Petit manuel de survie du dyspraxique en milieu scolaire à l'usage des enseigna
Petit manuel de survie du dyspraxique en milieu scolaire à l'usage des enseignants... Savez-vous ce qu'est la dyspraxie ? Beaucoup d'enfants doués en sont atteints. BB, qui a un enfant très dyspraxique donne ce guide, régulièrement amélioré par ses soins, aux enseignants qui en ont la charge. Lisez-le, c'est instructif, vous allez peut-être découvrir que vous connaissez au moins quelques dyspraxiques légers dans votre entourage et vous pourrez peut-être leur simplifier un peu la vie... DYSPRAXIQUE MAIS FANTASTIQUE Dyspraxie / Dyspraxie visuo-spatiale Un handicap fréquent invisible et méconnu BB 2007 D’après un travail collectif réalisé sur l’initiative d’Olivier DELPLANCKE IEN de la circonscription de Moûtiers (IA73) Définition La dyspraxie est un handicap, peu connu, mal décelable, encore mal diagnostiqué et peu traité. L’enfant ne présente pas de troubles moteurs, ni de déficits intellectuels. La dyspraxie est un trouble cognitif : La fonction cognitive est une fonction cérébrale nécessaire au traitement d’une information reçue permettant la communication, cela relève donc du langage écrit et oral. Concrètement la dyspraxie est un dysfonctionnement de la planification et de l’automatisation d’une praxie, c’est à dire du savoir faire d’un geste volontaire que l’enfant dyspraxique n’arrivera pas, malgré des efforts répétés, à programmer de façon automatique. On parle de « maladresse pathologique ». Dyspraxie visuo-spatiale (DVS): des gestes jamais automatisés + défaut de coordination visuo-motrice + défaut de construction de composants de la spatialisation. Pour produire un minimum, l’enfant dyspraxique fournit un maximum d’efforts, tout le temps mais le résultat n’est jamais à la hauteur de ce que l’on attend et on lui reproche de ………….ne pas faire d’efforts ! Il doit mobiliser une énergie importante pour maîtriser son trouble et c’est très fatigant. Une dyspraxie visuo-spatiale est une pathologie, un handicap, qui ne s’arrange pas avec l’âge. Au contraire, plus les exigences s’élèvent, plus les manifestations du trouble sont importantes. Pour s’améliorer, une DVS doit être rééduquée et bénéficier d’un accueil particulier en classe, le plus tôt possible (niveau maternelle). Signaux d’alerte 1. En classe Sur les apprentissages : - Dysorthographie sévère (écriture phonologique) - Dysgraphie importante : manque de fluidité (écriture très pointue, lettres pas formées et pas sur les lignes, ratures, très grande lenteur) qui entraîne un geste graphique crispé, une écriture irrégulière, des copies raturées, un travail brouillon, un manque d’organisation, une orthographe aléatoire. L’écriture étant au centre des apprentissages depuis la maternelle, l’enfant dyspraxique se retrouve très rapidement en échec scolaire. - Dyscalculie spatiale : n’aligne pas les chiffres, pas de représentation spatiale, pas d’image mentale Dans la vie scolaire : - Mauvaise organisation du cahier de texte - Le cartable est en vrac (papier en accordéon), la case du bureau aussi, le classeur n’est pas rangé - Problème de recopie : textes et schémas - Il se cogne souvent et tombe - Il fait souvent tomber trousse , matériel, etc. - Il ne se repère pas dans les locaux - Il demande souvent l’heure (pas de lecture sur une montre à aiguilles) - Il mange très mal à la cantine : ne sait pas couper sa viande, fait tomber son verre, mange salement…. - Il ne sait pas utiliser une règle T ous les troubles ne sont pas à intensité égale, ils ne sont pas tous présents et chaque trouble varie en intensité. Souvent on trouve une association dysorthographie avec dyscalculie spatiale, quand il y a trouble visuo-spatial. 2. A la maison - Quand il est petit, il ne joue pas avec les cubes et les puzzles - Il ne cherche pas le papier et les crayons - "Nul" en jeux de ballons, vélo, jeux d’assemblages. - Il ne sait pas couper sa viande ni faire ses lacets et boutonner sa chemise. - Il ne sait pas ranger - Il lui est difficile de s’organiser dans le temps et dans l’espace … Vers qui se tourner ? Psychologue scolaire, service de Santé Scolaire, RASED: le repérage est possible dès la maternelle à 5 ans. Le neuropsychologue pour un bilan complet. L’orthophoniste pour bilan complémentaire et aide au diagnostic L’orthoptiste pour bilan neurovisuel et suivi en rééducation pour le trouble oculomoteur. Le psychomotricien et/ou l’ergothérapeute pour l’aide au diagnostic et les suivis pour les troubles du mouvement, du geste, des fonctions motrices, l’adaptation de l’environnement (ordinateur, bureau incliné, etc…) ; Le rééducateur de l’écrit pour aider à la fluidité du geste, pour que l’écrit ne devienne plus « douloureux » physiquement. L’association DMF Ce qu’il faut faire Accepter le "handicap" à la maison comme à l’école. En classe - Garder les cahiers aux lignes larges ou utiliser le lignage « américain ». - Prévoir une petite case sur la copie de contrôle où l’enfant met une note sur sa difficulté visuelle à saisir le document (comme les notations de la douleur ressentie chez les patients hospitalisés). Prévoir ainsi un code en fonction de l’âge. - Garder les repères spatiaux (gommettes, points..) - Soulager la production écrite (passer par l’oral et les photocopies) - Verbaliser le plus souvent possible (par exemple, donner une définition à la place d’un dessin) - Lui fournir un bureau à plan incliné - L’enfant parle en travaillant : ne pas lui dire de se taire mais lui apprendre à chuchoter (mode de compensation à préserver) - La dictée : passer aussi par le verbal (épeler) - Le plus difficile pour eux : géométrie, dictée, anglais, allemand - Apprentissage de l’ordinateur et logiciels spécifiques en géométrie, par exemple - Au collège : favoriser l’italien ou l’espagnol A la maison - Montre digitale, scratch, verre "stable", viande coupée, aide à l’organisation…. Ce qu’il ne faut pas faire en classe comme à la maison « il ne fait pas attention », « il est maladroit », « quand il s’applique, il y arrive », « de toutes façons, il ne travaille que lorsqu’il en a envie », « il est distrait, immature, manque de rigueur, manque d’organisation, il est lent, il n’écoute pas la consigne », « il tombe et fait tout tomber, il se cogne partout, il n’obéit pas quand on lui demande plusieurs tâches », etc…. - Nier l’échec - Culpabiliser l’enfant en classe ou à la maison (le traiter de paresseux, lui dire que c’est de sa faute….) - Le mettre face à son échec systématiquement - Le forcer à faire ce qu’il ne peut pas faire et ne pourra peut-être jamais faire Suivi, rééducation : quelles prises en charge ? Il faut aborder de façon globale la planification, l’exécution et l’automatisation des gestes Rééducation orthoptique neurovisuelle et orthophonique. Psychomotricité et /ou ergothérapie Podologie, posturologie et quelques fois ostéopathie ou kinésithérapie. Un soutien psychologique peut être nécessaire pour ces enfants. Ils souffrent beaucoup de : leur incapacité à faire des gestes qu’ils conçoivent pourtant facilement, du regard critique porté sur eux, de l’incompréhension des autres vis-à-vis de leurs incapacités CONCLUSION Ce diagnostic, comme souvent en ce qui concerne les troubles d’apprentissage, nécessite rigueur et méthode car il faut éviter le déni, la banalisation des troubles ou leur mauvaise interprétation systématique en termes négatifs (enfant paresseux, non motivé, opposant, immature…) Ce sont des enfants qui sont extrêmement fatigables, c’est une particularité à prendre en compte en priorité, surtout quand un jour, ils ne réussissent pas un exercice pourtant réussi la veille. La dyspraxie a souvent un impact très néfaste sur le développement de l’estime de soi. Parce que les habiletés physiques et sportives sont grandement valorisées en âge scolaire, l’enfant dyspraxique se fait souvent rejeter. Il a un grand sentiment d’être incompétent dans presque tout ce qu’il fait et il croit qu’il ne peut rien faire comme les autres. Ceci fait qu’il a tendance à éviter les activités de groupe, se retirer et se replier sur lui-même et parfois même sombrer vers la dépression. Ce sont des enfants qui arrivent au Bac. L’écriture peut s’améliorer avec le temps. Ces enfants ne sont pas responsables de ce handicap, leurs parents non plus. Les véritables sources d’échec scolaire (double tâche, lenteur, manque d’organisation ) sont difficiles à identifier et il faut accepter qu’il s’agit non d’un retard d’acquisition mais d’un handicap durable Il est essentiel que les parents, les rééducateurs et les enseignants travaillent en harmonie autour de l’enfant. ET POUR FINIR, UNE NOTE OPTIMISTE L’enfant avec une dyspraxie est TOUJOURS un enfant intelligent. On trouve une grande proportion d’intelligence supérieure chez ces enfants (enfants intellectuellement précoces). Ce qui, paradoxalement, est un piège supplémentaire car ils compensent avec leur intelligence et leur trouble passe d’autant plus inaperçu. C’est un enfant docile, acteur dans la gestion de son handicap. Il faut reconnaître ses compétences dans les autres secteurs de la cognition, respecter son intelligence, sa vivacité d’esprit, ses goûts et ses talents qui lui permettront de faire des acquisitions de qualité, soutenu par famille, enseignants et rééducateurs. Pour toute information supplémentaire : www.dyspraxie.info Adresse de l’antenne DMF en Gironde : 21, avenue Saint Hubert 33610 Cestas Bibliographie : 1. Pr. MAZEAU Michèle : uploads/Litterature/ petit-manuel-de-survie-du-dyspraxique-en-milieu-scolaire.pdf
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- Publié le Fev 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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