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Tous droits réservés © Laval théologique et philosophique, Université Laval, 1985 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 31 mai 2021 17:37 Laval théologique et philosophique SCHOLEM, Gershom, Le nom et les symboles de Dieu dans la mystique juive Paul-Hubert Poirier 50e anniversaire de la Faculté de philosophie Volume 41, numéro 3, octobre 1985 URI : https://id.erudit.org/iderudit/400201ar DOI : https://doi.org/10.7202/400201ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Faculté de philosophie, Université Laval ISSN 0023-9054 (imprimé) 1703-8804 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Poirier, P.-H. (1985). Compte rendu de [SCHOLEM, Gershom, Le nom et les symboles de Dieu dans la mystique juive]. Laval théologique et philosophique, 41(3), 449–450. https://doi.org/10.7202/400201ar Gershom SCHOLEM, Le Nom et les symboles de Dieu dans la mystique juive. Traduction de Maurice R. Hayoun et Georges Vajda. Collec tion «Patrimoines — Judaïsme». Paris, Le Cerf, 1983. 208 p., 23.5 X 14.5 cm. Né en 1897 et décédé en 1982, Gershom Scholem a été et demeure le maître incontesté des études sur la mystique juive et sur son expression la plus caractéristique, à savoir la kabbale. Ses recherches, patiemment menées pendant plus de soixante ans, constituent une vaste histoire de ce mouvement, depuis ses origines lointaines, à la période du second Temple, jusqu'à ses manifestations tardives, au XVIIIe siècle. En particulier, Scholem a réussi à montrer que la kabbale n'était pas une excrois sance monstrueuse qui défigurerait l'authentique tradition juive, mais qu'elle s'enracinait au con traire au cœur même de cette tradition. Il a également mis en lumière la parenté que présente la mystique juive avec certains courants que l'on trouve dans le christianisme et l'Islam. En outre, il s'est attaché à préciser les relations qu'il pourrait y avoir entre la kabbale et le gnosticisme des premiers siècles de notre ère. La production scientifique de Scholem est considérable. La Bibliography of the Writings of Gershom G. Scholem, publiée en 1977 par l'Uni versité hébraïque de Jérusalem, recense 579 titres de livres, articles et notices parus en hébreu, allemand, anglais et français. La plupart des ouvrages importants de Scholem sont accessibles en français. Celui que la jeune collection « Patri moines » nous offre maintenant forme un recueil de cinq essais publiés par Scholem entre 1956 et 1972. Ils sont précédés ici d'une introduction rédigée par M. R. Hayoun qui, sur la base du récit que donna Scholem de ses années de jeunesse (Von Berlin nach Jerusalem. Jugenderinnerungen, Frankfurt : Suhrkamp, 1977), évoque comment celui-ci découvrit sa vocation de « kabbaliste » et d'historien de la mystique juive. Dans le premier essai, « La lutte entre le Dieu de Plotin et le Dieu de la Bible dans la kabbale ancienne » (paru en 1964 — Bibliography, n° 421), □ recensions Scholem analyse la tension qui s'est instaurée dans la théologie médiévale, qu'elle fût chrétienne ou juive, entre deux conceptions de Dieu, l'une biblique, personnelle, l'autre provenant de l'héri tage philosophique grec et illustrée par Plotin, opposant « à l'être absolument personnel un concept de l'Un qui est exactement à l'antipode du Dieu biblique» (p. 19). Scholem se demande ensuite « sous quelle forme cette confrontation entre le Dieu biblique et le Dieu de Plotin se présentait (...) aux yeux des kabbalistes» (p. 26), héritiers, selon lui, à la fois du néoplatonisme et de la gnose. Il s'agit là d'une étude importante pour l'histoire de la rencontre, au Moyen Âge, du discours théologique juif (et chrétien avec Scot Erigène) et de la philosophie grecque. L'étude suivante, « Le nom de Dieu ou la théorie du langage dans la kabbale. Mystique du langage » (parue en 1970 — Bibliography, n° 493 *) est un très bel essai sur la conception du langage véhiculée par la kabbale, en particulier dans le Sefer Yetsirah et chez Isaac l'Aveugle et Abraham Aboulafia, deux kabbalistes du XIIIe siècle. Scho lem fait bien voir l'approche réaliste, pour ne pas dire réifiante, du langage dans la tradition mys tique juive, du fait qu'aux yeux des kabbalistes, il est tout entier habité par le Nom de Dieu, le « Nom essentiel » qui est à l'origine de tout langage (cf. p. 98-99). On trouvera dans cette étude des remarques très éclairantes sur la relation entre langage, écriture et magie, qui valent non seule ment pour la kabbale, mais aussi pour les textes gnostiques (cf. p. 61-65). Le troisième élément du recueil, « La signifi cation de la loi dans la mystique juive » (paru en 1956 et traduit la même année par G. Vajda — Bibliography, n° 318 et 320) examine les spécula tions kabbalistiques sur la nature de la Torah. Scholem dégage les trois principes fondamentaux qui gouvernent ces spéculations : l'affirmation que la Torah n'est rien d'autre que le Nom divin, que le Nom, et par là la Torah, est construit comme un organisme vivant et que cet organisme est porteur d'un nombre infini, quoique hiérar chisé, de significations. Par ailleurs, Scholem fait RECENSIONS apparaître les liens, structurels aussi bien qu'his toriques, qui unissent les lectures kabbalistiques de la Torah et certaines exégèses de Philon d'Alexandrie et des médiévaux chrétiens. Ceci vaut même pour la théorie des quatre sens de l'Écriture, que partagent chrétiens et kabbalistes. « La symbolique des couleurs dans la tradition et la mystique juives» (paru en 1972 — Biblio- graphy, n° 509) est une étude plutôt descriptive, qui montre la place et l'importance des couleurs dans le judaïsme, depuis la Bible jusqu'à la kabbale, en passant par le Midrash. Le livre se termine par un bref essai historiographique, « L'étude de la kabbale depuis Reuchlin jusqu'à nos jours», i.e. jusqu'à Scholem lui-même (paru en 1970 — Bibliography, n° 489). Cet essai s'achève sur une phrase de Scholem qui a valeur de programme et de testament scientifique : « J'espère qu'au terme de cette nouvelle période de la recherche [celle inaugurée par ses propres travaux] la mystique juive sera toujours considérée dans ses diverses manifestations, comme une forme légitime à laquelle les Juifs ont eu recours pour se comprendre eux-mêmes ainsi que le monde exté rieur, une forme qui exprime leur expérience religieuse et ses métamorphoses historiques mais aussi ses crises mortelles ou porteuses de vie» (p. 203). Comme on le voit, ce livre s'adresse non seulement aux spécialistes de la mystique juive, mais aussi à tous ceux qui se laissent questionner par les problèmes posés par le langage et le symbolisme religieux, peu importe les traditions où on les étudie. Plus qu'une information, c'est une leçon de méthode que nous donne ce livre comme d'ailleurs toute l'œuvre de Scholem. Paul-Hubert POIRIER Jean BRUN, L'homme et le langage, Paris, P.U.F., 1985 (21.5 X 13.5 cm), 254 pages. Jean Brun reste le même : il enseigne — et il nous renseigne sur mille choses. Il est presque impos sible de faire un compte rendu de son livre sans faire violence aux détails, c'est-à-dire à des remarques subtiles à travers tout le texte. Dans une entreprise comme celle-ci il nous faut nous contenter d'indiquer la marche de la pensée et les impressions générales qui s'en dégagent. On dit souvent que les philosophes sont incompréhensibles pour le commun des hommes, que le langage de la philosophie est ésotérique. Si cela est vrai de nos jours pour certains auteurs, ce jugement ne s'applique pas à Jean Brun. Il appar tient à la vieille garde qui ne fait pas de courbettes aux idéologies courantes afin d'être à la page d'une génération qui s'embourbe dans les analyses de toutes sortes, que ce soit l'analyse du langage ou la sémiotique, ou encore la psychanalyse. Il assume, sans compromis, le destin de la philo sophie et du christianisme et il essaie de se faire comprendre sans épeler la « différence » diffé remment de tout le monde ; il n'utilise surtout pas sa subtilité pour évacuer le problème du langage. Or, les livres de Jean Brun, et ce dernier ne fait pas exception à la règle, proclament que la philosophie est intelligible et que tous ceux qui parlent, par le fait même qu'ils parlent, sont des initiés, y compris Dieu. Car même Lui n'a pas d'autre choix quand II veut se faire entendre que de parler. D'ailleurs, le livre s'ouvre par les paroles de l'homme quand il s'adresse à Dieu dans le Psaume 130: Du fond de l'abîme je t'invoque, ô Eternel ! Seigneur, écoute ma voix ! Et il se termine par la réplique de l'Éternel à un contestataire comme Job lui rappelant sa finitude et affirmant l'Infinité de Dieu : Où étais-tu quand je posais les fondements de la Terre ? Où est le chemin qui conduit au séjour uploads/Litterature/ mystique-juive-scholem-gershom-le-nom-et-les-symboles-de-dieu-dans-la.pdf
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- Publié le Dec 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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