RELATION Contenant le détail de la part que feu le duc De CARAMAN a prise à la
RELATION Contenant le détail de la part que feu le duc De CARAMAN a prise à la première expédition de Constantine en 1836 pour servir à l’histoire de cette campagne. Victor Louis Charles de Riquet Duc de Caraman Lieutenant général, Pair de France et ancien ambassadeur. Né à Paris le 22 décembre 1762, mort à Montpellier le 25 décembre 1839. Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. III Fragment tiré de ses mémoires inédites À Toulouse chez BELLARRIGUE, Imprimeur, libraire, rue de fi latiers 1843 IV J’avais formé le projet de placer sous les auspices du Prince de CHI- MAY, mon oncle, la publication de ces pages aussi honorables pour la mémoire de son frère que précieuses pour les an- nales particulières et je m’en occupais pendant le temps que j’ai passé avec lui pour y défendre les intérêts de notre famille. Le malheur que nous venons d’éprouver en le perdant ne me permet plus aujourd’hui que de rappeler mon intention, en les offrant toutefois encore à son souvenir si cher, comme un témoi- gnage de ma tendre affection et de mes profonds regrets. Comte G. de Caraman Toulouse, mars 1843. V Le journal des débats, du débats, du 12 juin 1841, a déjà fait connaître une partie de la relation suivante qui, ainsi qu’il sera facile de s’en convaincre en la parcourant, n’avait été écrite par le feu Duc de Caraman que pour lui et sa famille. Nous croyons rendre un nouvel hommage à sa mémoire en la publiant en entier. Nous y avons joint quelques notes et des détails supplémentaires ap- partenant à d’autres temps sans doute, mais qui nous ont paru de nature à pou- voir réclamer leur place dans l’ensemble de nos annales militaires. La première communication de cet écrit, qui fut faite à la société archéologique de Béziers, était accompagnée d’une lettre adressée VI à son président, et dont nous croyons devoir reproduire ici l’extrait qui servira ainsi, à la fois d’explication et de pré- face. Paris, le 6mai 1841. Monsieur le Président, J’éprouve un vif regret d’avoir à vous envoyer seulement ce que j’aurais voulu pouvoir porter moi-même ; néan- moins j’ai pensé que la communication de ce premier fragment des mémoires de mon père, dont la rédaction l’occupait encore au milieu de sa maladie qui nous l’a enlevé était un hommage dû à ceux qui l’avaient accueilli lui-même avec tant d’empressement, et auxquels no- tre famille toute entière à de si grandes obligations pour la part si active prise à l’achèvement du monument érigé à notre aïeul. VII Enfants du midi de la France, ratta- chés particulièrement à Béziers par des souvenirs bien précieux pour nous, nous sommes heureux, Monsieur le Président, d’avoir à exprimer les sentiments d’af- fection et de reconnaissance que doivent exciter en nous ceux que nous y trouvons avec tant de bonheur. Ils s’établir ainsi comme conséquence de cette impression toujours vivante d’un grand service rendu au pays, et des devoirs imposés aux des- cendants de celui qui en eu l’honneur, une solidarité de confi ance et de bienveillance réciproques, qui a fondé et maintient des relations bien douces à conserver. Vous vous en faites l’interprète, Monsieur le Président, lorsque votre voix, à la fois éloquente et amie, a fait entendre, l’année dernière, l’éloge de celui dont nous dé- plorions alors la perte récente. La lecture de quelques-unes de ces pages, si la so- ciété veut bien l’agréer, ne pouvant être- confi ée à personne mieux qu’à vous, et VIII j’ai dû croire assurément que c’était un moyen de plus de les faire valoir. On y reconnaîtra le style et la pensée de l’homme de bien, du digne arrière petit fi ls de Riquet ; et vous trouverez j’espère comme moi, qu’en retraçant cette épo- que de la vie de mon père, au souvenir de laquelle il attachait un si juste prix, el- les parlent aux âmes ce langage qui sera toujours bien compris en France, celui de la générosité, du patriotisme et de l’honneur. Veuillez agréer, Monsieur le Président, la nouvelle expression de tous mes sentiments de la haute considération et de l’attachement le plus dévoué. Comte G. de Caraman. 9 .................... Depuis les évènements de 1830 j’avais adopté un plan de conduite auquel j’étais resté fi dèle. J’étais entièrement résigné à la vie semi-active que j’avais résolu de mener désormais ; je conservais assez d’occupations pour remplir mes journées d’une manière utile, et assez d’intérêts de société pour répondre à ce besoin de communication avec mes sembla- bles, qui a toujours été pour moi la première des nécessités. Ma modération en politique, et le zèle que je manifestais pour tout ce qui pouvait ajouter à la prospérité de la France, avait rapproché de moi les opinions les plus opposées ; on voulait bien rechercher mon intervention, et demander ma coopération dans les entreprises un peu- considérables. L’administration du Canal du- Midi, était appréciée à sa juste valeur ; je suis 10 heureux de pouvoir dire que l’on attribuait quel- que infl uence à la part que je pouvais y prendre, et que, pour tous les plans qui avaient quelque rapport avec les besoins du commerce et de la navigation intérieure, mon adhésion devenait une garantie. Ce genre de succès suffi sait à tou- tes les prétentions de mon amour propre, comme à ce qui pouvait encore rester d’ambition. J’en jouissais d’autant plus, que je regardais comme la dernière étincelle de ce qui m’était donné de soutenir encore comme vie active, puisque je touchais aux limites les plus avancées du cours ordinaire de l’existence. Il ne m’était pas même entré dans la pensée de croire qu’aucune cir- constance nouvelle pût me faire sortir de cet état calme et paisible dans lequel je plaçais tout mon bonheur. Je l’appréciais d’autant plus que cette modeste obscurité se trouvait parfaite- ment en harmonie avec ce que me prescrivaient les souvenirs de mon existence passée ; j’étais donc bien obligé d’entretenir l’idée que je dusse toucher au moment où je me verrais de nouveau transporté sur la scène du monde, et forcé d’y jouer un rôle ; et, cependant, ce rôle devait être plus marquant pour moi, peut-être, qu’aucun ce ceux que les affaires politiques de mon pays m’avaient assigné. 11 Un mouvement de curiosité fut le moyen dont la Providence se servit pour m’enlever aux habitudes tranquilles de la vie d’intérieur et de famille, et me lancer dans la vie aventu- reuse sous un autre ciel que celui de la France. Je devais y trouver des chances heureuses, pour ajouter à ma propre réputation et à l’honneur du nom que je portais, en l’inscrivant encore une fois dans les fastes de mon pays. Je devais, enfi n recevoir, comme récompense de quel- ques nouveaux efforts, ce qui avait été pendant le cours de ma vie l’objet de mon vœu le plus ardent, et voir, dans mes dernières années, la couronne civique se poser sur mes cheveux blancs(1). Voici ce qui amena ce singulier épisode de l’histoire de ma vie. Les derniers moments de la restauration avaient marqués, dans un brillant fait d’armes, heureusement conçu, et habillement accompli. La conquête d’Alger avait eu une grande por- tée ; elle avait appris à l’Europe qu’à une épo- que, et sous aucun régime, la valeur française _______________ 1. Cette pensée dominait tellement l’esprit du duc de Caraman, qu’il en reproduisit encore l’ex- pression dans le cours de sa dernière maladie. 12 ne pouvait dégénérer, elle avait ouvert un champ bien vaste à des calculs d’avenir, et of- fert un nouvel aliment à ce besoin d’action qui tourmentait une société encore ébranlée de tant de vicissitudes. La révolution de Juillet, en s’emparant de ce grand résultat obtenu, avait introduit dans l’administration de cette noble conquête quel- que chose de cette incertitude qui, pendant trop longtemps, devait entraver les conseils au mi- lieu d’éléments reconstitués si nouvellement, d’une manière imprévue, et qui variaient aussi souvent que de nuances d’opinions successive- ment portées au pouvoir. Une commission d’enquête avait été char- gée de réunir et d’apporter d’utiles renseigne- ments sur les avantages que pouvaient repré- senter la bonne organisation de notre jeune colonie, en indiquant la marche à suivre pour y poser les bases d’un gouvernement protec- teur et régulier ; mais les volumineux rapports qu’elle enfanta, après un long et consciencieux travail, ne servit qu’à prouver qu’il était diffi - cile de satisfaire à toutes les exigences dans des conditions si nouvelles pour nous ; et le triste tableau de notre impuissance gouvernementale parve nait aussi jusqu’aux chambres, y soulevait 13 une forte opposition, qui déjà, commençait à s’arrêter à l’idée de devoir abandonner Alger. Dans ce confl it d’opinions qui se succé- daient, suivant les informations directes ou uploads/Litterature/ relation-caraman-siege-constantine.pdf
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- Publié le Dec 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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