NIETZSCHE GÉNÉALOGIE DE LA MORALE Traduction inédite par Éric Blondel, Ole Hans
NIETZSCHE GÉNÉALOGIE DE LA MORALE Traduction inédite par Éric Blondel, Ole Hansen-Løve, Théo Leydenbach et Pierre Pénisson Introduction et notes par Philippe Choulet avec la collaboration d'Éric Blondel pour les notes Traduit avec le concours du Centre national du Livre GF Flammarion Nietzsche Friedrich Généalogie de la morale Traduction inédite par Eric Blondel, Ole Hansen-Love, Théo Leydenbach et Pierre Pénisson Traduit avec le concours du Centre National du Livre Introduction et notes par Philippe Choulet avec la collaboration d'Eric Blondel pour les notes Flammarion Collection : GF Flammarion Maison d’édition : Flammarion Edition revue, 2002 © Flammarion, Paris, 1996. Dépôt légal : septembre 1996 ISBN numérique : 978-2-08-127121-0 N° d’édition numérique : N.01EHPN000329.N001 ISBN du PDF web : 978-2-08-127122-7 N° d’édition du PDF web : N.01EHPN000330.N001 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-08-070754-3 N° d’édition : L.01EHPNFG0754.N001 Le format ePub a été préparé par Isako (www.isako.com) © Valérie Gautier Présentation de l’éditeur : Que de sang et d'horreur au fond de toutes les bonnes choses. La Généalogie de la morale applique ce principe désacralisant : l'idéal moral (ascétique) a désormais un prix, payable non en monnaie de singe, mais en livre de chair, en unité de désir ; principe cynique, qui découvre les pieux mensonges et l'hypocrisie de la belle apparence (les bons sentiments et saintes intentions). Les hommes " modernes ", de " progrès " ont là un miroir pour leurs tabous, leurs impuissances, leurs malentendus : la mièvrerie du consensus démocratique, la moraline du troupeau, les passions tristes, émondeuses des aspérités de la vie, le tabou du pouvoir (le misarchisme), la névrose généralisée du salut, par l'art (Wagner), par la science (le scientisme), la religion (le christianisme). Mesurons ce que l'animal humain a perdu dans l'affaire (l'innocence et la joie de l'affirmation première de la force, la vraie méchanceté, la distance, la noblesse) et son nouvel infini : réinventer un sens fort après des millénaires de sens faible. Table des matières Couverture Titre Copyright Table des matières INTRODUCTION Questions d'atmosphère Thématique et méthode NOTE SUR CETTE ÉDITION Abréviations des ouvrages cités POUR UNE GÉNÉALOGIE DE LA MORALE Pamphlet AVANT-PROPOS 1 2 3 4 5 6 7 8 PREMIER TRAITÉ - « Bon et méchant », « Bon et mauvais » 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 DEUXIÈME TRAITÉ - « La faute », « la mauvaise conscience » et ce qui s'y apparente 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 TROISIÈME TRAITÉ - Que signifient les idéaux ascétiques ? 1 2 3 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 BIBLIOGRAPHIE I. ÉDITIONS DES ŒUVRES DE NIE TZSCHE EN LANGUE ALLEMANDE II. TRADUCTIONS ET ÉDITIONS FRANÇAISES DE LA GÉNÉALOGIE DE LA MORALE III. OUVRAGES SUR LA PENSÉE DE NIETZSCHE A. Ouvrages généraux portant davantage sur les problèmes traités dans la Généalogie de la morale (nous donnons cette liste par ordre de difficulté) : B. OUVRAGES PORTANT SUR LA PENSÉE DE NIETZSCHE EN GÉNÉRAL IV. AUTOUR DE LA GÉNÉALOGIE DE LA MORALE CHRONOLOGIE INDEX DES MATIÈRES INDEX DES NOMS INTRODUCTION « Là où il y a la généalogie, il y a le sang » (Platon, Sophiste, 268 c). Questions d'atmosphère Rien de moins aimable et avenant que la Généalogie de la morale, que Friedrich Nietzsche écrit en vingt jours, dans le courant juillet 1887, à Sils- Maria (Suisse, canton des Grisons), en haute Engadine, et qu'il publie illico en guise de complément de l'ouvrage précédent, Par-delà bien et mal. Y règne, malgré les efforts de son auteur pour y affirmer sa Heiterkeit, sa belle humeur, une atmosphère oppressante et lourde, conforme à l'air de ces marécages de l'âme humaine qui sont, au moins pour partie, l'objet de ce texte. La sérénité d'Aurore ou du Gai Savoir, le lyrisme du Zarathoustra sont loin, mais percent encore : tel portrait de l'âme noble (I, § 10), tel désir de l'homme de l'avenir (II, § 24), le bel éloge de l'aphorisme, du lire et de l'écrire (Avant-propos, § 8)... Pour le reste... Question de couleur, d'abord. La couleur d'Aurore, souvent cité ici, est le rouge, le rouge de la raison ou celui de la honte et de la confusion des esprits – esprits libres compris – à la découverte du caractère illusoire de leurs idéaux. La couleur de la Généalogie, en revanche, est le gris : gris de l'uniformité (tout idéal est falsification), gris de l'archive (il faut bien ressortir les textes où se dévoilent les intentions, les dénis, les signes, les symptômes : celui de Tertullien, en I, § 15, par exemple, mais il y a encore ceux de Luther, de Schopenhauer, de Kant, de Spinoza...). Gris du désenchantement morose (qu'espérer ? que faire ? où tourner le regard ?), car ce savoir ne va pas sans tristesse, celle de la connaissance d'un « mal », d'une plante nauséeuse, plante vampire, celle du malaise ontologique de l'homme : la mauvaise conscience. Pourquoi Nietzsche écrit-il (en vingt jours !) pareil brûlot ? Comment un philosophe peut-il venir à bout d'un texte si difficile (même si un texte est plus difficile pour son lecteur que pour son auteur) ? Quel est le besoin nietzschéen de la Généalogie ? Quelle en est l'urgence, en 1887 ? Et nous, en quoi en avons-nous (encore) besoin ? Pour reprendre la distinction d'Eugen Fink, Nietzsche, dans ces années- là, est sorti de sa période Aufklärung (Humain, trop humain, Aurore, Gai Savoir) ; mieux, il y met un point final, en y revenant, comme par repentir d'écriture ; un peu avant d'entreprendre la Généalogie de la morale, il rédige, au même moment (automne 1886, à Gênes), des textes qu'il faut lire en même temps : l'Avant-propos d'Aurore, celui du Gai Savoir et son livre V. À y regarder d'un peu plus près, ces textes nouveaux, qui viennent rectifier un premier tir, sont d'une autre tonalité que les précédents qu'ils sont chargés d'introduire ou de conclure. D'une gaieté plus sombre, plus sérieuse, de ce grand sérieux dont aime parler Nietzsche lorsqu'il entrevoit le tragique de ses conclusions ; d'un enthousiasme plus comédien, plus acteur – au sens du masque –, comme si la comédie humaine commençait à le lasser, le fatiguer, lui inoculant une dose de nihilisme, celui du dégoût de l'homme – il dit : c'est mon plus grand danger... Les textes se font plus lourds, plus démonstratifs, plus insistants, le cynique ne lâche pas sa proie : artiste, philosophe, moraliste, prêtre, savant, le canon tonne pour ceux-là, les exocets pleuvent... comme dans Généalogie de la morale (III). À partir de Par-delà bien et mal, écrit également à Sils-Maria entre l'automne 1885 et l'été 1886, et jusqu'à la fin, on s'aperçoit que Nietzsche reprend ses idées premières (celles d'Humain, trop humain en particulier) pour les revoir d'un tout autre point de vue, celui du généalogiste. La Généalogie de la morale se veut un complément à Par-delà bien et mal ; elle est mieux que cela : un instrument d'optique, un verre grossissant, exhibant les détails des « faits » moraux. La philosophie à l'explosif commence dans ces moments, où il s'agit de trouver la méthode propice à faire sauter l'édifice moral inhibant la vie, la pensée, la raison, la joie, le corps. La guerre était jusqu'à présent une métaphore pour philosophes- poètes. Elle le devient de moins en moins : le philosophe est, au fur et à mesure de sa fréquentation du nihilisme comme pensée du néant (génitif objectif et subjectif), embarqué, pris à partie et partie prenante de ce destin. Une nécessité de fer, longue, lente, patiente comme la rumination qui l'exprime (Généalogie de la morale, Avant-propos, §8 ; Aurore, Avant- propos, §5), commande l'écriture de la Généalogie de la morale : le fait qu'elle vienne au monde, son acte de naissance, certes, mais aussi son plan, sa stratégie, sa composition. Il y va du destin de l'humanité, si Dionysos veut bien s'en mêler : « “En avant ! Notre ancienne morale relève aussi de la comédie !”, nous avons découvert pour le drame dionysien du “destin de l'âme” une nouvelle péripétie et une nouvelle éventualité – ; et il saura s'en servir, on peut le parier, lui qui fut de tout temps le grand auteur comique de notre existence » (fin du § 7 de l'Avant-propos). Oui, sauf qu'il n'y a pas de quoi rire. Oh, non qu'il faille jouer les « chevaliers à la triste figure », les grises mines, les mélancoliques, les hypocondriaques, les pessimistes, les désespérés... Au contraire : ces figures du nihilisme s'y entendent fort bien pour abandonner le gouvernement de leurs humeurs et de leurs pensées au néant comme sujet, pour galvauder, noircir, calomnier, railler, maudire. Cervantès ridiculise Don Quichotte ? Il trahit. Schopenhauer se prend les pieds dans le tapis uploads/Litterature/ nietzsche-genealogie-de-la-morale-trad-blondel-flammarion-2002.pdf
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- Publié le Mai 28, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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