1 INTRODUCTION Succéder à quelqu’un qui arrive en fin de mandat, de carrière ou
1 INTRODUCTION Succéder à quelqu’un qui arrive en fin de mandat, de carrière ou de vie semble à priori et en théorie un processus normal. Certaines institutions ont même mis en place des mécanismes et des procédures permettant d’assurer des transitions ou des successions apaisées et régulières. Et pourtant la façon plutôt tumultueuse dont la réalité est vécue dans toutes les aires géographiques et culturelles de nos sociétés contemporaines est vraiment déconcertante. Si les causes de ces échecs de succession sont identifiables, les conséquences en revanche sont imprévisibles et globalement désastreuses. Certains gouvernants absolutisent les responsabilités somme toute temporaires qu’ils sont appelés à assumer. Ils développent le complexe du messie ou de l’homme providentiel, irremplaçable et immortel. Plus aptes à conquérir et à conserver les postes et si peu enthousiastes à les quitter. Ils réussissent leur entrée et presque toujours ratent leur sortie. Certains d’entre eux se résolvent à admettre la succession, mais au mépris des règles naturelles, conventionnelles ou institutionnelles. Voulant subsister après eux-mêmes, ils n’hésitent pas à préparer des dauphins à leur image et à leur convenance. La succession pour d’autres reste un sujet tabou et du déluge qui pourrait survenir après eux, ils n’en ont cure. Les conséquences sont palpables à tous les niveaux. Un simple regard sur nous et autour de nous permet de voir qu’un grand nombre de pays africains (surtout francophones) connaissent peu ou pas de succession. En un mot c’est loin d’être des expériences heureuses. Même dans des nations dites démocratiques, quelques fois la machine s’emballe et on peut avoir le spectacle désolant d’un Bush qui succède à Clinton ou un Trump succédant à Obama. À une échelle plus réduite, nombreuses sont les familles aujourd’hui à tout jamais divisées suite aux problèmes de succession. Et dans bien d’autres pans de la société, les exemples sont innombrables où les passages de témoins ont été chaotiques. L’Église « cité de Dieu » cependant composée des hommes, n’est pas à l’abri des affres de ce problème qui affecte la société entière. 2 Quel éclairage peuvent apporter les Saintes Écritures à cette réflexion nécessaire sur la succession ? D’abord elles présentent des cas aussi abondants que variés, certains exemplaires, d’autres peu édifiants mais créant à chaque fois cet effet miroir où le lecteur est invité à reproduire, avec des adaptations nécessaires ce qu’ont réussi ses congénères ainsi qu’à découvrir ce qui, en lui et dans sa société, est perfectible. D’Abraham à sa progéniture, de Moise á Josué, de Saül à David, d’Elie à Élisée, de Zacharie à Jean le Baptiste, de Jésus à ses Apôtres et des Apôtres à leurs disciples, la succession est un problème de partout et de toujours. La présente contribution se propose de montrer avec une certaine rigueur intellectuelle, la pertinence et l’actualité d’un tel sujet. Pour mener à bien cette entreprise, la présente publication, synthèse d’un colloque sur le phénomène de la succession aura une ossature bipartite : La première partie consistera à examiner en profondeur la question de la succession dans l’Ancien Testament. Ainsi nous partirons de l’examen du problème de la succession dans les familles patriarcales de la Genèse et nous déboucherons sur la succession dans le prophétisme en passant par le passage de relais de Moise à Josué et de Saül à David. La deuxième grande partie de notre investigation portera sur la succession dans le Nouveau Testament. Ainsi, après un bref détour sur la succession dans les communautés intertestamentaires, cette seconde partie s’attardera d’une part sur la succession de Zacharie à Jean le Baptiste à celle de Paul à ses disciples en passant par le passage du témoin de Jésus à ses Apôtres. De la sorte la conclusion à cette publication apparaîtra comme l’aboutissement normal à une démarche. Dr Jean Parfait NTSAMA 3 LA DEVOLUTION DU POUVOIR OU LA QUESTION DE LA SUCCESSION DANS LE LIVRE DE LA GENESE : UNE LECTURE ANALYTIQUE DE Gn 27,1-45. Pr Emmanuel LEMANA Introduction Le phénomène de la succession inhérent à l’histoire et au fonctionnement des peuples et des institutions s’insère dans le langage juridique et s’articule donc avec le droit et les coutumes qui, au fil du temps, imposent des manières de faire ou les traditions des familles et des peuples comme force de loi. La succession naturelle des générations conduit les sociétés, les familles à mettre en œuvre des mécanismes bien définis où les pouvoirs et autres legs se reçoivent sans heurts, sans bouleversements susceptibles de conduire à des déconstructions des sociétés et des institutions. Il est question du passage soit du patrimoine matériel d’une part, soit de la transmission d’une bénédiction d’autre part. Ce qui, dans un cas comme dans l’autre, relate toujours dans le livre de la Genèse une passation de pouvoir entre deux générations, l’une ascendante, celle qui quitte la scène et l’autre descendante, celle qui hérite et entre naturellement en scène. La présente contribution a pour objet d’étude la question de la succession chez les patriarches que le livre de la Genèse abrite d’un bout à l’autre de sa narration. Du point de vue de la forme, le livre de la Genèse qui est la porte d’entrée de la Bible hébraïque fédère quatre cycles de narrations à la fois indépendants et entretenant des affinités littéraires et une continuité théologique évidente. Les différents cycles mis en scène pour rapporter l’histoire des patriarches mettent successivement en scène : les commencements du monde, de l’homme, de l’humanité et les timides débuts de la constitution d’Israël comme Peuple. Puis se succèdent trois autres cycles ou histoires directement rattachés au nom de chacun des grands patriarches : Abraham, Jacob et Joseph. En chacun de ces cycles se succèdent de sombres histoires de jalousies familiales qui achèvent le plus souvent le fil de leur intrigue dans le meurtre, le fratricide. Ce sont le plus souvent le frère au singulier ou les frères au pluriel qui mettent fin à la vie de l’un des leurs. Si tous ces cycles en général posent la question de l’espace matériel et affectif des descendants d’un patriarche dans le cœur de leur père, celle qui répond au mieux à la question de la succession pour cadrer avec le thème de notre colloque est celle de Jacob et Esaü. C’est la question de la promesse, chaque fois 4 réitérée à chaque patriarche qui constitue le nœud de la question de la succession. Il faut tout de suite dire que la promesse dont hérite, à chaque fois, le fils aîné doit toujours échoir à une seule personne dans la rigueur de la sélection de l’un, habituellement l’aîné, au détriment de l’autre ou des autres, les cadets. Cela veut dire que l’un est bénéficiaire et l’autre se considère comme lésé par le processus de succession. Toute la question consiste donc à savoir dans quelle perspective il faut examiner le conflit Jacob/Esaü (Gn 27,1-42) qui est le texte-support de notre contribution à ce colloque. Je propose un cheminement avec trois étapes à parcourir. Tout d’abord les narrations de la Genèse et les problèmes littéraires en lien avec la question de la succession chez les patriarches (I). Ensuite nous prendrons un texte-type de conflit de succession ou de transmission d’une promesse et d’une bénédiction (II) et enfin nous tirerons les conséquences sur le plan théologique (III). 1. Les narrations et les problèmes littéraires posés en lien avec la succession Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, sur le plan de la lecture diachronique des cycles du livre de la Genèse, sont les quatre personnages les plus représentatifs des récits patriarcaux. Ils possèdent chacun un espace narratif. Celui d’Isaac, à l’analyse, est le moins bien défini par rapport aux trois autres figures. Tout se passe en réalité comme s’il n’était que le chaînon généalogique qui permet de transmettre la vie à deux frères jumeaux Jacob et Esaü dont il est le père. Contrairement à ce qui se passe pour les autres patriarches, il n’existe pas la formule toledot qui inaugure les généalogies avec Abraham pour introduire l’histoire d’Isaac. L’histoire d’Isaac est donc incorporée dans celle de Jacob en réalité. Dans les trois grandes sections narratives du livre de la Genèse, le lecteur fait immédiatement face à des relations familiales. Abraham est le père d’Isaac, Isaac est le père d’Esaü et Jacob et Jacob est le père de Joseph et ses frères. Mais le point central où se focalise l’attention diffère. Dans l’histoire d’Abraham (Gn 11,27-25,18) ce sont les relations père/fils qui prédominent dans une forme de structure verticale tandis que dans l’histoire de Jacob, le déploiement de l’intrigue met davantage en exergue les relations entre frères dans une forme de structure plutôt horizontale. C’est plutôt donc à ce niveau qu’il est possible de poser la question de la succession puisqu’elle met toujours en scène des frères qui, sur le plan linéaire, appartiennent à une même génération. Ils ont les mêmes parents le 5 plus souvent. Les questions de succession n’opposent pas Abraham à Isaac son fils, mais c’est Ismaël et Isaac qui s’opposent face à la promesse. Dans le même ordre d’idées, Isaac, le père, uploads/Litterature/ pub-finaliste-3.pdf
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- Publié le Mar 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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