ART ET SOCIOLOGIE Author(s): Pierre FRANCASTEL Source: L'Année sociologique (19

ART ET SOCIOLOGIE Author(s): Pierre FRANCASTEL Source: L'Année sociologique (1940/1948-), Troisième série, T. 2 (1940-1948), pp. 491-527 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/27884116 . Accessed: 15/08/2013 11:47 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to L'Année sociologique (1940/1948-). http://www.jstor.org This content downloaded from 129.68.65.223 on Thu, 15 Aug 2013 11:47:27 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions ART ET SOCIOLOGIE par Pierre FRANCASTEL Il semble que, jusqu'? pr?sent, une place insuffi sante ait ?t? faite ? Tart dans les recherches et les enqu? tes de la sociologie. La faute en est, d'ailleurs, aussi bien aux historiens de l'art et aux esth?ticiens qu'aux socio logues, ?galement peu soucieux de confronter leurs points de vue. M'inspirant des m?thodes qui, dans d'autres domaines, ont renouvel? l'?tude syst?matique des rapports, fugi tifs ou permanents, qui d?finissent la structure des groupes humains, j'essaierai d'indiquer des voies qui ouvrent un large champ ? la sociologie de l'art. I Il convient de remarquer, d'abord, que l'art constitue un ph?nom?ne double : technique et intellectuel. L' uvre d'art est, en effet, toujours le produit de l'imagination et de l'adresse d'un artisan. Sociologiquement parlantr on peut donc consid?rer comme essentielle, tant?t l'?tude du milieu producteur de l' uvre d'art, tant?t celle des destinataires du message. On admet ainsi implicitement ? mais ? toute science il faut bien une base d'hypoth?se ? que toute soci?t? est form?e de groupes et que le but de la sociologie est l'?tude des rapports de ces groupes entre eux et avec leurs participants. On admet aussi que le but imm?diat de la recherche est non pas de d?couvrir les principes immuables qui r?gissent les soci?t?s humaines en g?n?ral ? et pour ainsi dire en soi ? mais de saisir des r?alit?s temporaires ou, si l'on veut, historiques. Les artistes dans la soci?t?. ? Il serait important^ This content downloaded from 129.68.65.223 on Thu, 15 Aug 2013 11:47:27 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 492 VANN?E SOCIOLOGIQUE d'abord ? aussi bien du reste pour l'histoire que pour l? sociologie ? de d?finir la position des artistes dans la soci?t? aux diff?rentes ?poques de l'histoire. La nature et la situation dans la soci?t? du groupe producteur de l' uvre d'art peuvent varier ind?fini ment, aussi bien que la situation individuelle de l'artiste ? l'int?rieur de ce groupe. Toute la question est de savoir si, ? l'?tude, il est possible de constater autre chose que l'apparition successive de ph?nom?nes tou jours nouveaux, en quoi consiste l'hypoth?se de la sociologie par opposition ? l'histoire. Certaines ?poques nous fournissent l'exemple d'un art produit par et pour un groupe social tr?s restreint. C'est le cas, par exemple, de l'?poque carolingienne. A cette p?riode de l'histoire, la culture a, pour ainsi dire, le caract?re d'un secret; elle reste entre les mains d'ini ti?s, elle appartient aux clercs. Les manuscrits sont enlumin?s exclusivement dans des scriptoria monastiques et, le plus fr?quemment, sinon tout ? fait absolument, par des clercs (1). La plupart des ?difices sont construits sinon par des clercs, du moins sous leur contr?le et ? leur diligence. Il serait toutefois n?cessaire de faire une ?tude vrai ment approfondie de l'?poque pour savoir dans quelle mesure l'?glise a ?t? vraiment le seul client des artistes. Il n'est rien demeur? des ch?teaux ni des villes en bois de cet ?ge. Apparemment, c'est l'?glise seule qui, avec l'Empereur, a eu les moyens de fonder ce qui dure, comme c'est elle, ?galement, quia fourni le plus souvent le th?me abstrait des uvres figuratives. Encore fau drait-il mettre en balance l'existence de certaines pres sions ext?rieures, comme celle qui aboutit, moyennant des modifications tr?s profondes du programme, ? ou vrir au public les portes de l'?glise monastique (2). (1) Lesne (Mgr). Histoire de la propri?t? eccl?siastique en France. Tome IV : Les Livres. Scriptoria et biblioth?ques du commencement du VIII* ? la fin du XI* si?cle. Lille, 1938, vin-849 p. in-8?. (2) Sur l'histoire et la disparition du ? groupe cath?dral ?, cf. princi palement Hubert (Jean). L'Ari pr?-roman. Paris, 1938, vn-203 p. in-4?. Voir aussi sur les origines Lassus (Jean). Sanctuaires chr?tiens de Syrie. Essai sur la gen?se, la forme et usage liturgique des ?difices du culte chr?tien en Syrie, du IIIe si?cle ? la conqu?te musulmane. Paris, 1947, XLViii-329 p. in-4?, p. 23 sqq. This content downloaded from 129.68.65.223 on Thu, 15 Aug 2013 11:47:27 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions ART ET SOCIOLOGIE 493 Surtout, les manuscrits mis ? part, il n'est pas s?r que la main-d' uvre artistique ait ?t? absolument religieuse. On peut penser que les techniques en honneur pour les constructions ?ph?m?res des seigneurs et des villes, qui ont disparu, n'ont pas ?t? cependant sans avoir quel que r?percussion sur l'art des moines. C'est une erreur trop souvent commise que de confondre commande et r?alisation. Il n'est pas absolument certain, en d?finitive, que l'?glise et les moines aient ?t? seuls la ? cause ? des uvres d'art. Certains traits pourraient peut-?tre un jour nous mettre sur la trace d'autres forces, moins souveraines mais tout aussi r?elles, de la'soci?t?. M?me pour la connaissance des puissants il faut tenir compte des humbles. Ils ont souvent inscrit, eux aussi, leur volont? dans les monuments : proc?d?s de charpenterie ou layage d'une pierre (1). Le ph?nom?ne carolingien nous offre, peut-?tre, cepen dant, l'un des types les plus parfaits d'art monastique, c'est-?-dire d'art produit par et pour un groupe social restreint. Mais il n'est pas un ph?nom?ne unique. Il y a d'autres exemples d'art monastique et d'autres exemples d'art produit par un groupe social ferm?. Malheureusement, il ne nous est pas possible, actuelle ment, d'analyser le ph?nom?ne g?n?ral, faute d'un nombre suffisant d'?tudes particuli?res. Il serait certainement int?ressant de rechercher, par exemple, en quoi le ph?nom?ne carolingien diff?re de celui d'autres arts, ?galement monastiques, ceux de l'Athos ou de Mistra, ? o? l'on observe l'existence d'ateliers ?galement plac?s enti?rement dans la main des clercs et sans doute m?me d'une fa?on plus com pl?te encore. Les monast?res de l'Asie Mineure four niraient ?galement un point curieux de comparaison : on sait assez qu'en Orient la tradition monastique s'op pose ? la tradition imp?riale ? travers toute une suite de g?n?rations (2). En Occident m?me, les monast?res (1) Plat (Abb?). L'Art de b?tir en France des Romains ? Van mil, d'apr?s les monuments anciens de la Touraine, de l'Anjou et du Vend? mois. Paris, 1939, 228 p. in-4?. (2) M. A. Grabar a pu ?crire un livre pour opposer l'art monastique ? l'art imp?rial byzantin. L'Empereur dans l'art byzantin. Recherches This content downloaded from 129.68.65.223 on Thu, 15 Aug 2013 11:47:27 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions m L'ANN?E SOCIOLOGIQUE romans succ?dent aux monast?res carolingiens, et Ton peut aussi parler d'une tradition monastique, le pro M?me ?tant d'opposer, pour l'Occident, ? l' uvre des moines celle d'autres groupes sociaux dont on distingue encore mal, ou pas du tout, la coh?rence. ?? est cependant certain que, sauf dans les scriptoria, les clercs jouaient plut?t, en Occident, le r?le de m?c? nes que d'ex?cutants et qu'on n'a gu?re ?tudi? jusqu'ici le probl?me de la main-d' uvre, ? tous les grands Ivres sur le moyen ?ge assimilant sans discussion art et commande. Il est clair, cependant, que le d?veloppement de la technique de la pierre, construite ou histori?e, aux, xe 30e si?cles implique l'existence d'une autre tradition ?i d'un autre secret que celui des moines. Le d?velop pement de ces techniques, ? la fois condition et cons? quence de l'essor d'une nouvelle classe de travailleurs, Joint ? l'ind?pendance grandissante des pouvoirs la? ques ? l'?gard de l'?glise, implique une transformation compl?te de la signification aussi bien que de l'apparence des uvres d'art. Un peu plus tard, au xnie si?cle, le gothique, art de cour, art urbain, est le t?moin d'une structure sociale o? les rapports des clercs et des la?ques, des artistes et des commanditaires sont enti?rement diff? rents. Les grands ?difices en pierre des xie et xne si?cles ont ?t? ?difi?s, dans un grand ?lan d'improvisation, par des foules enthousiastes et corv?ables; ? l'?ge gothique tout s'est r?gularis? : progr?s des villes, d?veloppement ?es associations jur?es ? qui^donnent les loges ma?onni ques aussi bien que les Communes ? sont des ph?no m?nes parall?les et encore mal connus. Ils ont une port?e Mstorique et sociologique ?vidente. Tandis que les liai soins entre les monuments de l'?poque romane s'expli quent, en g?n?ral, par des motifs tir?s de la vie des ordres monastiques, les d?veloppements du gothique suivent les uploads/Litterature/ pierre-francastel-art-et-sociologie.pdf

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