Université Paris III – Sorbonne Nouvelle École doctorale 120 – Littérature fran
Université Paris III – Sorbonne Nouvelle École doctorale 120 – Littérature française et comparée THÈSE pour l’obtention du Doctorat de Littérature générale et comparée présentée et soutenue publiquement à l’Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III le 23 novembre 2009 par Julien MAGNIER Pour une littérature de l’interdépendance Littérature et renouvellements politiques en Afrique noire – à partir de Mongo Beti Directeur de thèse : M. Jean BESSIÈRE Membres du jury : Bernard MOURALIS, Professeur émérite de Littérature française à l’Université de Cergy- Pontoise. Papa Samba, DIOP, Professeur de Littérature francophone, Paris XII Xavier GARNIER, Professeur de Littérature Générale et Comparée à l’Université de la Sorbonne-Nouvelle (Paris III). Jean BESSIÈRE, Professeur de Littérature Générale et Comparée à l’Université de la Sorbonne-Nouvelle (Paris III). « Tout se passe comme si dans le système francophone le pouvoir pensait de l’activité créatrice ce que tel homme d’État dont j’ai oublié le nom pensait de la guerre, à savoir que la littérature est une affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux écrivains. Elle est donc confiée aux bons soins de la police » Mongo Beti « Écrire un livre ne veut pas dire devenir le porte-parole d’un pays, d’un continent » Alain Mabanckou « Il me semble que l’individu contemporain, indépendamment de l’angoisse d’avoir à construire tout seul son architecture intime de références et de valeurs, est potentiellement démultiplié » Patrick Chamoiseau Pour mon grand-père, Pierre. Remerciements Long chemin que celui d’une thèse… L’aventure est intellectuelle mais aussi, peut-être et avant tout, humaine. À l’heure de poser ces quelques mots, une vague d’émotion m’envahit : plusieurs années d’une vie se sont écoulées et, pour reprendre des paroles entendues, une page est en train de se tourner. L’exercice serait finalement si pauvre sans l’émulation, sans les rencontres, sans les échanges. Et cela, je veux le retenir. C’est donc une pensée évidemment spéciale que j’adresse aux personnes qui m’ont accompagné et à celles que j’ai croisées le long de ce parcours. Mes remerciements s’adressent en premier lieu à mon directeur de recherches Jean Bessière. C’est là pratique courante, proche du rituel, qui ne saurait toutefois masquer son rôle de conseil et de sollicitude. Ses encouragements, ses pistes et réflexions, m’auront grandement aidé. En second lieu, mes pensées se tournent vers l’ancienne équipe professorale de l’Université de Cergy-Pontoise qui enseignait, autour de Bernard Mouralis, la passion pour une discipline et la rigueur d’une méthode. Cette thèse est le fruit de cours, séminaires et de longs entretiens avec Romuald Fonkoua. Pour ses précieux conseils, sa disponibilité et sa volonté de vouloir toujours me porter plus haut, j’adresse toute ma reconnaissance à Anthony Mangeon. Il aura fallu du temps, de la patience et du courage… Quelques mots jamais ne transcriront ma gratitude pour ce dévouement. Merci à Annie, mon institutrice de mère ! Spécial ne peut être que ce remerciement pour celle dont j’aime à partager la vie ; Sandrine, pour ses mots, ses regards, ses attentions si motivants. Votre indefectible soutien aura été ma plus grande force. Aimé Gomis, nous l’aurons fait ensemble. Avec Hervé Tchumkam et Aminata Keita, nous aurons partagé cette même fierté et, finalement, ce même besoin de le faire. Qu’importe notre lieu, un bout de nous, toujours, sera là-bas. Dignes représentants de l’intelligence africaine que vous êtes. Des rencontres sont tout à fait spéciales, inattendues et tellement importantes. Kathleen en fait partie. Qu’elle le sache. Ma famille (Pierre, mon enthousiaste soutien), mes amis, la famille Barrado, Jean-Baptiste, Elsa, Olivia, mes collègues de la production (m’avoir accordé tout ce temps !), Dakarine, Nicolas, Frédéric notamment, du pôle commercial (RS, instit), Christophe Chablat particulièrement… pour la bienveillance de chacun. Introduction générale HISTOIRE LTTÉRAIRE ET POSTCOLONIALE 1 Dans l’histoire de la politique, un fait s’impose tout particulièrement : l’écart entre les discours et les actes. Et ce d’autant plus lorsqu’il s’agit de l’Afrique. Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie, s’exprimait en ces termes, le 28 février 2008 : « La relation franco-africaine est désormais placée sur un pied d’égalité ». Les sommets de rencontre France-Afrique ont toujours véhiculé ce même impératif : fi de l’assistance, les relations doivent être dorénavant basées sur le partenariat. À la question « qu’est-ce qu’un partenariat ? », la présidence française répond : « C’est l’enrichissement réciproque, c’est une relation d’égal à égal, que chaque partenaire construit en pleine conscience de ses droits et de ses devoirs, en responsabilité, avec des obligations réciproques »1. Assurément, la France serait entrée dans une ère nouvelle. Son but, en accord avec les principes du président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki2, est d’accompagner le continent sur le chemin de la démocratie. L’ancienne puissance coloniale « entend accompagner, encourager, renforcer ce mouvement »3 du renouveau africain. L’Afrique, dans les discours diplomatiques, est en effet en pleine effervescence. Elle porte en elle tous les espoirs. « Continent de demain », « C’est là où ça se passe » entend-on fréquemment. Une chose serait donc certaine : l’Afrique se développe et la France l’accompagne, voire la pousse. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les relations françafricaines ne démentent pas Leibniz. Dans le même temps, prospèrent les associations dénonçant les manœuvres politiques. Survie, ATTAC, le Secours catholique, Agir ici, Réseau Foi et Justice, Courrier Acat-France, Peuples Solidaires, Transparency International, Sherpa – cette liste reste non exhaustive tant elle serait longue – se liguent ensemble pour observer l’action de la France en Afrique : ses interventions militaires, ses soutiens aux amis dictateurs, ses « opérations de déstabilisation »… D’un côté donc, l’optimisme et de l’autre, le réalisme. L’histoire des cinquante dernières années en Afrique noire nous montre que la situation entre la France et le continent n’a guère changé, ou si peu. Toujours cette même volonté occidentale de contrôler politiquement l’Afrique. Toujours ces liens qui unissent les potentats aux hommes politiques de l’hexagone. Omar Bongo a ainsi rappelé à Jean-Marie Bockel « les avantages que tirent la 1 Extraits de la conférence de presse du Président de la République, M. Jacques Chirac, lors du 22e sommet France-Afrique à Paris, les 20 et 21 février 2003, site www.diplomatie.gouv.fr 2 Sous les pressions de son parti, l’ANC, Thabo Mbeki a été contraint de démissionner de son mandat présidentiel le 21 septembre 2008. Kgalema Motlanthe a été désigné pour assurer la fonction suprême par intérim, jusqu’à la tenue des prochaines élections. Le 22 avril 2009, Jacob Zuma remportait le scrutin. 3 Ibidem 2 France et les autres pays occidentaux de leurs rapports économiques avec [le Gabon] »1. Le secrétaire d’État français avait en effet exhorté la France à ne plus « céder à un certain nombre de caprices, un certain nombre de demandes incohérentes de certains pays qui ont d’un côté une rente pétrolière qu’ils ne consacrent pas aux investissements qu’ils nous demandent de financer »2. À l’affront, le président gabonais répond par la menace. Omar Bongo, Idriss Déby et Denis Sassou N’Guesso auront finalement eu raison de la politique intérieure française : Jean-Marie Bockel n’aura pas signé une rupture diplomatique mais son propre déclassement, il occupera désormais le poste de secrétaire d’État aux anciens combattants (rappelons qu’au début des années 80, le président gabonais déjà avait obtenu le remplacement du secrétaire d’État à la Coopération, Jean-Pierre Cot, de la part de François Mitterrand). La Françafrique – selon le terme de François-Xavier Verschave – perdure. Les relations entre la France et le Tchad en sont un exemple tout à fait probant. En 1990, Idriss Déby renverse le président Hissène Habré avec l’aide des troupes françaises. Immédiatement, un nouveau régime de terreur est instauré. Bien qu’il soit contesté par plusieurs factions rebelles et par la société civile, Déby a vu sa réélection en 2006. Depuis ce scrutin, le soutien français envers le régime fut décisif : « Entre avril 2006 et février 2008, la France, sous couvert de son accord de coopération technique et militaire, a fortement armé le régime de Déby : livraison de véhicules blindés belges (AML) et d’avion suisse (Pilatus PC-7), contrat de missiles, en contradiction avec le code de Conduite de l’Union européenne »3. Des mises en garde furent même lancées contre les rebelles sur une possible intervention militaire française. Trois des principaux opposants furent ainsi arrêtés et des journalistes indépendants ont reçu des menaces. Le 28 février 2008, Nicolas Sarkozy prononçait un discours au Cap (Afrique du Sud). Après ses paroles formulées à Dakar le 26 juillet 2007, le président français amorçait un changement. Le point le plus symbolique concernait l’annonce de la révision des accords militaires. Mais plutôt que de rupture, cette allocution peut s’interpréter comme un désintéressement certain envers l’Afrique dans la politique étrangère française. Les intérêts de 1 Cf. site www.generationafrique.skyrock.com 2 Ibidem 3 « 11 mars 2008. Demande de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la France au Tchad. Courrier Acat-France, Survie, Secours catholique, Réseau Foi et Justice, groupe Afrique d’ATTAC, Cédétim/Ipam, Peuples solidaires, Mouvement de la paix », sur le site www.survie-france.org 3 la France sur le continent demeurent uploads/Litterature/ 2009pa030129.pdf
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- Publié le Dec 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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