r U dV of Oiiaua 39003002271897 Digitized by the Internet Archive in 2011 with
r U dV of Oiiaua 39003002271897 Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/laprofessiondefoOOrous /mt^^ -'t.— y^^ 2^ . M:^*^ l^i. I. - I-AC-SIMII.I. i'I l'HKMIb.R BHUl ILLUN Ut. l.A « HKOI- tSSION DK KOI » iManlschi] Favrei Cf., dans cette édition, pp. 392 sqq. — Réduction au 17 iS. LA « PROFESSION DE FOI DU VICAIRE SAVOYARD » DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU ÉDITION CRITIQUE d'après les Manuscrits de Genève. Neuchâtel et Paris AVEC UNE INTRODUCTION ET UN COMMENTAIRE HISTORIQUES PAR Pierre-Maurick MASSON FRIBOURG (Suisse) PARIS LIBRAIRIE DE l'uNIVERSITÉ LIBRAIRIE HACHETTE ET C'' lO. Gschwend) 79, Boulevard St-Germain 1914 AVANT-PROPOS Que ce travail m'ait coûté beaucoup de temps, il importe peu : « le temps ne fait rien à l'affaire » ; mieux vaut, semble-t-il, montrer son utilité. Elle est d'abord négative. Si jamais on a\"ait espéré pouvoir établir une édition complète de Rousseau, où l'on aurait donné, pour chacune de ses œuvres, les variantes intégrales de tous ses Manuscrits encore existants, j'imagine que ce gros volume découragerait l'entreprenant idéaliste qui aurait pu y songer. Il faudra que les futurs éditeurs de Rousseau imposent des limites à leurs scrupules ou aux exigences de leurs lecteurs. Cependant la méthode que je me suis prescrite ici peut, à mon avis, présenter des avantages pour un texte restreint, comme la Profession. On verra plus loin quelle est cette méthode : avec ses inconvénients, que je ne me dissimule pas, elle permettra, si je ne me trompe, de pénétrer plus avant dans l'intimité intel- lectuelle et artistique de Jean-Jacques. Il n'est pas sans intérêt que, dans l'œuvre entière d'un grand écri\ain, il \' ait un texte privilégié, dont on puisse suivre pas à pas la genèse et le développement, où l'on puisse venir étudier par le menu son vocabulaire, les procédés, j'allais presque dire les manies, de son style, et l'allure instinctive de sa pensée. En outre, la Projession de foi du Vicaire Savo\-ard n'occupe pas seulement une place capitale dans la vie et l'œuvre de Rousseau : elle est aussi une manière de centre spirituel, où presque tous les s\stèmes philo- sophiques et religieux du XVIIl^ siècle ont, en quelque sorte. VI AVANT-PROPOS leur écho. Le copieux commentaire dont je l'ai entourée trouverait dans cette considération plus que son excuse : sa légitimité. Un travail comme celui-ci — même a\'ec ses inévitables inexactitudes — ne peut se mener à terme sans le concours de nombreuses bonnes volontés. Elles ne m'ont point fait défaut. J'ai reçu, dans tous les dépôts publics où sont conservés aujourd'hui les Manuscrits de Rousseau, l'accueil le plus courtois. La Bibliothèque de la Chambre des Députés, qui n'a point la réputation d'être très hospitalière aux tra\'ailleurs que le peuple n'a pas élus, m'a néanmoins accordé toutes les facilités désirables pour mes copies ou collations de textes ; et je n'ai eu qu'à me louer de la parfaite obligeance de ses bibliothécaires, spécialement de AIM. Constant Pionnier, bibliothécaire en chef, Richard Le Roy et J. Mollerives, attachés à la Bibliothèque. Les Archives de la Société Jean-Jacques Rousseau ont mis libéralement à ma dispo- sition leurs livres et leurs manuscrits : en rassemblant à portée de la main quantité d'éditions qu'il m'eût été difficile de rapprocher et de comparer, elles ont beaucoup abrégé ma tâche. Je tiens à en remercier MAL Bernard Bouvier et Alexis François, président et secrétaire de la Société, M. Frédéric Gardy, directeur, et surtout M. Fernand Aubert, sous-conservateur-des- Manuscrits de la Bibliothèque de Genève. Même bonne grâce à Neuchâtel : AL Charles Robert, directeur de la Bibliothèque, a été, pour moi, la complaisance même. MM. Emile Lombard et Jacob Kiinzi, premier et second bibliothécaires, ainsi que les autres fonctionnaires de la Bibliothèque, MM. Louis Dubois et Raoul Blanchard, se sont montrés d'une amabilité toujours ser\iable, qu'aucune demande importune n'a pu lasser. J'ai plaisir à remercier encore de leurs bons offices ou de leurs bienveillantes autorisations ' MM. les administrateurs de ' J'ai fait place, dans ces remerciements, à quelques personnes dont le concours m"a été plus spécialement utile pour mon étude sur La Religion de ./. J. Rousseau, qui paraitra avec cette édition, et qui en est, pour ainsi dire, le prolongement. AVANT-PROPOS VU l'Arciconfraiernita dello Spirito Santo: M. Henri Gambini, secré- taire-adjoint de la Commission executive du Consistoire, M. Eugène Choisy, archiviste-bibliothécaire de la Compagnie des Pasteurs, M. Paul-E. Martin, archixiste d'État, à Genève ; M. le chanoine Rebord, supérieur de l'Ecole de théologie catholique du diocèse d'Annecy; M.M. Gaston Letonnelier et Joseph Serand, archixiste et archiviste-aJjoint de la Haute-Savoie; M. E. Blochet, bibliothé- caire au département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Des renseignements ou des suggestions utiles me sont venus aussi de MM. Gustave Lanson, Gusta\e Michaut, Daniel .Mornet et Eugène Ritter : je leur en demeure très reconnaissant. On sait quel impeccable érudit est M. Théophile Dufour et quelles richesses encore inutilisées ce Rousseauiste éminent garde dans ses cartons. Je n'ai jamais tait appel en vain à sa science si sûre. Bien des notes de cette édition pourront en témoigner, et elles ne diront pas toute ma dette. Je dois enfin des remerciements tout particuliers à M. Léopold Fax're, qui conser\e dans ses papiers de famille le premier brouillon de VÉinile. Xon seulement il a mis son Manuscrit à ma disposition avec une confiance tout amicale ; mais, dans l'étude approfondie qu'il lui a consacrée l'an dernier, il a eu la gracieuseté de laisser en dehors de ses analyses la Profession de foi du Vicaire savoyard, pour ne pas déflorer mon édition. Qu'il veuille bien accepter, au début de ce li\Te, qui eût été impossible sans lui, l'expression de ma vive gratitude. Fnbourg-en-Suisse, le i5 Décembre it|i3. P. M. M. INTRODUCTION I^ PARTIE COMPOSITION ET PUBLICATION DE LA « PROFESSION » CHAPITRE I LES PREMIÈRES ESQUISSES DE LA « PROFESSION » DANS L'ŒUVRE DE ROUSSEAU On peut dire que le jour ou Jean-Jacques se décida à demander sa réintégration dans l'Eglise de Genève, la Profession de foi n'était peut-être pas encore constituée dans toutes ses parties, mais elle avait déjà trouvé son principe essentiel. 11 affirmait ainsi, en face de la « philosophie » incrédule, sa croyance en Dieu et ses sympathies chrétiennes: il marquait en même temps son indifférence à l'égard des formes confessionnelles, et témoignait par là que le choix dune religion était avant tout, pour lui, affaire de tradition nationale et de civisme. Ce n'était donc pas une « conversion », au sens strictement religieux du mot, l'adhésion intégrale aux dogmes d'une Eglise: c'était, du moins, une manifestation, disons le mot. une « profession de foi ». par où Jean-Jacques se posait avec une franchise éclatante et un peu théâtrale — solitaire en apparence — entre les deux camps ennemis. ' Sur la méthode adoptée pour les citations^ cf., plus loin, dans cette Intru- duction, le chapitre m de la lll' Partie, p. cvii. et la Bibliographie à la tin du volume. X INTRODUCTION l-es aftîrmations philosophiques et religieuses implicitement con- tenues dans un tel acte, Rousseau ne pouvait pas les tenir secrètes : par tempérament il axait besoin de se confesser, de dire à tous toute sa pensée : le succès de son premier Discours, où il s'était livré assez ingénument, et qui avait été comme un essai de confidence au public, ne "pouvait que l'encourager. Désormais toute son œuvre ne sera, pour ainsi dire, qu'une série de « professions de foi », en réponse aux divers pro- blèmes qui lui seront posés par sa conscience ou par la vie. Le problème religieux, dans ses rapports avec la morale et le bonheur, était de tous celui qui s'imposait le plus fortement à lui. Son adolescence calviniste, sa conversion au catholicisme, qui n'avait d'abord été qu'une aventure, mais qu'il avait acceptée sans regret, l'influence de Mme de W'arens, les inquiétudes et les incertitudes de sa vocation, l'espèce d inventaire intel- lectuel et moral entrepris aux Charmettes, l'avaient maintenu jusqu'à son installation à Paris en familiarité constante avec les questions religieuses. Il était revenu de Venise catholique plus que tiède, déjà détaché peut-être, avant pourtant gardé, à travers ses avatars confessionnels, le goût de la discussion théologique et un petit credo rudimentaire. mais très sincère, semhle-t-ii, et surtout très vivace ^ Les « philosophes » auxquels il se livra dès l'abord avec une si imprudente affection, allaient mettre bientôt à l'épreuve la résistance de ce credo. Les audaces de leurs livres, même subreptices, ne trahissent qu'à demi aujourd'hui les audaces de leurs conversations, qui devaient troubler profondément Jean-Jacques. Elles le troublaient, sans le convaincre: et, dans les jours où il se sentait le plus ébranlé, il ne sauvait sa foi de la ruine que par une espèce d'affirmation désespérée, plus forte que tous les raisonnements. Les pseudo-.\/e;;!o//-es de Mme d'Kpinav nous ont conservé le tableau d'une de ces libres discussions, où tous les convives, hommes et femmes, allaient joyeuse- ment jusqu'au bout de leurs négations. Et devant ces jouteurs habiles, beaux diseurs et gens d'esprit, Rousseau, solitaire, uploads/Litterature/ rousseau-la-profession-de-foi-du-savoyard-vicar.pdf