Maisonneuve & Larose Le Maitre d'Ibn Khaldūn: Al-Ābilī Author(s): Nassif Nassar

Maisonneuve & Larose Le Maitre d'Ibn Khaldūn: Al-Ābilī Author(s): Nassif Nassar Source: Studia Islamica, No. 20 (1964), pp. 103-114 Published by: Maisonneuve & Larose Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1595044 . Accessed: 14/07/2014 16:25 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . Maisonneuve & Larose is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Studia Islamica. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.54.110.35 on Mon, 14 Jul 2014 16:25:52 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions LE MAITRE D'IBN IHALDUN : AL-ABILI Dans l'histoire de la pensee, 1'etude de l'influence d'un maitre sur un grand penseur est une des taches qui peuvent parattre de peu d'importance ou d'utilite, mais qui s'averent en fait indispensables des que l'historien des idees quitte le plan de l'analyse logique des systemes. C'est que souvent la compre- hension de la pensee d'un genie s'approfondit en s'enrichissant de l'6clairage que jette l'analyse de la formation et du r6le determinant que jouent certains personnages dans la naissance d'une vocation. Tel est le cas de ce penseur, genial et aberrant, qui n'a cesse, depuis le XIXe si6cle, de preoccuper historiens, philosophes et sociologues, et de son maitre, tres celebre dans son temps, Ibn Khaldin et Al-Abili. Jusqu'a present, les critiques n'ont pas envisage une etude s6rieuse de la formation d'Ibn Khaldun. La place 6minente que tient Al-Abili dans cette formation a, sans doute, d6ja ete signalee par plusieurs cri- tiques (1). Mais elle n'a jamais ete l'objet d'une analyse un peu pouss6e. La necessit6 d'une telle analyse n'a pas besoin d'etre demontree; et c'est pour y contribuer que nous consacrons ces lignes au maltre dont l'importance singuliere est soulignee par l'auteur des Prolegomenes lui-meme. La difficult6 de l'etude d'une relation d'influence est trop 6vidente pour que nous rappclions le caractere inevitablement partiel de ces lignes. Mais ce caractere est encore plus partiel, (1) Citons notamment: A. Al-Wardi: Mantiq Ibn Khaldin, Le Caire, 1962, pp. 129-131. M. Mahdi : Ibn Khaldun's philosophy of history, Londres, 1957, pp. 34-36. G. Bouthoul : Ibn Khaldoun, sa philosophie sociale, Paris 1930, pp. 16-17. S. Al-Huri : Dirdsat 'an muqaddimal Ibn Khaldun, Le Caire, 1961, p. 71. This content downloaded from 193.54.110.35 on Mon, 14 Jul 2014 16:25:52 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions NASSIF NASSAR a un double titre. D'une part, nous isolons l'Ntude des rapports d'Al-Abili et d'Ibn IKhaldiin de l'ensemble de la formation, en vue de les faire ressortir de la complexit6 des faits dont ii faudrait tenir compte; d'autre part, nous nous appuyons sur des sources qui, pour la plupart, ne fournissent que des renseigne- ments vagues. Al-Abilu ne semble pas avoir laisse d'ecrits. Les auteurs anciens qui parlent de lui le font d'une faqon tries in6gale. Nous ne trouvons chez Jbn Al-Q5d! ('), Ibn Farhi n (2), Ahmad B55 (2), Ibn I.lajar (3), rien qui soil r6ellement 6clairant. Ces auteurs rapportent, en les resumant et en les d6formant parfois, des temoignages que nous trouvons chez Ibn Maryam (4), chez Al-Maqqari (5), chez le fr6re d'Jbn Khaldtin (6), et chez Ibn Khaldiin (7) lui-me2me qui, somme toute, demeure la source la plus d6taille'e et la plus riche. De toute fa?on, tous ces docu- ments sont insuffisants pour une connaissance quelque peu approfondie de la vie et de la personnalite d'Al-Abili. Ce que nous tentons ici se re'duit donc A quelques notes qui ne seront peut-etre pas inutiles dans la inesure ofi nous sommes obliges d'interroger l'histoire dans les documents qu'elle nous conserve. Vie el culiure d'Al-Abili Telle qu'elle est racont6e par Ibn Khaldtin, la vie d'Al-Abili peut se diviser en trois p6riodes. La premiere va de 681 de l'hbgire (8), date de sa naissance, jusqu'a environ I'annee 700, (1) Durral al-hijdl, fabat, 1934, t. I, pp. 219, 283, 290, 291. En parlant d'Ibn Khaldfin (t. II, pp. 357-358), cet auteur ne mentionne m6me pas Al-AbilI au nombre de ses professeurs. (2) Al-Dibdj et Nayl al-iblihdj (6dit6s ensemble) contiennent des allusions tr6s rapides et pauvres. (3) Al-Durar al-Kdminul, t. III, pp. 288-289, no 766. (4) Al-Busldn, 6d. Alger, 1908, pp. 214-219. Cf. nussi la trad. Provenzali, Alger 1910, pp. 246-253. (5) Nafl al-lib, Le caire 1302 H., t. III, pp. 131-133, 119. (6) Histoire des Beni 'Abd-El-Wdd, rois de Tlemcen, trad. A. Bel, Alger, 1903, t. I, pp. 71-72. Le texte arabe se trouve, daris le m~me volume, A la page 57. (7) Lubdb, 6d. Luciano lIubio, Tftouan, 1952. Al-Ta'rif, 6d. DMr al-kit5b al-lubn5ni, pp. 21-23, 33-39. Mfuqaddimal, 6d. M. Mtuhaanmad, Le Caire, pp. 328-329. Histoire des BerbUres, trad. de Slane, Alger, 1856. t. IV, pp. 156, 167. (8) Nous nous tiendrons aux dates de lWre islamique seulement, celles de 1'Pre chr6tienne ne pr6sentant presque pas d'Wcart pour les deux derniers chiffres. 104 This content downloaded from 193.54.110.35 on Mon, 14 Jul 2014 16:25:52 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions LE MAITRE D'IBN KHALDUN date de son depart en Orient; elle represente sa premiere formation. La deuxieme s'etend sur sept annees environ, c'est-a-dire jusqu'a son retour au Maghreb; elle represente la deuxieme formation. La troisieme va jusqu'a sa mort survenue en 757 ; elle est manifestement la plus longue, la plus riche aussi en experience et en activite. Al-Abili (Muhammad Ibn Ibrahim) est ne a Tlemcen. Son pere, originaire de l'Andalousie, servait dans l'armee des Bani Zqyyan, mattres du royaume 'abd al-wadide. Sa mere 6tait fille de Muhammad Ibn Ghalbun, juge a Tlemcen. Ainsi, le jeune Al-Abili etait soumis a une double sollicitation. D'une part, il pouvait suivre la voie de son pere et faire une carriere militaire; d'autre part, il pouvait s'orienter vers les etudes et exercer quelque fonction intellectuclle (1). II semble qu'il ait passe ses premieres annees aupres de son grand-p6re maternel; ce qui favorisa chez lui la naissance d'une passion pour l'etude, servie par de grandes capacit6s, ct d'une aversion pour les fonc- tions militaires, qui d6termineront nombre de ses options ulterieures. L'atmosphere g6nerale dans le royaume 'abd al-wadide, au cours du dernier quart du vile siecle, n'etait pas favorable a la poursuite tranquille des etudes. En efTet, les tentatives d'invasion merinide se succedaient, si bien qu'en 698 le sultan Abu Ya'qib Yusuf decida de forcer la ville de Tlemcen en l'affamant. Le siege fut hermetique; mais la ville ne se rendit pas. Le pere d'Al-Abili etait chef de troupe a Honein, port de Tlemcen; il tomba captif d'Abt Ya'qub. Le bruit courut alors a Tlemcen que le sultan merinide liberait ses captifs en echange de leurs enfants pris comme gage. Encourage par ses parents, Al-Abili voulut remplacer en captivite son pere. Il sortit hors des murailles, mais constata que c'etait un faux bruit. Son courage le livra a l'envahisseur qui l'enrola dans son arm6e. Mais la charge n'a guere plu h notre jeune homme. II lui a fallu (1) Sur cette question de profession et de carriere, voir : R. Brunschvig, La Berberie orientale sous les Hafsides, Paris, 1947, t. II, pp. 167-168. Relevons cette phrase qui s'applique aussi bien A la Berberie Centrale : , I1 serait vain de nier que, dans l'immense majorite des cas, la situation des individus 6tait 6troitement determinee par celle de leur pbre, de leurs proches parents. ? 105 This content downloaded from 193.54.110.35 on Mon, 14 Jul 2014 16:25:52 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions pretexter un depart en pelerinage pour echapper a la situation. En quittant l'armee m6rinide, Al-Abili a d6finitivement choisi sa voie. Pres de Tlemcen, cache en compagnie des pauvres, il rencontra un personnage myst6rieux, un Chef shi'ite, venu de Karbala' pour appeler a la cause heterodoxe. Al-Abili se joignit a sa suite pour continuer son pelerinage, car ce Chef s'est vite rendu compte que ses chances etaient nulles devant la force des Merinides, et decida d'abandonner la partie (1). Au cours du voyage par mer, entre Tunis et Alexandrie, Al-Abil! but du camphre, et en eut des troubles c6rebraux. C'est pourquoi, il ne put profiter de l'enseignement des grands professeurs qui enseignaient alors en t~gypte, Al-Hindi, Al-Tabrizi, Ibn Al-Badi', etc. Cependant, il continua son voyage en Syrie, effectua le pelerinage de la Mecque en compagnie du Chef shi'ite, et revint avec lui a KIarbala'. Qu'a-t-il fait la ? Combien de temps y est-il reste ? Aucune indication precise ne peut etre avanc6e. Le r6cit d'Ibn Khaldin est, a ce sujet, tr6s reticent, voire ambigu. Nous verrons un peu plus loin ce qu'il faut en penser. Bref, Al-Abili reprit le chemin du Maghreb. Son arrivee coYncidait avec la mort d'Abu Ya'qub, abattu par un de ses eunuques, en 706 (2). Tlemcen est liber6e (3), et Al-Abili s'y installe. Ici commence la troisieme periode uploads/Litterature/ nassar-nassif-le-maitre-d-x27-ibn-khaldun-al-abili-studia-islamica-20-1964-p-103-114.pdf

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