Français Séquence – l’autobiographie TEXTE 3 TEXTE 2 TEXTE 1 1. Pourquoi écrire

Français Séquence – l’autobiographie TEXTE 3 TEXTE 2 TEXTE 1 1. Pourquoi écrire sur soi ?  Les caractéristiques de l’autobiographie et du pacte autobiographique Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi seul. Je sens mon coeur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien fait ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu. Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions (1782-1789) Chronique: partie d'un journal consacrée à un sujet particulier. Apologétiques : qui veulent justifier ou défendre une personne. Polémiques : qui supposent une attitude critique. Cette chronique1 d'une aventure qui m'est arrivée à Gêne dans les derniers temps de la domination nazie-fasciste n'a pas de prétention littéraire, ni d'intentions apologétiques2 ou polémiques3. Elle n'est donc pas une défense du suicide, ni un acte d'accusation contre l'ennemi et encore moins la valorisation de mon propre comportement, mais un simple exposé des faits et un éclaircissement des circonstances... La seule valeur de cette histoire est donc l'authenticité absolue de ce qu'elle rapporte. Luciano Bolis, Mon grain de sable (1946), C La Fosse aux ours, 1997 Je demande pardon à mes lecteurs si je les entretiens aujourd'hui de moi ; ce n'est ni par amour-propre, ni fatuité1, mais simple désir de mieux servir la chose publique2. Comment me faire un crime de me montrer tel que je suis, lorsque les ennemis de la liberté ne cessent de me dénigrer. Jean-Paul Marat, Journal de la République française, 14 janvier 1793 Fatuité : autosatisfaction, vanité. La chose publique : l’Etat. Français Séquence – l’autobiographie TEXTE 4 TEXTE 5 TEXTE 6 C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin1, que domestiquez2 et privée : je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein3. Je l'ai voué à la commodité4 particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bien tôt) ils y puissent retrouver aucun trait5 de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen il ils nourrissent plus entière et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse paré de beautés empruntées6. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, mes imperfections et ma forme naïve, autant que la révérence publique7 me l'a permis. Michel de Montaigne, Essais (1580) Fin: visée. Domestique : familiale. Dessein : intention. Commodité : confort, agrément. Aucun trait : quelques traits. Empruntées : d'emprunt. Révérence publique : respect public. C’est un gosse qui parle. Il a entre six et seize ans, ça dépend des fois. Pas moins de six, pas plus de seize. Des fois il parle au présent, et des fois au passé. Des fois il commence au présent et il finit au passé, et des fois l'inverse. C'est comme ça, la mémoire, ça va ça vient. Ça rend pas la chose compliquée à lire, pas du tout, mais j'ai pensé qu'il valait mieux vous dire avant. C'est rien que du vrai. Je veux dire, il n'y a rien d'inventé. Ce gosse, c'est moi quand j'étais gosse, avec mes exacts sentiments de ce temps-là. Enfin, je crois. Disons que c'est le gosse de ce temps-là revécu par ce qu'il est aujourd'hui, et qui ressent tellement fort l'instant qu'il revit qu'il ne peut pas imaginer l'avoir vécu autrement. François Cavanna, Les Ritals (1978), Belfond Ce livre n'est pas une impassible1 photographie de mon existence ; c'en est une partie composante. Dans ces pages, je poursuis la lutte à laquelle toute ma vie est consacrée. [ ... ] Je veux noter maintenant que j'ai coutume de faire confiance à ma mémoire. [ ... ] Inutile de dire que j'ai contrôlé sans cesse mes souvenirs au moyen de ma documentation. [ ... ] Je ne puis nier que ma vie n'a pas été des plus ordinaires. Mais il faut en chercher les causes plutôt dans les cir- constances de l'époque qu'en moi- même. Léon Trotsky, Ma Vie (1929), (D Éditions Gallimard, 1953 Impassible : froide. 1. Dans chaque texte, qui est l’auteur ? le narrateur ? le personnage ? par quel pronom sont-ils désignés ? 2. Quel est le temps dominant ? Quelle est sa valeur ? 3. Quel est le sujet de chaque livre ? Justifiez votre réponse en citant les textes. 4. A qui ces auteurs s’adressent-ils ? Pour quelles raisons ? 5. Les auteurs s’engagent-ils à dire la vérité ? Quelles précautions prennent-ils ? 6. Qu’est-ce qui caractérise une autobiographie ? 7. D’après vos réponses, quels sont les éléments du pacte conclu avec le lecteur ? Etudier les textes Français Séquence – l’autobiographie Deux Jeunes Filles Le narrateur, pilote d'avion, a atterri un soir dans un champ en Argentine. Il est recueilli dans une maison où il remarque deux jeunes filles qui aiment beaucoup les animaux. Voici venu le moment du repas. Je m'attendais bien à voir deux jeunes filles si vives mettre tout leur esprit critique, toute leur finesse, à porter sur leur vis-à-vis masculin1, un jugement rapide, secret et définitif. Dans mon enfance, mes sœurs attribuaient ainsi des notes aux invités qui, pour la première fois, honoraient notre table. Et, lorsque la conversation tombait, on entendait soudain, dans le silence, retentir un « Onze ! » dont personne, sauf mes sœurs et moi, ne goûtait le charme. [ ... ] J'aimais ces yeux si aiguisés et ces petites âmes si droites, mais j'aurais tellement préféré qu'elles changeassent de jeu. Bassement pourtant et par peur du « onze » je leur tendais le sel, je leur versais le vin, mais je retrouvais, en levant les yeux, leur douce gravité de juges que l'on n'achète pas. La flatterie même eût été vaine : elles ignoraient la vanité. La vanité, mais non le bel orgueil, et pensaient d'elles, sans mon aide, plus de bien que je n'en aurais osé dire. Je ne songeais même pas à tirer prestige de mon métier, car il est autrement audacieux de se hisser jusqu'aux dernières branches d'un platane et cela, simplement, pour contrôler si la nichée d'oiseaux prend bien ses plumes, pour dire bonjour aux amis. Et mes deux fées silencieuses surveillaient toujours si bien mon repas, je rencontrais si souvent leur regard furtif, que j'en cessai de parler. Il se fit un silence et pendant ce silence quelque chose siffla légèrement sur le parquet, bruissa sous la table, puis se tut. Je levai des yeux intrigués. Alors, sans doute satisfaite de son examen, mais usant de la dernière pierre de touche2 et mordant dans son pain de ses jeunes dents sauvages, la cadette m'expliqua simplement, avec une candeur dont elle espérait bien, d'ailleurs, stupéfier le barbare, si toutefois j'en étais un — C'est les vipères. Et se tut, satisfaite, comme si l'explication eût dû suffire à quiconque n'était pas trop sot. Sa sœur glissa un coup d'oeil en éclair pour juger mon premier mouvement, et toutes deux penchèrent vers leur assiette le visage le plus doux et le plus ingénu du monde. — Ah!... C'est les vipères... Naturellement ces mots m'échappèrent. Ça avait glissé dans mes jambes, ça avait frôlé mes mollets, et c'étaient des vipères... Heureusement pour moi je souris. Et sans contrainte : elles l'eussent senti. Je souris parce que j'étais joyeux, parce que cette maison, décidément, à chaque minute me plaisait plus; et parce que aussi j'éprouvais le désir d'en savoir plus long sur les vipères. L'aînée me vint en aide : — Elles ont leur nid dans un trou, sous la table. — Vers dix heures du soir elles rentrent, ajouta la sœur. Le jour, elles chassent. A mon tour, à la dérobée, je regardai ces jeunes filles. Leur finesse, leur rire silencieux derrière le paisible visage. Et j’admirais cette royauté qu’elles exerçaient. Antoine de SAINT-EXUPERY, Terre des hommes, Gallimard, 1939 Antoine de Saint- Exupéry, né en 1900, a disparu en mer en 1944 pendant une mission aérienne. Il a participé comme pilote à la mise en place des premières lignes aériennes entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique du Sud. Son expérience de pilote a nourri ses réflexions sur le sens de la vie : Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942). leur vis-à-vis masculin : l'homme qui était en face d'elles. une pierre de touche: ce qui sert à reconnaître la valeur d'une personne ou d'une chose. uploads/Litterature/ pdf-sequence-l-x27-autobiographie.pdf

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