1 Noémie Turmel (111 240 995) 15 avril 2022 Raphaëlle Gauvin (111 185 264) Rach
1 Noémie Turmel (111 240 995) 15 avril 2022 Raphaëlle Gauvin (111 185 264) Rachel Massicotte (111 183 498) Portrait de traductrice : Sheila Fischman La traduction est un service qui, de plus en plus, prend une grande importance partout dans le monde en raison du phénomène de mondialisation. Toutefois, le Canada est un pays dans lequel cette pratique a, historiquement, toujours été nécessaire. À l’arrivée des Français sur le territoire, des traducteurs et interprètes ont dû travailler à faciliter la communication entre les autochtones et les colonisateurs. Ces besoins ont multiplié à l’arrivée des Anglais sur le territoire. Depuis, l’aménagement linguistique du Canada plonge le pays dans un état de bilinguisme constant. Les besoins de traduire sont donc présents dans plusieurs sphères de la vie quotidienne des Canadiens, soit la culture, la politique, l’administration, la juridiction, l’éducation, etc. Sur le plan culturel, le Canada compte une grande traductrice qui a tenu un immense rôle dans la littérature du pays : Sheila Fischman. Dans le cadre de ce travail, il sera question du parcours de madame Fischman, de sa vie, de sa carrière, de ses accomplissements et de sa perception du métier de traductrice. Afin de bien dresser ce portrait d’une actrice aussi importante au sein de la littérature canadienne, une courte analyse de sa traduction du roman intitulé Ru de l’auteure à succès, Kim Thúy, sera présentée en deuxième partie. 1. Biographie, carrière et perspective traductologique Sheila Fischman est née le 1er décembre 1937 en Saskatchewan. À l’âge de deux ans, ses parents déménagent à Elgin, un village d’environ 300 habitants en Ontario situé à quelques lieues de Kingston. Dès son très jeune âge, Sheila Fischman est adepte de la lecture. C’est aussi à cet âge qu’elle devient plus consciente des différences culturelles puisque sa famille et elle étaient la seule famille juive du village. À l’adolescence, les parents de Sheila Fischman déménagent à Toronto afin d’offrir à leurs enfants de plus vastes opportunités d’études et de carrière. Cette période marque le début de son apprentissage du français. Alors 2 qu’elle n’avait auparavant eu comme enseignants de français que des anglophones, Sheila fait éventuellement la rencontre de T.J Casaubon, enseignant de français franco-ontarien, qui lui donne une tout autre perception de la langue française et l’introduit à la littérature francophone.1 Après avoir étudié la chimie et l’anthropologie, Sheila Fischman ne trouve véritablement sa vocation que lorsqu’elle s’installe à North Hatley, un village d’environ mille personnes situé près du lac Massawippi, avec son mari, le poète Douglas Gordon Jones. Ce village était à l’époque constitué de deux communautés littéraires bien distinctes : l’une d’elles était anglophone, l’autre était francophone. Avec ces deux communautés, Sheila Fischman a vécu de nombreuses soirées improvisées où elle accueillait les artistes des deux groupes chez elle dans le cadre de soirées arrosées destinées aux échanges littéraires. Ces soirées ont été la cause de son épiphanie : son souhait était de faire tout en son pouvoir pour détruire les barrières qui séparaient les anglophones des francophones et d’utiliser son bilinguisme à bon escient afin de rapprocher ces deux communautés.2 Même si Sheila Fischman possédait toujours des connaissances rudimentaires du français à cette époque, elle était déterminée à le maîtriser et à pouvoir entretenir des conversations du français « vivant ». Pour parfaire ses aptitudes linguistiques, elle entreprend de traduire les poèmes d’un auteur québécois et c’est de cette façon que Sheila Fischman a défié l’idée qu’un traducteur doit être complètement bilingue dans les deux langues afin d’être apte à traduire. Après avoir commencé par un texte d’Anne Hébert, Sheila abandonne rapidement en raison de la difficulté du texte. Cependant, un jour, son voisin, Roch Carrier, lui remet l’un de ses recueils de poèmes pour qu’elle le traduise. À l’aide d’un dictionnaire et de l’aide de son entourage, elle relève le défi avec succès et entame par la suite la traduction du nouveau roman de 1 Whitfield, A. (2006). Writing between the lines : portraits of canadian anglophone translators. Wilfrid Laurier University Press. Chap.7 Sheila Fishman The Consummate Professional by Pamela Grant (p. 169-201) Adresse URL : https://www-deslibris-ca.acces.bibl.ulaval.ca/ID/405763 2 Juifs d’ici. Sheila Fischman. Adresse URL : https://www.juifsdici.ca/sheila-fishman/ 3 Carrier, La Guerre, Yes Sir ! qui marque son entrée dans la cour des grands.3 Elle profite d’ailleurs de l’occasion pour dédier cette première traduction à son enseignant d’autrefois, T.J Casaubon, qui lui aura permis de suivre cet amour pour le français et d’y trouver sa vocation. Durant cette période, Sheila fonde, avec son mari, le périodique semestriel Ellipse : Oeuvres en traduction/Writers in Translation afin de permettre au lectorat anglophone et au lectorat francophone de découvrir des poètes dans les deux langues.4 À partir de ce moment, la traductrice gagne en réputation et devient de plus en plus convoitée par de multiples auteurs francophones alors qu’elle démontre une volonté, au-delà de l’intérêt politique, de rendre la littérature francophone accessible au Canada anglais. Entre-temps, en 1972, son mariage avec D.G. Jones s’est terminé ce qui lui a permis de déménager à Montréal et d’y fonder l’Association des traducteurs littéraires du Canada pour faire valoir leurs talents en tant qu’artistes.5 Des années plus tard, après avoir traduit une multitude de romans, Sheila ajoute Anne Hébert à son répertoire d’auteurs avec qui elle aura travaillé et boucle la boucle. En effet, alors que sa faible maîtrise du français l’avait autrefois empêchée de traduire Le Torrent d’Anne Hébert, une dizaine d’années plus tard, elle développe une relation professionnelle illustre avec l’auteure. Tout au long de sa carrière, Sheila Fischman a trouvé divers moyens pour promouvoir la littérature québécoise auprès des lecteurs anglophones. Par exemple, à l’aide de ses contacts, elle a incité les maisons d’édition à présenter les œuvres québécoises aux lecteurs anglophones sans hésiter à mettre en contact divers auteurs avec des traducteurs et des maisons d’édition. De plus, elle a par elle-même entrepris de traduire de plusieurs œuvres francophones vers l’anglais. Responsable d’une accessibilité massive des œuvres françaises au Canada anglais, Sheila Fischman a parlé, lors de nombreuses occasions, 3 Godbout, P. (2004). Traduction littéraire et sociabilité interculturelle au canada, 1950-1960 (Ser. Collection regards sur la traduction). Presses de l'Université d'Ottawa. Page 217. Adresse URL: https://www-deslibris- ca.acces.bibl.ulaval.ca/ID/403819 4 Ordre national du Québec. (2008). Sheila Fischman. Adresse URL : https://www.ordre-national.gouv.qc.ca/membres/membre.asp?id=2366 5 The Canadian Encyclopedia. Sheila Fischman. Adresse URL : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/sheila-fischman 4 au nom des traducteurs littéraires canadiens, elle a été invitée sur différents panels du milieu et elle a donné une panoplie d’entrevues. De plus, tout au long de sa carrière, elle a milité pour la reconnaissance des traducteurs et a dénoncé l’anonymat dans lequel ils sont souvent plongés. Au-delà de ses compétences en traduction, elle a aussi travaillé comme auteure et critique littéraire pour le Globe and Mail de Toronto et le Montreal Gazette, réviseure, et éditrice chez le Montreal Star.6 7 Il est clair, sans l’ombre d’un doute, que l’influence de madame Fischman dans le milieu linguistique du Canada est importante et les nombreux prix et distinctions dont elle a été lauréate en témoignent. Parmi ceux-ci, on compte le Prix Molson du Conseil des arts de 2008, son obtention de deux doctorats honoris causa, ainsi que le prix du gouverneur général en traduction en plus d’être chevalière de l’Ordre du Canada depuis l’an 2000 et de l’Ordre national du Québec depuis 2008.8 9 L’arrivée de madame Fischman à North Hatley dans les Cantons-de-l’Est, lui a permis de rencontrer l’auteur Roch Carrier pour qui elle a traduit la nouvelle L’oiseau de la collection de 1964 Jolis Deuils de cet auteur et le roman La Guerre, Yes Sir ! qui a connu un grand succès en librairie au Canada anglais. Avec l’aide de Roch Carrier, elle a traduit ce roman qui contenait de nombreux jurons québécois. Ces jurons se trouvent en grand nombre dans le texte original et ils sont considérés comme des éléments importants de celui-ci. Face à cette difficulté de traduction, elle a décidé de garder les jurons dans la formulation originale écrite par l’auteur, ce qui a donné des résultats tels que : « Calice de ciboire d’hostie ! Christ en bicyclette sur son Calvaire ! So you think we enjoy ourselves in the war? »10 Cette décision 6 Whitfield, A. (2006). Writing between the lines: portraits of canadian anglophone translators. Wilfrid Laurier University Press. Chap.7 Sheila Fischman The Consummate Professional by Pamela Grant (p. 169-201) Adresse URL : https://www-deslibris-ca.acces.bibl.ulaval.ca/ID/405763 7 Ordre national du Québec. (2008). Sheila Fischman. Adresse URL : https://www.ordre-national.gouv.qc.ca/membres/membre.asp?id=2366 8 Ordre national du Québec. (2008). Sheila Fischman. Adresse URL : https://www.ordre-national.gouv.qc.ca/membres/membre.asp?id=2366 9 LTAC. Sheila Fischman. Adresse URL : https://www.attlc-ltac.org/en/translator/sheila-fischman-en/ 10 Whitfield, A. (2006). Writing between the lines : portraits of canadian anglophone translators. Wilfrid Laurier University Press. page 170. Adresse URL : https://www-deslibris-ca.acces.bibl.ulaval.ca/ID/405763 5 a permis à la traductrice d’obtenir un résultat fidèle à l’original puisque la traduction des jurons aurait donné un résultat loin de l’effet de départ voulu et la modification ou l’effacement de ceux-ci étaient impossibles. Elle a continué à travailler à North Hatley jusqu’à son déménagement à Montréal en 1972. Elle uploads/Litterature/ portrait-d-x27-un-traducteur-sheila-fischman-3.pdf
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- Publié le Jul 23, 2021
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- Langue French
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