Rabelais, Gargantua (1542) Séquence de première : la littérature d’idées du 16
Rabelais, Gargantua (1542) Séquence de première : la littérature d’idées du 16 e s. à nos jours • Séries générales : Rire et savoir • Séries technologique (chap. 11-24) : la bonne éducation Edition de référence : translation par M. MARRACHE-GOURAUD, GF / Librio Table des matières Problématisation : la bonne éducation ............................................................................................................. 2 Groupement préparatoire : la bonne éducation ............................................................................................... 2 Texte 1. RABELAIS, Pantagruel, chap. VIII (trad. M.-M. FRAGONARD) (1532) .............................................. 2 Texte 2. MONTAIGNE, Essais, I, 26, « De l’institution des enfants » (1580), trad. André LANLY pour Champion (1989) rééd. Gallimard, coll. Quarto (2009). ........................................................................... 3 Texte 3. Jonathan SWIFT, Les Voyages de Gulliver, « Voyage à Lilliput », chapitre VI (1726)....................... 4 Texte 4. Jean-Jacques ROUSSEAU. Emile ou de l’Education (1762), livre II. .................................................. 5 Extraits étudiés en vue de l’oral ........................................................................................................................ 6 [Série générale] Chap. 8. Comment on vêtit Gargantua. .............................................................................. 6 [Séries générale ET technologique] Chap. 19. La harangue que fit Janotus de Bragmardo à Gargantua pour récupérer les cloches. ........................................................................................................................... 7 [Série technologique] – Chap. 23. Comment Gargantua fut éduqué par Ponocrates de telle sorte qu’il ne perdait nulle heure de sa journée. ................................................................................................................ 8 [Série générale] Chapitre 45. Comment le moine amena les pèlerins et les bonnes paroles que leur dit Grandgousier. ................................................................................................................................................ 9 Parcours associé .............................................................................................................................................. 10 Série générale (Rire et savoir) ..................................................................................................................... 10 Série technologique (La bonne éducation) ................................................................................................. 10 Groupement complémentaire : l’éducation rabelaisienne, rire et savoir ....................................................... 11 Texte 1. MAROT, « la mort de Jehan Serre », in « Epitaphes », L’adolescence clémentine (1532). ............ 11 Texte 2. MONTAIGNE, Essais I, 50 (1580). Trad. André LANLY.................................................................... 11 Texte 3. MOLIERE, Le malade imaginaire (1673), acte III, sc.10 ................................................................. 12 Texte 4. Jean de LA FONTAINE, « Le Pouvoir des fables », Fables VIII, 4 (1678) ......................................... 15 Texte 5. VOLTAIRE, Candide ou l’optimisme, chap. IV (1759), .................................................................... 16 Evaluations ...................................................................................................................................................... 17 Série générale : COMMENTAIRE & DISSERTATION sur œuvre .................................................................... 17 Commentaire. .......................................................................................................................................... 17 Dissertation sur œuvre (série générale) .................................................................................................. 18 Série technologique. CONTRACTION + ESSAI .............................................................................................. 18 Contraction. ALAIN, Propos sur l’éducation (1932). ................................................................................ 19 Essai. ........................................................................................................................................................ 19 HidA ........................................................................................................................... Erreur ! Signet non défini. Problématisation : la bonne éducation A partir de cinq extraits de films : qu’est-ce qu’une bonne éducation ? Qui décide qu’une éducation est « bonne » ? A quoi sert-elle ? Est-elle utile ? Rend-elle la vie meilleure ?Quelles conditions pour l’obtenir ? Tout le monde peut-il y prétendre ? 1. JP. BACRI, A. JAOUI, Ph. MUYL, Cuisine et Dépendances (1992) : le retard 2. Fr. BEGAUDEAU, L. CANTET, Entre les murs (Haut et court, 2008) : l’entrée en classe 3. Fr. BEGAUDEAU, L. CANTET, Entre les murs (Haut et court, 2008) : l’imparfait du subjonctif 4. A. TRAGHA, « Le coq et le renard » (Les films qui causent, CLG Lavoisier de Pantin, 2019) : le coq et le renard 5. K. LOACH, Sorry, we missed you (Sixteen films, 2019) : l’affrontement père/fils Groupement préparatoire : la bonne éducation Texte 1. RABELAIS, Pantagruel, chap. VIII (trad. M.-M. FRAGONARD) (1532) Maintenant toutes les disciplines sont restituées, les langues établies. Le grec, sans lequel c'est une honte de se dire savant, l'hébreu, le chaldéen, le latin. Des impressions si élégantes et si correctes sont en usage, elles qui ont été inventées de mon temps par inspiration divine, comme, à l'inverse, l'artillerie l'a été par suggestion diabolique. Le monde entier est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de bibliothèques très amples, si bien que je crois que ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinien, il n'était aussi facile d'étudier que maintenant. Et dorénavant, celui qui ne sera pas bien poli en l'officine3 de Minerve ne pourra plus se trouver nulle part en société. Je vois les brigands, bourreaux, aventuriers, palefreniers de maintenant plus doctes que les docteurs et prédicateurs mon temps. [ ... ] Mon fils, je t'admoneste d'employer ta jeunesse à bien profiter de tes études. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Épistémon : l'un peut te donner de la doctrine par ses instructions vivantes et vocales, l'autre par des exemples louables. J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement : d'abord la grecque, comme le veut Quintilien. Puis la latine. Puis l'hébraïque pour l'Écriture sainte, ainsi que la chaldaïque et l'arabe. Et que tu formes ton style, pour la grecque à l'imitation de Platon, et pour la latine, de Cicéron. Qu'il n'y ait d'histoire que tu n'aies présente à la mémoire, à quoi t'aidera la cosmographie. Les arts libéraux, géométrie, arithmétique, musique, je t'en ai donné quelque goût quand tu étais encore petit, vers tes cinq six ans. Continue le reste ; et sache tous les canons d’astronomie ; laisse l'astrologie divinatrice et l'art de Lulle, abus et vanités. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu les rapproches de la philosophie. Quant à la connaissance des sciences naturelles, je veux que tu t’y adonnes avec zèle ; qu'il n'y ait mer, rivière, ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l'air ; tous les arbres, arbustes, et fruitiers des forêts, toutes les herbes de la terre ; tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de l'Orient et de l'Afrique : que rien ne te soit inconnu. Puis avec soin, relis les livres des médecins : grecs, arabes, latins, sans mépriser les talmudistes et cabalistes ; et, par des fréquentes dissections, acquiers la parfaite connaissance de ce second monde qu'est l'homme. Et, pendant quelques heures chaque jour, commence à apprendre les Saintes Écritures : d'abord le Nouveau Testament en grec, les Épîtres des apôtres, puis en hébreu l'Ancien Testament. En somme, que je voie un abîme de science. Car maintenant que tu te fais grand, et que tu deviens un homme, il te faudra sortir de cette tranquillité et de ce repos consacré aux études, et apprendre la chevalerie et les armes, pour défendre ma maison, et secourir nos amis dans leurs débats contre les assauts des malfaisants. Et je veux que rapidement tu essaies de tester combien tu as profité : ce que tu ne saurais mieux faire qu'en soutenant des thèses publiquement sur toutes choses, envers et contre tous, et en fréquentant les gens lettrés qui sont à Paris et ailleurs. Mais parce que, selon le sage Salomon, sagesse n'entre dans une âme mauvaise, et que science sans conscience n'est que ruine de l'âme, il te faut servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton espoir, et, par une foi orientée par la charité, lui être uni au point que tu n'en sois jamais séparé par le péché. [... ] Mon fils, la paix et grâce du Seigneur soient avec toi. Amen. D'Utopie, 17 mars, ton père, Gargantua. Texte 2. MONTAIGNE, Essais, I, 26, « De l’institution des enfants » (1580), trad. André LANLY pour Champion (1989) rééd. Gallimard, coll. Quarto (2009). […] moi, ayant plutôt envie de faire de lui un homme habile qu'un homme savant, je voudrais aussi qu'on fût soucieux de lui choisir un guide qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine et qu'on exigeât chez celui-ci les deux qualités, mais plus la valeur morale et l'intelligence que la science, et je souhaiterais qu'il se comportât dans l'exercice de sa charge d'une manière nouvelle. On ne cesse de criailler à nos oreilles d'enfants, comme si l'on versait dans un entonnoir, et notre rôle, ce n'est que de redire ce qu'on nous a dit. Je voudrais que le précepteur corrigeât ce point de la méthode usuelle et que, d'entrée, selon la portée de l'âme qu'il a en main, il commençât à la mettre sur la piste, en lui faisant goûter les choses, les choisir et les discerner d'elle- même, en lui ouvrant quelquefois le chemin, quelquefois en le lui faisant ouvrir. Je ne veux pas qu'il invente et parle seul, je veux qu'il écoute son disciple parler à son tour. Socrate et, depuis, Arcésilas faisaient d'abord parler leurs disciples, et puis ils leur parlaient. « Obest plerumque iis qui discere volunt auctoritas eorum qui docent. » [L’autorité de ceux qui ensegnent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent apprendre.] Il est bon qu'il le fasse trotter devant lui pour juger de son allure, juger aussi jusqu'à quel point il doit se rabaisser pour s'adapter à sa force. Faute d'apprécier ce rapport, nous gâtons tout : savoir le discerner, puis y conformer sa conduite avec une juste mesure, c'est l'une des tâches les plus ardues que je connaisse ; savoir descendre au niveau des allures puériles du disciple et les guider est l'effet d'une âme élevée et bien forte. Je marche de manière plus sûre et plus ferme en montant qu'en descendant. Quant aux maîtres qui, comme le comporte notre usage, entreprennent, avec une même façon d'enseigner et une pareille sorte de conduite, de diriger beaucoup d'esprits de tailles et uploads/Litterature/ rabelais-corpus.pdf
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- Publié le Mar 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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