Les Concours óe Versions Scolaires à OOSJSIJ Fioraox Dès sa fondation, l'Escole

Les Concours óe Versions Scolaires à OOSJSIJ Fioraox Dès sa fondation, l'Escole Gastou-Febus a voulu intéresser les enfants de nos écoles à ses concours. Il y a à cela deux raisons principales. La première consiste à faire pénétrer la langue- natale dans le sanctuaire de l'enfance dont elle a été bannie depuis un demi-siècle. La seconde a pour but d'associer le parler de nos pères à l'ensei- gnement de la langue française par les exercices de version gasconne. Car »i DOUS tenons à sauver les coutumes, les traditions, l'esprit, l'âme, l'originalité de notre race, nous sommes aussi de notre siècle et nous voulons que le Gascon parle le français aussi bien et mieux, s'il est possible, qu'un habitant de l'Ile-de-France. Nos Inspecteurs d'Académie nous ouvrirent leurs bulletins et un certain nombre de maîtres leurs écoles. Plusieurs instituteurs et quelques institutrices, en outre, envoyè- rent à nos concours annuels des lots de versions que nous eûmes plaisir à récompenser par des diplômes, des médailles, des livres d'histoire et de littérature gasconnes. La Bigorre, le Gers, les Landes, eurent leur part de succès, mais c'est le Béarn qui révéla le plus de bonnes volontés et peut-être le plus d'aptitudes. Voulant tenter un effort nouveau pour généraliser le goût des exercices gascons qui semblait se localiser en Béarn, le Bureau de l'Escole modifia le programme de son concours des écoliers. En 1909, en effet, on lisait à la page 249 de ses Reclams, l'avis que voici : Un prix de 100 fr. en espèces sera attribué à l'institutrice ou à l'instituteur (Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Landes ou Gers), qui présentera au Jury des Jeux Floraux, le meilleur lot de cahiers de versions gasconnes- françaises, faites pendant l'année scolaire 1909-1910. Chaque devoir sera daté et signé. Le choix des sujets est laissé au maître. Entreront en compte pour le classement, outre le mérite littéraire : l'écriture, la tenue du cahier, l'orthographe et la ponctuation trançaises, la régularité et la quantité des exercices. Il semble qu'il y avait dans un prix de cette nature, si modeste qu'en "fût le chiffre, de quoi stimuler bien des activités, bien des dévouements. Car les instituteurs qui connaissent la manière de Febus, étaient autorisés à penser que l'on ne s'en tiendrait pas à cette somme si le concours prenait des proportions sérieuses, s'il révélait des efforts suivis, intelligents et nombreux. Sans être inépuisable, notre caisse se prêterait à ..une saignée double, triple, plus forte même s'il le fallait, et en donnant l'argent à pleines mains, nous penserions encore, comme on dit chez nous « avoir fait un bon marché». Eh bien, nos prévisions, nos vœux ont été déçus. En 1910, comme en 1911, il n'y a eu que trois écoles béarnaises qui ont pris part au concours de cahiers ; les trois autres départements se sont abstenus. Nous avons marché un peu vite, il faut le reconnaître. Nous avons demandé un effort de trop longue haleine à des hommes qui sont trop occupés, trop surmenés. Nous allons donc revenir à notre premier genre de' concours : traduction annuelle d'un morceau de vers ou de prose dont les Rerlams publieront le texte _ en temps utile. Très larges, nous récompenserons tous les efforts, nous encouragerons toutes les volontés. Aux prix ordinaires, nous joindrons des livres d'histoire béarnaise ou gasconne, des livres de littérature populaire écrits par nos bons auteurs dans le langage béni de nos mères. On les lira avec plaisir, nous aimons à le croire, au coin du feu. pendant les longues soirées d'hiver et on les conservera avec un soin jaloux à la place d'honneur dehênè lou cahmêt de la (latine. L'anthologie béarnaise-gasconne où chaque écrivain, où tous les dialectes de nos quatre départements trouveront leur place, aura certainement vu le jour ávant nos Jeux Floraux de 1912, ainsi que nous l'avons promis. Ce sera un livre charmant, un livre précieux : nous nous ferons un plaisir de l'offrir à tous les maîtres et à tous les élèves qui viendront à nos concours, par le seul fait qu'ils concourent, sans exclusion de nos autres récom- penses. * * * En demandant à tous les instituteurs d'initier leurs élèves à la version gasconne-française, nous faisons acte de bon Français. L'enseignement du français tel qu'il se pratique en ce moment à l'école primaire donne-t«il des résultats en rapport avec le travail et le temps qu'on y consacre ? Certainement non ! Et le mal est si grand que le cercle pédagogique du canton d'Orthez a délibéré sur cette proposition. Il faudrait supprimer l'enseignement de la composition française et la remplacer par la lecture non expliquée ». Le procès-verbal de la discussion à laquelle cette proposition a donné lieu, écrit par M. A. Dalès, instituteur à Orthez, a été inséré — 303 — dans la Revue du Sud-Ouest, organe et propriété des Amicales d'Institutrices et Instituteurs du Sud-Ouest, n° 14, page 456. Nous y relevons ces affirmations graves : 1° L'enseignement delà composition française n'a pas donné de résultats ; 2° Cet enseignement est trop élevé pour nos élèves ; 3° Un enseignement plus agréable doit lui être substitué ; 4° La lecture personnelle peut remédier à la crise du français. Et aussi cette vérité : On aura beau interdire le patois ou le basque en récréation, on n'interdira pas les fautes de français. Les instituteurs d'Orthez ont bien raison. La composition française ne devrait venir qu'en fin d'études, quand l'élève a déjà un bagage personnel d'idées acquises par la lecture, l'observation, un commencement de pratique des choses de la vie. Mais la lecture libre est-elle suffisante pour remédier au mal dont on se plaint avec tant de raison ? J'avoue que je suis plutôt sceptique. Même parmi les paysans et les ouvriers, il n'est pas rare de rencontrer des gens qui lisent beaucoup, qui lisent et qui comprennent ; ils ont à s'exprimer plus de facilité que les autres, mais leurs écrits sont bourrés de fautes, de gasconismes surtout. La lecture seule ne saurait donc suffire à l'enseignement du français. Il faut y joindre les exercices de traduction. J'ai connu quelqu'un, il y a quelques quarante ans, dans un pensionnat primaire, jeune homme d'intelligence ordinaire, qui avait une véritable passion pour la lecture, il ne lisait pas, il dévo- rait les livres. Pendant deux ou trois ans, il avait étudié un peu de latin et par conséquent fait force thèmes et versions. Eh bien, sans aucune leçon qui puisse compter, car les leçons de compo- sition d'alors, même dans les pensionnats réputés, ne valaient pas celles des écoles primaires d'aujourd'hui ; sans leçon donc, pour ainsi dire, il devint bon en français ; d'aucuns disent même très bon ; il avait fait des traductions ! Je lisais ces jours-ci dans la Revue Bleue un article très intéressant de M. Alfred Croiset(de l'Institut) sur l'utilité de la version latine pour l'étude du français. Je me permets d'y faire quelques coupures que je soumets à la méditation des institutrices et instituteurs. « Quelle est donc l'utilité de la version latine pour l'étude du français? Elle est très grande et j'y crois, pour ma part, fermement. Mais contraire- ment à ce que s'imaginent beaucoup de personnes, elle résulte non pas des ressemblances du latin avec le français, mais au contraire des différences qui l'en séparent. Le moi, disent les philosophes, se pose en s'opposant. On ne se connaît bien soi-même qu'en se distinguant des autres. On sait d'autan* mieux le français qu'on le compare au latin pour l'en distinguer et qu'on — 304 — prend ainsi plus pleinemant conscience de ce qui constitue son génie propre. Mais ce génie propre du français, ce n'est pas dans le latin qu'on le découvre : c'est dans le sentiment qu'en possède tout écolier de France ; sentiment inné, pour ainsi'dire, et qui se développe journellement par la conversation, par la lecture des textes littéraires, par les observations d'un professeur éclairé ». J'entends protester les gens que toute innovation effraie, je ne veux pas dire les amis de toute routine, fût-elle absurde : — On n'apprend pas le latin dans nos écoles, disent-ils, le latin est la langue des riches, abordable seulement pour ceux dont l'éduca- tion se fait dans les collèges ou les lycées. — Ne vous hâtez pas de triompher, répondrons nous, si la vieille langue morte nous échappe, nous avons à notre portée, sous la main, dans le cœur et dans la tête, notre belle langue béarnaise et gasconne que Mistral et Devoluy ont trop modestement dénommée le latin du pauvre. Elle peut remplacer le latin, selon les esprits les plus éclairés que n'aveugle pas la peur des nouveautés ; selon la ììemie Hleue aussi, qui dit excellemment : « Chaque langue a son génie, son style propre et toutes peuvent servir à nous donner par comparaison conscie»ce de la nôtre. Une lionne traduc- tion d'un texte anglais, allemand, italien (sans parler du grec)!.1), va au même but qu'une version latine, si elle est intelligente et pénétrante. Ajou- tons que tout exercice*de traduction est un exercice uploads/Litterature/ reclams-de-biarn-e-gascounhe-decembre-1911-n012-15e-anade 1 .pdf

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