Fiche sur Les Nuits d’Alfred de Musset I) Eléments biographiques Alfred de Muss
Fiche sur Les Nuits d’Alfred de Musset I) Eléments biographiques Alfred de Musset naît en 1810 dans une famille aisée. Son père est un spécialiste de Rousseau, qui deviendra une grande influence pour le jeune homme. Après un lycée brillamment réussi, Musset abandonne ses études de droit et de médecine pour se consacrer à la littérature et à la poésie, notamment dans le cadre du Cénacle de Charles Nodier à qui on attribue une grande influence dans la naissance du mouvement romantique. C’est à 19 ans que Musset publie son premier recueil de poésie, Contes d’Espagne et d’Italie, et qu’il commence à mener une vie de « dandy débauché ». Il écrit de nombreuses pièces de théâtre qu’il destine à la lecture et non à la représentation (Lorenzaccio, par exemple) : ce sont les « Spectacles dans un fauteuil ». Dans le même temps, le poète impertinent raille le Romantisme dans des textes où la frontière entre sérieux et parodie semble ténue (Ballade à la Lune), ce qui froisse ses amis du Cénacle avec qui il entretient des rapports de plus en plus distendus. Indépendant, il lie inspirations classiques et modernes et refuse la poésie sociale et politique contrairement à la plupart des Romantiques, comme Lamartine ou Hugo : le poète doit être uniquement poète, « il ne doit pas faire de politique ». C’est une « poésie du cœur » que Musset privilégie dès 1830 : « Ce qu’il faut à l’artiste ou au poète, c’est l’émotion. Quand j’éprouve, en faisant un vers, un certain battement de cœur que je connais, je suis sûr que mon vers est de la meilleure qualité que je puisse pondre. » (A son frère, 1831). Il veut atteindre le romantisme éternel, les œuvres spontanées jaillies de l’âme vieillissent moins que les « chefs d’œuvres » associés à leur temps. Musset exprime cet idéal d’un lyrisme largement humain, venant du cœur et allant au cœur : « Un artiste est un homme ; il écrit pour des hommes. » Il entretient une liaison mouvementée avec George Sand qui lui inspire nombre d’œuvres. Il part en voyage avec elle fin 1833 à Venise – ils se sont rencontrés en juin de la même année. Elle y tombe malade de dysenterie et il fréquente des prostituées ; alors qu’elle guérit et qu’il l’attrape, la jeune femme prend pour amant son médecin, Pietro Pagello. Après une correspondance où il semble lui pardonner et une suite de séparations et de réconciliations, les amants se séparent définitivement en mars 1835, et Musset entame diverses liaisons : Caroline Jaubert brièvement en 1835 puis en 1836, qui lui restera une amie chère avec qui il entretiendra une correspondance assidue durant 22 ans, puis Aimée-Irène d’Alton, avec qui il aura une liaison très longue et heureuse à partir de mars 1837. De 1835 à 1837, il compose Les Nuits, son chef-d’œuvre lyrique, qui peut-être représente le mieux son idéal de romantisme éternel. Il associe le génie de leur composition à la douleur de sa passion avec George Sand, mais son frère affirme que la Nuit de Décembre a plutôt été inspirée par la rupture avec une jeune femme qu’il torturait par sa jalousie. A partir de 1840, l’inspiration semble le quitter et s’il publie encore quelques œuvres, le principal de ce que l’on retiendra de lui est déjà créé. Il entre à l’Académie Française en 1852, mais dit lui-même que son inspiration s’est tarie ; il sombre peu à peu dans l’oubli : « J’ai perdu jusqu’à la fierté/Qui faisait croire à mon génie. » (TRISTESSE, 1840). Alfred de Musset souffre de troubles neurologiques et de syphilis, qu’il aurait contractée dans un bordel à l’âge de 15 ans et qui lui donne des crises convulsives. Sa santé est fragile (malformation cardiaque), il est également débauché, oisif et surtout alcoolique. Il meurt de la tuberculose en 1857 à Paris. En 1859, George Sand publie un roman épistolaire d’inspiration autobiographique ou elle révèle que le poète souffre d’héautoscopie, forme de dépersonnalisation qui pourrait expliquer les visions de La Nuit de Décembre. Sur sa tombe sont gravés les premiers – et derniers – vers de son élégie, « Lucie » : Mes chers amis, quand je mourrai, Plantez un saule au cimetière. J’aime son feuillage éploré ; La pâleur m’en est douce et chère, Et son ombre sera légère A la terre où je dormirai. II) Structure du recueil Le recueil se décompose en quatre nuits qui correspondent à différents mois : mai, décembre, août et octobre. Les nuits de mai, août et octobre sont des dialogues entre un poète et sa muse, celle de décembre correspond davantage à un monologue du poète avec une intervention finale du personnage dont il parle. On peut considérer l’ensemble comme l’évolution d’une seule crise sentimentale, avec plusieurs étapes. Dans la nuit de mai, étape de souffrance aiguë, la muse exhorte le poète à créer pour oublier son mal, à se laisser aller à l’inspiration. Le poète refusant, elle l’encourage même à offrir sa souffrance comme un festin, tel un pélican. Mais le poète décide de se dérober définitivement. Dans la nuit de décembre, le poète évoque un étrange personnage, comme un frère, qui apparaît aux heures sombres de sa vie. Il ne dit rien, mais ne semble pas le moquer non plus. Il évoque ses différentes interventions et s’interroge sur la nature de cet être, avant que celui ne prenne la parole pour révéler son identité : la solitude. Dans la nuit d’août, qui serait l’étape de désir effréné de jouir de la vie, la muse s’inquiète de voir le poète en proie à une ivresse qui semble factice. Il veut renaître au monde avec de nouvelles amours. Dans la nuit d’octobre, le poète annonce être guéri de son mal, dû à l’infidélité d’une femme aimée. Mais à peine évoque-t-il cette histoire à la muse qu’il retombe dans sa colère et sa haine. La muse le console en lui expliquant que sa souffrance lui permettra de mieux goûter les joies terrestres, et la poète se sent prêt à renaître avec l’aurore. III) Eléments sur le recueil complet Les poèmes sont écrits en vers, mais pas toujours les mêmes. Cela sera développé dans la section suivante. L’un des thèmes de l’ensemble du recueil est le rôle de la souffrance dans la création poétique et dans la vie. Le poème est la traduction immédiate et sincère des émotions les plus intimes ; les saisir dans un moment de crise permet de les rendre plus vibrantes encore. « Mon premier point sera qu’il faut déraisonner » (1842) : il ne faut pas affaiblir les sentiments par l’analyse. Le poète montre ses émotions individuelles pour éveiller dans le lecteur des résonnances profondes. Le recueil suit une progression du mutisme jusqu’à la sublimation poétique. IV) Travail sur les textes A) La Nuit de Mai a. Lexique Bergeronnette : espèce de petit passereau présent, entre autres, dans la plus grande partie de l’Europe Argos : cité grecque dont le nom est composé de la racine -arg qui signifie « quelque chose de brillant ». Son fondateur serait Argos, fils de Zeus, et elle a vécu une heure de gloire au VIIè siècle. Ptéléon : Ici, ce terme semble désigner une ville (« ville des hécatombes ») : il s’agit d’une ville de Thessalie, mais je n’ai pas réussi à trouver d’histoire assez précise du lieu pour comprendre pourquoi il la désignait ainsi. C’est une ancienne place forte de Thessalie. Messa : une des neuf cités de l’ancienne Laconie, sous le commandement de Ménélas, citées dans le Catalogue des Vaisseaux (Iliade). Son nom est associé à l’épithète homérique « πολυτρήρων », qui signifie « abondant en pigeons », que Musset semble plutôt traduire par « colombes ». Sa localisation n’est pas certaine. Pélion : résidence d’été des dieux de l’Olympe, patrie des Centaures et champ de bataille de la « Bataille des géants ». Titarèse : fleuve de Thessalie. Oloossone : mot rendu célèbre par ce poème comme étant, avec le reste du vers, trace d’une poésie pure (=d’après Clive Scott dans A French verse art study « a poetry which means nothing and yet is somehow heavy with meaning. ») En effet, Oloossone est une ville située dans les terres de Thessalie, et non près de la mer : elle ne peut pas faire ce que le poème dit qu’elle fait. Camyre : ville de l’île des Rhodes Séraphin : dans la religion chrétienne, ange le plus élevé en dignité. Au figuré, c’est un ange, un chérubin, un bel enfant. Tarquin : dernier roi de Rome, surnommé « le superbe » pour son orgueil (superbus, a, um : orgueilleux, arrogant). Il est l’image du mauvais roi et de la chute de la monarchie au profit de la République après le viol de Lucrèce par son fils. Ebéniers amers : arbres Aquilon : dans la mythologie romaine l’un des quatre Ventus Venti (fils uploads/Litterature/ musset-les-nuits-fiche-pratique.pdf
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- Publié le Mar 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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