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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/345762282 Le retour à l'Histoire dans le roman français contemporain Article · November 2020 DOI: 10.36317/0826-010-038-018 CITATIONS 0 READS 293 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Le personnage dans le Nouveau Roman View project Hassan Sarhan Jassim University of Baghdad/College of Languages 8 PUBLICATIONS 0 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Hassan Sarhan Jassim on 12 November 2020. The user has requested enhancement of the downloaded file. 1 Le Retour à l'Histoire dans le Roman Français Contemporain Le cas de Jean Echenoz Résumé Cette recherche propose d'étudier le retour au passé historique (collectif et/ou personnel) dans le roman français contemporain. Cet intérêt réactualisé du roman français pour le passé n'est pas tout à fait nouveau. C'est qu'il remonte aux années de la deuxième moitié du siècle dernier. Mais il devient phénoménal et quasi systématique dans la production romanesque des années 80. Je tracerai un bref état de la question pour ensuite signaler quelques cas intéressants et surtout analyser le phénomène dans les romans de Jean Echenoz. Cet auteur, qui revisite l'Histoire, une fois, par la présentation d'un homme commun (14) et d'autres fois par le truchement de figures singulières (Ravel, Courir et Des éclairs), prend de l'introduction des éléments du passé pluriel un alibi pour reconstituer l'Histoire des personnages. Cette approche « romancée » de la réécriture « biographique » a le mérite de renouveler l'exercice de ce genre et de mettre en exergue la panoplie d'incertitudes, de doutes et de zones d'ombres, inhérente à toute tentative ayant pour objectif la fictionnalisation de l'Histoire des personnes. Mots-clés : le retour du passé, la biofiction, réécriture de l'Histoire, la guerre 2 INTRODUCTION Incontestablement, l'Histoire est l'un des grands dominateurs thématiques du roman français contemporain. Son retour en force pour occuper le devant de la scène romanesque est remarquable à tel point qu'on puisse dire avec confiance que l'Histoire est le trait commun de la production narrative actuelle en France1. Le phénomène n’est pas très récent c’est que les premières genèses de sa présence dense remontent aux dernières décennies du siècle passé. Quelques-unes des questions qui se posent à ce propos, parmi tant d'autres, sont les suivantes : Pourquoi l'Histoire revient-elle aussi puissamment qu’on le voit dans le roman français du temps présent ? Pour quels motifs les romanciers l'invitent-ils afin de devenir la toile de fond de leurs écrits fictifs ? Est-ce un signe qui interprète la faillite du temps actuel ? ou c'est plutôt l'envie de le réexaminer pour le comprendre mieux que les romanciers revisitent-ils le passé ? À part ces interrogations de type herméneutique, il y a celles qu'on pourrait qualifier comme polémiques : quelle est la légitimité du roman concernant le dire de l'Histoire ? Ne brise-t-il, en abordant un domaine dont le principe essentiel censé être la recherche de la vérité, son pacte de lecture puisque, pour lui, le mensonge est bienveillant sinon intrinsèque ? Dans la première partie de notre présente recherche, nous tenterons de répondre à toutes ces questions pour aborder, ensuite, les modalités d'après lesquelles les romanciers français contemporains, et ceux de nos jours tout en particulier, (re)constituent le passé historique. Évidemment, ces modalités se différencient et se nuancent d'un écrivain à l'autre. En même temps qu'un auteur comme Patrick Modiano préfère l'autofiction pour (ré)exprimer le passé, Jean Echenoz s'étend à la biofiction pour faire la même chose. Pourquoi Echenoz ? Et pourquoi utilise-t-il la biofiction et non les autres stratégies pour (re)dire le passé ? Telles sont les questions de notre seconde partie où nous nous efforcerons de montrer, à travers Ravel2, Courir3, Des éclairs4 et 145 qui forment le corpus de notre recherche, la particularité de la tâche de notre romancier quant à la (re)construction du passé. Le choix du corpus se justifie par le fait que Jean Echenoz trouve, dans les romans cités, la forme romanesque qui lui permet de s’intéresser à la vie quotidienne de ses héros et tenter de reconstituer des existences passées. Pour l’auteur, l’individu et son mode d’existence deviennent un sujet historique digne d’intérêt, au-delà de la masse à laquelle il appartient. Ce faisant, le romancier décide de s’occuper à la micro-histoire au profit 3 des grands événements de l’histoire. Comme nous le verrons, cette manière d’aborder l’Histoire consistant à faire le général céder la place au personnel et à parler des événements historiques sans mener une réflexion sur la nature de l’histoire, est plébiscitée par Echenoz dans tous les romans de notre corpus. Ce type d’approche qui doit mener à la marginalisation de l’Histoire pourrait être le trait d’union de tous les textes que nous allons étudier au cours de cette recherche. Le romancier moderne comme historiographe ou l’Histoire au second degré Les liens que tient le roman avec les faits historiques passés sont aussi anciens que le genre romanesque lui-même. Depuis ses premières origines, le roman a noué un dialogue de plusieurs niveaux avec l'Histoire. Cependant, l'acceptation de l'existence d'un tel rapport entre deux disciplines vraisemblablement opposés ne doit pas passer sans être discutée. Il faut se demander, d'abord, sur la légitimité du roman à représenter l'Histoire. Le roman, tout le monde le sait, est un texte narratif dont les fondements sont l'imagination, l'invention et peut-être le mensonge alors que l'Histoire est une discipline où la recherche du vrai est un principe qui doit aller de soi. L'antinomie est donc plus qu'apparente entre l'un et l'autre. Il est à rappeler que cette opposition entre le roman et l'Histoire a été mise en évidence par de nombreux penseurs dont Paul Ricœur. Dans son livre La mémoire, l'histoire, l'oubli, il déclare que : « La paire récit historique/récit de fiction, telle qu'elle apparaît déjà au niveau des genres littéraires, est clairement une paire antinomique. […] Ils se distinguent par la nature du pacte implicite passé entre l'écrivain et son lecteur. Bien qu'informulé, ce pacte structure des attentes différentes du côté du lecteur et des promesses différentes du côté de l'auteur. En ouvrant un roman, le lecteur se prépare à entrer dans un univers irréel à l'égard duquel la question de savoir où et quand ces choses-là se sont passées est incongrue. […] En ouvrant un livre d'histoire, le lecteur s'attend à rentrer, sous la 4 conduite du pilier d'archives, dans un monde d'événements réellement arrivés. »6 Tout en étant d'accord avec l'avis de Paul Ricœur pour ce qui concerne l'antinomie flagrante entre le roman et l'Histoire, nous pensons que le genre romanesque a tous les droits à aborder, selon sa propre manière, les faits historiques. La concurrence entre les deux disciplines à dire le passé a, au moins, comme vertu primordiale d'effacer les frontières séparant le roman de l'Histoire. Cette abolition de limites ouvre la possibilité de discuter le problème des genres littéraires, posé à chaque fois qu'on lit un roman prenant de l'Histoire proprement dite le cadre de ses événements. Dans quel genre littéraire faut-il mettre le texte romanesque qui montre des événements historiques dont l'existence est certaine et confirmée ? Le considère-t- on comme un document authentique ou plutôt comme une œuvre fictionnelle où la recherche de la vérité ne serait pas une condition intrinsèque ? Selon quels critères et quelles lois le roman doit-il traiter de l'Histoire ? Les siens propres ou ceux des historiens ? Quels effets auront les normes littéraires sur la reprise de l'Histoire? Jusqu'à quelles limites, les romanciers doivent-ils respecter la place de la vérité dans leurs romans ? Ces questions et tant d'autres du même genre s'imposent au chercheur voulant étudier les rapports très complexes entre le roman et l'Histoire. Pour nous, la ligne de démarcation qui sépare le roman de l'Histoire est floue tant qu'on ne peut pas préciser avec netteté les frontières distinguant l'un de l'autre. Tout autant que le roman, sinon plus que lui, l'Histoire utilise des procédés narratifs et se nourrit, exactement à l'instar du texte romanesque, de la mémoire et des souvenirs. Il est vrai que, à la différence minimale mais considérable de celle des romans, l'écriture de l'Histoire pure et dure implique forcement - ou c'est ainsi qu'on le suppose- une distance outre qu'un souci d'impartialité, mais il n'est pas moins vrai qu'il arrive à l'historien, surtout quand les documents manquent, de faire recours aux témoignages des témoins directs et aussi à ceux des témoins des témoins pour (re)constituer les faits. Les témoins, ainsi que les témoins des témoins, ne sont pas des machines à enregistrer. Il leur arrive, comme cela peut arrives à tous, d'oublier ou de confondre. Dans ce cas, ils inventent et laissent libre cours à leur imagination pour combler la défaillance et les lacunes de leur mémoire. C'est-à-dire que l'historien, dans sa tâche de rétablir les faits passés, serait ramené, qu'il le fasse exprès ou non, à adopter des éléments propres à la littérature. 5 Pour donner un sens aux événements réels qu’il raconte, l’historien envisage leur développement à partir des mêmes schémas uploads/Litterature/ retourl-histoiredansleromanfranaiscontemporain.pdf

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