Histoire de la littérature française du Moyen Âge Le Moyen Âge débute à la fin
Histoire de la littérature française du Moyen Âge Le Moyen Âge débute à la fin de l’Antiquité (476, chute de l’Empire romain) et se termine au 16ème siècle avec la Renaissance. Ce sont la prise de Constantinople par les Turcs (1453) et la découverte d’un nouveau continent (1492) qui ont fait émerger une ère et une civilisation nouvelles. Cependant, la littérature antique continue d’inspirer la pensée et la création artistique. La littérature médiévale est un carrefour qui réunit l’héritage antique, du polythéisme et du christianisme. Les marchands et pèlerins parcourent le monde d’où un fort brassage culturel de la littérature. 1. Littérature et société 1.1. Littérature, cultures, société • Le contexte historique et social La société chrétienne perdure grâce à la collaboration de trois ordres : ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent. La société humaine est à l’image de la Trinité divine. Mais, vers 1100 jusque dans les années 1270, la France se développe économiquement et les conditions de vie de l’aristocratie changent (les progrès techniques permettent une meilleure rentabilité dans les activités agricoles, ce qui profite à l’aristocratie). Celle-ci a plus de loisirs et de revenus, l’intérêt pour les arts et la culture s’éveille, le savoir se répand. Fin du 12ème et au 13èmes., cette expansion favorise l’émergence des artisans, des hommes de savoir et des universités. Durant le dernier quart du 13èmes., il y a une récession économique → réapparition des famines, grands troubles sociaux, crise financière et monétaire, récession démographique, Guerre de Cent Ans (jusqu’au premier tiers du 15èmes.), la Grande Peste (1348), abandon des campagnes pour les villes. Le 14èmes. est celui de la « mélancolie ». Le relèvement a lieu dans le deuxième tiers du 15èmes. → Reconquête de l’agriculture, essor des villes. On recherche le profit. Trois univers cohabitent : une société qui profite du capitalisme et s’organise autour des corporations, une aristocratie tournée vers son propre culte et un monde de marginaux. • Bilinguisme, plurilinguisme Les langues vulgaires (avec leurs différents dialectes) se détachent du latin qui demeure la langue des clercs (savante) utilisée pour les ouvrages de théologie et de science et la littérature profane inspirée de l’Antiquité. L’émergence d’une littérature en langue vulgaire, entre le 14ème et le 16ème mais surtout au 17èmes., est liée à deux phénomènes : - Phénomène linguistique : l’écart entre le latin (difficilement compréhensible pour la population) et les langues parlées (que les clercs doivent utiliser pour se faire comprendre) est de plus en plus grand → les premiers témoignages littéraires en français sont des poèmes religieux (fin du 9èmes.). - Phénomène lié à l’évolution de la société : cf. « l’émergence d’une culture laïque ». • L’émergence d’une culture laïque Le développement de la littérature en langue vulgaire est aussi l’effet d’une émancipation de l’aristocratie (devenue plus riche et plus stable) de la sphère religieuse chrétienne → émergence d’une doctrine profane de l’amour (fine amor) et d’un mode de vie plus raffiné (la « courtoisie »). L’instruction progresse (fin du 12èmes.). Tout cela exige néanmoins la collaboration des clercs et des laïcs (cultures savante et populaire s’entrecroisent) → 1 émergence du courant humaniste et de la passion pour les Lettres dans les derniers siècles du Moyen Age. Les cours ont joué un rôle important dans cette effervescence littéraire. - Lyrique d’oc (sud) : sirventès (lié à l’activité politique) ; tensons (débats et jeux-partis sur l’amour, la politique, les faits de société,…). - Langue d’oïl (nord) : la cour de France, au 12ème et 13èmes. ne s’intéresse pas à la littérature en langue vulgaire. A la fin du Moyen Age, des seigneurs organisent des concours de poésie autour d’un thème (Charles d’Orléans, 1460, « je meurs de soif au bord de la fontaine »). Les « Pas d’armes » (tournois où les chevaliers défendent un lieu pour une Dame) apparaissent, l’historiographie s’impose comme une activité majeure et le mécénat (soutien financier) se développe. Cependant, la littérature est avant tout l’affaire des litterati (clercs). • Le monde des clercs et du savoir Les clercs sont ceux qui ont reçu une instruction latine mais beaucoup mènent une vie de type laïque (attachés à un seigneur ou une ville). Les goliards mènent une vie dissolue et composent des poèmes latins fondés sur la satire et la parodie religieuse. Leur rôle est lié à l’institution (les meilleurs forment dans les écoles et universités). Au 9èmes., les abbayes sont les centres de l’activité intellectuelle et constituent, au 12èmes., le foyer de la réflexion théologique et philosophique. Les universités apparaissent et se développent dès le 12èmes, les études reposent sur les sept « arts libéraux » répartis en deux cycles : le « trivium » (grammaire, rhétorique, dialectique → repose sur l’étude des œuvres de la latinité classique) et le « quadrivium » (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) (célébrés dans « Erec et Enide » de Chrétien de Troyes). Les facultés de théologie étaient réservées à l’élite intellectuelle de l’Eglise. L’enseignement repose sur le commentaire des autorités (la Bible, Platon, Aristote,…). Le commentaire des œuvres de l’Antiquité repose sur le principe de l’« integumentum » : les poèmes païens ont un sens caché qui préfigure la révélation chrétienne. Le théâtre tragique n’a pas inspiré la création médiévale car il ne sera redécouvert qu’à la Renaissance. Au milieu du 12èmes., le but de la littérature est de divulguer le savoir. Cependant, les gens de savoir sont des clercs qui ne jouent pas de rôle majeur dans la société laïque (Jean de Meun, continuation du « Roman de la Rose » en 1270). On assiste à une montée des gens de savoir dans les deux derniers siècles du Moyen Age (Christine de Pizan, vers 1400). • Le monde de la ville L’expansion de la ville (13èmes.) est liée à un essor économique accompagné de la montée de la bourgeoisie qui contribue à l’essor de la vie littéraire. Des sociétés littéraires organisent des concours poétiques : les « puys » (genres variés : fatrasie, resverie, jeu-parti, ballade, chant royal, serventois). Des confréries favorisent le théâtre urbain sans rapport avec le drame liturgique des siècles précédents (Confrérie des jongleurs et des bourgeois d’Arras). On ne doit pas attribuer toutes les œuvres et genres à l’influence de la bourgeoisie qui tournait le dos à l’esprit aristocratique (raffinement courtois). Les deux derniers siècles du Moyen Age connaîtront les cours princières : la très haute aristocratie, de sang royal, attire autour d’elle des poètes, des historiographes et des écrivains. • Des spécialistes : les jongleurs Le jongleur, spécialiste de la diffusion orale, récite (accompagné d’une vielle) des vies de saints, des chansons de geste ou des fabliaux dans des lieux de grande affluence. Il subissait les foudres de l’Eglise et avait mauvaise réputation (vie dissolue). Au 13èmes., les ménestrels constituent l’élite sociale de la profession ; les jongleurs s’associent en confréries et corporations. Le développement de la littérature dans les classes supérieures amenuise la 2 transmission orale (qui permettait avant sa diffusion dans l’ensemble de la population). A partir du 14ème s., l’acteur prend le relais du jongleur. Au drame liturgique (jusqu’au 12èmes.) se substitue un théâtre au cœur de la ville (fin du Moyen Age). En voyageant à travers le monde, les jongleurs ont diffusé la littérature et la langue française. • L’émergence de l’écrivain Au 12èmes., la plupart des œuvres sont anonymes (surtout biographies inconnues). Il faut attendre le 14èmes. pour que l’écrivain s’affirme et laisse des traces. Leur situation sociale (à la cour) rend l’identification plus aisée mais la conscience de la dignité de l’écriture, de son rôle dans la cité, y est surtout pour beaucoup. Christine de Pizan place sa condition de femme comme centre de son œuvre. L’anonymat subsiste encore dans les secteurs traditionnels (roman arthurien, production épique et dérivé en prose). 1.2. Les conditions de la production et de la réception • Oralité et écriture Le manuscrit est avant tout un lieu de conservation et un support pour une diffusion principalement orale. Au 13èmes., la lecture solitaire (notamment grâce aux enluminures) devient prépondérante. Les formes de cette oralité sont diverses : déclamation psalmodiée des chansons de geste, chant avec accompagnement musical pour la poésie lyrique, déclamation pure des sermons, des fabliaux, des « dits », lecture de romans et œuvres historiques. Mais la culture médiévale ignore l’oralité pure et n’est que semi-orale (même les histoires orales ne sont saisissables qu’à travers des textes écrits). L’oralité est susceptible d’intervenir dans 5 étapes de la vie d’une œuvre littéraire : la production, la communication, la réception, la conservation et la répétition – or l’écrit apparaît dans ces étapes. Tout art oral est un art traditionnel (chanson de gestes), le texte prend une densité qui l’emporte sur la dimension plus intellectuelle du pur écrit. La voix est le garant de la véracité. Mais si l’oralité est essentielle dans la réception, c’est l’écriture qui définit le mode de création des œuvres. La diffusion orale repose sur la performance jongleresque ou théâtrale. • La « manuscriture » La transcription dans des manuscrits est un fait uploads/Litterature/ histoire-de-la-litterature-francaise-du-moyen-age.pdf
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- Publié le Oct 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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