Les Cahiers du GERAD ISSN: 0711–2440 Logistique inverse : revue de littérature

Les Cahiers du GERAD ISSN: 0711–2440 Logistique inverse : revue de littérature Serge Lambert Diane Riopel G–2003–61 Octobre 2003 Les textes publiés dans la série des rapports de recherche HEC n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs. La publication de ces rapports de recherche bénéficie d'une subvention du Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies. Logistique inverse : revue de littérature Serge Lambert Diane Riopel GERAD et Département de mathématiques et de génie industriel École Polytechnique de Montréal C.P. 6079, Station Centre-ville Montréal (Québec) H3C 3A7, Canada Octobre 2003 Les Cahiers du GERAD G-2003-61 Copyright © 2003 GERAD Résumé Ce document présente une revue de littérature sur la logistique inverse. Dans la littérature, plusieurs termes sont utilisés comme des synonymes, par exemple la distribution inverse ou la logistique verte, bien qu’il y ait des similarités entre les termes, ils ne veulent pas tous dire la même chose. Après avoir revu les définitions, les aspects généraux, les différents éléments, les activités et les étapes de la logistique inverse sont abordés. De plus, les structures de réseaux que l’on retrouve sont traitées. Une analyse des modèles mathématiques de la logistique inverse est faite selon les cinq champs d’applications suivants : la localisation, l’évaluation du cycle de vie, la planification de la production, la gestion des stocks et la mise en place de routes pour la collecte de produits. Ensuite, les études de cas de la logistique inverse rencontrées dans la littérature sont regroupées par industries et analysées. Finalement, les axes de recherche suggérés par les articles sont donnés. Mots-clés : Logistique inverse, revue de littérature, modèles. Abstract This document present a reverse logistics literature review. In the literature, many terms are used as synonyms of reverse logistics, for example reverse distribution or green logistics, when in reality they have similarities but their meaning are different. After a clarification of the definitions, reverse logistics general aspects, elements, activities and steps are discussed. Then network structures are discussed. An analysis of reverse logistics mathematical models grouped under five fields of application (localization, life-cycle assessment, production planning, inventory management and vehicle routing) is done. Then case studies of reverse logistics found in the literature are grouped by industries and analyzed. Finally research areas proposed by the authors are given. Keywords: Reverse logistics, literature review, models. Les Cahiers du GERAD G-2003-61 1 1 Introduction Les coûts de logistique aux États-Unis sont estimés à près de 862 milliards de dollars en 1997 soit 10,7% de l’économie américaine mentionne Delaney (1998). Pour ce qui est de la logistique inverse, elle est estimée à environ 4% des coûts de logistique soit 35 milliards de dollars en 1997 selon Stock (2001). Rogers et Tibben-Lembke (1998) quant à eux, mentionnent qu’il est difficile d’en estimer le coût puisque bien des entreprises ne connaissent pas l’ampleur des activités. Dans «Return to sender» (2000), les retours annuels totaux sont estimés à 62 milliards de dollars et entraînent des pertes de 10 à 15 milliards de dollars. Par contre, le commerce électronique à lui seul représente 11 milliards de dollars en retour et des pertes de 1,8 à 2,5 milliards de dollars. Les compagnies de commerce électronique admettent qu'ils ont 5% de retour bien qu’on estime plutôt à 30% ce chiffre. De plus, 45% des compagnies ont une politique de 100% satisfaction. Bien que la logistique inverse soit connue depuis peu sous ce nom, elle traite de problèmes qui ne sont pas nouveaux. De plus, de nouvelles législations forcent les entreprises à revoir leur système de logistique pour faire place à la logistique inverse. La littérature peut être divisée en deux catégories, les articles à caractère scientifique et les articles provenant de professionnels de l’industrie. Pour ce qui est des articles à caractère scientifique, ils proviennent en majorité du domaine de la recherche opérationnelle, de l’économique, de la conception de produit et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Quant à ceux traitant des décisions stratégiques, tactiques et opérationnelles, ils proviennent du domaine des sciences de l’administration. La littérature retenue se répartit dans une bonne proportion en revues à jury (pour les articles à caractère scientifique), en revues professionnelles (pour les articles provenant de professionnels de l’industrie), en actes de conférences et en quelques thèses de doctorat et autres. Le tableau 1 montre la répartition des écrits par année et type de publication de cette recherche bibliographique. Il est intéressant de voir que l’attention des chercheurs à la logistique inverse est croissante depuis 1999 et que le nombre d’articles dans les revues professionnels est légèrement à la baisse depuis 2001. Tableau 1 : Recension des écrits en logistique inverse Année Publication -1990 1991-1995 1996-1998 1999 2000 2001 2002 2003 Grand Total Revue à jury 1 5 14 7 14 21 14 8 84 Revue profes- sionnelle 12 10 10 13 9 2 56 Conférence 1 4 9 5 8 11 6 44 Autres 3 1 2 3 9 Grand Total 2 21 33 25 36 43 25 8 193 Un autre point intéressant à considérer est au sujet des cours offerts dans les universités canadiennes avec des programmes de génie industriel traitant de la logistique inverse. Après Les Cahiers du GERAD G-2003-61 2 vérification dans les sites WEB (voir l’annexe 1) la logistique est très peu abordée et encore moins la logistique inverse. Elle n’apparaît pas de façon explicite. Parmi les quelques cinquante livres consultés, écrits entre 1970 à aujourd’hui, il y a très peu d’ouvrages qui traitent de la logistique inverse. Les livres de références récents en logistique commencent à en tenir compte mais brièvement en y consacrant que quelques paragraphes. La majorité des ouvrages consultés, Hutchinson (1987), Lambert et Stock (1993), The logistics handbook (1994), Eymery (1997), Lambert et al. (1998) et Handfield et Nichols (1999), parlent des nouveaux défis que le mouvement vert impose à l’entreprise. À notre connaissance, il existe peu de revues de la littérature complètes de la logistique inverse à ce jour. En réalité, plusieurs auteurs ont abordés qu’une portion spécifique de la logistique inverse. Par exemple en 1997, Fleischmann et al. font une revue des modèles quantitatifs dans les trois domaines suivants : la planification de la distribution et de la collecte, la gestion des stocks et la planification de la production. Par la suite, Carter et Ellram (1998) ont fait une revue complète mais dans le but d’encadrer le personnel de logistique dans la logistique inverse et présenter un cadre de travail pour les recherches futures. Finalement, de Brito et al. (2002) font le recensement de plus de soixante études de cas en logistique inverse publiés entre 1984 et 2002. La présente recherche bibliographique sur la logistique inverse est divisée en deux parties. Tout d’abord, les termes synonymes et les définitions rencontrées sont donnés. Ensuite, une revue de la littérature regroupe les articles traitant de la logistique inverse et donne les axes de recherche suggérés. Finalement, une conclusion sur la logistique inverse est émise. 2 Définitions La littérature sur la logistique inverse montre l’utilisation de termes différents pour représenter sensiblement le même concept. Les expressions couramment rencontrées sont la logistique inverse, la distribution inverse ou la logistique verte. Plusieurs auteurs, dont Byrne et Deeb (1993), présentent ces mots comme étant des synonymes. Par contre, après l’analyse de leur définition, on remarque que certaines définitions se limitent qu’à une partie bien spécifique de la logistique inverse. Les lignes qui suivent vont définir les trois termes les plus rencontrés, soit la distribution inverse, la logistique verte et la logistique inverse. Ensuite, notre définition de la logistique inverse est présentée. 2.1 Distribution inverse Une des premières descriptions du concept de logistique inverse est la distribution inverse (Reverse distribution) et fut donnée en 1981 par Lambert et Stock. Ils la décrivent comme « aller dans la mauvaise direction sur une voie à sens unique étant donné que la grande majorité du flot des expéditions est dans une direction ». Ils mentionnent que les raisons des retours sont les réparations sous garantie, pour le remplacement ou pour le recyclage. Les auteurs semblent mettre l’emphase sur les coûts associés à ramener les produits du client vers l’entreprise et Les Cahiers du GERAD G-2003-61 3 traitent le problème de logistique inverse en terme de l’impact sur le système de distribution. Carter et Ellram (1998) présentent la distribution inverse comme « le retour, mouvement à contre-courant d’un produit ou de matière découlant de la réutilisation, du recyclage ou de la disposition. Ce mouvement à contre-courant peut être associé aux problèmes environnementaux, tout comme à la qualité et l’usure (dégradation dans le temps) et qui sont souvent effectués par des nouveaux membres auxiliaires au système. » 2.2 Logistique verte Rodrigue et al. (2001) présentent la logistique verte (Green logistics) comme étant un système de distribution et de transport efficient ami de l’environnement. Wu et Dunn (1995) mentionnent que la logistique verte c’est plus que la logistique inverse car elle cherche à économiser les ressources, à éliminer des déchets et à améliorer la productivité. Hart (1997) va plus loin en ajoutant qu’elle uploads/Litterature/ reverse-logistique-pdf.pdf

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