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L’ART DE SORTIR DE SOI LITTÉRATURE ET EXPÉRIENCE INTERIEURE 2012 – 2013 Travail

L’ART DE SORTIR DE SOI LITTÉRATURE ET EXPÉRIENCE INTERIEURE 2012 – 2013 Travail de maîtrise La Nausée – Sartre Raf Van den Eynde Prof. D. Acke Aspects philosophiques de la langue française Masterprogramma T aal – en Letterkunde: Frans P a g i n a | 1 L e d é s i r s ’ e x p r i m e p a r l a c a r e s s e c o m m e l a p e n s é e p a r l e l a n g a g e ( L ’ Ê t r e e t l e n é a n t ) Aspects philosophiques de la littérature française – La Nausée (Sartre)Raf Van den Eynde P a g i n a | 2 TABLE DE MATIÈRES Introduction 3 I. Biographie. Situation de l’ouvrage dans l’ensemble de l’œuvre de Sartre 3 II. Présentation générale de l’ouvrage. 7 III. Analyse des récits des instants privilégiés. 8 IV. Rapport entre la scène du marronnier et le reste du récit. 12 V. Some of these days 15 Bibliographie 16 Introduction Aspects philosophiques de la littérature française – La Nausée (Sartre)Raf Van den Eynde P a g i n a | 3 Jean-Paul Sartre (1905-1980) est philosophe, critique littéraire, romancier, nouvelliste et dramaturge. Il se fait connaître du grand public par ses récits (La Nausée, Le Mur) et ses pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos). Mais son activité littéraire est indissociable de sa pensée philosophique, l’Existentialisme (L’Imaginaire, L’Être et let Néant). Menant une intense activité politique, il refuse le prix Nobel de littérature en 1964.1 I. Biographie. Situation de l’ouvrage dans l’ensemble de l’œuvre de Sartre “Jusqu’à dix ans, je restai seul entre un vieillard et deux femmes »2. C’est en ces termes que l’écrivain résume son enfance. Né à Paris le 21 juin 1905, il perd l’année suivante son père Jean-Baptiste, officier de marine. Son grand-père paternel était médecin à Thiviers, un petit village au bord du Limousin et du Périgord, mais avec ce dernier les liens se distendent vite. C’est en effet au foyer de son grand-père maternel, Charles Schweitzer, alsacien d’origine, que le petit Jean-Paul (surnommé Poulou), est recueilli avec sa grand-mère Anne-Marie. Charles, professeur d’allemand à Paris, s’occupe personnellement de l’éducation de son petit- fils. Le petit Poulou est choyé par ses grands-parents et une mère qui se consacre tout entière à lui, favorisant son goût très vif pour la lecture. La bibliothèque familiale lui permet de se familiariser très vite avec les classiques de la littérature et sa mère l’emmène au cinéma, lui joue du piano et le promène au jardin du Luxembourg, proche de son domicile familial. Cet entourage joue un rôle protecteur en épargnant à l’enfant de trop souffrir de la solitude et de ses disgrâces physiques (dont une taie sur l’œil qui lui donnera plus tard conscience de sa laideur). A sept ans, il remplit déjà des « cahiers de romans » dans lesquelles il plagie les récits d’aventures et les films de cape et d’épée. En 1917, sa mère se remarie avec un ingénieur, Joseph Mancy. Il suit le couple à La Rochelle, où son beau-père est nommé directeur des chantiers navals et où il avouera avoir connu « les trois ou quatre plus mauvaises années de sa vie ». Il retourne à Paris en 1920 et, en tant que pensionnaire au lycée IV, il y retrouve son ami Paul Nizan. Ce denier l’initie à la littérature contemporaine et lui fait lire Proust, Gide et Valéry. En 1923, Sartre publie dans La Revue sans titre une nouvelle « L’Ange du morbide ». En 1924, il réussit, avec Nizan, au concours d’entrée de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, établissement dans lequel Sartre se trouve « heureux » et où il manifeste un talent peu commun pour la blague et la provocation. 1 La Nouvelle Revue Française (NRF) 2 Les Mots (1964) Aspects philosophiques de la littérature française – La Nausée (Sartre)Raf Van den Eynde P a g i n a | 4 Après avoir échoué à l’agrégation de philosophie en 1928, il est reçu premier l’année suivante, lors de laquelle il fait connaissance avec une jeune et brillante étudiante de la Sorbonne, Simonne de Beauvoir. C’est le début d’une relation privilégiée entre deux partenaires qui vivent de multiples « amours contingentes ». Après son service militaire, il commence, sans enthousiasme, à enseigner en 1931 au lycée du Havre comme professeur de philosophie, où il restera jusqu’en 1936 (à l’exception de l’année scolaire 1933-1934, qu’il passe à l’Institut de français de Berlin). En cette année 1931, il commence un « factum sur la contingence », première ébauche de La Nausée. Il partage sont temps entre Le Havre, Rouen (où de Beauvoir enseigne à partir de 1931) et Paris et consacre ses vacances à de grands voyages avec Beauvoir, dont un au Maroc espagnol en 1932. Sartre publie peu : un ouvrage sur L’Imagination en 1936, un essai sur La Transcendance de l’ego en 1937. Il se pose des questions sur son avenir d’écrivain. Une passion malheureuse pour Olga, une élève de Beauvoir, va de pair en 1935 avec le début d’une dépression qui termine en 1937, l’année où, avec Beauvoir, il trouve un poste à Paris (au Lycée Pasteur de Neuilly). Le « factum sur la contingence », rebaptisé « Melancholia », est accepté cette même année par Gaston Gallimard3 (après un refus l’année précédente) et une nouvelle, « Le Mur » est publié dans la NRF. Après de nombreuses corrections (la seule fois dans sa carrière que Sartre sera l’objet de telles exigences éditoriales), Melancholia, rebaptisée La Nausée par Gaston Gallimard, paraît en 1938 et reçoit un accueil élogieux (mais pas de prix littéraire). Sartre collabore à la NRF, où il donne d’importants articles sur le roman, et publie d’autres nouvelles, réunies en recueil en 1939. Il commence un nouveau récit, « Lucifer », qui deviendra plus tard L’Âge de raison, premier tome des Chemins de la liberté. Les débuts de la guerre ne l’empêchent pas d’écrire. Mobilisé en septembre 1939, il rédige au front, durant l’hiver, des Carnets, son second roman, et de nombreuses lettres. En février 1940 paraît un essai philosophique, L’Imaginaire, après Esquisse d’une théorie des émotions (décembre 1939) : « Je n’ai jamais autant écrit de ma vie », note-t-il dans son Journal. Fait prisonnier lors de l’offensive allemande de juin 1940, il se retrouve au camp de Trèves. Cette expérience de la captivité le fait réfléchir aux notions de liberté, de situation et 3 Gaston Gallimard (Paris, 1881-1975), éditeur français, fondateur des Editions Gallimard qui occupent une place majeure dans la littérature française du XXe siècle. Aspects philosophiques de la littérature française – La Nausée (Sartre)Raf Van den Eynde P a g i n a | 5 d’engagement. Il se fait libérer en mars 1941 pour revenir dans Paris occupé. En tant que professeur au lycée Concordet jusqu’en 1944, il continue à écrire et recommence à publier. En 1943 paraît un imposant traité d’ « ontologie phénoménologique » : L’Être et le Néant, tandis qu’est représentée sa première pièce « officielle », Les Mouches. A la fin de la guerre, Sartre révèle au grand public : il apparaît comme l’homme nouveau de la Libération, l’écrivain moderne et porte-parole de toute une génération et le chef de file d’une philosophie à la mode, l’ « Existentialisme ». En 1945, il fonde sa propre revue, Les Temps modernes. Cette même année, il publie les deux premiers tomes d’un nouveau cycle romanesque : Les Chemins de la liberté. Il multiple les articles d’actualité, réunis à partir de 1947 dans un premier volume de Situations (neuf autres suivront jusqu’en 1976). Une conférence mouvementée sur « l’existentialisme est-il un humanisme ? » en octobre 1945, consacre la réussite mondaine de Sartre : son ami Boris Vian4 l’immortalisera dans L’Écume des jours. De nouvelles pièces de théâtre traitent des conditions concrètes de l’action collective : La Résistance et la torture (Morts sans sépulture, 1946), le racisme (La P … respectueuse, 1946), les rapports de la morale et de la politique (Les Mains sales, 1948). Honni par les communistes et les gaullistes, Sartre participe quelques mois à l’aventure du « Rassemblement démocratique révolutionnaire » (RDR) de David Rousset5, mouvement politique éphémère qui lui semble allier les deux pôles du socialisme et de la liberté, ce qui restera l’orientation constante de son engagement. De fait, pendant les années d’après-guerre, Sartre occupe une position dominante dans la culture française. La suite et la fin de sa vie font ainsi s’imbriquer étroitement la création littéraire, la réflexion philosophique et un désir de présence politique caractérisé par un marxisme parfois intransigeant, ce qui l’amène par exemple à rompre avec Albert Camus. De 1952 à 1956, il se rapproche du Parti communiste français. Il défend le Tiers-Monde et ses luttes de libération nationale (l’Algérie, le Vietnam, Cuba). La révolte étudiante de mai 68 le fait se uploads/Litterature/ paper-la-nausee.pdf