Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 149 Les difficultés d’apprentissage de la lec
Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 149 Les difficultés d’apprentissage de la lecture chez les élèves de 5ème année primaire Omar BOUSSEBAT Université Frères Mentouri. Constantine 1 Résumé Dans la présente contribution, qui relève de la didactique, nous nous penchons sur les problèmes auxquels se heurtent les élèves de 5ème année primaire, lors de l’apprentissage de la lecture. Ces difficultés sont inhérentes à la non- correspondance entre les graphèmes et les phonèmes. L’analyse qualitative du corpus permettra de découvrir les unités minimales de l’écrit, celles de l’oral, qui posent problème. Mots-clés : apprentissage, lecture, phonèmes, graphèmes, unités minimales, oral, écrit Summary In this contribution, which is about didactics, we will look at the problems that pupils of the 5th year primary have when learning to read. These difficulties are inherent in the non-correspondence between graphemes and phonemes. The qualitative analysis of the corpus will make it possible to discover the units of the writing, and of oral, which pose problem. Key words: learning, reading, phonemes, graphemes, units, oral, writing Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 150 Introduction L’orthographe du français, qui se sert de 26 lettres, serait insuffisante, dans la mesure où les unités de l’oral ne correspondent pas forcément à celles de l’écrit. Pour noter certains phonèmes, notamment les voyelles nasales, «la graphie fait appel à des digrammes.» (LAURET Yves 2007 : 24). Il existe, également, des graphèmes qui ne se réalisent pas. Nous pouvons citer l’exemple des lettres muettes qui sont placées à l’intérieur ou à la fin de certains mots. La difficulté de cette langue romane se rapporte, aussi, à la présence de plusieurs lettres qui renvoient à un même son. «On a souvent introduit des lettres pour rapprocher certains mots français de leurs étymons.» (CATACH Nina, 1991 : 03). La non-correspondance entre la phonie et la graphie a poussé les phonéticiens à créer l’Alphabet phonétique international, «un système de signes au sein duquel chaque son est représenté par un symbole.» (LEON Monique, 2007 : 36). Dans cet article, nous chercherons à savoir si nos informateurs, les élèves de 5ème année primaire, sont capables d’établir la correspondance entre les unités minimales de l’écrit et celles de l’oral, lors des séances de lecture. Le choix de nos enquêtés est motivé par le fait que la cinquième année représente un trait d’union entre le primaire et le moyen. Après trois années d’apprentissage du français, l’élève serait en mesure de passer de la graphie à la phonie et vice-versa. L’analyse qualitative du corpus, partant de l’observation et de l’audition de nos enquêtés en séances de lecture, tentera de répondre aux questions suivantes : Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés nos informateurs, lors du passage de la graphie à la phonie ? Quelles sont les unités minimales de l’écrit qui posent problème ? Quelles sont celles de l’oral dont l’articulation est défectueuse ? Pour répondre à notre problématique, nous émettons les hypothèses suivantes : Les problèmes auxquels se heurtent nos enquêtés, en séances de lecture, se rapportent au fait qu’ils n’arrivent pas à combiner les unités de l’écrit pour articuler correctement les phonèmes de la langue cible (du français). Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 151 Ce sont les unités minimales qui correspondent aux voyelles nasales, aux consonnes, aux glides, aux lettres muettes placées à l’intérieur et à la fin des mots, qui posent problème. 1. La présentation des informateurs Nos informateurs, les élèves de 5ème année primaire, sont représentés par un échantillon de 20 apprenants, 10 filles et 10 garçons, ce qui représente 50 % pour les premières et 50 % pour les seconds. Ils appartiennent à une tranche d’âge allant de 9 à 11 ans. Ils sont issus de familles pauvres, établies dans une zone rurale. Nous avons choisi comme variable le sexe car, lors de la phase préparatoire, la pré-enquête, nous avons découvert que les filles établissent mieux que les garçons la correspondance entre les graphèmes et les phonèmes. 2. Le lieu d’enquête L’établissement du primaire où nous avons mené l’enquête est baptisé du nom du Martyr Fennour Ahcène. Il est implanté sur le territoire de la commune rurale Bouraoui Belhadef, dans la Daїra d’El Ancer, wilaya de Jijel. Il comprend une classe de 5ème année, encadrée par un jeune enseignant de français. 3. Le déroulement de l’enquête Notre corpus contient les enregistrements de lecture de nos informateurs, qui se sont réalisés, à l’intérieur d’une salle de cours. Pour les effectuer, nous avons fait usage d’un magnétophone.Avant l’entame de notre travail, nous avons jugé intéressant d’obtenir, d’abord, l’autorisation du directeur de l’école. Nous avons, ensuite, pris attache avec l’instituteur de français pour avoir une idée sur son emploi du temps. Nous lui avons expliqué l’objectif de notre travail afin que nous puissions assister à ses séances.Lors des séances consacrées à l’observation, nous avons découvert que nos enquêtés éprouvent des difficultés à faire la correspondance entre les unités de l’écrit et celles de l’oral. Pour les mettre à l’aise, nous leur avons donné des assurances quant à l’anonymat des enregistrements. Nous leur avons rappelé qu’ils ne seront ni évalués, ni mis en ligne.Notons que notre enquête s’est déroulée, au mois d’avril 2018. Nous lui avons réservé cinq séances. Concernant le corpus, il est constitué d’une liste de mots extraite du manuel scolaire de 5ème année primaire. Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 152 4. Les techniques d’investigation Pour les besoins du présent travail, nous avons fait appel à l’approche qualitative. Les techniques d’investigation dont nous nous sommes servi sont les suivantes : 4.1. L’observation directe ou participante Ce type d’observation a impliqué notre présence sur le terrain d’investigation. Lors de la collecte des données, nous n’étions pas de simples observateurs. Nous nous sommes joint au groupe auquel nous avons affaire.Grâce à cet outil d’investigation, nous avons pris part aux activités de nos enquêtés. Cela nous a fourni l’occasion d’avoir accès à des informations utiles. «L’observation directe consiste à participer réellement à la vie et aux activités des sujets observés, selon la catégorie d’âge, de sexe ou de statut dans laquelle le chercheur parvient à se situer par négociation avec ses hôtes en fonction de ses propres desiderata ou de place que ceux-ci consentent à lui faire.» (QUIVY Pierre, 1995 : 143). 4.2. L’enregistrement En vue d’enrichir notre corpus et lui donner plus de crédibilité, pour avoir la totalité des productions orales de nos informateurs, afin d’écouter attentivement leur lecture, lors de l’établissement de la correspondance entre les graphèmes et les phonèmes, nous avons opté pour cette technique de recueil des données. Pour effectuer l’enregistrement, nous avons utilisé le dictaphone d’un Smartphone. 5. L’analyse du corpus Dans le présent travail, nous nous appuyons sur l’analyse qualitative, qui consiste à voir comment se fait la correspondance entre les unités de l’écrit et celles de l’oral, chez nos enquêtés, les élèves de 5ème année primaire. «L’approche qualitative implique de participer à la vie et à la culture des acteurs, de se mettre à leur place afin de comprendre comment et pourquoi ils ont agi de la sorte.» (Mucchielli, Albert, 1994 : 12). Avant de commencer l’analyse qualitative de la lecture de nos informateurs, nous l’avons, d’abord, écoutée attentivement. Nous l’avons, ensuite, transcrite phonétiquement. Nous avons classé les erreurs commises par nos informateurs en Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 153 erreurs propres aux consonnes, en celles se rapportant aux voyelles et en celles relatives aux sons qui ne s’articulent pas. 5.1. Les consonnes Les digrammes «sc» et «x», qui correspondent à la consonne [s], se sont réalisés [sk] dans «sciences» et «scie», [ks] dans «soixante», «six» et «dix», [t] dans «notation», «notion», «potion», «attention», «multiplication», «national» et «accélération». Le graphème «s» entre deux voyelles, renvoyant au phonème /z/, s’est articulé [s] chez la majorité des informateurs, dans «maison», «crise», «chose», «vase», «dose», «rose», «raisin», «misère», «gosier», «fraise», «cerise», «oser» et «fournaise». Les lettres «c», «k» et «q», correspondant à la consonne [k], se sont correctement prononcées, dans «crocodile», «escargot», «commission», «couffin», «carence», «craquer», «courant», «cartable», «commentateur», «campagne», «kilogramme», «kiosque», «kyste», «klaxon», «crack», «ticket», «que», «marque», «question», «quête» et «queue». Le graphème «g», renvoyant à la consonne [g], s’est prononcé [g] par la plupart des enquêtés, dans «escargot», «gangrène», «gourmand», «guillemets», «gazier» et «photographe». La lettre «g», correspondant à la consonne [ӡ], s’est réalisée [g] dans «gilet», «gibier», «bouger», «bougie» et «nous mangions». Concernant les graphèmes «sh» et «sch» correspondant à la consonne [ʃ], ils se sont articulés [s] dans «clash», «crash», «shopping», «schéma» et «schwa». Le digramme «ch», renvoyant à la consonne [k], s’est prononcé incorrectement [ʃ] dans «chronomètre», «diachronie», «synchronie» et «dichotomie». Le digramme «gn», correspondant à la consonne nasale [ɲ], s’est réalisé [gn], dans «signal», «signe», «vigne», «campagne», «enseigne», «magnétiser», «épargne» et «ligne». Le trigramme «ing», présent dans les emprunts à l’anglais, a été correctement prononcée [ɳ] par la quasi-totalité des informateurs, dans «footing», «building» et «kidnapping». La lettre «x», renvoyant au groupe consonantique [gz], s’est prononcé [ks], dans «examen», «exagérer», «exiger», «xénon», «xénophobe» et «xérus». Commentaire Revue EXPRESSIONS n°10. juin 2020 154 A notre humble avis, la réalisation défectueuse de la consonne [s] uploads/Litterature/ omar-boussebat.pdf
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- Publié le Sep 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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