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Tous droits réservés © Laval théologique et philosophique, Université Laval, 1987 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Document generated on 04/13/2022 11:32 a.m. Laval théologique et philosophique BALTHASAR, Hans Urs von, La dramatique divine. Tome II. Les personnes du drame. Volume I. L’ homme en Dieu Mario Saint-Pierre Statut épistémologique des sciences pastorales Volume 43, Number 3, octobre 1987 URI: https://id.erudit.org/iderudit/400335ar DOI: https://doi.org/10.7202/400335ar See table of contents Publisher(s) Faculté de philosophie, Université Laval ISSN 0023-9054 (print) 1703-8804 (digital) Explore this journal Cite this review Saint-Pierre, M. (1987). Review of [BALTHASAR, Hans Urs von, La dramatique divine. Tome II. Les personnes du drame. Volume I. L’homme en Dieu]. Laval théologique et philosophique, 43(3), 413–416. https://doi.org/10.7202/400335ar RECENSIONS chrétien, ce n'est pas à cause de l'incompréhensibilité de sa foi, mais parce que cette foi lui apparaît plus acceptable que la foi musulmane ou toute autre forme de foi. E. Jiïngel, sensible comme Marion aux questions de Denys, Descartes et Pascal, nous paraît avoir justement mis l'accent sur la nécessaire Denkbarkeit, la « pensabilité » essentielle de Dieu,pour l'ego. Un débat Marion-Jiïngel serait donc très souhaitable. — Il serait, du reste, praticable de montrer que le Dieu de la distance demeure un Dieu de la proximité, toujours conçu en fonction des réquisits du fini : c'est bien parce que Vego habite au sein du compréhensible qu'il dicte que son Dieu ne peut relever que de l'incompréhensible, d'un ordre autre que celui du principe de raison ou de la mathesis. Cela ne revient-il pas, et la question se trouve, bienveillamment, posée à toute la théologie marionienne, à transformer la distance en idole ? Il est temps de s'arrêter, de s'incliner devant la puissance de cet ouvrage qui promet de rehausser le niveau des études cartésiennes, péniblement anémiques dans les universités québécoises. Aucun autre livre ne nous paraît avoir mesuré avec autant d'intensité ce dont il y va dans les Meditationes de Descartes. En un mot, ou en un titre, le Descartes unddas Problem der Metaphysik vient d'être écrit. Jean GRONDIN Hans Urs VON BALTHASAR, La Dramatique divine (T. II : Les personnes du drame, V. I : L'homme en Dieu), trad, par Y.C. Gélébart et C. Dumont, Paris, Lethielleux, 1986, Coll. : Le Sycomore, série «Horizon», 14. Cet ouvrage nous introduit vraiment au cœur de ce que Balthasar appelle la « dramatique divine ». Les Prolégomènes, qui étaient une esquisse non pleinement théologique et philologique à cause du caractère introductif de ce premier tome, nous permettaient déjà d'accéder à quelque chose de tout à fait original par rapport à l'ensemble de la réflexion théologique. Pour nous, bien sûr, le tome II est d'une grande nouveauté, mais il ne faut pas oublier que cette synthèse théologique (profondément unie à La Gloire et la Croix et à la Théologique —qui est à venir) a été préparée chez Balthasar depuis fort longtemps. Il n'est pas étonnant de constater que des thèmes développés dans Apokalypse der deutschen Seele (1933 ; premier ouvrage important et non traduit de Balthasar) sont repris dans le premier volume de ce deuxième tome. L'affrontement radical entre la liberté finie de l'homme et la liberté infinie de Dieu est mis en relief d'une manière toute particulière au cœur de l'ouvrage Apokalypse der deutschen Seele. C'est la trame de fond qui est reprise dans La Dramatique divine. Balthasar est profondément conscient de ce duel au sein de l'histoire universelle puisque la tension n'a fait que s'accentuer depuis la venue du Christ-Jésus. Le «oui» de Dieu est toujours confronté au «non» de l'homme. Et pourtant, en Jésus, l'homme et son histoire peuvent être intégrés dans la Révélation du Dieu d'amour. Cette possibilité de salut pour l'homme n'est ni une aliénation, ni une auto-divinisation, ni même un auto-accomplissement de lui-même en rupture avec Dieu : « Voilà donc présentés les personnages principaux du drame divin : Dieu et l'homme. Nous les avons mis en face l'un de l'autre, en accordant une égale importance aux deux points suivants. D'abord, Dieu n'est pas purement et simplement « l'Autre » (le « partenaire ») : il est tellement élevé au-dessus de toute créature qu'il est aussi bien le « Non-Autre ». Ensuite, malgré cela ou à cause de cela, l'homme ne peut d'aucune manière et à aucun degré être résorbé dans le divin. Il est doué par Dieu d'une authentique liberté spirituelle qui, parce qu'elle a été donnée pour de bon, ne peut être acculée par la liberté infinie de Dieu : elle doit se déployer dans son domaine propre, qui est d'ailleurs celui de Dieu (un autre est-il pensable?). Le drame au premier niveau se joue ainsi entre la liberté divine et la liberté humaine. » (Dd, II, I, p. 375) 413 RECENSIONS C'est dans la mesure où l'homme, en toute liberté, s'introduit ou se laisse introduire dans la liberté infinie de Dieu qu'il pourra, en définitive, être pleinement libre. La pensée moderne et contemporaine se trouve donc en lutte avec la pensée chrétienne et cela d'une manière radicale. Cette compréhension de la liberté repose sur un principe fondamental que Balthasar nomme Vanalogia entis. Pour fonder sa théologie de l'histoire, Balthasar se réfère explicitement à ce principe qu'il hérite du philosophe Eric Przywara et qui origine d'une formule du quatrième concile du Latran: «in tanta similitudine maior dissimilitudo» —«la dissemblance d'autant plus grande dans la ressemblance si grande soit-elle —Ds., 806. Les deux ouvrages qu'il consacre à la fondation d'une théologie de l'histoire (Théologie de l'histoire, 1955 et 1960 ; De l'intégration, 1970), nous amènent au cœur d'une compréhension de Vanalogia entis appliquée au Christ. D'ailleurs, il vaut la peine de mentionner que c'est peu de temps après avoir composé Théologie de l'histoire que Balthasar a songé à écrire une dramatique du christianisme : [L'auteur a] composé en partie une Dramatique du christianisme qu'il considère dès maintenant comme une œuvre majeure. (Préf. d'A. Béguin, in. Théologie de l'histoire, 1955, p. 12) Finalement, cet ouvrage n'a été publié en allemand qu'en 1973,28 ans après ! Chose étonnante, même après avoir achevé La Gloire et la Croix (première partie de sa trilogie axée sur le « beau » ; la deuxième partie, La Dramatique divine, devait être axée sur le « bien » ; et la troisième, Théologique, sur le «vrai») celui-ci ne prévoyait pas continuer. Dans Rechenschaft 1965, il écrivait : Mais d'autres auront à la mener. Dans le court laps de temps qu'il reste à un septuagénaire, ni les images ni les concepts ne sont encore décisifs ; seule l'action l'est. Pour elle, même la rédaction de livres devra être oubliée : plaise à Dieu qu'alors non seulement des balivernes sur papier, mais qu'au moins un grain de blé accomplissent la grâce de la Résurrection ! (p. 33) Mais déjà les grandes lignes étaient esquissées : L'esthétique demeure au niveau de la lumière, de l'image, de la vision. Ce n'est qu'une dimension de la théologie. La suivante comporte l'action, l'événement, le drame (Schelling dit : la philosophie positive). Dieu agit pour l'homme ; l'homme répond par la décision et l'exploit. De plus, l'histoire du monde et de l'homme est un grand « théâtre du monde » ; il faut, ici, lier les uns aux autres la philosophie de l'exploit (Fichte, Blondel), l'art de l'exploit (Shakespeare, Calderon) et la théologie de l'exploit (Karl Barth), pour ne nommer que les mots accrocheurs. La signification chrétienne du rôle et de la présentation aura à être expliquée et la tradition de l'Église doit apparaître sous cet aspect : quel risque immense que le seul acte de passer, dans la mort, la tâche d'être disciple à la génération suivante (croyante?), Moïse, Jésus et Paul en ont fait l'expérience de façon très; intense. L'existence entière de l'Église, tout comme celle des personnes à l'intérieur et à l'extérieur, n'est-elle pas pur exploit et pur risque ! N'en est-il pas ainsi de la théologie également? Tout ce qui est « bien » tient et tombe avec la liberté. (Rechenschaft 1965, p. 33) Mais revenons au thème de Vanalogia entis. Dans Dieu et l'homme d'aujourd'hui, cette question se trouve liée à l'explication de Vanalogia libertatis. Nous retrouvons également ce type de rapprochement dans La prière contemplative, La phénoménologie de la Vérité et même dans ses commentaires sur les Pères grecs (Origène, Grégoire de Nysse et spécialement Maxime le Confesseur). Cela est repris dans cet ouvrage de La Dramatique divine, surtout dans ses deux premiers excursus (II, 1, pp. 109-126). Mais, c'est dans les deux ouvrages précédemment cités portant sur la théologie de l'histoire que le rapport est franchement instauré. Le dogme christologique de Chalcédoine dans Théologie de l'histoire nous amène à concevoir le Christ comme Vanalogia entis par excellence à uploads/Litterature/ personnes-du-drame-volume-i-l-x27-homme-en-dieu-balthasar-hans-urs-von-la-dramatique-divine-tome-ii-les.pdf

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