Du même auteur Le Manteau de Noé Essai sur la paternité Desclée de Brouwer, 199

Du même auteur Le Manteau de Noé Essai sur la paternité Desclée de Brouwer, 1991 (3e édition) Malaise dans la psychanalyse (avec Christian Hoffmann et Moustapha Safouan) Arcanes, 1995 L’Étrange Jouissance du prochain Éthique et psychanalyse Seuil, « La Couleur des idées », 1995 La Féminité voilée Alliance conjugale et modernité Desclée de Brouwer, 1997 Tu quitteras ton père et ta mère Aubier-Flammarion, 2000 et « Champs », 2002 Psychose, perversion, névrose La lecture de Jacques Lacan Erès, 2000 Philippe Julien Pour lire Jacques Lacan Le retour à Freud E.P.E.L. La première édition de cet ouvrage a paru en 1985 aux éditions Erès à Toulouse, puis a été suivie d’une nouvelle édition, en 1990, aux éditions E.P.E.L. sous le titre Le Retour à Freud de Jacques Lacan. L’application au miroir. ISBN 2-02-022864-5 (isbn 2-908855-01-1, publication de 1990) © E.P.E.L., 29, rue Madame, 75006 Paris, 1990 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de ia propriété intellectuelle. À ceux dont la passion qui du vrai les brûla a fait d’eux une proie des chiens de leurs pensées. Sommaire Introduction Première partie L’ombre de Freud Chapitre un Le mal d’être deux Chapitre deux Mon cher semblable, mon miroir Chapitre trois La connaissance paranoïaque Deuxième partie Un retour à Freud Chapitre un La chose lacanienne Chapitre deux L’exhaustion dans le symbolique Chapitre trois La fabrique d’un cas d’acting-out Troisième partie Le transfert Chapitre un Un changement de lieu Chapitre deux Une question éthique Chapitre trois Une métaphore de l’amour Quatrième partie Vers le réel Chapitre un Une démarche cartésienne Chapitre deux Une opération littérale Chapitre trois Un enjeu pulsionnel Cinquième partie Un autre imaginaire Chapitre un Le trou dans l’imaginaire Chapitre deux L’imagination du triple trou Chapitre trois L’imaginaire de la consistance Conclusion Le psychanalyste appliqué au miroir Introduction Résumant ce que fut son enseignement, Lacan avouait un jour, peu avant sa mort : « Je suis un traumatisé du malentendu. Comme je ne m’y fais pas, je me fatigue à le dissoudre. Et du coup, je le nourris » (10 juin 1980). Passant son temps à l’entretenir, il fut un clinicien passionné par la paranoïa, au risque de laisser croire qu’un coup de folie vaut mieux qu’une triste névrose. Il fut un déchiffreur d’énigmes relisant le texte de Freud, au risque de laisser croire que tout est en Freud, s’il est bien lu. Il fut un magicien du verbe et un homme de la lettre, au risque de laisser croire que l’analyse est une suite de gags. Il fut un chercheur rigoureux et précis, se soumettant aux contraintes scientifiques, au risque de laisser croire que la psychanalyse est une science ou elle n’est pas. Il fut un pédagogue amoureux des jeunes et appelant les derniers venus à se manifester, au risque de laisser Croire que manifester, c’est mettre dehors les premiers. Or, dénoncer le malentendu n’est pas le dissoudre. Le 19 avril 1970, voulant mettre les points sur les i, il déclarait : « Ce qu’il me faut bien accentuer, c’est qu’à s’offrir à l’enseignement, le discours psychanalytique amène le psychanalyste à la position du psychanalysant, c’est-à-dire à ne produire rien de maîtrisable, malgré l’apparence, sinon au titre de symptôme » (1). Mais, il ne suffisait pas qu’il le dise pour qu’il en fût réellement ainsi. Ses auditeurs ont entendu sa parole autrement. Telle est exactement ce que Lacan appellera la « raison d’un échec » : échec d’un enseignement et par là de l’École qu’il avait fondée sur celui-ci. Comment s’en étonner ? C’est par la bévue du malentendu que l’inconscient nous fait entrevoir quelque peu le réel. Et alors, l’analyse peut y trouver sa fin, soit remplacer le malentendu hérité de nos ancêtres par un autre, celui de l’écart entre le dire-vrai et le réel. À une condition : recueillir ce qui de la parole a effet d’écrit, en tant que c’est de la parole que l’écrit se fraye une voie. Passer à l’après-Lacan Cette condition est la nôtre aujourd’hui, situés que nous sommes dans l’après-Lacan. Qu’est-ce à dire ? Non pas simplement : il y a Freud, puis Lacan, puis l’après-Lacan. Cette successivité de l’ordre chronologique ne convient pas. Il ne suffit pas que Lacan ait fait silence et interrompu son enseignement pour que, quant à nous, nous soyions en ce troisième temps de l’après-Lacan. Ce n’est pas un temps linéaire, inéluctable. Cet après- Lacan est à établir par une position subjective qui ne va pas de soi, comme d’être bon gré mal gré en 1985. La condition de cette opération est de reconnaître que depuis la mort de Lacan, nous sommes désormais dans un temps d’oubli. Ce n’est pas que nous ayions perdu la mémoire. Mais c’est désigner ceci : Lacan a voulu accomplir un retour à Freud. C’était, comme il disait, son « mot d’ordre ». Or, ce retour à Freud a nécessité sa présence constante par son enseignement de 1951 à 1980, présence hebdomadaire, puis bi-mensuelle. Il y a là nécessité de relation du dire à ce qui est dit, nécessité qui jusqu’à ce jour est intrinsèque à la psychanalyse et à sa transmission. De même qu’il n’y a pas de psychanalyse sans qu’il y ait du psychanalyste, ainsi pas de retour à Freud par Lacan sans sa parole maintenue pour soutenir, reprendre, rectifier, confirmer, développer le sens de ce retour à Freud. Ceci, par son enseignement et par les quelques ultimes et brèves communications qu’il a données à partir de 1980 : derniers rappels sur ce qu’est et ce que fut la psychanalyse pour lui, par exemple dans sa différence avec la religion ou dans ce qu’il en est de la jouissance féminine. Ainsi, la nécessité de cette présence fait que la mort de Lacan frappe d’un oubli son retour à Freud. C’est là que peut nous venir à la bouche la dénégation suivante : mais non, mais non, il y a nous, il y a vous, pour poursuivre et prolonger cet enseignement. Deux verbes admirables certes, mais qui ne font que témoigner que passer à l’après-Lacan, nous y résistons de toutes nos forces dans la non-reconnaissance d’un oubli, de cet oubli venant de l’absence du dire de Lacan opérant un retour à Freud. Quel retour à Freud ? Or cet oubli, loin d’être accidentel, n’est-il pas constitutif ? Ne permet-il pas justement d’engendrer le passage à l’après-Lacan ? Telles sont les questions qui nous sont posées. Mais les poser, c’est déjà commencer à y répondre par notre travail et notre présence, de sorte que le retour de Lacan à Freud soit énoncé au futur antérieur : il aura été ceci ou cela. Aujourd’hui nous sommes dans le temps d’engendrement de l’« aura été ». Parler d’oubli constitutif, c’est désigner autre chose qu’une pure perte, une perte sèche, mais une condition d’engendrement. Lacan racontait un jour l’histoire du type qu’on trouve dans une île déserte où il s’est retiré pour oublier. « Pour oublier quoi ? lui demande-t-on – Eh bien, j’ai oublié ! »(2). Oui, il a oublié ce qu’il avait à oublier. Histoire drôle en effet : voilà un homme qui ne sait pas pourquoi il est là sur son île, à l’image de celui qui reste hébété, abasourdi, stupide, devant la question qui le surprend au saut du lit entre le sommeil et la veille : « Eh ! que fais-tu là sur cette terre, avec ce métier, ce conjoint, ces enfants, ces voisins… ? » Bref, il n’en sait rien. Mais en revanche, ce qu’il a oublié ne l’oublie pas. C’est cela l’hypothèse de l’inconscient : la terre d’où il a émigré colle à jamais à ses semelles. C’est justement à partir d’une histoire d’émigration vers un continent que Lacan a voulu faire de son retour à Freud, selon ses expressions, un « drapeau » (3) et un « mot d’ordre » de « renversement » (4) du freudisme pour renouer avec Freud. Ce programme, il s’en est fait l’annonciateur à plus de cinquante ans, dans une conférence donnée à Vienne, la ville de Freud, le 7 novembre 1955 sous le double titre : « La chose freudienne ou sens du retour à Freud en psychanalyse ». En ce « lieu éternel de la découverte de Freud », Lacan nomme de ce nom de scandale symbolique le fait que la plaque qui désigne la maison où Freud vécut fut apposée sur l’initiative de ses concitoyens et non pas de l’I.P.A. (5) à qui il avait confié la garde de son œuvre. Mais cet oubli de l’institution analytique n’est que le signe d’un autre ; car il vient de ceux qui en fuyant le nazisme quittèrent l’Europe via Londres ou Paris à partir de 1936 pour s’arrêter enfin aux U.S.A. Ainsi Lacan, évoquant uploads/Litterature/ pour-lire-jacques-lacan-by-philippe-julien-julien-philippe.pdf

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