Les littératures fondamentales de la tradition juive La littérature hébraïque f

Les littératures fondamentales de la tradition juive La littérature hébraïque fondamentale se dit Enseignement – Torah. Il est de deux sortes : – L’enseignement écrit : la Bible hébraïque (Miqra). Il constitue l’héritage prophétique. – L’enseignement oral : c’est, pour principal, le Midrach et la Michna (en marge de la Michna : la Boraïta et la Tosefta). Quant au Talmud, il est l’élucidation systématique de la Michna. L’enseignement oral constitue l’héritage rabbinique. Le Tanakh, ou canon de la Bible hébraïque Il comporte 24 livres rassemblés sous trois grands titres : le Pentateuque (Humach, « les cinq livres » ; c’est la Torah proprement dite), les Prophètes (Nevi’im) et les Hagiographes (Ketuvim), dont Tanakh est l’acronyme. La Torah manuscrite se présente en rouleaux de parchemin ; elle se partage en paragraphes, ouverts et fermés, et en versets. Les éditions profanes de la Bible (édition Bomberg, Venise, 1516-1517) l’ont divisée en chapitres. Le texte biblique est en hébreu bien qu’il existe quelques passages en araméen (notamment dans les livres de Daniel et d’Esdras). La Mishna et le Talmud La Michna rassemble sous la forme d’énoncés concis, catégoriques ou problématiques (cas des controverses), les lois bibliques, les institutions (taqanot) et les décrets (gezerot) rabbiniques, ainsi que les us (minhagim). Son élaboration fut lente et s’est étendue sur une période de quatre siècles (de – 200 à + 200 de l’ère vulgaire). À Yavné, ce furent les disciples de R. Yohanan b. Zakaï qui, les premiers, entreprirent, après les événements tragiques de la destruction du Temple et de l’exil (en 70), de recenser et d’ordonner les traditions orales jusque-là éparses des commentaires bibliques, ces maîtres de la Michna sont appelés, de ce fait, les tanaïtes. L’un d’eux, R.’Aqiva (mort martyr vers 135) commença la compilation systématique de l’enseignement oral, que poursuivirent ses disciples, particulièrement R. Meir. C’est R. Yehuda ha-Nassi et ses disciples qui ferment le cycle de la Michna, dont ils nous ont laissé la mouture définitive. D’une formule, le Talmud dit : « Lorsque mourut ’Aqiva, Yehuda était né. » En marge de la Michna, nous disposons d’énoncés tanaïtiques, qui n’ont pas été retenus dans le canon : les boraïtot (les « externes », citées dans la Guemara), et les toseftot (les « additions » marginales) figurant dans le Talmud de l’édition Vilna des frères Romm qui fait référence. Le Talmud (« l’étude ») réunit la Michna et la Guemara, son commentaire ; élucidation systématique de l’enseignement oral, entreprise par les disciples de R. Yehuda ha-Nassi et prolongée durant des siècles. Les disciples immédiats ouvrent l’ère des amoraïtes (« les explicitateurs »). De nombreuses académies voient le jour, en Palestine d’abord, à Tibériade, à Lydda, à Séphoris, à Ucha et à Césarée ; puis en Babylonie, dont les premiers maîtres reçurent l’ordination en Palestine, dans les villes de Sura, Pumbedita, Neharde’a et Narech. R. Yohanan (199-279), scholarque de l’académie de Tibériade, envisagea la rédaction d’un commentaire de la Michna qui contînt toutes les discussions afférentes. Poursuivie par ses disciples sur deux générations, son entreprise donna jour au premier Talmud, dit improprement Talmud de Jérusalem. Plus tard, en Babylonie, la même entreprise fut conduite par R. Achi (352-427), scholarque de l’académie de Sura, et continuée par ses disciples jusqu’au septième siècle. Ce fut le Talmud dit de Babylone. Dans aucun des deux Talmud, la Guemara n’est complète. Dans le Talmud de Jérusalem, la Guemara couvre 39 traités contre 37 dans le Talmud de Babylone ; mais ce dernier est d’une étendue huit fois supérieure. Depuis l’édition Bomberg (Venise, 1520-1523 pour le babylonien ; 1523-1524 pour le palestinien), reproduite, enrichie de commentaires, par les frères Romm (Vilna, 1882), une page du Talmud se présente ainsi : en son centre, les textes de la Michna et de la Guemara ; dans la marge intérieure, les gloses de Rachi (1040-1105), célèbre commentateur juif français ; dans la marge extérieure, les commentaires des tossafistes (XIIe-XIVe siècle), disciples et successeurs de Rachi. Halakha et agada sont les deux composantes du discours talmudique. La halakha (« marche », d’où règle de la vie pratique) contient l’énoncé des règles civiles, pénales et religieuses. C’est l’enseignement proprement exotérique du Talmud. La agada (du verbe araméen aged, « narrer, raconter ») rassemble des relations historiques, des paraboles, des sentences, des anecdotes édifiantes, des homélies qui, toutes, renferment un enseignement ésotérique (mais non mystique). Contenu des traités du Talmud 1. Ordre Zera‘im : des semences – Après un traité consacré aux bénédictions, il est parlé des dîmes, prémices, offrandes, donations que l’on doit faire aux prêtres, aux Lévites et aux pauvres, sur les produits de la terre ; du chômage, des travaux des champs pendant la septième année ; des mélanges interdits dans les semis et les greffes (en tout huit traités). 2. Ordre Mo‘ed : des fêtes – Du chabbat, des fêtes et des jeûnes ; des travaux et des sacrifices à accomplir en ces jours. Il est aussi question des règles pour la fixation du calendrier juif (onze traités). 3. Ordre Nachim : des femmes – Législation du mariage, divorce, lévirat, adultère, vœux et naziréat ; tout ce qui a trait aux relations conjugales et d’une manière générale aux relations entre les sexes (sept traités). 4. Ordre Neziqin : des dommages – Législation civile. Hormis un traité sur l’idolâtrie et le traité Avot où se trouvent recueillies les sentences morales des docteurs, cet ordre traite des transactions commerciales, achats, ventes, hypothèques, prescriptions, procédure, organisation des tribunaux, témoignages et serments (huit traités). 5. Ordre Qodachim : des choses saintes – Législation des sacrifices, des premiers-nés, des viandes pures ou impures. Description du temple d’Hérode (dix traités). 6. Ordre Taharot : des purifications – Lois sur la pureté et l’impureté des personnes et des choses, des objets capables de contracter l’impureté par le contact ; règles liées aux phénomènes de la mort (neuf traités). Le Midrash Il faut distinguer nettement entre le Midrach halakha et le Midrach agada. Le Midrach halakha : ensemble des analyses des versets scripturaires de type normatif. La méthode midrachique suit des règles strictes, dont on a conservé différents exposés, notamment celui de R. Ichma’el. Moyen terme entre la Bible et la Michna, il précède logiquement cette dernière. Des éléments de Midrach sont insérés dans le Talmud mais ils font aussi l’objet d’ouvrages à part entière : la Mekhilta de R. Ichma’el (sur l’Exode), le Sifra (sur le Lévitique) et les Sifré (sur les Nombres et le Deutéronome). Le Midrach agada : ensemble des homélies et des analyses des versets scripturaires de type narratif. La méthode est herméneutique. Les plus importants sont le Midrach rabba et le Midrach tanhuma. La cabale La cabale se distingue par sa langue, faite d’images et de symboles. Ésotérique, elle aspire à la révélation des secrets de la Torah. Les plus anciens textes, qui datent de la fin de la période talmudique, sont le Séfer Yétzira et les Hékhalot (dont le Livre d’Hénoch). Au Moyen Âge, spécialement en France du Sud et en Espagne, la cabale s’est opposée nettement à la philosophie, puis s’est développée, notamment à Safed, comme une voie métaphysique concurrente de la métaphysique rationnelle. La pensée juive La pensée juive naît au Moyen Âge, en marge de la littérature rabbinique, du besoin d’aborder sous une forme nouvelle les grandes questions du temps (notamment celles de la création du monde et de l’unicité divine). Elle épouse d’abord les formes de la théologie rationnelle de l’islam (kalâm) et s’énonce en judéo-arabe : ce sont les Croyances et opinions de Saadia Gaon (933) et les Devoirs du cœur (1040) de Bahya ibn Paquda. Avec les parutions de la Foi sublime d’Abraham ibn Daud et du Guide des égarés, (1190) de Maïmonïde, elle prend un tour nettement plus philosophique. La traduction en hébreu de ces ouvrages, et spécialement celle du Guide par Samuel ibn Tibbon, consacre alors les débuts de l’hébreu philosophique. Durant trois siècles et malgré l’opposition virulente du courant antiphilosophique, la pensée juive s’est exprimée dans la langue hébraïque philosophique. C’est après l’expulsion des juifs d’Espagne (1492) qu’on voit celle-ci disparaître peu à peu, en dépit de tentatives ultérieures de la ressusciter (Mendelsohnn). Depuis lors, les penseurs juifs s’expriment dans la langue vernaculaire. La cabale en revanche s’est perpétuée en hébreu. uploads/Litterature/ notice-sur-les-litteratures-fondamentales-de-la-tradition-juive-pdf.pdf

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