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EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Annales. Histoire, Sciences Sociales. http://www.jstor.org EHESS Pierre Francastel Author(s): Pierre Charpentrat Source: Annales. Histoire, Sciences Sociales, 26e Année, No. 5 (Sep. - Oct., 1971), pp. 1133-1139 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/27577933 Accessed: 25-10-2015 13:10 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 137.99.31.134 on Sun, 25 Oct 2015 13:10:38 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions w m irr, w ^?l?mmi P?t?eJ Pierre Francaste/, en conversation avec le critique d'art Marechiori. This content downloaded from 137.99.31.134 on Sun, 25 Oct 2015 13:10:38 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Pierre Francaste/' J'ai trop de chagrin pour ?crire, au seuil de ces pages par quoi les Annales saluent sa m?moire, les lignes qui convien draient pour dire l' uvre exceptionnelle accomplie par Pierre Francastel au cours d'une vie laborieuse ? et quel vide il laisse apr?s lui ! G?nial, il l'a s?rement ?t?, et r?volutionnaire par son acharnement ? incorporer au mouvement novateur et violent des sciences sociales une histoire de l'art repli?e jusque-l? sur elle-m?me. S'il n'a pas ?t? l'inventeur de la sociologie de l'art, il a r?ussi, le premier chez nous, ? la faire rayonner dans des livres exceptionnels, dans des cours qui ont ?t? l'une des grandes r?ussites de la VIe Section de l'?cole des Hautes ?tudes. Je sais que son uvre sera continu?e. J'ai surtout l'impression, m?me la certitude que Pierre Francastel, parti si vite, si inopin? ment, est toujours aupr?s de ceux qui l'ont admir? et aim?. Nous ne pouvons parler de lui que comme d'un vivant. Fernand BRAUDEL ? Chacun des volumes de cette collection pose le probl?me du choix des hommes repr?sentatifs. Quel doit ?tre, dans chaque forme diff?rente de l'action, le crit?re de la c?l?brit? ? Quand il s'agit des architectes, la situation se com plique. Avant de d?cider quels ont ?t? les architectes c?l?bres, il faudrait savoir ce qu'est un architecte. ? Ainsi s'ouvrait en 1958 le recueil somptueux et dense des Architectes 1. Nous remercions les r?dacteurs de la revue L'Arte de nous avoir autoris?s ? reproduire ici l'article de P. Charpentrat (paru dans le n? 10, juin 1970). 1133 Annales (26e ann?e, septembre-octobre 1971, n? 5) 16* This content downloaded from 137.99.31.134 on Sun, 25 Oct 2015 13:10:38 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions IN MEMORIAM C?l?bres, compos? et pr?sent?, pour notre inqui?tude comme pour notre plai sir, par un homme que ne purent jamais rassurer les intitul?s, les formules, les pr?suppos?s, apparemment les moins contestables et les plus anodins, et qui ne fit jamais confiance aux mots que sous b?n?fice d'un impitoyable inven taire. Pierre Francastel a pass? une partie de sa vie ? pourchasser, non seule ment les id?es re?ues, mais les id?es g?n?rales, ? r?cuser toute ? pens?e ? satis faite du maniement des concepts, ? lutter contre ces Universaux flous et vivaces dont il voyait les clercs, autour de lui, user avec une impavide virtuosit?. Et en particulier ceux des clercs que leur sp?cialit? devrait, au moins au premier stade de leur d?marche, contraindre ? l'attention au concret, les critiques et les histo riens d'art. L'un des vices de notre ?poque est de toute ?vidence ? ses yeux la survivance de ce qu'il nomme globalement ? platonisme ?, ? n?o-platonisme ?, voire ? n?o-n?o-platonisme ? ? heureux sans doute de s'en prendre, ? travers telle logomachie moderne, ? travers tel syst?me de pens?e sans rigueur, au premier et au plus illustre des intellectuels qui ne comprirent rien ? l'art et com mirent ? son sujet de grandioses et contagieux contresens. La croisade contre les Essences, condition pr?alable ? toute recherche s?rieuse et ? toute r?flexion novatrice (et d?j? la phrase que nous avons cit?e en commen ?ant d?truit un mythe encombrant, celui de l'Architecte), peut conduire parfois ? des malentendus?ainsi lorsque W?lfflin se trouve rendu responsable, un peu vite peut-?tre, des cr?ations d' ? ?ons ?, des fabulations inconsid?r?es d'un Eugenio d'Ors. Jamais elle n'am?ne Pierre Francastel ? un nominalismo ? courte vue qui r?duirait l'Histoire de l'Art ? aligner, sous pr?texte de saisir chaque uvre ? en elle-m?me ?, les constats tautologiques. La haine de l'abstraction, de la g?n?ralisation et de Va priori ne l'accule certes pas au ? positivisme ?, tel ce m?di?viste qu'il attaque violemment dans un des articles de la R?alit? Figu rative parce qu'il estimait, traitant de la Qu?te du Graal, ? qu'une lance est une lance et un vase un vase ?... Retrouver le b?timent ou le tableau derri?re la clas sification, derri?re les d?finitions, les amas d'analogies et les postulats, distin guer leurs ?l?ments sous la litt?rature et l'id?ologie ? et montrer d'autre part que, en ? elles-m?mes ?, ces ? r?alit?s ? red?couvertes et touch?es du doigt ne rel?vent que de la description et de l'?num?ration, et n'ont donc aucun int? r?t ? ce ne sont que deux aspects d'une m?me strat?gie, les deux conditions, ?galement n?cessaires, de tout progr?s vers la compr?hension. Prenons l'exemple de cet ?difice que l'on nomme innocemment, depuis des si?cles, une ? ?glise ?. Pr?cisons, si l'on peut dire, que nous voulons parler d'une ?glise romane, davantage, d'une ?glise bourguignonne, mieux encore, d'une ?glise du XIe si?cle. Un substantif et trois d?terminations : quatre pro bl?mes. Devant ce bouquet d'impr?cisions, P. Francastel m?ne une premi?re op? ration, qui consiste ? ?liminer l'h?ritage verbal. Nous sommes d'abord invit?s ? nous interroger sur la notion de style. P. Francastel ne la d?truit pas, mais en limite la port?e, refusant de d?signer par ce mot ambigu autre chose qu'un r?seau d'influences et de relations effectives, explicables, au besoin historique ment attest?es. Le ? style roman ? n'appara?t qu'au XIIe si?cle, au moment o? les artistes imitent consciemment (ce qui ne signifie pas ? m?caniquement ?) un certain nombre de grandes uvres originales. Telle est l'une des th?ses du livre d?cisif de 1942, L'Humanisme Roman. ? ?glise bourguignonne ?, avons nous dit aussi. L'Humanisme Roman nous apporte ici une critique tr?s pouss?e, cruellement ironique parfois, et vite devenue classique, de la th?orie des ?coles 1134 This content downloaded from 137.99.31.134 on Sun, 25 Oct 2015 13:10:38 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions PIERRE FRANCASTEL P. CHARPENTRAT r?gionales. A la suite des fameuses provinces entre lesquelles les arch?ologues r?partissent p?niblement depuis plus d'un si?cle, les ?glises romanes, toute une cha?ne de notions vagues, voire dangereuses, succombent ? leur tour ? l'analyse : celle m?me de province, en premier lieu, celle de race, bien s?r; celles de nature, de production spontan?e. Voici l'art roman s?par? du folklore, l'art tout entier d?livr? des ? explications ? vitalistes, des l?gendes plus ou moins directement issues du romantisme. Enfin les divisions chronologiques consa cr?es seront elles aussi mises en question. Le XIe si?cle se casse en deux et, avec cet ? ?tre de raison ? s'?vanouit le mythe de la r?surrection de l'An Mil, si cher encore ? Henri Focillon. La ? blanche robe d'?glises ? de Raoul Glaber se d?chire, l'un de ses morceaux n'?tant plus que la survivance de l'architecture carolingienne tandis que l'autre, celui qui ne commence gu?re, en fait, ? se tisser avant 1050-1070, couvre tout le XIIe si?cle et se s?pare mal de l'?ge gothique. Titre de l'un des derniers chapitres de l'ouvrage : ? Une ?cole romane, le gothique ?. Pierre Francastel poussera plus loin, apr?s L'Humanisme Roman, son enqu?te subversive, et l'un des th?mes de son enseignement ult?rieur sur l'architecture se r?sumera dans la question fondamentale : ? Qu'est-ce qu'une ?glise ? ? Il s'attachera ? montrer que les milliers de b?timents qui portent ce nom n'ont que lui en commun, et qu'ils r?pondent ? des d?finitions diff?rentes, remplissent des fonctions qui, dans le temps ni dans l'espace, n'ont rien de stable. Chaque ? ?glise ? ou chaque s?rie d'?glises, concr?tise un programme, non une Id?e. Il n'y a d'?glise en soi ni dans l'esprit (ou le subconscient) de quelque repr? sentant d'une hi?rarchie eccl?siastique immuable et constamment s?re de soi, ni dans celui de quelque Architecte aux intuitions infaillibles. Les mirages dissip?s, les pr?jug?s ?cart?s, la r?flexion de P. Francastel entre dans sa phase constructive. L'?glise romane ? d?mystifi?e ? ne se r?duit pas pour autant ? un agr?gat de ? faits mat?riels ?, et l'on ne saurait en rendre compte en mesurant les nefs, en d?nombrant les ?tages et les piles, en situant dans un tableau de classement le plan et les vo?tes. La r?sorption des brumes ? platoniciennes ? ne transforme pas l'?difice en la somme des proc?d?s et des ?l?ments utilis?s pour uploads/Litterature/ pierre-charpentrat-pierre-francastel.pdf
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- Publié le Jui 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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