[abonnement gratuit] l'auteur Henri Peyre Né en 1959 photographe ancien élève d

[abonnement gratuit] l'auteur Henri Peyre Né en 1959 photographe ancien élève des Beaux-Arts de Paris webmaster de galerie-photo professeur de photographie à l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes de 2002 à 2005 www.photographie-peinture.com www.nature-morte.fr Merci à Georges Laloire Mécanique esthétique de l'image : Théorie des Mondes Objectif de cet article Cet article vise à analyser les raisons pour lesquelles une image peut nous apparaître intéressante et créer en nous de l'émotion. Nous continuons dans cet article à approfondir une analyse esthétique que nous avions commencé à mettre en place il y a quelques années dans un texte à propos de l'œuvre de Robert Musil (11). Le présent article pourra intéresser tous ceux qui s'interrogent sur leur rapport à l'image, même s'il est particulièrement destiné, parmi eux, aux plus créatifs et aux professionnels, ceux dont la réflexion sur le thème de la perception de leurs images par un spectateur est déjà probablement bien avancée. Nous pensons que cette Théorie des Mondes peut les aider à mieux comprendre ce qui se passe chez eux-mêmes ou chez le lecteur au moment de la lecture de l'image et, partant, les aider à analyser à l'avance les forces et les faiblesses de celle-ci. L'idée est évidemment de pouvoir mettre en place une hiérarchie de qualité au sein de leur production d'images et de les aider aussi, peut-être, en amont, à préparer plus sûrement des images plus riches et plus belles, dès leur conception. Pourquoi Théorie des Mondes ? Rien à voir avec Everett. Le titre reprend le vocabulaire d'analyse des images que nous proposons. On aurait pu dire aussi théorie des ensembles, mais le vocabulaire était déjà encore plus chargé dans d'autres domaines. Il aurait été certainement plus juste de dire théorie des passages ou théorie des charnières au sens où c'est le passage d'un monde à l'autre, le basculement vertigineux de l'esprit d'un monde à l'autre, qui est important... mais j'ai souvent employé ce dernier terme charnière avec des stagiaires, et je voyais bien une sorte de nuage d'incrédulité passer dans leurs yeux. Pédagogiquement, la Théorie des Mondes passe bien. Je fais avec. Présupposés Toute théorie, même d'application convaincante, comme l'est cette Théorie des Mondes, repose en fait sur des présupposés, des sortes de confusion de sens sur lesquels il faudrait faire plus de lumière. Quoique leur éclaircissement ne soit pas l'objet de cet article, nous voudrions quand même souligner les 2 affirmations desquelles procède la Théorie des Mondes : 1/ la jouissance est le but de l'esthétique d'une image 2/ la jouissance esthétique imite la jouissance sexuelle. Celle-ci consiste dans le passage du monde de la conscience individuelle au monde de la conscience du grand tout (supérieur) de l'espèce. Le moment de la perte de contrôle de soi est le moment paroxystique de la jouissance. La façon d'augmenter la jouissance consiste le plus souvent à faire durer au maximum le moment charnière du basculement. Dans ce moment, on passe d'un monde à un autre, d'une façon de voir l'univers à une autre, radicalement différente. On suppose que la jouissance esthétique imite ce passage d'un monde à l'autre et se satisfait du même mécanisme. Image à un seul monde = image d'illustration La plupart des images que nous pouvons voir autour de nous ne décrivent qu'une seule vision du monde. Un grand nombre de photographes ne savent produire que pour sa relecture attentive Veuillez noter : Il nous est extrêmement difficile de réunir les autorisations nécessaires à la présentation des photographies originales dans le texte et nous n'avons pas de budget pour la rémunération des ayant-droits. Le principe que nous suivons pour l'illustration des articles est le suivant : les auteurs des articles peuvent utiliser, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source (...) les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées. Nous nous conformons en cela aux textes en vigueur (voir en particulier sur ce site : http://www.culture.gouv.fr/culture/infos- pratiques/droits/exceptions.htm). Si vous contestez l'utilisation faite d'une photographie, merci de bien vouloir nous en informer. Nous retirerons aussitôt la photographie incriminée des illustrations. cette sorte d'images et s'en contentent, en particulier les amateurs dont le rêve n'est souvent que la perfection technique ou la reproduction en image des êtres aimés. Dans cette catégorie, on n'est pas encore entré dans l'image artistique. On peut parfaitement établir une graduation de qualité croissante à l'intérieur de ce groupe, en estimant que plus la description du monde unique évoqué est matériellement réussie, plus l'évocation du sujet est précise et documentée, et plus l'image est bonne. Une hiérarchisation peut naturellement être établie depuis la photographie ratée jusqu'à une image très construite et techniquement au point. Le plus souvent, l'importance donnée au sujet rejaillit sur l'intérêt que présente l'image. Nous avons autrefois déjà tenté de classer l'importance des sujets suivant l'attention naturelle que le spectateur pouvait leur porter (1).On pourra par exemple parler d'intérêt croissant pour le spectateur de cette image bien faite de Werner Bischof .... En route vers Cuzco ; cette image d'un jeune Indien du Pérou est une belle et complète description d'un personnage et de son biotope. Bien après avoir été prise, elle fascinera toute une génération qui voudra y voir un symbole du retour à la nature, loin de la société de consommation(2) ...à cette image de Jock Sturges, où la description du biotope est toute aussi bonne mais où le photographe introduit la nudité des personnages, facteur d'attraction supplémentaire pour le spectateur (1) : Jock Sturges (12) - Gaële, Marine, Valentin et Marie-Claude Montalivet, France, 1987 Ces images sont évidemment déjà de bon niveau : elles sont techniquement irréprochables et leurs auteurs témoignent d'un indéniable sens de la composition. Leur sujet est attirant pour le spectateur ; elles n'en restent pas moins, relativement à d'autres, peu artistiques ; ce sont avant tout des images d'illustration. Elles sont bien faites, bien conduites, bien tirées ; elles peuvent aussi captiver le regard par le sujet présenté. Mais elles ne créent pas par elle-même cette jouissance esthétique beaucoup plus intense que d'autres images savent construire. Où l'on commence à renifler un parfum de jouissance... Un photographe me montrait récemment une très jolie photographie abstraite, bien faite, où l'on voyait une savante composition monochrome monter vers le spectateur et il m'expliquait : "c'est au départ un misérable escalier de cuisine. Voyez ce que j'en ai fait !" Indubitablement, un important travail photographique avait été réalisé : on ne voyait définitivement plus l'escalier de la cuisine. L'image en elle-même était pourtant un peu ennuyeuse. Il semblait que rien n'y restait de l'excitation qu'avait eue notre photographe de changer avec elle le regard qu'on pouvait porter sur la cuisine. Ceci est très important à noter : à la fois notre photographe était encore bouleversé du changement de regard qu'il avait pu apporter sur ce sujet banal, et, à la fois, moi-même, spectateur uniquement du résultat, je ne pouvais prendre aucune part à cette excitation. Avec cet exemple nous comprenons mieux ce qui se joue dans la photographie : tout le plaisir artistique consiste à jouir du changement de point de vue, du changement de perspective sur le monde, disons du changement de monde puisque nous voulons faire un peu de théorie avec cela. Notre photographe était encore sous le coup de cette jouissance et il m'en parlait avec feu. Pour ma part je ne voyais qu'un seul monde, une pure abstraction, sans avant ni après, dans la photographie qu'il me proposait. Je ne pouvais pas jouir. Me sentant réservé, le photographe, malheureux que je ne le suive pas, m'expliquait le motif de sa jouissance, faisant un travail de critique : la jouissance nécessitant la réintroduction du premier monde inapparent - la cuisine ordinaire, il me parlait de ce monde. Le réintroduisant, à la fois il ranimait la mémoire de sa jouissance et à la fois m'ouvrait une porte vers la possibilité de voir en même temps son image et la modeste cuisine qui en avait fourni le prétexte : avec ces 2 mondes, il pensait que ma jouissance pourrait aussi venir, que j'allais pouvoir jouir de la transformation des mondes, allant de l'un à l'autre. De cet exemple, retenons qu'une jouissance authentique vient de la possibilité de percevoir à la fois plusieurs points de vue différents sur les choses ; la jouissance vient au moment du passage de l'un à l'autre, dans ce moment charnière où l'interprétation faite de ce qui nous est montré peut basculer. Retenons aussi, et cela nous semble fondamental, qu'une bonne image, une image qui nous apporte de la jouissance, sera particulièrement une image qui contient en elle ces points de vue multiples. Si l'image ne contient pas de points de vue multiples, elle aura besoin, pour augmenter son impact en terme de jouissance, d'un commentaire visant à restituer un ailleurs, un deuxième monde, en face duquel elle pourra s'imposer. La facilité est évidemment de confier à la critique le soin de bâtir ce deuxième monde, cela permet aux uploads/Litterature/ me-canique-esthe-tique-de-l-x27-image-the-orie-des-mondes.pdf

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