Elfe XX-XXI Études de la littérature française des XXe et XXIe siècles 10 | 202

Elfe XX-XXI Études de la littérature française des XXe et XXIe siècles 10 | 2021 Modes de Présence et Fonctions de l'écrivain dans la cité Marie-Hélène Boblet et Simon Bréan (dir.) Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/elfe/2838 DOI : 10.4000/elfe.2838 ISSN : 2262-3450 Éditeur Société d'étude de la littérature de langue française du XXe et du XXIe siècles Référence électronique Marie-Hélène Boblet et Simon Bréan (dir.), Elfe XX-XXI, 10 | 2021, « Modes de Présence et Fonctions de l'écrivain dans la cité » [En ligne], mis en ligne le 01 septembre 2021, consulté le 27 octobre 2021. URL : https://journals.openedition.org/elfe/2838 ; DOI : https://doi.org/10.4000/elfe.2838 Ce document a été généré automatiquement le 27 octobre 2021. La revue Elfe XX-XXI est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International. SOMMAIRE Modes de présence et fonction des écrivains en France. Introduction Marie-Hélène Boblet et Simon Bréan Les formes d’engagement des écrivains : continuité et ruptures Gisèle Sapiro Face à l’égalité, face au réel. Figures de l’écrivain et de la littérature aujourd’hui Boris Gobille À contre-courant Les diverses implications de l’écrivain Michel Tournier dans la cité Arlette Bouloumié Les réserves critiques de Claude Simon Marie Hartmann Modiano romancier, une écriture en état de veille Anne-Yvonne Julien La critique de la société de consommation dans la trilogie allemande de L.-F. Céline Bernabé Wesley Polar : le grand dégagement ? Le sous-champ contemporain des fictions criminelles françaises face à l’engagement Lucie Amir La disparition : un mode d’action politique contemporain ? (Étude de trois romans de Philippe Ségur, Philippe Vasset et Jérôme Leroy) Guillaume Bridet Espace public et littérature Prises de position publiques et politique dans les romans de Marie NDiaye Cécile Châtelet Peut-on penser une posture collective ? Tentative de théorisation à travers l’exemple du collectif inculte Jean-Marc Baud « Écrivain public » : une posture pour la littérature française contemporaine ? Modalités et enjeux des collectes de témoignages Maud Lecacheur Terrain des écrivains contemporains. Représentations, consécrations, institutionnalisations Mathilde Roussigné Entre livre et scène. Performances littéraires et gestes politiques chez Chloé Delaume et Emmanuelle Pireyre Estelle Mouton-Rovira Elfe XX-XXI, 10 | 2021 1 Lire la lumière allumée : rationalité, sentiments et émancipation chez Emmanuelle Pireyre et Alexander Kluge Caroline Glorie Au plus près du réel L’attention à la vie ordinaire comme pratique éthique et politique : le cas des « ethnotextes » d’Annie Ernaux Maryline Heck L’invisibilité sociale est-elle soluble dans la littérature ? Gilets jaunes et délégations littéraires en déroute Justine Huppe La littérature comme réécriture du fait divers sous la plume de Laurent Mauvignier : une capitulation face aux médias ou un combat littéraire ? Anna Krykun La crise des migrants et la question de l’écriture engagée : J.M.G. Le Clézio, Marie Redonnet, Nicole Caligaris et Juliette Kahane Bruno Thibault L’Écopoèthe : émergence d’une nouvelle figure d’auteur en poésie contemporaine Anne Gourio Au-delà de l’animalisme : l’écopoétique comme étude d’une réconciliation entre la Cité et la Nature Alain Romestaing Elfe XX-XXI, 10 | 2021 2 Modes de présence et fonction des écrivains en France. Introduction Modes of presence and function of writers in France. Introduction Marie-Hélène Boblet et Simon Bréan 1 Comment penser, depuis un XXIe siècle déjà bien entamé, le devenir du magistère intellectuel et moral longtemps associé à la légitimité des écrivains, en France et au- delà ? 2 Au cours du XXe siècle, la notion d’engagement a été l’un des points de repère essentiels de l’inscription des écrivains dans l’espace public, parfois même une ligne de partage entre deux conceptions de ce qui devient alors presque une fonction sociale : d’un côté ceux et celles qui, à l’instar de Zola, Malraux ou encore Sartre, s’efforcent de peser dans les affaires de la cité par leurs œuvres comme par leurs prises de position ; de l’autre, ce qui se conçoit comme un refus, une prise de recul, une manière de se soustraire à un appel à l’action. Une ligne de partage plus mouvante et indécise qu’il n’y paraît, au fur et à mesure qu’interviennent compagnonnages et ruptures, ou que l’époque impose avec plus de force et d’urgence la nécessité de prendre position. Ainsi des évolutions individuelles depuis le mouvement Dada, en grande partie issu d’une critique des nationalismes européens, voué à dessiner un espace artistique affranchi de tout engagement, vers l’ambivalence progressive d’un surréalisme se rapprochant d’un Parti communiste, qu’embrasse de manière décisive un Aragon dessinant dans ses romans et recueils poétiques l’horizon d’une action à la fois politique et littéraire. 3 Les conflits armés – guerres mondiales, guerre froide, décolonisations – ou les crises de la société – montée du fascisme, mai 68 – placent les écrivains en situation de choisir des modes d’action, comme individus ou comme artistes, choix qui donnent forme à leurs œuvres, à leurs carrières en même temps qu’à leurs vies. Même s’ils distinguent avec rigueur entre l’action politique et la création littéraire, leurs œuvres sont relues à la lumière de leur engagement : les Feuillets d’Hypnos ne sont certes pas Les Yeux d’Elsa, mais l’art poétique de René Char peut difficilement être perçu dans ce recueil hors de toute référence à la Résistance. L’entrelacement entre convictions personnelles et prises de position, persona publique et aura artistique, connaît de très nombreuses Elfe XX-XXI, 10 | 2021 3 variations selon qu’on envisage les figures de Malraux ou Sartre, ou encore de Drieu ou Céline, mais dans tous ces cas, la littérature, fiction, essai ou pamphlet, fonde un appel à l’action que les écrivains tâchent d’incarner dans leur personne même, en assumant en somme une impossibilité à séparer l’artiste de son œuvre. 4 À cet égard, mai 68 marque, peut-être, un point d’apogée, mais aussi le début de l’épuisement de cette conjonction entre littérature et politique que Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre s’efforcent pourtant encore de porter au plus haut. C’est en tout cas, de manière significative, la période sur laquelle – cinquantenaire aidant – de nombreux chercheurs, sociologues et historiens de la littérature, ont fait porter leur attention récemment, pour identifier, bien sûr, les idiosyncrasies d’un moment historique très singulier, mais aussi pour souligner à quel point elle a ouvert le champ à de profondes, et souvent fécondes, remises en causes1. 5 C’est de ces reconfigurations du champ littéraire que le numéro 10 de la revue ELFe XX- XXI entend proposer un premier état des lieux, dans le prolongement des travaux engagés lors du 2e congrès de la SELF XX-XXI, en analysant les modes de présence des écrivains dans la cité, et leurs fonctions, au fil des XXe et XXIe siècles. Il croise donc les éclairages apportés par les études littéraires et la sociologie de la littérature, et plus récemment par les courants des cultural studies tels les subaltern studies ou l’écopoétique. Sans prétendre évidemment à l’exhaustivité, il cherche à rendre compte de l’évolution des interventions publiques des auteurs, de leurs positions par rapport à l’actualité de questions politiques et sociales, de la distance prise, pour ceux de la littérature du second XXe siècle et du XXIe siècle, avec la figure sartrienne de l’écrivain engagé, qu’il se qualifie d’impliqué2 ou d’affecté. Le numéro se compose de trois sections, précédées d’articles synthétiques de Gisèle Sapiro et de Boris Gobille sur l’évolution historique des formes de l’engagement littéraire, et sur ce qu’induit aujourd’hui la démocratisation des espaces et l’égalisation des paroles « face au réel » et à l’actualité. 6 Sans jamais perdre de vue que l’œuvre littéraire est une forme symbolique qui porte une vision du monde (percepts, affects, concepts), et que la fiction propose au lecteur un monde possible à l’aune duquel il peut évaluer le monde réel dans lequel son expérience se constitue, Gisèle Sapiro ouvre le numéro sur un questionnement historique : « Les formes d’engagement des écrivains : continuité et ruptures ». La figure de l’écrivain engagé incarnée par Sartre remonte à la prise de position de Voltaire dans L’Affaire Calas et perpétue un entrelacs du champ politico-cuturel et du champ littéraire. Or la séparation des pouvoirs symbolique/politique depuis le second Empire a fragilisé cette autorité, définitivement ruinée par le Nouveau Roman, le formalisme de l’après Seconde Guerre mondiale et le discrédit du communisme. L’expert a remplacé l’intellectuel, dont le point de vue total sur le monde est remis en cause au profit de la reconnaissance de savoirs singuliers. Mais la dépolitisation induite par ce mouvement connaît elle-même de nouveaux soubresauts, et l’on assiste au XXIe siècle à une repolitisation des écrivain.e.s. Pour envisager de manière panoptique le sujet, Gisèle Sapiro propose de soumettre à quatre catégories idéal-typiques les écrivains, de la fin du XIXe siècle (Paul Bourget) à Michel Houellebecq ou Chloé Delaume : notables, esthètes, avant-gardistes, polémistes. Les notables, établis, voire consacrés, défendent une morale, et l’ordre en général, de Henry Bordeaux au Malraux des Chênes qu’on abat. Les esthètes usent du travail de la forme et de la mise en fiction pour remettre en cause les hiérarchies sociales, raciales et genrées, et dénaturaliser les mécanismes par lesquels s’exerce la violence symbolique dans divers espaces socio- uploads/Litterature/ elfe-2838.pdf

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