introduction Le Chant d’al-Andalus " En Andalousie tout le monde savait lire et
introduction Le Chant d’al-Andalus " En Andalousie tout le monde savait lire et écrire, alors qu’en Europe l’ignorance battait son plein, excepté les sphères de la religion" Une anthologie de la poésie arabe d’Espagne par Patrick Mégarbané Pendant près de huit siècles – de la conquête omeyyade en 711 à la chute de Grenade en 1492 –, la poésie arabe s’épanouit avec une souplesse et une vigueur admirables sur le sol andalou. Le Chant d’al-Andalus rassemble les voix de quarante poètes, hommes ou femmes, princes ou gens du peuple, courtisans ou soufis ; les différents genres poétiques sont déclinés à travers leur diversité régionale et leur évolution au cours des siècles. L’Andalousie est une région des plus fascinantes, et la période arabo- andalouse constitue l’Age d’Or de la civilisation musulmane, dont la péninsule ibérique fut le foyer culturel (VIIIe au XVe). Aujourd’hui, elle demeure un symbole de raffinement, de rayonnement culturel, et d’essor scientifique. La musique andalouse est une des plus vivaces représentations de cet art de vivre, qui est intrinsèquement lié au corpus poétique des muwashahat, considéré comme le précurseur du Fine Amor, et de ses chantres Influences et diffusions Enrichi au fil du temps, évoluant dans une mouvance multiculturelle, l’écriture du muwhashah et sa mise en musique est marquée par un métissage linguistique et mélodieux à l’image de l’Andalousie médiévale; une mosaïque où cohabitent berbères nord africains, arabes, persans, juifs séfarades, coptes et espagnoles… Mais c’est sans conteste le musicien et théoricien Ziryab, contemporain de Haroun el Rachid (IX siècle) qui opéra une rupture épistémologique et une impulsion nouvelle avec la codification modale du muwashah, en introduisant les noubas : des suites de pièces musicales. D’origine irakienne, il devint dès son arrivée à Cordoue, un des favoris à la cour des califes omeyyades. La diffusion de cette musique au Maghreb et au Mashrek se fait avant la chute de l’Andalousie musulmane, mais c’est à partir de 1492 avec le départ massif de la diaspora morisque vers les pays d’Afrique du Nord, que ces derniers deviennent un foyer d’accueil. On assiste dès lors à l’émergence de nouvelles formes d’expressions. La poésie amoureuse : Le Nasib, Le Ghazal, Le Tasbib 01 La poésie amoureuse à l’époque andalouse : L’interpénétration des Musulmans, des Chrétiens et des juifs, surtout dans les grandes villes, favorisait souvent la naissance de sentiment amoureux entre adeptes de religions différentes. Les andalous ont aussi évoqué leurs aventures, le souvenir d’une aimée, la lamentation sur le campement abandonné, l’adresse aux vestiges du campement, leur description, l’évocation des traits de la belle. Nous donnons exemple du poète Ibn Hâni’ al-Andalousî avec ses deux compagnons, vient se recueillir en quête du souvenir de l’être aimé : 1- (Compagnon fidèle), soutien charitable dans mon malheur détourne ta monture (vers le campement), comme Je l’ai fais pour toi maguère, lorsque je versais mes larmes sur les tentes et que tu pleurais aussi . 2- Striant le ciel de ses traînées flamboyantes, il augmente En moi la nostalgie de celle en qui il ne suscite aucun souvenir. Le Ghazal الغزل Etymologie Le premier sens donné au mot « ghazal » est un sens : « Travailler la laine » . Ce mot « ghazal « est dérivé de la racine « gazl « qui signifie « filer », tourner autour. L’homme tourne autour de la femme dans un mouvement comparable à celui du fil s’enroulant à la quenouille (migzal. ( Le mouvement pourrait être similaire entre le miğzal et le mutagazzil - celui qui tient des propos galants- Le genre de ghazal était très apprécié chez les Arabes et dans les pays voisins, puisque ce même terme a passé en persan, en Turc et en ourdou. D’autre part cette même racine a donné en français et dans plusieurs langues européennes le nom de la gazelle. Le verbe français « galer » qui correspond mieux au terme arabe « tagazzala زغتEEل « a disparu de la langue française et figure parmi les mots médiévaux hors l’usage. Les critiques poétiques arabes anciens ont défini le ghazal: " La juvénilité et l’irresponsabilité à propos de l’affection des femmes " Pour Ibn Manzûr c’est : " La causerie des jeunes gens et des filles " Pour Abu Rub : " C’est la poésie qui chante la beauté physique et morale de la femme ou de l’homme, relative à l’homme, dans un cadre séduisant, caractérisé par l’unité du sujet " Pour Blachère : " Il désigne à la fois la chanson d’amour et la poésie courtoise. " Le nasib النسيب Le nasîb est un genre lyrique comme le gazal, mais placé au début de la qasîda, il désigne le prologue par lequel s’ouvre traditionnellement la qasîda et ouvre la voie à d’autres thèmes comme le panégyrique et la satire. Il constitue le terme générique le plus ancien et qu’il a toujours été appliqué à la poésie d’amour en général. Le terme « nasîb » signifie le gendre ou l’appartenance: Etablir une relation ou être en rapport avec celui qui a l’attention de se rapprocher de quelqu’un par le mariage ou de lier une relation avec autrui, ou encore d’attribuer des qualités à une personne. Le nasîb répond à un besoin chez le poète. Il comporte deux temps : celui où le poète parle, celui où il est amoureux. Les poètes préislamiques ne consacrent pas au nasîb de longs poèmes spéciaux, mais quelques vers où ils expriment leurs douleurs, évoquent la séparation et décrivent la beauté de l’aimée, alors qu’ils consacraient au gazal des poèmes spéciaux dont la dimension variable va de deux ou trois à une vingtaine de vers. Autrement dit, la différence existant entre les deux termes gazal et nasîb est la suivante : Ibn-qudama définit ainsi le nasîb : " C’est le rappel du physique et du moral des femmes, la conjugaison des conditions de l’amour pour elles (…). Le nasîb semble être le pendant du Ghazal " " Le ġhazal consiste seulement à de venir célèbre par ses amours et sa passion pour les femmes, tandis que le nasib nous semble souvent artificiel et composé pour plaire et s’assurer la bienveillance de l’auditoire. " Le tašbib التشبيب Le tašbib Le terme tašbib est moins utilisé que les deux autres termes. dérive de šabab, « juvénilité, jeunesse » Cette racine désigne l’éloge de la beauté d’une femme. Il est utilisé aussi pour signifier le feu qui s’élève en flammes, les sentiments amoureux enflammés, le mixage de deux éléments et de deux couleurs contrastantes Dans l’encyclopédie de l’Islam : " Tashbib, désigne le comportement séducteur d’un homme qui désire une relation avec une femme, équivalent de « faire le beau », « tenir des propos galants », « séduire » et à l’extrême, surtout lorsque le galant est également poète : « déclaration d’amour ". La poésie d’amour pour cette catégorie s’adapte à la nouvelle vie musulmane, dont on sait qu’elle attribua un nouveau statut à la femme. Elle devient l’objet central du tašbib. Le tašbib est relatif au chant de la beauté féminine. Les trois termes « ġazal », « nasīb », « tasbīb » signifient la conversation avec la femme et la relation qui s’établit à l’occasion de cette relation et les divers effets de cette relation. Le tašbib dans la poésie d’amour Le ghazal Il faut remarquer que les définitions que nous venons de mentionner ne font aucunement état des distinctions que certains critiques établissent entre les 3 types le fait de s'entretenir avec la femme Le tasbib Le nassib une description des parties du corps de la femme l'évocation du sentiment amoureux proprement dit Mouwachah موشح L’origine du Mouachah Le mouachah, un mot arabe qui désigne un poème à structure libre, en arabe ou en hébreu. Il tire son origine de washaha, (verbe), qui veut dire embellir ou orner, et de wishah (substantif); lequel est un mot arabe, qui désigne une ceinture ou une étole perlée et ornée de pierres, que portaient autrefois les femmes andalouses sur l’épaule. Cette allégorie est significative; elle souligne le caractère novateur du muwashah en matière de prose poétique en opposition, à la qasida, laquelle est une forme poétique monorimique de l’Arabie préislamique. Les mouachahat ont pour thème l’amour courtois, les jardins ou le vin. َأيُّها الساقي ِإلَيكَ المُشتَكى قَد دَعَوناكَ وَِإن لَم تَسمَع وَنَديمٍ هِمتُ في غُرّتِه وَشَرِبت الراحَ مِن راحَتِه كُلَّما اِستَيقَظَ مِن سَكرَتِه َ الزِقَّ ِإلَيهِ واتكأ جَذَب وَسَقاني َأربَعاً في َأربَع غُصنَ بانٍ مالَ مِن حَيثُ اِستَوى باتَ مَن يَهواهُ مِن فَرطِ النَوى خافِقُ اَألحشاءِ موهونُ القُوى كُلَّما فَكَّرَ في البَينِ بَكى ما لَهُ يَبكي لِما لَم يَقَع ِما لِعَيني عَشيت بِالنَظَر َِأنكَرَت بَعدَكَ ضوءَ القَمَر عَشِيَت عَينايَ مِن طولِ البُكا وَبَكى بَعضي عَلى بَعضي مَعي Ayuha alsaqi, mouachah andalou du XI siècle La structure poétique du mouachah et l'importance de la khardja Les muwashshah sont soit des chansons panégyriques ou des chansons d'amour. Leur schéma de rimes est le suivant : bbbaa cccaa dddaa eeeaa fffAA Une autre particularité du mouachah réside dans les vers finaux (AA) de la dernière strophe, appelés khardja. uploads/Litterature/ poesie-de-la-musique-andalouse 1 .pdf
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- Publié le Jui 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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