Leopold Mozart Ecole fondamentale du violon Traduction et notes : F. Roussel Pa
Leopold Mozart Ecole fondamentale du violon Traduction et notes : F. Roussel Pantin, 2016 Présentation Les lecteurs francophones ne connaissaient jusqu’à présent de l'Ecole fondamentale du violon de Leopold Mozart (1719-1787) que la traduction réalisée et publiée à Paris en 1770 par Valentin Roeser. Cette version, qui rebaptise l'œuvre Méthode de violon, est largement incomplète : - elle est basée sur la première édition allemande de 1756 et n’intègre donc pas les ajouts de la seconde édition de 1769 - l'introduction et la première partie sont purement et simplement supprimées, - beaucoup d’explications détaillées données par Leopold Mozart sont abrégées, et la plupart des notes sont supprimées. Il paraissait donc utile de permettre au public francophone d’avoir accès à un texte plus complet. Le traité a fait l'objet de trois éditions successives du vivant de l'auteur : - la première en 1756, l'année même de la naissance de son fils Wolfgang, intitulé Essai pour une Ecole fondamentale du violon (Versuch einer gründlichen Violinschule), très certainement en référence aux « Essais » de Quantz (Versuch einer Anweisung die Flöte traversière zu spielen, Berlin 1752) et C. P. E. Bach (Versuch über die wahre Art das Clavier zu spielen, Berlin 1753). - la seconde en 1769, après ses premiers voyages dans toute l'Europe, avec un titre abrégé (Ecole fondamentale du violon) comportant une nouvelle dédicace à l’archevêque de Salzbourg, un avant-propos précédant la préface, et un certain nombre d’ajouts ou de modifications dans le corps du texte. - la troisième en 1787, année même de sa mort, sans dédicace et sans la citation liminaire d’Aristide Quintilien, reprenant la préface de 1756 sans l’avant-propos de 1769, identique pour le reste à celle de 1769 à quelques infimes détails près. J’ai choisi de donner comme texte principal celui de 1769, tout en faisant apparaître pour le lecteur toutes les modifications par rapport à la version de 1756. Dans le corps du texte, ces modifications sont données en note. En début de recueil figurent donc à la fois l’avant-propos (Vorbericht) et la préface (Vorrede), comme dans l’édition de 1769. Toutefois, j’ai préféré conserver en début de recueil la dédicace de 1756, plus développée, et reporter en annexe, en fin de recueil, la seconde dédicace de 1769. Les exemples musicaux en fac-simile sont issus pour la plupart de l'édition de 1787, sauf dans quelques cas isolés où cette édition comportait des erreurs ou manquait de lisibilité, et où j’ai opté pour l’édition de 1756. La Table provient, pour les mêmes raisons de lisibilité, de l’édition de 1769. Mes notes explicatives (en chiffres) sont regroupées en fin de recueil. Les notes de Leopold Mozart (en lettres) sont placées en bas de page, comme dans l'édition originale. Les ajouts à ces dernières notes sont placés entre [ ]. Il m’a paru intéressant d’ajouter également en annexe un texte inédit en France, dont l’auteur est très probablement Leopold Mozart. Il s’agit d’un « Rapport sur l’état de la Musique à Salzbourg » publié dans le journal dirigé par F. W. Marpurg à Berlin. Ce texte éclaire les conditions dans lesquelles Leopold Mozart exerçait sa triple activité de violoniste, de compositeur et de pédagogue, et complète utilement, me semble-t-il, L’Ecole fondamentale du Violon. Remerciements à Michel Pozmanter, Christophe Robert, Céline Cavagnac, Patrick Bismuth et David Klein pour leur aide. F. Roussel Leopold Mozart Vice-maître de chapelle de l'Archevêque de Salzbourg Ecole fondamentale du violon avec quatre Gravures et une Table --------------------------------------------------- Deuxième édition augmentée A compte d’auteur Augsburg, imprimé par Johann Jakob Lotter. 1770 Ο῎τι µὲν οὐν ἠµῖν τοῦς τε νέους παιδευτέον µουσικῆ, και ἀυτῆς δὶα βίου προσεκτέον ὄπη παρείκοι, οὐδένα αυτειπεῖν οἴοµαι. Esse igitur adolescentes nobis Musica erudiendos, ipsiusque tota Vita, quantum fieri possit, rationem habendam, neminem oblocuturum puto. Aristides Quintilienus Libro II de Musica* *Il nous faut donc éduquer les jeunes gens par la musique, et nous y appliquer nous- mêmes, le plus possible, toute la vie durant ; en cela je pense que personne ne me contredira. Aristide Quintilien, De Musica, livre II Au Très honorable et très noble Prince du Saint Empire Romain Siegmund Christoph de la maison des Comtes d'Empire de Schrattenbach Archevêque de Salzbourg Légat héréditaire du Saint-Siège Romain et Primat d'Allemagne A mon très gracieux Prince et Seigneur Très honorable et très noble Prince du Saint-Empire Romain Très gracieux Prince et Seigneur, Puis-je oser dédier au nom éminent de Votre Grâce un humble livre didactique ? Et des règles pour le violon ne sont-elles pas une offrande bien trop dérisoire pour la splendeur d'un prince, primat de toute l'Allemagne ? Des conseils pour les écoliers ne peuvent être une œuvre bien considérable aux yeux d'un grand prince, je ne le sais que trop bien ; mais je sais aussi que tout ce qui contribue, si peu que ce soit, à l'instruction de la jeunesse dans les Beaux-Arts est extrêmement agréable à Votre Grâce Princière. Combien de jeunes gens, que souvent la Nature avait gratifié de ses plus beaux dons, auraient grandi insoucieux, comme de jeunes plants laissés en friche dans la forêt, si Votre aide véritablement paternelle ne les avait placés à temps sous la surveillance de personnes de raison, en vue de leur éducation ? Et combien auraient été contraints, les années venant, de vivre misérablement dans la détresse et la pauvreté, et d’être à la charge de la communauté, comme d'inutiles habitants du monde, si Votre Grâce Princière ne les avait fait généreusement instruire dans l'un ou l'autre domaine de connaissance, suivant leurs divers talents et habiletés ? La jeunesse des deux sexes, et de toutes les conditions, se félicite de cette générosité ; une générosité qui ne s'arrête pas à la mort de ceux qui l'ont reçue, mais vit dans la mémoire de générations entières, et reste inoubliable pour les descendants reconnaissants, qui peuvent compter une lignée entière d'êtres humains qui seraient restées entièrement dans le néant, ou auraient du moins passé leurs jours dans l'affliction et auraient transmis leur misère à leurs descendants, si le meilleur des Princes n'avait pris sous son aile leur aïeul, et ne l'avait mis en situation, par le savoir qu'il avait acquis, d'être utile à ses concitoyens pendant sa vie, et à ses descendants après sa mort. C'est pourquoi je peux certainement oser présenter à Votre Grâce Princière, avec le plus profond respect, un livre dans lequel, avec mes maigres forces, je me suis appliqué à frayer un chemin pour les jeunes aimant la musique, qui les conduise sûrement au bon goût dans l'art des sons. Oui, j'ai l'espoir confiant que Votre Grâce Princière ne renoncera pas, pour cet humble effort que j'ai entrepris en direction des débutants en musique, par amour pour eux, à la généreuse et si exceptionnelle protection qu'elle accorde jusqu'ici aux sciences en général, mais tout particulièrement à la musique. C'est cette protection que je demande avec la plus grande humilité pour moi et ma famille, et pour tout notre chœur1de musiciens, à Votre Très Haute Grâce, et je prie cependant la divine, Très Parfaite, et infinie Triadem Harmonicam, qui dépasse toute raison humaine, pour la conservation de votre Très Précieuse Personne, et me nomme, avec la plus profonde soumission, de Votre Grâce Princière et de mon Très Gracieux Prince et Seigneur, le très humble et très obéissant serviteur, Leopold Mozart Préface de la première édition (1756) Depuis bien des années, j’avais mis par écrit les présentes règles à l’attention de ceux qui suivaient mon enseignement du violon. Je m’étonnais périodiquement de ne voir apparaître aucune méthode pour l’apprentissage d’un instrument aussi courant et aussi indispensable dans la plupart des musiques ; car de bonnes bases pour le commencement, et en particulier des règles concernant une technique d’archet de bon goût, auraient été depuis longtemps nécessaires. J’étais souvent très peiné de constater que les élèves étaient si mal instruits, et qu’il fallait non seulement tout reprendre depuis le début, mais aussi se donner bien du mal pour les débarrasser des défauts qu’on leur avait inculqués, ou du moins que l’on avait laissé passer. Je ressentais une grande amertume en entendant des violonistes déjà évolués, ayant parfois une haute opinion de leur propre savoir, jouer des passages faciles, qui simplement s’écartaient peut-être un peu du jeu usuel quant au type de coup d’archet, en contradiction complète avec l’intention du compositeur. En vérité, j’étais même stupéfait de devoir constater qu’après leur avoir expliqué de vive voix l’exécution d’un passage qu’on leur avait auparavant montré, ils demeuraient partiellement ou totalement incapables de jouer ce passage de manière vraie et pure. C’est ainsi que me vint l’idée de faire imprimer cette Ecole du Violon, et que j’en discutai réellement avec l’imprimeur. Mais bien que j’aie toujours eu un grand zèle à servir, du mieux que je le puis, le monde musical, j’hésitai toutefois encore pendant une année complète, car j’étais intimidé à l’idée de m’avancer en pleine lumière, en des temps si éclairés, avec mon modeste travail. Finalement je reçus par hasard les Historisch-kritische Beyträge zur Aufnahme der Musik de Monsieur Marpurg, et j’en uploads/Litterature/ mozart-trad.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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