VIE DE MADAME DE LAFAYETTE 1634. Naissance de Marie-Madeleine Pioche de La Verg

VIE DE MADAME DE LAFAYETTE 1634. Naissance de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, fille de Marc Pioche, écuyer, sieur de La Vergne, et d'Isabelle Pena. 1643. Mort de Louis XIII. 1649. Mort de Marc Pioche. 1650. La veuve de Marc Pioche se remarie avec le chevalier Renaud de Sévigné, oncle de la célèbre marquise. Ma­ rie-Madeleine est nommée demoiselle d'honneur de la Reine et se lie avec Ménage, un érudit qui va lui servir de précepteur. 1652. Renaud de Sévigné, compromis dans la Fronde, est obligé de s'exiler en Anjou avec sa famille. 1654. Marie-Madeleine, qui vient souvent à Paris, fait la con­ naissance, au couvent de Chaillot, de deux jeunes prin­ cesses, Henriette d'Angleterre et Jeanne-Baptiste de Sa­ voie Nemours. 1655. Mlle de La Vergne épouse le comte François de Lafayette, de dix-huit ans son aîné, et s'installe avec lui dans le Bourbonnais, au château d'Espinasse. Elle lit Clé/ie, le roman de Mlle de Scudéry, que lui a envoyé Ménage. 1656. Mort d'Isabelle de Sévigné. Mme de Lafayette fré­ quente l'hôtel de Nevers, foyer janséniste où elle ren- 256 Vie de Madame de Lafayette contre les Arnauld et le duc de La Rochefoucauld. Elle lit les Provinciales. 1658. Naissance du premier fils, Louis, qui deviendra abbé. 1659. Naissance d'un second fils, Armand, qui embrassera la carrière militaire. Ménage présente à Mme de Lafayette Jean Regnault de Segrais et Pierre-Daniel Huet, deux amis des lettres, qui l'encouragent à écrire. Pour le re­ cueil des Divers Portraits de Mlle de Montpensier, elle compose, à leur demande, un « portrait » de Mme de Sévigné, qu'elle signe curieusement : «par Madame la comtesse de Lafayette sous le nom d'un inconnu». 1661. Mme de Lafayette vit désormais à Paris, tandis que son mari reste dans sa province. Louis XIV prend le pou­ voir. Henriette d'Angleterre épouse Monsieur, frère du Roi. Mme de Lafayette fait partie du cercle de ses in­ times. 1662. Conseillée par Ménage, elle écrit, sans la signer, La Princesse de Mont pensier, une nouvelle qui est accueil­ lie avec beaucoup de faveur. 1664. M. de La Rochefoucauld publie ses Maximes, qui ef­ fraient Mme de Lafayette par leur cynisme. Il devient pourtant, dans les années qui suivent, son plus proche ami. 1665. À la demande de Madame, Mme de Lafayette com­ mence à écrire son Histoire d'Henriette d'Angleterre. 1669. Aidée par La Rochefoucauld et Segrais, elle écrit Zaïde, roman espagnol en deux volumes, qui paraîtront avec en préface le Traité de l'origine des romans de Huet. 1670. Mort de Madame. Publication des Pensées de Pascal : «C'est un méchant signe pour ceux qui ne goûteront pas ce livre», dit Mme de Lafayette. 1672. Mme de Lafayette commence à travailler à La Prin­ cesse de Clèves, en compagnie de Segrais et de La Ro­ chefoucauld. Vie de Madame de Lafayette 257 1675. Segrais se retire en Normandie. Mme de Lafayette de­ vient l'agent diplomatique de la duchesse de Savoie à Paris. Publication des Désordres de l'amour, de Mme de Villedieu. 1676. Mort de Renaud de Sévigné. 1678. Publication de La Princesse de Clèves. Enquête du Mer­ cure galant sur «l'aveu». Publication des Lettres de Valincour. 1679. Publication des Conversations de l'abbé de Chames. 1680. Mort de La Rochefoucauld. 1683. Mort de M. de Lafayette. 1689. Mme de Lafayette marie son fils Armand. Elle écrit ses Mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689. 1693. Mort de Mme de Lafayette. NOTICE 1. L'ŒUVRE Le texte La haute position que Mme de Lafayette occupait dans le monde ne lui permettant pas de se comporter comme un « vrai auteur de profession», il n'existe pas de version de référence sûre, je veux dire authentifiée par elle, de La Princesse de Clèves. On considère généralement comme telles, outre l'édi­ tion originale parue chez Barbin en quatre volumes en 1678, les deux éditions ultérieures de 1689 et 1704. Elles comportent entre elles peu de variantes. Mais une vingtaine de corrections manuscrites ont été portées par l'éditeur lui-même sur divers exemplaires de l'édition originale. Les éditeurs modernes comme Albert Cazes (1924) et Émile Magne (l 939 et 1946) ont tenu plus ou moins compte de ces corrections dans leur travail. Le dernier en date, Jean Mesnard, en a fait un relevé très complet. L'édition qu'il a procurée pour l'imprimerie nationale (1980) et qu'il a reprise dans la collec­ tion OF-Flammarion (1996) prend pour base le texte de l'édi­ tion originale. Elle y inclut toutes les corrections en question, corrige aussi quelques coquilles évidentes et propose deux ou trois retouches personnelles. Le travail de Jean Mesnard est incontestablement plus minu- Notice 259 tieux que celui de ses prédécesseurs ; mais, si l'on pose en principe que Barbin a revu lui-même sa propre édition, avec l'accord de Mme de Lafayette - ce qui est probable, mais pas certain - a-t-on le droit d'intervenir encore après lui? Et, à l'inverse, pourquoi rejeter, sous prétexte qu'elles ne s'impo­ sent pas absolument, quelques corrections supplémentaires suggérées par l'abbé de Chames, quand on sait que ses Con­ versations sur la critique de « La Princesse de Clèves » ont été inspirées directement par !'auteur du livre 1 ? Toute décision en la matière comporte une part de subjecti­ vité. Le texte que je propose n'échappe pas à la règle. Il se situe entre la version Magne, qui est généralement retenue pour les éditions courantes et que j'avais moi-même adoptée précédemment, et la version Mesnard. Au demeurant, s'agis­ sant neuf fois sur dix de coquilles ou de différences mineures, l'intérêt du débat me paraît assez restreint. L'intrigue Le sujet de La Princesse de Clèves peut se résumer en une phrase : M. de Clèves aime sa femme, qui aime le duc de Nemours et qui est aimée de lui. Nous sommes à la cour du roi Henri II, où « la magnificence et la galanterie » occupent à plein temps une société de « princes » et de « seigneurs » oi­ sifs. Mlle de Chartres y fait son entrée à seize ans, sous la conduite de sa mère qui cherche pour elle un bon parti. Le prince de Clèves rencontre par hasard la jeune fille chez un bijoutier. Mlle de Chartres est'raisonnable et a le cœur «très noble». Elle accepte donc d'épouser Clèves, bien qu'elle ne ressente pour lui aucune inclination, seulement de l'estime. Peu après son mariage, à l'occasion d'un bal, elle fait la con­ naissance du duc de Nemours. Coup de foudre réciproque. Re­ nonçant à ses habitudes volages, Nemours, sans jamais laisser paraître ses sentiments en public, commence à faire à la prin­ cesse une cour aussi respectueuse qu'ardente. 1. Voir ci-dessous, p. 268. 260 Notice Mme de Chartres, qui se doute de quelque chose et qui a déjà mis sa fille en garde contre les dangers de l'amour, lui tient un long discours pour lui rappeler ses devoirs de femme mariée. Elle meurt ensuite, laissant Mme de Clèves seule avec sa passion secrète et un mari qui, lui non plus, ne se doute de rien et déplore seulement de ne pas être aimé par sa femme comme il le souhaiterait. La princesse fait tout ce qu'elle peut pour éviter la vue de son amant ; mais son rang ne lui permet pas de se tenir longtemps à l'écart de la Cour. Peu à peu, à travers divers incidents, à la faveur de propos entendus, d'his­ toires racontées, elle découvre à la fois la ferveur de Nemours et la force irrésistible de sa propre passion. Un moment vient où elle ne trouve plus de salut que dans une décision héroï­ que : tout raconter à son mari. M. de Clèves admire sa con­ duite, mais ne peut s'empêcher lui-même de sombrer dans une jalousie violente. Il veut savoir le nom de l'heureux élu et si sa femme lui est restée fidèle, comme elle l'affirme. Il com­ prend bientôt que son rival est Nemours, se persuade, sans en avoir la preuve, que Mme de Clèves ne lui a pas dit toute la vérité, et, de désespoir, en meurt. Le duc de Nemours ne voit pas maintenant quel obstacle pour­ rait s'opposer à son union avec Mme de Clèves. La princesse, elle, en voit deux, qu'elle évoque au cours d'une dernière conver­ sation avec lui : le remords qu'elle éprouve à l'égard de son mari ; la peur, surtout, que Nemours, une fois sa passion satisfaite, ne se lasse et ne l'abandonne pour une autre. L'intérêt de son « re­ pos » se conjugue avec celui de son « devoir». Elle décide donc de quitter la Cour, tombe gravement malade, et finalement se re­ tire dans une maison religieuse où sa « courte vie » laissera « des exemples de vertu inimitables ». Quant à Nemours, qui a pensé « expirer de douleur » en ap­ prenant cette retraite définitive, on nous dit simplement que «des années entières s'étant passées, le temps et l'absence ra­ lentirent sa douleur et éteignirent sa passion». Ce qui laisse supposer qu'il a uploads/Litterature/ pingaud-bernard-chronologie-notice-et-bibliographie-pour-la-princesse-de-cle-ves.pdf

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