Ravereau, André. - La Casbah d’Alger, et le site créa la ville. - Préface de Mo
Ravereau, André. - La Casbah d’Alger, et le site créa la ville. - Préface de Mostéfa Lacheraf Ammara Bekkouche p. 132-134 Référence(s) : Ravereau, André. - La Casbah d’Alger, et le site créa la ville. - Préface de Mostéfa Lacheraf. - Paris, Sindbad, 1989.- Collection Bibliothèque arabe. Texte | Citation | Auteur Texte intégral Signaler ce document 1L’ouvrage de A. Ravereau dédié au maître et ami Hassan FATHY, symbolise le message d’une approche pour signifier la valeur autre que mythique de la Casbah : les hommes de l’Art originaires de l’Europe, jusqu’à nos jours fortement impressionnés par la décoration de l’occident maghrébin et de l’Espagne, n’ont semble-t-il pas remarqué ce qu’elle offrait de pureté et de cohérence. 2Mostéfa LACHERAF dans sa longue préface, corrobore cette pensée en s’appuyant sur divers témoignages et rappelle quelques écrits où apparaissent tantôt Léon L’Africain, tantôt Fernand Braudel. Il nous invite à regarder ce patrimoine architectural comme le produit d’une société parfaitement organisée. Il note, au passage, que bien des indices et des détails historiques sont encore inexplorés et s’étonne qu’ils n’aient pas attiré l’attention des spécialistes de notre histoire nationale. En bref, il rend compte de la méconnaissance du vieux fonds populaire... tombé peu à peu dans l’oubli sous la pression conjuguée des vogues nouvelles frelatées. Il se rallie ainsi à l’objectif de A. Ravereau qui en expliquant la Casbah souhaite rendre justice à l’Algérie. 3L’idée principale autour de laquelle gravite toute la réflexion de A. Ravereau, tient au fait que la Casbah est unique et n’a pas sa pareille. La démonstration d’une telle allégation, s’attache à décrire l’architecture de la Casbah à travers des éléments de la maison et à les comparer occasionnellement à ceux d’autres architectures retenues pour similaires. Les différences révèlent la teneur des particularités de la Casbah pour tous les éléments qui la caractérisent. Prise dans sa globalité par rapport au site ou dans ses moindres détails constructifs et architecturaux, la Casbah est un exemple certain d’harmonisation des espaces, des fonctions et des formes. 4Le patio (west-ed-dar), émanation du climat méditerranéen et centre de composition, c’est le premier élément présenté à l’observation et autour duquel s’organisent les appartements. Il est un lieu de relations et de transparence supposant une étroite vie communautaire. Tout l’intérêt d’un tel espace réside dans l’adéquation de ses pratiques avec les activités de l’eau quotidiennement et abondamment utilisée. La maîtrise de cet élément considéré comme une valeur à utiliser rationnellement, a suscité des systèmes d’objets conçus pour la canaliser et la stocker en l’intégrant à la structure bâtie. De cette façon, même les eaux de pluie étaient récupérées dans des citernes creusées au-dessous des cours. 5Le K’bou, expression moins répandue que west-ed-dar, elle a donné naissance au mot alcôve. Il s’agit d’une loge dont l’emplacement et l’aménagement spécifiques en font un lieu privilégié pour les réceptions, les conversations ou même les travaux calmes nécessitant l’adossement. Le k’bou figure parmi les éléments qui caractérisent l’unicité de la Casbah. Espace conçu pour s’asseoir et regarder à I’extérieur, il n’a de sens que porte ouverte. Sa position est faite pour satisfaire la vue en direction du patio qui est considéré comme un extérieur à l’intérieur de la maison et en direction de la rue qui est perçue sur toute sa longueur. 6La porte pensée ouverte où le sens de l’ouverture des vantaux se fait vers l’extérieur, est le signe d’une fonction qui accentue la spécificité de la Casbah. La porte des appartements de la Casbah d’Alger est un des principaux éléments qui rendent son architecture unique. Ravereau explique cet aspect par l’existence de galerie en cohérence avec celle d’un deuxième niveau. 7La porte pensée fermée correspond à une conception différente relative à la nécessité de défense. Il s’agit de la porte qui donne sur la rue et où le sens d’ouverture est vers l’intérieur. Ce dispositif permet de la bloquer en cas d’agression. L’espace attenant, la s’kiffa organise la transition entre la rue et le patio donnant ainsi la possibilité de laisser ouverte la porte au moment des grandes chaleurs. 8Les portiques et galeries confirment l’aspect d’une conception architecturale spécifique à la Casbah. Outre le fait qu’elle justifie le sens d’ouverture des portes, elle se traduit par l’agencement des arcs en ogive dans une problématique de composition spatiale. Le patio est le lieu de cette composition où ce type d’arc possède la capacité de variations harmonieuse en cas d’irrégularité géométrique... L’avantage... est que la hauteur entre la naissance de I’arc est sa clé peut être constante même s’il y a variation dans l’ouverture. Il y a là un problème de fonction esthétique où l’ordre avec sa diversité d’utilisation, manquera dans bien des organisations architecturales. Au-delà de la forme, l’ornementation ajoute à l’originalité de la conception dans la pose des frises horizontales et les appliques verticales au droit des colonnes... jusqu’à la dimension des anneaux de céramique qui composent parfaitement avec les dimensions de l’ensemble. Le chapiteau, tringle en bois pour la suspension, puis l’abaque, autres objets décrits et expliqués permettent de comprendre en quoi l’architecture de la Casbah est unique. 9La terrasse, élément de vie important, révèle sa distinction par le fractionnement qui est un critère de résistance contre les fissurations. Elle constitue une spécificité dans la mesure où Alger... est le seul qui présente un parti pris aussi total des terrasses et cette configuration de cité descendant ainsi du haut d’une colline jusqu’à la mer. Comportant une pièce qu’on appelle le minzah, la terrasse est l’endroit où se discerne l’expression d’une culture de voisinage basée sur la discrétion. L’escalier d’accès est lui aussi un lieu en soi. Il constitue une transition heureuse entre les différents niveaux et donne la possibilité d’exploitation constructive pour ne perdre aucune opportunité d’usage de l’espace. 10Dans son ensemble, l’ouvrage de A. Ravereau rend intelligible le concept d’unicité de la Casbah et procure les arguments nécessaires à sa clarté. Il devient une référence quand il s’agira de rappeler le caractère unique de la Casbah. On ne saurait enfin conclure sans revenir à la préface de M. Lacheraf : « Cette riche expérience architecturale dont l’auteur fait preuve, au double plan d’une technique et d’une sensibilité pareillement maîtrisées sans aucune fausse note et avec une juste harmonie dans la vision des choses et des gens. mériteraient d’être enseignée aux élèves de nos instituts d’architecture ». Les leçons à en tirer s’appliquent notamment à la compréhension de processus et de principes de composition dans leur contexte culturel et à différentes échelles. Ceci étant, ne manquons pas l’occasion de dire que "La Casbah d’Alger." d’A. Ravereau, richement accompagné de photos de M. Roche, est un livre à offrir. Haut de page Pour citer cet article Référence papier Ammara Bekkouche, « Ravereau, André. - La Casbah d’Alger, et le site créa la ville. - Préface de Mostéfa Lacheraf », Insaniyat / إنسانيات , 5 | 1998 , 132 - 134 . Référence électronique Ammara Bekkouche, « Ravereau, André. - La Casbah d’Alger, et le site créa la ville. - Préface de Mostéfa Lacheraf », Insaniyat / إنسانيات [En ligne], 5 | 1998, mis en ligne le 31 mai 2013, consulté le 07 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/insaniyat/11888 Haut de page Auteur Ammara Bekkouche Articles du même auteur Safaa MONQID, Femmes dans la ville. Rabat : de la tradition à la modernité urbaine [Texte intégral] Paru dans Insaniyat / إنسانيات, 74 | 2016 Espace(s) public(s) en Méditerranée. Mobilisations, médiations et citoyenneté. (2016), Sous la direction de Nassima Dris, Les Cahiers d’EMAM , n° 28, Dossier thématique [Texte intégral] Paru dans Insaniyat / إنسانيات, 77 - 78 | 2017 L’urbanisme en Algérie. Echec des instruments ou instruments de l’échec ? Sous la direction de Rachid Sidi Boumedine, Ed. Les Alternatives Urbaines, 2013, 228 p. [Texte intégral] Paru dans Insaniyat / إنسانيات, 63 - 64 | 2014 Boutkhil BEGHDADI, Sous le ciel d’Aïn Sefra. Récit et nouvelles sur la torture pendant la guerre d’Algérie [Texte intégral] Paru dans Insaniyat / إنسانيات, 65 - 66 | 2014 Cycle de formation en toponymie organisé par le CRASC/RASYD (Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle/Unité de Recherche sur les Systèmes de Dénomination en Algérie) en partenariat avec United Nations Group of Experts on Geographical Names UNGEGN, 15-17 septembre 2014 [Texte intégral] Paru dans Insaniyat / إنسانيات, 65 - 66 | 2014 Urbanisme N 380, septembre-octobre 2011 Dossier : Questions à la politique de la ville [Texte intégral] Paru dans Insaniyat / إنسانيات, 55 - 56 | 2012 Tous les textes... Haut de page Droits d’auteur © CRASC uploads/Litterature/ ravereau-et-la-casbah.pdf
Documents similaires










-
68
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 28, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1164MB