants et des justes dans la Jérusalem céleste, autour du « trône de Dieu et de l’Agneau »), inspira les artistes et se prêta particulièrement bien à l’illustration. La bibliothèque d’un prince au Moyen Âge : les ouvrages religieux Avec l’avènement de l’imprimerie et du papier, la Bible ne fut plus exclusivement un livre royal ou princier. Les livres de prières Pour l’accompagner dans sa prière quotidienne, le riche laïc avait recours au psautier et au livre d’heures. Ces deux textes servaient aussi à l’apprentissage de la lecture. Le psautier, recueil d’une sélection du Livre des psaumes, le plus souvent enluminé, était associé à des prières, lectures et hymnes. Il était destiné à l’éducation religieuse des gens fortunés ou des membres de la famille royale. Apparu à la fin du Moyen Âge, le livre d’heures est un livre incontournable de la bibliothèque uploads/Litterature/ mf-fiche-1.pdf
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- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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