PAPYRUS ÉGYPTO-ARAMÉEN Les paléographes ont donné le nom d'égypto-araméens aux
PAPYRUS ÉGYPTO-ARAMÉEN Les paléographes ont donné le nom d'égypto-araméens aux monuments épigraphiques écrits en caractères phéniciens, qui ont été trouvés en Egypte ou présentent des figures et des symboles relatifs à la religion et au culte de cette célèbre contrée. Ces textes forment une branche à part dans l'archéologie sémitique, et se distinguent, sous le rapport de la paléographie, par la forme particulière des lettres, et, sous celui de la philologie, par le caractère de la langue, qui est l'araméen mêlé d'hébreu. Us se divisent en deux classes : les épigraphes lapidaires et les écrits tracés sur papyrus. Le spécimen le plus célèbre de la première classe est l'inscription de Carpentras, et l'abbé Barthélémy a eu le premier la gloire de l'interpréter. Quant aux papyrus, il en existe six dans les musées et les cabinets de l'Europe, savoir : 1° celui de Turin ; 2° les deux du cabinet du duc de Blacas; 3° celui du Musée Borgia, qui appartient aujourd'hui à la bibliothèque de la Propagande ; li" celui que l'on conserve dans la bibliothèque du Vatican ; 5° enfin celui du Musée égyptien du Louvre, qui fait l'objet et la matière de la présente notice. Pour ne rien omettre dans cet exposé, nous mentionnerons deux autres papyrus qui viennent d'être découverts par M. Mariette, cet liibile et infatigable investigateur des antiquités égyptiennes, et qui font partie du musée fondé au Caire par le vice-roi d'Egypte. Le premier, expliqué d'abord par Hamaker \ d'après la copie publiée par Raoul-Rochette dans le Journal Asiatique (tom. V, p. 20), puis par F. Béer 2, d'après une copie faite par ' Miscell. phoenic, tab. III, n°3. s Inscriptiones et papyri veteres semitici quotquot in jEgypto reperti sunt editi et inediti, recensiti et ad originem hcbroeo-judaicam relati, particula I. (Lipsiae, 1883.) 2 PAPYRUS EGYPTO-ARAMEEN DU LOUVRE. G. Seyffarth, l'a été, en dernier lieu, par le savant Gesenius, qui l'a reproduit dans son-ma- gnifique ouvrage des Monuments de l'écriture et de la langue phénicienne*. Les deux papyrus du cabinet du duc de Blacas, reproduits et commentés par l'abbé Michelange Lanci. dans son livre intitulé : La sacra Scrittura illustrata con monumenti fenico-assyri ed egi- ziani (Roma, 1827), ensuite par F. Béer, ont été également expliqués par Gesenius dans l'ouvrage précité. Le papyrus de la Propagande, ainsi que celui du Vatican, dont Gesenius possédait deux copies, l'une que lui avait envoyée Seyffarth avec l'autorisation de les publier, s'il le jugeait à propos; l'autre, lithographiée d'après la précédente, et communiquée par F. Béer, qui avait promis de la faire paraître dans la seconde partie de son travail ; ces deux monuments, disons-nous, sont restés jusqu'ici inédits, parce que Gesenius, mu par un senti- ment de délicatesse qui honore son caractère, n'avait pas voulu ôter à son compatriote la gloire de donner le jour de la publicité aux papyrus en question, et que, clans un intervalle de temps très-court, le trépas est venu les ravir l'un après l'autre à la science et aux études orientales. Quant aux deux qui ornent le Musée du Caire, ils sont également inédits ; c'est à M. Mariette qu'il appartient incontestablement de les faire connaître, puisque c'est à lui qu'est échu le bonheur de les découvrir. Comme on le voit, les monuments égypto-araméens qui peuvent servir à l'étude ne sont pas en très-grand nombre. A cet inconvénient, déjà si regrettable aux yeux des savants qui s'occupent de paléographie sémitique, il s'en joint un autre qui n'est pas moins fâcheux : c'est l'état fragmentaire dans lequel nous sont parvenus, à travers les siècles, ces rares débris de la littérature des anciens peuples de l'Orient. En effet, le papyrus de Turin, dont la décou- verte fit tant de bruit il y a environ trente-six ans, présente, en trois lignes incomplètes, une dizaine seulement de mots. Ceux du Musée du Caire se composent, l'un, de quatre lignes tronquées au commencement et à la fin, avec des lacunes au milieu et des caractères oblitérés ; l'autre, qui n'est qu'un bout d'épigraphe, offre à peine une quinzaine de lettres. Les papyrus du cabinet de Blacas sont, il est vrai, plus considérables, puisqu'ils sont écrits sur les deux côtés et-qu'ils présentent, l'un, deux cent quatre-vingt-un, et l'autre, cent six caractères; malheureusement ils sont tous les deux également à l'état de fragments, car le bord des lignes s'y trouve mutilé en plusieurs endroits, et ils offrent çà et là, au milieu du texte, des lacunes et des oblitérations à jamais irréparables. Quant à ceux que l'on garde à Rome, si l'on en juge par ce que nous dit l'abbé Lanci dans son ouvrage mentionné plus haut, ils ne paraissent pas avoir été moins maltraités par le temps et se trouver, par conséquent, dans un meilleur état de conservation. Le papyrus égypto-araméen du Louvre (collection Drovetti, n° I (7) ) n'a pas échappé au sort commun; il a, comme ses congénères, ses blessures et ses mutilations, mais il n'en rougit pas; il semble même les porter avec quelque fierté, parce que ce sont les marques 1 Scripiuroe Unguoeque Vhoenkioe monumenta quolquot supersunt édita et inedita, etc., illustravit G. Gesenius. Lipsiae, 1837. PAPYRUS EGYPTO-ARAMEEN DU LOUVRE. 3 authentiques de son antique origine, des titres à notre confiance et à notre vénération. En le tirant aujourd'hui de l'obscurité et de l'oubli où il a été abandonné jusqu'ici, en lui don- nant généreusement le grand jour delà publicité ', je ne serai pas téméraire ni présomptueux, si je crois par là faire quelque chose d'utile au progrès de la philologie orientale et de la paléographie. Mon intention ainsi comprise et appréciée, comme je le désire, me vaudra, sans aucun doute, l'indulgence des savants qui, comme moi, s'occupent de l'étude des langues orientales et de l'histoire des peuples primitifs. Commençons par transcrire le texte araméen du fol. r° en caractères hébraïques. (Voir la copie lithographiée du papyrus, planche I, à la fin de cette notice.) Transcription du papyrus, fol. r°. laxs mo nnpa: ZTVHD^ ^a i • p-ivo \ ">ibpp^ ion Nn-wb ^xsh D ^ ^p »n^o 2 m >ibp \ bibp p¥» xmuh ^Nsb 112 1:1*àp \ bbp 3 11ni 11NÛ pvo -iLb]n nos ~a xnvb STI 4 # -iyr -py m m mbp M*brbp IJQ s \bbp pro -py nnp -pb>>ban . 6 \ bbp pro 7 [\ bb]p p-iro 11bb s \ bbp p^a 'aWvn v 9 }nvD \ •'îbp p^ -ion Nn-1126 10 \ bbp py» nns [ni—* n \ ^bp .£."'>. 12 1 J'ai eu déjà l'occasion de signaler ce papyrus à l'attention des Orientalistes, il y a environ six ans, dans ma Nouvelle interprétation de l'Inscription phénicienne découverte par M. Mariette dans le Sérapèum de Memphis, mémoire qui a paru dans la Revue de l'Orient et de l'Algérie (cahier de mars 1856, p. 205). Il m'a été communiqué, dans ces derniers temps, par M. le vicomte de Rougé, conservateur du Musée égyptien du Louvre, lequel, héritier de la science de Champollion, a fait faire des progrès remarquables à l'étude des hiéroglyphes qu'il explique au Collège de France. PAPYRUS EGYPTO-ARAMEEN DU LOUVRE. ANALYSE ET COMMENTAIRE. PREMIÈRE LIGNE. Elle est précédée des trois mots : ^i^niD ">? "'UNS' ^i» se trouvant pla- cés en dehors de la colonne et en marge, semblent, dès l'abord, avoir été destinés à servir de titre au texte qui suit ; mais il n'en est rien, car ils appartiennent, ainsi que plusieurs autres que nous verrons plus loin, à une colonne qui a disparu, et ils terminent une phrase dont le commencement nous est inconnu. 12X3 >Phaôphi ou Paâphi. La queue de la première lettre de ce groupe a été oblitérée par le temps ; mais la partie supérieure, qui est restée intacte et qui a la forme d'un crochet, ne laisse aucun doute sur la valeur que nous lui assignons. Paôphi est le nom du second mois de l'année civile des anciens Égyptiens ; il commençait le 28 ou le 29 septembre, et finissait le 27 ou le 28 octobre. Le mot est écrit ici defectivè, comme disent les grammairiens, car sur le papyrus du Musée du Caire, n° 2, où il se trouve également, il se présente avec un vav après Yaleph; on y lit à la quatrième ligne : ''SlNSb^Ql'H' c'est-à-dire au dixième jour de Paôphi. Les Grecs, contemporains des Égyptiens, et, par conséquent, leurs fidèles interprètes, ont exprimé la véritable pronon- ciation de ce nom, en le rendant clans leur langue par le mot lia»©! ; après eux, les Arabes, qui ont l'habitude de dénaturer le son des mots étranges à leur idiome, l'ont écrit Ajb et prononcé Babih '. if, mot particulier au dialecte égypto-araméen, équivaut au ^ ou -j des Chaldéens, qui possède une double signification, et répond tantôt à notre conjonction de, et tantôt à l'hé- breu -|^x ou Itf» Çm'j (luoeJquod. Il figure avec le premier de ces deux sens clans l'inscrip- tion de Carpentras, où on lit (ligne 1 ) : xnbN 1~ID1K'î NFDDn» prêtresse du dieu Osiris, et sur le papyrus du duc de Blacas, uploads/Litterature/ papyrus-arameen-du-louvre.pdf
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- Publié le Nov 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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