L a p o n c t u a t i o n La ponctuation est le système des signes graphiques q

L a p o n c t u a t i o n La ponctuation est le système des signes graphiques qui contribuent à l'organisation d'un texte écrit en apportant des indications prosodiques, marquant des rapports syntaxiques ou véhiculant des informations sémantiques. 1. Le p o i n t marque la fin d'une phrase, simple ou complexe; il doit être suivi d'une majuscule. Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea. (Alphonse Daudet) Mais le point peut parfois isoler des segments qui ne correspondent pas à une phrase canonique. Le jeu est dangereux. Je suis sûre que nous avons laissé des traces. Par ta faute. Nous en laissons chaque fois. (Jean Genet) Ce procédé est très utilisé en littérature contemporaine. Le point se place aussi après tout mot écrit en abrégé. P.S. (post-scriptum) S.V.P. S'il vous plaît. 2. Le p o i n t d ' i n t e r r o g a t i o n s'emploie après toute phrase exprimant une interrogation directe. Qu'est-elle devenue? 3. Le p o i n t d ' e x c l a ma t i o n se met après une exclamation. Malédiction! On me persécute! Assez! Égorgez les chiens, le bouffon! Je suis la proie des chiens! Debout! (M. De Ghelderode) 4. Le p o i n t - v i r g u l e marque une pause intermédiaire entre le point et la virgule. De ce fait, sa valeur penche du côté de l'un ou de l'autre. Il arriva un jour vers trois heures; tout le monde était aux champs. (Flaubert) Comme point affaibli, le point-virgule peut séparer des propositions indépendantes (juxtaposées ou coordonnées), mais il ne peut clore un texte et n'est pas suivi d'une majuscule. Les propositions séparées par un point-virgule forment un ensemble dont l'enchaînement n'est pas fortement interrompu comme ce serait le cas avec le point. Exister, c'est être là, simplement; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. (Sartre) 5. La v i r g u l e marque une faible pause. Sa valeur légère est contrebalancée par la complexité de son utilisation en français, en grande partie déterminée par des raisons stylistiques. Elle a pour rôle d'isoler un terme dans le déroulement de la phrase. On met la virgule a) en général, pour séparer lés éléments semblables (sujets, compléments, épithètes, attributs) non unis par et, ou, ni. Il fut la cause de cent douze suicides, de neuf crimes sensationnels, d'innombrables faillites, ruines et débâcles financières. (J. Ray) b) pour séparer tout élément ayant une valeur purement explicative. Chez les Guyaki, Indiens nomades du Paraguay, la division sexuelle des tâches est fortement marquée. (M.-Fr. Fauvet) c) après le complément circonstanciel placé en tête de phrase (sauf dans le cas de l'inversion verbe/sujet). Ce soir-là, leurs regards s'étaient rencontrés. (A. De Villiers de L'Isle-Adam) Au sortir du bois coule la rivière de Parts. (Voltaire) d) pour isoler les mots qui forment pléonasme ou répétition. Rien n'arrête leur course, ils vont, ils vont, ils vont! (V. Hugo) Et pourtant, moi, je connais bien Bérénice. (R. Dubillard) e) pour isoler une proposition relative explicative (qui peut être supprimée). Quelques médecins de la cour, qui revenaient dîner, passèrent auprès de la chaise. (Voltaire) Mes élèves, qui s'étaient bien préparés, ont tous été reçus. La relative explicative s'oppose à la relative déterminative ou restrictive. Les candidats qui ont obtenu la moyenne ont été déclarés reçus. Les Alsaciens qui boivent de la bière sont obèses. Le roman que je viens de finir me plaît beaucoup. f) pour marquer l'ellipse d'un verbe ou d'un autre mot exprimé dans une proposition précédente. Le devoir des juges est de rendre la justice; leur métier, de la différer. (J. De La Bruyère) 6. Les d e u x p o i n t s s'emploient a) pour annoncer une citation, un discours direct: Quand Verlaine dit: « L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable », c'est une superbe imagination lyrique. (M. Kundera) b) pour annoncer l'analyse, l'explication, la conséquence, la synthèse de ce qui précède. Il n'y a pour l'homme que trois évènements: naître, vivre et mourir. (J. De La Bruyère) 7. Les p o i n t s d e s u s p e n s i o n indiquent que l'expression de la pensée reste incomplète par réticence, par convenance ou pour une autre raison. Je me verrai trahir, mettre en pièces, voler, Sans que je sois... Morbleu! Je ne veux point parler. (Molière) 8. Les g u i l l e me t s s'emploient pour encadrer une citation ou un discours direct. Buffon a écrit: « Le cheval est la plus noble conquête que l'homme ait faite. » Les guillemets peuvent aussi isoler un mot appartenant à une langue étrangère ou un mot étranger au langage courant. Les guillemets permettent de marquer une distance par rapport aux termes rapportés: distance par rapport à un terme argotique ou un néologisme qu'il introduit prudemment ou distance ironique. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu'on nous décrit. (Denis de Rougemont) 9. Les p a r e n t h è s e s marquent l'insertion d'un élément plus ou moins court, détaché et isolé par rapport à la phrase. L'élément isolé par les parenthèses peut être totalement indépendant du contexte où il est inséré, alors qu'un terme détaché à l'aide d'une virgule garde un lien syntaxique avec la phrase. Il ne la croyait pas (mais, au vrai, ce qu'elle disait, était-ce croyable?). (Mauriac) 10. Les c r o c h e t s d r o i t s , moins usités, présentent des variantes des parenthèses: ils alternent avec les parenthèses, essentiellement pour éviter les confusions qu'une accumulation de parenthèses pourrait créer. 11. Le t i r e t s e u l s'emploie dans un dialogue pour indiquer le changement d'interlocuteur. Comment ça va sur la terre? ̶ Ça va, ça va, ça va bien. (Tardieu) 12. Les t i r e t s d o u b l e s jouent le même rôle que les parenthèses (isoler un élément dans un texte) mais à la différence des parenthèses, il met en relief l'élément isolé. Il ne s'agissait pas de revenants ̶ ces histoires ne m'intéressaient guère ̶ mais de bien autre chose qu'il n'aurait su décrire, ni même désigner d'un nom. (J. Green) Le tiret n'est pas répété si la fin du groupe qu'il isole coïncide avec la fin de la phrase. Le « fraisier stérile » ne mérite pas ce nom: il porte bel et bien un fruit ̶ mais qui ne vaut pas un petit coup de cidre... (La Hulotte) 13. La b a r r e o b l i q u e a été introduite au XXe siècle pour remplacer une conjonction de coordination, en particulier dans des expressions elliptiques. La portée sociologique du concept Langue/Parole est évidente. (R. Barthes) GREVISSE (M.), Le petit Grevisse, Grammaire française, Bruxelles, De Boeck/Duculot, 2009. HOUDART (O.) et PRIOUL (S.), La ponctuation ou l'art d'accommoder les textes, Paris, Seuil, 2006. RIEGEL (M.), PELLAT (J.-C.) et RIOUL (R.), Grammaire méthodique du français, Paris, P.U.F., 1994, coll. “Linguistique nouvelle”. Coll. de poche P.U.F. Quadrige, 2009. uploads/Litterature/ ponctuation-theorie 1 .pdf

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