THOMAS J. BATA LIBRARY TRENT UNIVERSITY platon, les mots et les mythes DU MEME
THOMAS J. BATA LIBRARY TRENT UNIVERSITY platon, les mots et les mythes DU MEME AUTEUR Le même et l’autre dans la structure ontologique du Timée de Platon. Un commentaire systématique du Timée de Platon, Paris, Klincksieck, 1974. Le mythe de Tirésias. Essai d'analyse structurale, Leyde, Brill, 1976. Platon 1958-1975 [Bibliographie analytique], Lustrum, 20, 1977 [1979], EN COLLABORATION Plotin, Traité Sur les nombres (Ennéade VI 6 [34]), introduction, texte grec, traduction, commentaire et index grec par Janine Bertier, Luc Brisson, Annick Charles, Jean Pépin, H.-D. Saffrey et A.-Ph. Segonds, Paris, Vrin, 1980. Porphyre, La vie de Plotin I, travaux préliminaires et index grec complet par Luc Brisson, Marie-Odile Goulet-Cazé, Richard Goulet et Denis O’Brien, Paris, Vrin, 1982. lue brisson \V platon, les mots et les mythes '' Ouvrage publié avec le concours du Centre national des lettres et du Centre national de la recherche scientifique Yrant Unlv*r*iîy Llbrary OMI. FRANÇOIS MASPERO 1, place Paul-Painlevé PARIS V* 1982 Si vous désirez être tenu régulièrement au courant de nos parutions, il vous suffit d’envoyer vos nom et adresse aux Éditions François Maspero, 1, place Paul-Pain- levé, 75005 Paris. Vous recevrez gratuitement notre bulletin trimestriel Livres Partisans. © Librairie François Maspero, Paris, 1982 ISBN 2-7071-1326-3 - Eh bien, mon cher Albert dit Franz 2 3 4, en se retournant vers son ami. que pensez-vous main¬ tenant du citoyen Luigi Vampa l? - Je dis que c’est un mythe, répondit Albert, et qu'il n’a jamais existé. - Qu’est-ce qu’un mythe? demanda Pastri- ni*. - Ce serait trop long à vous expliquer, mon cher hôte, répondit Franz. Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, fin du chapitre 33. 1. Le vicomte Albert de Morcerf. 2. Le baron Franz d’Épinay. 3. Chef de brigands romains dont Pastrini (cf. note 4) vient de raconter les aventures. Au service du comte de Monte-Cristo, il séquestrera Danglars, qui cependant bénéficiera de l’indulgence du comte. 4. Propriétaire de l’hôtel de Londres, place d’Espagne, à Rome, où sont descendus Albert et Franz. Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Kahle/Austin Foundation https://archive.org/details/platonlesmotsetlOOOObris À l’origine, ce travail, qui a pour base une enquête lexicologique sur mûthos, ses dérivés et les composés dont il constitue le premier terme chez Platon, devait faire partie d’une publication commune avec Marcel Detienne. Pour des raisons diverses, cette entreprise ne put voir le jour et, en 1981, Marcel Detienne publiait un livre intitulé : L’Invention de la mythologie (Gallimard, Paris), dont le chapitre V résume bon nombre de mes analyses, les conclusions générales de Marcel Detienne étant cependant radicalement différentes des miennes, comme on pourra le constater en lisant les pages qui suivent. Par ailleurs, je tiens à signaler que, durant l'année scolaire 1980-1981, ce travail a fait l'objet de communications dans le cadre du séminaire de Pierre Vidal-Naquet à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Les discussions - notamment celles avec Pierre Vidal-Naquet - auxquelles ces communications ont donné lieu m’ont permis de modifier mes positions sur plus d’un point. Enfin, je veux remercier Marie-Odile Goulet, Denis O’Brien, Boris Oguibenine, Jean Pépin et Clémence Ramnoux qui ont bien voulu lire le manuscrit de ce livre, en m'indiquant des corrections à apporter et en me faisant des suggestions; et Georges Leroux qui m’a aidé à corriger les épreuves. 9 Introduction Au contraire (de la poésie), la valeur du mythe comme mythe persiste, en dépit de la pire traduction. Quelle que soit notre ignorance de la langue et de la culture de la population où on l'a recueilli, un mythe est perçu comme mythe par tout lecteur, dans le monde entier. La substance du mythe ne se trouve ni dans le style, ni dans le mode de narration, ni dans la syntaxe, mais dans /'histoire qui y est racontée. Le mythe est un langage; mais un langage qui travaille à un niveau très élevé, et où le sens parvient, si l'on peut dire, à décoller du fondement linguistique sur lequel il a commencé par rouler. Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, p. 232. Qu’est-ce qu’un mythe? Cette question porte sur le sens de l’énoncé « x est un mythe ». Mais le sens de cet énoncé n’est pas indépendant du fait de son énonciation Quel acte est donc accompli par le fait de produire l’énoncé « x est un mythe »? Pour Claude Lévi-Strauss1 2, cet énoncé sert à identifier un certain type de contenu discursif, dont il estime qu’il peut être perçu indépendamment de toutes les circonstances particulières qui en expliquent l’origine et la constitution. Or cette identification équivaut à l’attribution du prédicat « mythe » au type de contenu discursif en question. Et cela sans qu’aucune définition ne soit donnée de ce qu’est un mythe. En fait, cette absence de définition résulte d’une difficulté véritable relative au sens du terme « mythe ». 1. Ce type de question relève de la « pragmatique », terme qui désigne un courant actuel de la philosophie du langage. Pour une bonne introduction en français sur le sujet, on peut lire F. RÉCanati, La Transparence et l'énonciation. Pour introduire à la pragmatique, Seuil, Paris, 1979. 2. Le passage cité en exergue est tiré de « La structure des mythes» [1955], Anthropologie structurale, Plon, Paris, 1958, chap. XI, p. 232. Le terme « mythe » résulte d’une transcription du grec ancien püOoç; et cette situation prévaut non seulement en français, mais aussi dans la plupart des autres langues européennes modernes : par exemple, mythos (en allemand), myth (en anglais), mito (en espagnol), mito (en italien) et mif (en russe). Par suite, lorsqu’en français, par exemple, on utilise le prédicat « mythe » pour l’attribuer à un sujet autre que celui qui aurait pu être le sien en Grèce ancienne, on établit une comparaison entre deux faits de culture relevant de deux civilisations différentes, dont l’une est toujours celle de la Grèce ancienne. Ainsi, dire « x est un mythe », revient à dire « x est un mythe (tout comme z en Grèce ancienne) ». L’ « hellénocentrisme », dont rend conscient une ana¬ lyse pragmatique de l’usage du terme « mythe », met donc en évidence la nécessité d’une enquête sur son origine. En Grèce ancienne, le sens de mûthos s’est modifié en fonction des transformations qui ont affecté le vocabulaire du « dire » et de la « parole » au cours d’une évolution historique dont le terme est Platon. Chez Platon, en effet, le sens de mûthos est fixé une fois pour toutes. Lorsqu’il fait un usage premier du vocable mûthos, Platon accomplit deux opérations : l’une descriptive, l’autre critique. À l’aide de ce vocable, il décrit une pratique discursive d’un certain type, tout en émettant un jugement sur son statut par rapport à celui d’une autre pratique discursive considérée comme dotée d’un statut supérieur. D’où la division de ce livre en deux parties. Une première partie décrit le témoignage de Platon sur ce qu’est le mythe comme instance de communication. Le mythe apparaît alors comme ce discours par lequel est communiqué tout ce qu’une collectivité donnée conserve en mémoire de son passé et transmet oralement d’une génération à l’autre, que ce discours ait été élaboré par un technicien de la communication comme le poète, ou non. Prenant la suite, une seconde partie analyse les critiques faites par Platon à ce type de discours qu’est le mythe, à partir du discours qui est le sien comme philosophe, et que, par voie de conséquence, il considère comme doté d’un statut supérieur. De ce point de vue, il est reproché au mythe de n’être ni un discours vérifiable ni un discours argumentatif. Cela n’empêche cependant pas Platon de reconnaître une utilité au mythe, qui devient souvent partie intégrante de son propre discours. 12 introduction Ces conclusions ont été obtenues à la suite d’une enquête lexicologique, dont les résultats ont été consignés dans les annexes 1 et 2. Au cours de cette enquête, n’ont été prises en considération que les occurrences de mûthos et celles de ses dérivés et des composés dont il constitue le premier terme dans les œuvres de Platon généralement considérées comme authentiques; et cela, bien évi¬ demment, en tenant toujours compte du contexte, où se manifestent un certain nombre de relations récurrentes entre ces vocables et plusieurs autres, eux aussi analysés en raison de leur pertinence. Le choix de cette méthode explique le nombre important de citations, quelquefois assez longues qui parsèment chacun des chapitres de ce livre. Tous ces passages ont été traduits sans chercher l’élégance. Pour mettre en évidence un certain nombre de rapports inédits et importants entre vocables pertinents, l’ordre des mots dans la phrase grecque a été préservé quand la chose était possible. Et, pour faire ressortir l’originalité du sens de certains de ces mêmes vocables, des termes français ont été choisis, dont la correspondance étymologique était plus évidente, de préférence à d’autres plus élégants; en outre, les composés ont été rendus par des paraphrases qui en explicitent chacun des termes. C’est enfin par souci de précision que certains termes grecs ont été uploads/Litterature/ platon-les-mots-et-les-mythes-pdf.pdf
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- Publié le Mar 27, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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