Rapport au Ministre de l'Éducation nationale de la mission d'audit des manuels

Rapport au Ministre de l'Éducation nationale de la mission d'audit des manuels et programmes de sciences économiques et sociales du lycée présidée par Roger Guesnerie Professeur au Collège de France Juin 2008 Rapport au Ministre de l'Éducation nationale de la mission d'audit des manuels et programmes de sciences économiques et sociales du lycée Président : Roger Guesnerie Collège de France Co-rapporteurs : Sandrine Spaeter-Loehrer Université de Nancy II Jérome Gauthié Université de Paris I Juin 2008 Sommaire pp. Introduction 5 Avant-propos 5 Vue d'ensemble 6 Bilan 11 Les programmes et l’articulation entre les années d’enseignement 12 Les manuels 17 Préconisations 21 Les objectifs de l’enseignement 21 La démarche didactique 25 La place et l’agencement des enseignements des SES au lycée : quelques pistes 29 Annexes 31 La lettre de mission et la composition de la commission 36 38 Les modalités travail de la Commission et la liste des auditions 40 41 A - Les synthèses 43 B - Les données de cadrage 55 C - Les auditions 65 Avant Propos La lettre du ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, donnait à la Commission mandat "d’examiner le contenu des manuels de sciences économiques et sociales du lycée, de s’assurer de leur conformité aux objectifs et aux contenus des programmes, du respect de la pluralité des courants de pensée constitutifs du domaine des sciences économiques et sociales ainsi que de la qualité des supports pédagogiques utilisés". Elle demandait qu’"une attention toute particulière" soit apportée "à la manière dont est abordée l’étude du marché et de l’entreprise". La commission avait également à réfléchir sur "la pertinence et la cohérence des objectifs et contenus des programmes […] au regard à la fois des exigences de la formation de citoyens éclairés et de la préparation à des études supérieures…". Devant en outre "s'assurer que les programmes actuels prennent bien en compte les notions, outils, méthodes et modes d'argumentation qui constituent les bases de toute formation solide à l'économie et à la sociologie", elle était invitée à "faire toutes les propositions utiles pour améliorer la qualité de ces programmes". Composée de quatorze membres – enseignants de sciences économiques et sociales et observateurs extérieurs, universitaires des disciplines concernées, économistes, sociologues et historiens et personnalités du monde économique et de l’Administration, la commission s’est livrée à un examen approfondi de tous les aspects de l’enseignement de sciences économiques et sociales dont la connaissance était susceptible de nourrir son audit. Elle s’est réunie pendant neuf demi-journées de février à juin. Elle a auditionné dix-huit personnalités extérieures (voir la liste en annexe), qui ont fourni l’information et alimenté la réflexion sur un vaste ensemble de questions : histoire de la filière et de ses performances, devenir des élèves, généalogie et contenu des programmes, discussion des objectifs de l’enseignement et de la pédagogie, analyse des manuels, comparaisons internationales… L’examen des manuels s’est appuyé sur un plan de lectures systématiques qui a fortement mobilisé les membres de la Commission. Ces lectures ont nourri la discussion sur les manuels mais aussi celle sur les programmes. Des visites de classe ont également été faites par une majorité des membres de la Commission1. La Commission s’est également appuyée sur les analyses faites précédemment par le groupe d'experts présidé par Jean-Luc Gaffard, ou sur celles antérieures du rapport Malinvaud. Le rapport qui suit est divisé en deux parties, la première est intitulée bilan, la seconde porte sur les préconisations. Il est précédé par la vue d’ensemble des analyses et des conclusions détaillées plus loin qui est maintenant présentée. 1 La Commission a bénéficié tout au long de sa mission du concours diligent et efficace de Michelle Huart, à qui la bonne progression du travail jusqu’à ce rapport doit beaucoup. Vue d’ensemble La commission a d’abord pris acte de la solidité de l’enracinement de l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée. L’appétence des élèves pour la compréhension du monde social, à la fois proche et mystérieux, est à la source de la motivation que l’enseignement suscite et dont il tire sa force. Au-delà de son attractivité, plaident pour cette filière tant la bonne tenue des élèves qui en sont issus dans des parcours ultérieurs très divers, qu’un succès universitaire honorable dans les disciplines de base, particulièrement si on l’apprécie de façon conditionnelle, c’est-à-dire sous l’hypothèse d’un passage réussi en troisième année d’université. La commission n’avait pas pour mission d’évaluer l’enseignement proprement dit ou les méthodes pédagogiques, même si elle avait à en connaître. Mais cette reconnaissance introductive des acquis de la filière souligne, si besoin est, les mérites du travail des enseignants qui la font vivre. La commission tient à affirmer son sentiment fort que cet enseignement a vocation demain plus encore qu’aujourd’hui à l’excellence et que les progrès que propose le rapport permettront de mieux concrétiser cette vocation. L’objectif est de lui donner une forte identité, de l’éloigner définitivement du risque d’un statut de filière intermédiaire pour élèves moyens, à mi-chemin entre filières scientifique et littéraire, pour en faire un enseignement revendiquant la spécificité des connaissances et compétences que les élèves y acquièrent, et assumant pleinement sa place dans la formation de la jeunesse. Gardant ce préambule à l’esprit, il convient de revenir pour un moment aux critiques faites aux programmes et aux manuels. Ce sont ces critiques, venues souvent de la société civile, qui ont suscité la création de cette commission. Sans doute faut-il rappeler une évidence : traiter des questions du monde contemporain, du monde économique et social en particulier, rend à la fois plus difficile et plus impératif le devoir de laïcité, qui, des débuts de l’École publique à nos jours, est au cœur du contrat entre l’École - au sens large, c’est à dire à tous les niveaux, primaire, secondaire et supérieur- et la Société. Les critiques extérieures les plus vives, particulièrement sur les manuels, reflètent, chez leurs auteurs, un sentiment de rupture de la "neutralité symbolique", (par exemple au travers de caricatures stigmatisant des acteurs et des institutions). Ce sentiment suscite des réactions vives, parfois disproportionnées et le plus souvent mal comprises de ceux qui sont mis en cause. Sans éluder cette question de la neutralité symbolique, la Commission s’est attachée à évaluer la "neutralité réelle" des outils de l’enseignement. Il s’agit d’apprécier la qualité de la présentation du débat intellectuel, même si cette présentation est nécessairement sommaire, l’équilibre entre les argumentaires concernant notamment les questions de politique économiques et sociales au programme, mais aussi le regard général porté sur l’économie et la société. L’analyse détaillée de la Commission sur ces questions est rapportée dans le texte qui suit et dans une annexe au rapport que le lecteur intéressé à ces questions devra lire avec attention. Sans prétendre résumer ici ces documents, soulignons, la convergence des avis des membres de la Commission qui, comme on l’a rappelé plus haut, ont consacré une part de leur temps à la lecture des manuels. Trois grandes constatations sur les manuels proprement dits :  Premièrement, les manuels sont conçus comme des supports de la pédagogie active privilégiée par les enseignants ; ils sont le plus souvent fidèles aux programmes et riches en information.  Deuxièmement, la qualité des manuels est variable, certains sont globalement bons, d’autres ne le sont pas ; l’information qu’ils apportent, qui peut être remarquable, est elle aussi de qualité inégale.  Troisièmement, l’exigence de laïcité intellectuelle fait l’objet d’une attention variable. Elle est exceptionnellement mais alors inacceptablement absente, elle est le plus souvent assumée mais plutôt maladroitement concrétisée : présentation de grands débats intellectuels du passé qui ne les replace pas convenablement dans la dynamique d’accumulation des savoirs, un ton qui peut être systématiquement négatif et parfois péremptoire. Bien entendu, la Commission est consciente des contraintes qui pèsent sur la conception des manuels, parmi lesquelles celles venant du système éditorial ne sont pas négligeables, mais certains manuels gèrent beaucoup mieux ces contraintes que d’autres. À ce propos, une appréciation la qualité par les services du ministère apparaîtrait largement archaïque. Par ailleurs, la formule d’une évaluation par un organisme indépendant, constitué à l’image des autorités de régulation, a été évoquée mais n’a pas été réellement approfondie. En revanche, la mise en place de procédures d'évaluation critique, décentralisées et dont la conception serait laissée à l’initiative de grandes institutions ou de sociétés savantes, nous paraît devoir être encouragée. Disons, sans prendre cette métaphore trop au sérieux, que pour les auteurs de manuels et leurs éditeurs, les jugements de professionnels avertis pourraient jouer un rôle comparable à celui des guides gastronomiques dans leur domaine. Comme on l’aura compris, les critiques esquissées sur les manuels renvoient aussi à la conception des programmes : c’est en partie l’étendue du champ couvert, la complexité des questions en discussion en regard du temps qui leur est accordé, qui explique l’inégalité des contenus et la difficulté de l’objectivité. Il faut donc élargir le champ et replacer ces critiques dans la perspective plus générale des objectifs assignés à l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée et des moyens mis en œuvre pour les atteindre. L’analyse nous fera uploads/Litterature/ rapport-ministre-de-l-x27-education-nationale-presidee-par.pdf

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