79 La vérité La vérité et le jugement, texte de Spinoza ☞ page 89 La lecture de

79 La vérité La vérité et le jugement, texte de Spinoza ☞ page 89 La lecture de cet extrait permet d’interroger la signification de la notion de vérité. En mettant sur le même plan la vérité comme récit d’un fait et la vérité comme adéquation entre l’idée son objet, Spinoza offre une approche concrète de la notion. Il souligne que la vérité suppose une activité de l’esprit et ouvre la réflexion sur les conditions d’un discours vrai. Éléments de réponse 1. Dans l’extrait proposé des Pensées métaphysiques, Spinoza explique que la notion de vérité « semble avoir son origine dans les récits ». C’est donc la dimension narrative du récit, qui vise à dire ce qui s’est produit, qui constitue la première expérience du vrai. Cette expérience du vrai et du faux établit un lien entre ce qui est « raconté » et ce qui est ou non « arrivé » ; c’est le rapport entre ce qui est dit et ce qui a lieu qui établit la vérité. Remarque : dans le passage précédent l’auteur précise que cette première signifi- cation de la vérité correspond à l’usage pour « le vulgaire » ; on peut relever le fait que cette première expérience de la notion de vérité s’accorde implicitement avec la confiance que l’on peut ou non attribuer à la parole d’autrui dans le récit de ce qui a eu lieu. 2. Le faux concerne l’usage que l’on fait du langage dans le rapport aux faits. Le faux qualifie le récit qui ne correspond pas aux événements dont il est la narration. L’usage philosophique de la notion de faux concerne une « idée » qui « montre une chose autrement qu’elle n’est ». Cet usage se greffe sur le premier ; l’idée fausse, comme le récit faux, ne correspond pas à la réalité telle qu’elle est. 3. « Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l’esprit. » Pour Spinoza, c’est l’esprit qui atteint la vérité par lui-même. Les idées sont « des récits ou des histoires de la nature dans l’esprit » et elles « ne sont pas autre chose […] que cela », que l’on se trouve dans un usage narratif ou philosophique du langage. L’ordre de la pensée et de l’esprit et celui des choses ne font plus ici qu’un seul ordre. Se tromper, c’est donner à un objet une idée qui n’est pas la sienne, de même que dans un récit on peut se tromper sur les dates, les personnages ou la trame de l’histoire. Remarque : cette phrase est essentielle pour comprendre ce qu’est une idée selon Spinoza. De la même façon qu’un récit porte sur un fait singulier qu’il s’emploie à distinguer des autres, de même une idée expose ce qui fait l’essence d’une chose en s’employant à en montrer la singularité. Que nous évoquions la nature d’un triangle, celle de l’âme ou encore celle d’un être physique, à chaque fois nous nous efforçons de dire ou d’ordonner en un récit ce qui constitue la réalité distinctive de l’objet en question. L’idée vraie porte en elle la marque du vrai : « Celui qui a une idée vraie sait en même temps qu’il a une idée vraie, et ne peut douter de la vérité de la chose », affirme l’auteur dans la proposition 43 de la seconde partie de l’Éthique. La logique, condition de la vérité, texte de Leibniz ☞ page 91 L’idée de vérité formelle d’un raisonnement rencontre communément la critique de sa limite comme le soulignent les explications du bas de la page 91. Il est cependant im- 80 portant d’insister sur la valeur de l’accord des raisons à propos de la cohérence d’une argumentation. Si le champ de l’expérience peut être parfois l’objet de désaccords ou d’interprétations divergentes, il est possible de déterminer avec certitude ce qui peut ou ne peut pas s’affirmer du point de vue de la forme d’un raisonnement. Dans ce texte de Leibniz, le propos n’est pas tant de faire l’éloge de la logique que de montrer que sa seule maîtrise permet d’éviter la séduction des discours persuasifs et manipulateurs. Éléments de réponse 1. « …on n’a commencé à s’entendre que lorsqu’on a argumenté en forme pour débrouiller un chaos de raisonnements ». L’auteur traduit l’expérience du malentendu lié à l’absence de méthode et de mise en forme ordonnée des raisonnements. La condition de la compréhension et de l’entente entre « per- sonnes de bonne foi » est liée au fait de « débrouiller » le désordre des arguments. De nombreux désaccords sont ainsi le simple résultat du caractère chaotique des raisonnements et peuvent être dépassés par une mise en ordre formelle. Remarque : pour Leibniz, penser ou avoir des idées ne suffit pas, il faut pouvoir démontrer selon des règles, indépendamment du contenu des propositions. Dans les Méditations sur la connaissance, la vérité et les idées (Éd. Vrin), il écrit : « il ne faut rien admettre comme certain qui n’ait été prouvé par une expérience exacte ou une démonstration solide. Or, une démonstration est solide lorsqu’elle respecte la forme prescrite par la logique ». 2. L’auteur met en valeur tous les pseudo-arguments qui trompent les hommes dans leurs dis- cours. Il y a d’abord « le poids de l’autorité » et « la lueur de l’éloquence » qui relèvent respecti- vement de l’influence de la tradition et de la persuasion rhétorique, puis les erreurs de raisonne- ment (« des exemples mal appliqués », des « enthymèmes qui supposent faussement l’évidence de ce qu’ils suppriment », des « conséquences fautives »), c’est-à-dire des paralogismes (voire des sophismes) qui rendent les discours incohérents. 3. Ce passage de Leibniz montre que l’usage de la logique s’impose pour supprimer des ma- lentendus, déjouer les pièges d’influences diverses, supprimer des erreurs de raisonnement. Toutes ces fautes contre « les règles de la logique » peuvent être corrigées pour commencer « à s’entendre », écrit l’auteur au début du texte ; c’est donc là comme un préalable à la visée d’une vérité. À la fin du texte, il affirme que l’usage d’une « logique sévère » est plus que nécessaire pour, dit-il, « entre autres déterminer de quel côté est la plus grande apparence » ; la vraisem- blance la plus grande nous rapproche de la vérité mais ne permet peut-être pas de l’établir. D’après les termes du texte, on peut donc conclure que la logique est la condition nécessaire pour établir une vérité mais non une condition suffisante. Les limites de l’expérience texte de Kant ☞ page 93 Ce texte de Kant permet d’introduire les idées de nécessité et d’universalité comme condition de possibilité de la science et d’interroger les limites du fait d’expérience pour établir une connais- sance conforme aux exigences de la raison. Il peut être articulé à l’étude du texte de Locke page 144, et un autre passage célèbre de Kant page 145 dans le livre de l’élève. Éléments de réponse 1. L’expérience est au commencement de la connaissance, commencement inépuisable pour le progrès des sciences, à mesure que nouvelles expériences viendront alimenter le travail de l’entendement. 81 2. Mais cette expérience ne permet pas de saisir la nécessité et l’universalité des connaissances (au mieux elle permet de penser des généralités). Autrement dit, elle ne permet pas de penser la loi scientifique (voir la définition de la loi dans le glossaire page 290 du livre de l’élève). Le bon usage de la raison, texte de Descartes ☞ page 95 L’accès à la vérité suppose l’usage de la raison et il semble difficile de ne pas faire référence au début du Discours de la méthode. Ce texte, justement célèbre, présente une définition de la raison qui a profondément marqué la réflexion moderne sur le sujet. Deux points sont particulièrement à souligner : d’une part la confiance dans les lumières naturelles de l’esprit humain dont chacun pense être suffisamment pourvu pour ne pas désirer en posséder davantage, d’autre part l’affirmation de la puissance de la raison dès l’instant où elle est capable de déterminer, par le doute et la méthode, les limites à l’intérieur desquelles elle peut être sûre de ses opérations. Éléments de réponse 1.« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. » Cette phrase, si souvent citée, témoigne de l’universalité de la raison, ce qui revient à dire que tout homme dispose de « la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux » et cela par ses propres moyens. La raison n’est donc pas l’apanage de quelques-uns, doctes ou maîtres de vérité. La valeur d’une affirmation qui se veut universelle étant qu’on ne peut lui trouver de contre-exemple, Descartes argumente en expliquant qu’il ne s’est trouvé personne pour prétendre faire exception dans cette équitable répartition. Corollaire de ce premier argument : « il n’est pas vraisemblable que tous se trompent », commente Descartes, car, si tel n’était pas le cas, ceux qui estimeraient ne pas en être uploads/Litterature/ nathanphiloterm2012corrigesmanuelslycee-pdf.pdf

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