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FICTIONS & SOCIÉTÉS SOC – 2163 Mardi 12h30-15h20 // salle DKN 2157 Plan de cour

FICTIONS & SOCIÉTÉS SOC – 2163 Mardi 12h30-15h20 // salle DKN 2157 Plan de cours Hiver 2020 Fabrice Fernandez Professeur de sociologie Fictions & sociétés (Soc - 2163) – Fabrice Fernandez 1 Informations générales Coordonnées et disponibilités Fabrice Fernandez Professeur agrégé Directeur des programmes 1er cycle en sociologie Bureau 4477 Pavillon Charles De Koninck Faculté de sciences sociales Département de sociologie 1030, avenue des Sciences-Humaines Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 Présentation : https://www.soc.ulaval.ca/?pid=1717 Adresse électronique : fabrice.fernandez@soc.ulaval.ca Tél. : 418-656-2131 poste 402661 Disponibilités : sur RDV Assistant-e-s d’enseignement : Sophie Marois : sophie.marois.1@ulaval.ca David Gaudreault : david.gaudreault.4@ulaval.ca Illustration de couverture : Sarah Arnal Fictions & sociétés (Soc - 2163) – Fabrice Fernandez 2 Introduction La seule façon de découvrir les limites du possible, c’est de s’aventurer un peu au-delà̀, dans l’impossible." Arthur C. Clarke (1962), Hazards of Prophecy : The Failure of Imagination Les fictions sont des composantes majeures de la vie sociale. Malgré un régime de réalité et un scientisme positiviste qui tentent d’en contenir arbitrairement les frontières, elles génèrent un univers de possibles qui s’immisce dans le présent. A partir de l’analyse croisée de productions artistiques et d’écrits de sciences sociales, ce cours présente différents espaces de dialogues entre le réel et l’imaginaire, le scientifique et l’onirique, le politique et le fictif. La fiction y apparait comme un ressort de l’imagination sociologique et l’utopie comme une conscience onirique permettant de penser les possibilités d’émancipation face aux nouvelles formes de domination. Ce cours vise à interroger sociologiquement les fictions dans leur double dimension politique et cognitive en prolongeant ce questionnement philosophique ancien (et toujours de la plus brulante actualité à l’ère de la post-vérité et des fake news) sur la distinction entre la fiction et la réalité (on pense bien sûr à Aristote et à la notion de Mimésis, mais aussi à tous les philosophes qui ont usé d’une manière ou d’une autre de la fiction de manière allégorique, théorique ou méthodologique dont Platon, Moore, Descartes, Kant, Leibnitz, etc.). Si les « fictions » sont des formes de discours autonomes du « réel », elles ont longtemps été opposées aux sciences sociales qui se sont précisément construites par rupture épistémologique avec elles. Après avoir été, au début du XXème siècle, l’objet de débats et d’indécisions quant à leur place et leurs rôles, les fictions ont été cantonnées par de nombreux chercheurs à de simples « objets » d’étude, les études se concentrant sur les logiques sociales de leur production (cf. Bourdieu sur Flaubert, Lahire sur Kafka, etc.). Mais aujourd’hui les sciences sociales semblent (re)découvrir le pouvoir et l’intérêt du langage fictionnel et les fictions sont de plus en plus mobilisées non seulement pour « exposer » les travaux de recherche mais aussi pour générer des nouvelles connaissances. Dans ce cours, il s’agira d’étudier ce que les fictions sont susceptibles d’apporter en terme de connaissance du social (et la manière dont les sciences sociales s’en sont saisies pour analyser la société), mais aussi comment elles peuvent être mobilisées comme moteur du changement social (et la manière dont les sciences sociales et la sociologie en particulier, peuvent appréhender et analyser ce changement en lien avec ces fictions). De façon transversale, Fictions & sociétés vise également à comprendre comment les sciences sociales peuvent elles-mêmes user de la fiction et des procédés de fiction pour s’ouvrir de nouveaux horizons théoriques, renouveler leurs approches méthodologiques et/ou mettre en œuvre une « sociologie publique » (Burawoy, 2009). Fictions & sociétés (Soc - 2163) – Fabrice Fernandez 3 Si aucune forme de représentation de la société (enquête sociologique, cinéma, roman, photographie, théâtre, danse, arts graphiques, etc.) n’est intrinsèquement meilleure pour parler d’elle (Becker, 2009), la question est de savoir ce que les collaborations entre les productions relevant du domaine de la fiction et les sciences sociales peuvent générer en terme de connaissances nouvelles et de renouvellement de nos disciplines. Vous l’aurez compris le cours Fictions & Sociétés s’intéresse à notre rapport au fictionnel. En cela nous allons déployer nos investigations selon au moins trois orientations distinctes que nous ferons dialoguer. La première est un plaidoyer pour l’imagination sociologique et le décloisonnement disciplinaire. La seconde est une invitation à replacer la fiction au cœur du mouvement des sociétés vers le changement social. Enfin, la dernière est un appel à la vigilance critique et à la réflexivité face à une certaine indistinction « postmoderne » entre la science, la réalité et la fiction. Objectif général du cours Fictions & Sociétés a ainsi pour objectif général de comprendre ce que les fictions font à la société et ce que les sciences sociales font des fictions dans un mouvement analytique croisé. Ce faisant nous réinterrogerons la place de la fiction dans la société contemporaine en nous dotant d’outils critiques permettant de penser le fictif et le non- réel comme des composantes à part entière de notre monde commun. Ce cours tend ainsi à dépasser le cadre d’une socio-anthropologie de l’imaginaire pour s’engager sur la voie d’une nouvelle sociologie créative et imaginative. Il s’agit de prendre acte des limites imaginaires que le régime de réalité tente d’imposer à la société (Martuccelli, 2015), pour penser les dépassements, à la croisée des disciplines, des sciences et des arts. Les objectifs spécifiques du cours sont les suivants : - S’interroger, questionner et porter une réflexion personnelle et critique sur le cloisonnement réalité, fiction et sciences sociales, notamment à partir des questions débattues en cours. - Approfondir et consolider, à partir de repères théoriques et de travaux de recherche empiriques, ses connaissances sur les différents cadres d’analyse et de conceptualisation de la fiction. - Être capable de restituer à l’écrit les apports et les enjeux essentiels contenus dans les lectures obligatoires. - Savoir mobiliser les connaissances acquises durant le cours et les lectures obligatoires dans le cadre d’un essai problématisé et structuré - Savoir porter un regard critique sur les différentes formes de construction sociale et historique de la fiction ; Fictions & sociétés (Soc - 2163) – Fabrice Fernandez 4 - Savoir reconnaitre les principaux enjeux sociaux, moraux, politiques et scientifiques relatifs au traitement des questions relatives à la fiction dans la société contemporaine. - Être capable de structurer à l’oral un raisonnement logique, critique et sociologique sur des questions relatives au sujet du cours et aux débats qui s’y tiendront. Contenu du cours Ce programme, ouvert aux étudiant-e-s de différentes filières (sciences sociales, littérature, philosophie, art, histoire, etc.) n’exige pas de connaissances sociologiques préalables. Ce cours tentera d’interroger nos modes d’intelligibilité du social en repensant les fondations épistémologiques de nos disciplines et notre rapport au savoir à travers de nouvelles formes d’enquête et d’écriture, ouvertes et imaginatives. Le cours est organisé en cinq temps. Après en avoir en introduction (i) présenté un état de la réflexion épistémologique et sociologique (avec des détours du côté de l’anthropologie, de la littérature, de la philosophie, des sciences politiques, de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences) sur les liens entre la fiction et la réalité sociale nous questionnerons (ii) le dialogue entre la fiction et les sciences sociales en pensant le rôle de l’utopie dans la production des sciences sociales. Nous interrogerons ensuite (iii) les procédés de fiction comme outils de compréhension du social et notamment les nouvelles formes de récits, de narration et d’écriture à la croisée des disciplines, des pratiques artistiques, du documentaire et des sciences sociales. Dans la quatrième partie (iv) nous examinerons dans ce monde caractérisé par la vitesse et l’accélération permanente, la manière dont les fictions permettent d’envisager de nouvelles manières d’imaginer la société et notre rapport au monde. Enfin la dernière partie du cours (v) sera consacrée à un débat critique sur la place de la fiction dans la société contemporaine. Fictions & sociétés (Soc - 2163) – Fabrice Fernandez 5 Approche pédagogique Cet enseignement se veut un lieu d’échanges, de discussions, de partage d’idées, d’expérimentations et de réflexions critiques, un lieu ouvert à la fois au domaine artistique et vers les autres disciplines des sciences humaines et sociales. Chaque séance se présentera en deux parties, une première partie de cours magistral assurée par le professeur et une seconde partie consacrée soit à des débats / discussions à partir de différents contenus audiovisuels (films, documentaires, etc.) ou à des interventions assurées par des conférencier-e-s invité-e-s. A noter que la seconde partie de chaque séance fait, bien évidemment, partie intégrante du cours et les évaluations finales porteront aussi sur leurs contenus. Fictions & Sociétés traite de la manière dont les sciences sociales s’enrichissement à collaborer avec d’autres domaines d’appréhension du social (et notamment les arts) en montrant comment ces rencontres peuvent générer de nouvelles connaissances sociologiques. Nous avons souhaité que ce cours puisse bénéficier d’un état des lieux, une sorte d’inventaire ou d’archives qui présente les différentes facettes de ce dialogue fictions/sciences sociales à travers des expérimentations, des innovations et des hybridations. C’est le rôle du site internet Archives Fictions & Sciences sociales1 auquel les étudiant-e-s seront invités à participer (notamment en y présentant de projets combinant ou faisant uploads/Litterature/ plan-cours-soc-2163-h20-fernandez.pdf