Read/ Write Book Textes réunis par Marin Dacos Read/Write Book Le livre inscrip

Read/ Write Book Textes réunis par Marin Dacos Read/Write Book Le livre inscriptible Read/Write Book Le livre inscriptible Centre pour l’édition électronique ouverte Textes réunis par Marin Dacos © Cléo, Marseille, 2009. Les épreuves de ce livre ont été préparées par Élise Lemardelé Maquette et mise en pages : Élise Lemardelé Read/Write Book, le livre inscriptible est le premier ouvrage publié par le Centre pour l’édition électronique ouverte. Il accompagne, sous forme expérimentale et multi-supports, l’université d’été de l’édition électronique ouverte, qui s’est tenue à Marseille et à Aix-en-Provence du 7 au 15 septembre 2009. Cet ouvrage a été réalisé en collaboration avec Unibook, service d’impression à la demande. Le Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo) est une unité asso­ ciant le CNRS, l’EHESS, l’Université d’Avignon et l’Université de Pro­ vence. Cette structure, installée à Marseille, développe le portail Revues. org. Elle s’inscrit dans le cadre du Très grand équipement ADONIS (TGE ADONIS). Ses missions sont de promouvoir le développement de l’édi­ tion électronique en sciences humaines et sociales et de participer à la diffusion des compétences liées à l’édition électronique, par l’organisa­ tion ou l’accompagnement de formations et la rédaction ou la diffusion de documentation. Illustration de couverture par Chrysti : Isolated, ArtByChristi http://www.flickr.com/photos/chrysti/ Pour Antonin, mon chevalier à l’épée de lumière, Pour Lulu, ma libre libellule, Et pour Lili, mon indomptable gazelle! Remerciements Ce recueil constitue un état des lieux des réflexions d’une communauté de chercheurs, de professionnels du livre, de pédagogues, de professionnels du numérique, d’expérimentateurs et d’explorateurs, parfois même de conquistadores, bref, d’une communauté d’intellectuels inscrits dans leur siècle que l’on appelle parfois la bouquinosphère. Ils partagent, débattent et parfois même s’étripent au sujet d’un sujet qui les passionne tous : le livre. Il faut saluer leur générosité et l’acuité de leur pensée. Je remercie particulièrement Hubert Guillaud, Virginie Clayssen et Pierre Mounier, dont l’inlassable travail de repérage, traduction, confrontation et mise en perspective ont rendu ce livre possible. Enfin, la dette de ce livre envers l’ensemble de l’équipe du Centre pour l’édition électronique ouverte est énorme, à travers l’enthousiasme, l’exigence de service public et le goût du travail bien fait, dont ils font preuve chaque jour. Sommaire Introduction Read/Write Book. Le livre devient inscriptible 13 par Marin Dacos Chapitre 1. Le livre électronique est un texte Hubert Guillaud Le papier contre l’électronique 25 Hubert Guillaud Qu’est-ce que le livre à l’heure du numérique ? 51 Bob Stein A Unified Field Theory of Publishing in the Networked Era 74 Nova Spivack, traduction de Virginie Clayssen Bienvenue dans le flux : un nouvel âge pour le web 83 Chapitre 2. Monopolivre JoËL Faucilhon Portrait du pirate en conservateur de bibliothèque 97 Milad doueihi Le livre à l’heure du numérique : objet fétiche, objet de résistance 109 Philippe Aigrain La contribution créative : le nécessaire, le comment et ce qu’il faut faire d’autre 121 Robert darnton La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google 134 Tim O’Reilly, traduction de Virginie Clayssen Concurrence sur le marché du livre 147 Andrew Savikas Amazon Ups the Ante on Platform Lock-In 152 Fabrice Epelboin Données et métadonnées : transfert de valeur au cœur de la stratégie des médias 157 Chapitre 3. Édition électronique scientifique ? Pierre mounier L’édition en ligne : un nouvel eldorado pour les sciences humaines ? 167 Antoine Blanchard Ce que le blog apporte à la recherche  177 André Gunthert Why Blog ? 190 Conclusion Rendez-vous dans la bouquinosphère 199 Orientations bibliographiques 203 Biographie des auteurs 211 Introduction L es généticiens, ces spécialistes de la genèse des œuvres, qui travaillent par exemple sur les brouillons de Madame Bovary, savent qu’il y a une vie avant le livre. Tout un monde d’essais, de mots, de phrases, d’empilements, de ratures, de remords, d’errements, de découpages et de collages, d’associations et de désassociations, de traits, de flèches et de cercles entourant des blocs qui doivent glisser ici ou s’en aller là, glisser en dessous ou au dessus, tout une vie de paragraphes qui enflent, de phrases qui maigrissent, de mots qui s’éclipsent, d’expressions qui l’emportent. Bref, un dialogue explosif entre l’auteur et son œuvre, jusqu’à ce que celle-ci soit soumise à un éditeur, qui, lui-même, va lui faire subir divers traitements, la correction, la mise en collection et la mise en page n’étant pas les moindres. On sait également qu’il y a une vie après le livre. Une vie publique, sous forme de recensions, comptes-rendus, débats, citations, évocations, imitations. Une vie privée, plus encore. La photocopie partielle, la glose, l’annotation, le surlignage, l’opération du stabilo, le coin corné. Et même le classement, qu’il soit alphabétique ou thématique, par éditeur ou par pays, par couleur ou par collection, par taille ou par date d’achat. Un continent d’appropriations individuelles, dont l’essentiel est intime, conservé dans les bibliothèques de chacun d’entre nous. En amont, comme en aval, donc, plusieurs mondes du livre s’ignorent largement, et qui pourtant font partie du livre lui-même. Avec le numérique, ces continents immergés semblent se remplir d’oxygène, se connecter entre eux et remonter à la surface. Les carnets de George Orwell reparaissent en ligne, soixante-dix ans après leur rédaction, billet par billet, au rythme quotidien de leur écriture, sous les atours inattendus d’un blog posthume. L’éditeur Read/Write Book Le livre devient inscriptible 16 ajoute des liens internes, des liens externes, des tags, des rubriques. Et les lecteurs d’aujourd’hui naviguent dans le corpus, formulent leurs réactions, leurs questions, apportent des précisions. Les auteurs contemporains exploitent la forme du blog pour tester leurs idées et les soumettre au débat, en prélude à celui qui pourra avoir lieu lors de la publication. Ils associent, ainsi, leur lectorat à la genèse de l’ouvrage. Sur Wikipedia, la notice « Johannes Gutenberg » a été créée en 2003, éditée 836 fois depuis, dont 291 corrections mineures, par 375 personnes différentes. Dans les 12 derniers mois, 197 modifications ont été apportées à la notice. Zotero, Delicious, CiteUlike, Librarything et bien d’autres récoltent les moissons de lecture des internautes, autant de signets conservés, classés par tags et rendus publics. L’internaute peut parcourir ces corpus inédits verticalement, horizontalement, ou même en diagonale, dans l’ivresse désordonnée des tags collectifs ou dans la linéarité de l’ordre antéchronologique. Ces listes de lectures peuvent être répercutées sur les sites personnels du lecteur lui-même, constituant une offre de partage de lectures, qui a tendance à déborder sur le monde matériel. En témoignent les nombreuses initiatives d’échanges et de partages de livres dans la cité. Les exemples d’interactions, d’inter-écritures, entre le livre et le reste du monde semblent innombrables et appelés à se développer. Même sur Amazon.fr, de telles inscriptions se développent. Les lecteurs écrivent leur émotion à la lecture de Lettre à D. d’André Gorz. Ils créent des listes de livres préférés qu’ils rendent publiques. Ils laissent également des traces lors de leurs achats, qui permettent à Amazon de proposer, autour de la notice du Creuset français de Gérard Noiriel, d’autres livres qui ont été acquis par des acheteurs de l’ouvrage. D’ambition commerciale, une telle fonctionnalité construit également des propositions de lecture 1. Voir à ce sujet : Marin Dacos, « La mécanique des fluides. L’édition électronique du journal de George Orwell sur Wordpress.com », Blogo-numericus, 03/09/08, http://blog.homo-numericus.net/spip.php?article162, consulté le 11 août 2009. 2. Voir l’historique des statistiques pour la notice « Johannes Gutenberg » : http:// vs.aka-online.de/cgi-bin/wppagehiststat.pl?lang=fr.wikipedia&page=Johannes_ Gutenberg. Consultée le 11 août 2009. 3. Voir www.bookcrossing.com Introduction 17 et de découverte qui étaient autrefois l’apanage des gens instruits, disposant d’un environnement culturel privilégié. Elle offre à tous une forme de cartographie de la culture. Elle rend publique des informations de sociologie de la culture inaccessibles, autrefois, sans une longue et coûteuse enquête de terrain. Surtout, elle offre des conseils de lectures qui étaient autrefois l’apanage de ceux qui disposaient les clés permettant de s’aventurer jusqu’au bureau de la bibliothécaire du quartier ou jusqu’à l’office du libraire. Cette liste d’interactions entre le livre, l’auteur et le lecteur est très partielle et pourrait s’énumérer sur des dizaines de pages. Elle permet, cependant, de distinguer l’écriture, l’inscription et la lecture. Le lecteur inscrit le livre dans sa trajectoire et certaines de ces inscriptions laissent une trace qui contribue au savoir de l’humanité. Le lecteur devient un des auteurs du complexe de livres qu’il lit et qu’il parcourt. En entrant dans l’ère de l’informatique en réseau, le livre semble appelé à devenir de plus en plus réinscriptible. Il n’est plus seulement séquentiel comme autrefois, dans cette fameuse chaîne du livre qui mène de l’amont vers l’aval en ligne droite. Il est aussi réticulaire. Comme un oignon, il se pare de multiples couches, un ensemble d’informations ajoutées par des dizaines de métiers différents, qui participent à une vaste entreprise d’enrichissement documentaire, et par des auteurs secondaires qui, par leurs inscriptions, contribuent, à toutes les étapes de la vie du texte, à enrichir la grille de lecture du texte, à ajouter des strates supplémentaires au texte initial. Le livre devient inscriptible, dans un système d’information riche, polymorphe, mouvant et encore très fragile. C’est le Read/ Write Book, expression proposée uploads/Litterature/ read-write-book-1er-septembre-2009-version-de-travail.pdf

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