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KEYW ORDS God LeibnizLocke Logic PlatoPyrrho Sextus EmpiricusSkepticism Vicoaufklärungcontingencycontinuumepistemologygeometry idea lexicon metaphysicsmonaderepresentation USER You are logged in as... verlinsky My Journals My Profile Log Out FONT SIZE JOURNAL CONT ENT Search All Search Browse By Issue By Author By Title Other Journals HOME ABOUT USER HOME SEARCH CURRENT ARCHIVES OPEN ARCHIVES ILIESI WEBSITE Home > Elenchos > Moraux Paul Moraux DIOGÈNE LAËRCE ET LE PERIPATOS — 247 — 1. Les biographies. Les matériaux dont est fait le livre V, consacré au Péripatos, sont de valeur très inégale. On y trouve des documents originaux de toute première importance. Je pense par exemple aux “testaments” d’Aristote, de Théophraste, de Straton et de Lycon1. Les seuls autres philosophes dont Diogène nous ait conservé les dernières volontés sont Platon2 et Épicure3. Les testaments des Péripatéticiens, dont l’authenticité peut être tenue pour certaine, ont été bien étudiés4. Leur intérêt réside surtout dans les renseignements qu’on peut en tirer sur la famille du testateur, ses intimes, ses biens meubles et immeubles. En ce qui concerne l’école elle-même, on n’en trouve pas mention dans le testament d’Aristote, sans doute parce que celui-ci, en tant que métèque, n’avait pas le droit d’être propriétaire de biens fonciers à Athènes. Théophraste, bien que métèque lui aussi, se vit exceptionnellement reconnaître ce droit, grâce à l’intervention de Dé- métrius de Phalère5; aussi bien léga-t-il «le jardin, la promenade et les maisons situées à côté du jardin» à un groupe de dix philosophes décidés à poursuivre leurs recherches en commun6. Le groupe prit manifestement la décision d’élire Straton à la tête de l’école, si bien que celui-ci put mentionner la διατριβή dans ses dispositions testa- — 248 — mentaires; sans doute eût-il aimé suivre l’exemple de Théophraste et céder l’école à un groupe de membres éminents; mais, dit-il, «les uns sont trop âgés et les autres n’ont pas le loisir de se livrer à l’étude». C’est donc au seul Lycon que reviendra l’école7. Dans son propre testament, Lycon en revient à la pratique instituée par Théo- phraste: le Péripatos est légué à un collège de dix membres, parmi lesquels Ariston, qui fut élu scolarque à la mort de Lycon8. Un mot encore des livres et de la bibliothèque. L’école disposait à coup sûr d’une bibliothèque; il semble bien que celle-ci ait partagé purement et simplement le sort de l’école. Aristote n’en dit rien dans son propre testament. La brève indication du testament de Théo- phraste est assez ambiguë. Après avoir légué à Callinos le morceau de terrain qu’il possédait à Stagire, Théophraste lègue τὰ [...] βιβλία πάντα Νηλεῖ9. S’agit-il de la bibliothèque de l’école ou de la bibliothèque privée de Théophraste ou encore des livres sortis de sa plume? Quoi qu’il en soit, cette indication évoque l’histoire assez rocambolesque qu’on connaît par Strabon et Plutarque: Nélée aurait transporté à Skepsis de Troade les livres d’Aristote et de Théophraste; ils y seraient restés cachés pendant très longtemps et n’auraient été retrouvés qu’au début du premier siècle avant notre ère10. Pourtant, sous Straton, l’école devait encore disposer d’une bibliothèque. Dans son testament, en effet, Straton lègue la διατριβή à Lycon, puis il ajoute: «Je lui lègue également tous les livres, sauf ceux que j’ai écrits moi-même»11. — 249 — Après cela sont mentionnés le mobilier et la vaisselle servant aux repas en commun (κατὰ τὸ συσσίτιον). Les livres, eux aussi, devaient donc être ceux de l’école. Lycon, en revanche, ne mentionne dans son testament que les livres dont il est l’auteur; ceux qui ont déjà fait l’objet d’une lecture publique iront à Charès; les inédits sont légués à Callinos, pour qu’il en assure une publication soignée12. Parmi les autres documents très précieux que nous devons à Diogène, il faut mentionner les “catalogues” des ouvrages d’Aristote 13, Théophraste14, Straton15, Démétrius de Phalère16 et Héraclide Pon- tique 17. Celui d’Aristote, que j’ai étudié en détail il y a quelque 35 ans 18, mérite de retenir particulièrement notre attention. Il s’agit manifestement d’un document très ancien, antérieur à la mise en ordre du corpus par Andronicus de Rhodes. Plusieurs grands traités scolaires, et des plus importants, n’y sont pas mentionnés. Pour d’autres, comme les Topiques, chaque livre figure encore isolément, sous un titre particu- lier. En revanche, on y trouve à peu près au complet les dialogues et autres ouvrages exotériques, qui ne devaient pas tarder à disparaître après la diffusion des ouvrages scolaires. La liste mentionne aussi une foule de travaux et recueils destinés aux exercices de l’école, et qu’on n’a pas reproduits dans la suite. Elle contient une série de grandes collections documentaires telles que les Constitutions, les Didascalies, les Listes de vainqueurs, etc. Tout cela montre bien que celui qui a dressé la liste ne disposait pas encore des travaux d’Androni- cus, mais avait connaissance d’ouvrages que le Rhodien n’a probable- ment pas repris dans son édition. Par ailleurs, les ouvrages d’Aristote y sont groupés dans un ordre encore perceptible, en dépit d’accidents mineurs et de l’incertitude de l’une ou l’autre identification. On trouve — 250 — en tête les exoterica, suivis d’extraits de Platon et d’ouvrages consacrés au platonisme. Vient alors une longue série d’ouvrages proprement scientifiques, classés par disciplines: ouvrages de logique, ouvrages consacrés aux disciplines pratiques et poétiques et aux sciences théoréti- ques. On trouve ensuite des aide-mémoire en tout genre (les écrits dits hypomnématiques), puis des collections et finalement des documents d’ordre privé, les lettres et les poèmes. Si nous nous tournons vers la liste de Straton, nous constatons que l’ordre dans lequel sont énumérés les ouvrages est assez semblable à celui qu’offre la liste d’Aristote. À l’une ou l’autre exception près, les premiers titres ont trait à l’éthique et à la politique. Vient ensuite une série de 25 titres environ consacrée, en gros, à la philosophie naturelle. Une troisième section, d’une dizaine de titres, groupe des ouvrages ayant manifestement trait à la logique. De même que le pinacographe d’Aristote avait groupé à part les collections, les hypomne- mata et les lettres, celui de Straton mentionne en fin de liste un cata- logue d’inventions, des hypomnemata d’authenticité douteuse et enfin les lettres de notre philosophe19. Le pinax de Théophraste se présente, lui, sous un aspect très différent. Comme Usener l’a bien montré dans sa dissertation doctorale20, il est fait en réalité de quatre parties distinctes: a) une liste alphabétique de 108 titres; b) une seconde liste alphabétique, de 65 titres; elle énumère sans doute les nouvelles acquisitions faites par la bibliothèque à laquelle appartenaient les ouvrages mentionnés dans le premier tronçon du catalogue; c) une série de 29 titres cités pêle-mêle; il s’agit sans doute d’acquisitions qui n’ont pas encore été mises en ordre, et dont on n’a pas supprimé les titres faisant double emploi avec ceux d’autres parties de la liste: d) enfin, une nouvelle liste alphabétique de 22 titres, dont l’ordre a été quelque peu troublé par l’insertion intempestive de quatre titres en fin de liste. Que peut-on conclure de la comparaison de ces listes? D’une — 251 — part, nous savons qu’Hermippos, élève et successeur de Callimaque, s’était intéressé à l’authenticité des ouvrages de Théophraste et avait dressé une ἀναγραφή de ceux-ci. Il y a donc de bonnes chances que le catalogue reproduit par Diogène soit l’œuvre d’Hermippos et ait été rédigé à partir du catalogue de la grande bibliothèque d’Alexandrie. L’ordre alphabétique, du reste, est particulièrement commode pour grouper, dans un catalogue de bibliothèque, les ouvrages d’un seul et même auteur21. Mais alors, les catalogues d’Aristote et de Straton remonteraient-ils aussi à Hermippos, comme on l’admet assez couram- ment? Le même bibliothécaire-pinacographe aurait-il soigneusement classé les ouvrages d’Aristote et de Straton en respectant à la fois les grandes articulations de la philosophie et certaines pratiques habituelles dans la confection des catalogues systématiques, mais adopté pour Théophraste le principe du classement alphabétique? Une telle hypothèse semble difficile à admettre, et on est tenté de dire que si le catalogue de Théophraste est bien d’Hermippos, ceux d’Aristote et de Straton ne peuvent être de lui22. En partant de ces considérations, j’ai suggéré, dans mes Listes anciennes, que le catalogue d’Aristote devait avoir été rédigé dans l’école péripatéticienne elle-même et était probablement tiré de l’ouvrage d’Ariston de Céos sur les scolarques ses prédécesseurs. Cette thèse a, on le sait, été approuvée par les uns et rejetée par les autres23. Aujourd’hui, j’hésite à me prononcer. Ce sont surtout les lacunes très importantes de la liste qui me paraissent militer contre la thèse de son origine péripatéticienne; il est en effet peu probable, en principe, que le Lycée, même en pleine décadence, n’ait pas conservé au moins un exemplaire de pragmaties aussi importantes que le De — 252 — caelo, le De generatione et corruptione, les Météorologiques, le De anima et l’Éthique à Nicomaque. Dans une étude récente, R. Blum soutient la thèse que la bibliothèque de Nélée, qui contenait les livres d’Aristote et de Théophraste, aurait été acquise par la grande biblio- thèque d’Alexandrie, où auraient été dressées les listes conservées par Diogène. Il n’ignore pas, bien sûr, la différence uploads/Litterature/ moraux-diogene-laerce-et-le-peripatos.pdf

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